Alors qu'il séjourne chez son ami le major, aux confins de la steppe hongroise, le narrateur fait la connaissance de la maîtresse du domaine voisin, Brigitta Maroshely, femme de tête dont la figure à la fois ingrate et altière lui inspire bientôt une forme de fascination. Quels abîmes cache le coeur de Brigitta, qui élève seule son fils et dont on dit qu'elle a été abandonnée par son mari?? Quel lien secret unit ces deux solitaires, le major et Brigitta, qui ont fait le choix de vivre dans l'austère majesté de ces terres désolées??
Profonde et subtile réflexion sur la vanité de la beauté et la noblesse du coeur, Brigitta est, avec L'Homme sans postérité, l'un des romans les plus emblématiques et les plus émouvants du grand écrivain romantique autrichien Adalbert Stifter (1805-1868).
Un adolescent rend visite à son oncle qui vit cloîtré sur une île entourée de montagnes. Le vieux célibataire, en cet étrange domaine, parle peu, n'a rien de commode et porte pourtant en lui les forces et les failles de toute une existence. À la fin du séjour, et sans que rien entre eux ne soit clairement formulé, le vieil homme aura légué au garçon son bien le plus précieux...
Conrad et Susanna, les deux enfants d'un couple d'artisans prospères, vivent depuis toujours dans un petit village de haute montagne, non loin d'un vaste glacier.
À la veille de Noël, ils décident d'aller rendre visite à leurs grands-parents, au village voisin, distant de trois heures de marche. Le trajet leur est familier, mais, sur le chemin du retour, à la fin de l'après-midi, la neige se met à tomber, de plus en plus dru, faisant tout disparaître derrière un rideau blanc...
Publié en 1845, Cristal de roche est un des contes les plus célèbres d'Adalbert Stifter (1805-1868), fils d'un tisserand des forêts de Bohême devenu figure majeure des lettres allemandes, admiré de Nietzsche, Hermann Hesse ou Thomas Mann.
Tiburius Kneigt, jeune et riche héritier, a eu le malheur de grandir dans une famille particulièrement excentrique. Ses parents décédés, il se trouve à la tête d'une confortable fortune, mais plongé dans une grande solitude : il consacre en effet toute son énergie à se persuader qu'il est gravement malade, et que sa seule occupation doit être de traiter un mal d'autant plus mystérieux qu'il n'existe pas vraiment.
Lors d'une cure d'été dans une station thermale, il s'aperçoit fortuitement qu'il n'est pas désagréable de randonner dans les montagnes - et à sa grande surprise, sa santé ne paraît que s'en améliorer. Au cours d'une de ses longues promenades, il rencontre une jeune fille, qui ne semble pas plus que lui être très désireuse de la compagnie de ses semblables...
Orphelin de père et de mère, Victor vient tout juste d'achever ses études et s'apprête à prendre le poste que son tuteur lui a procuré. Mais un oncle fortuné, qui vit en reclus sur une île, au milieu d'un lac de haute montagne, exige expressément sa visite.
Confronté à la rudesse du mystérieux vieillard, qui n'avait jamais manifesté pour lui le moindre intérêt, Victor verra ses repères et illusions bouleversés ; il repartira parvenu à l'âge d'homme.
Précédemment publié sous le titre L'Homme sans postérité, Le Vieux Garçon est l'une des plus belles réussites de Stifter (1805-1868), étudiant désargenté devenu figure majeure des lettres allemandes, admiré de Nietzsche, Hermann Hesse ou Thomas Mann.
Les grands bois se déroule dans un monde familier à l'auteur, les monts de Bohême, les forêts profondes qui ont enchanté son existence, par ailleurs douloureuse et frustrée. L'art de Stifter (qui fut aussi un peintre de haute valeur) est à l'image de ces horizons où les détails s'harmonisent, se fondent dans la profonde unité du destin.
L'oeuvre de Stifter va bien au-delà de ses récits, au carrefour de ses hantises et de ses rêves, comme ces tables d'orientation qui donnent à rêver au promeneur.
La clarté, l'immobilité des récits qu'il a laissés sont vraiment celles du cristal, doué d'une rigueur interne où l'esprit découvre les lois d'un monde plus parfait... On a nommé l'art de Stifter un «réalisme poétique». Mais la part de la poésie y est certainement plus grande que celle du réalisme.
Deuxième volume de la série des Pierres multicolores, Tourmaline regroupe trois nouvelles parmi les plus connues de l'oeuvre d'Adalbert Stifter. Le grand auteur autrichien du XIXe siècle y hésite entre sensibilité romantique et visions sombres pour écrire une humanité aux prises avec un monde minéral.
Après «Brigitta», «Descendances» et «Les Cartons de mon arrière-grand-père», une nouvelle réédition d'Adalbert Stifter. Ce premier volume du diptyque intitulé «Pierres multicolores» regroupe trois nouvelles chacune intitulée du nom d'une roche emblème du paysage où se déroule l'histoire et dont les qualités sont proches des caractères des héros. Un recueil où Stifter décline avec délicatesse et précision le lien entre l'homme et la nature environnante toujours magnifiquement décrite, de même que les rapports au sein des fratries et entre différentes générations.
Après «Brigitta» et «Descendances», une nouvelle réédition d'Adalbert Stifter. De retour dans la maison de ses aïeuls, le narrateur découvre des cartons remplis d'écrits qui sont autant de confessions de son arrière-grand-père. À leur lecture, il découvre la double-faute de son ancêtre et la manière dont il a trouvé le salut dans l'écriture. Autant que des révélations sur sa famille, la lecture de ces textes constitue pour le narrateur un véritable récit de formation. Une longue novella considérée par Stifter lui-même comme essentielle dans son oeuvre.
Après la réédition de Brigitta, la publication d'un nouveau titre, épuisé, d'Adalbert Stifter. Friedrich Roderer, jeune peintre qui a élu domicile près d'un marais sauvage, refuse obstinément de montrer ses toiles et se jure de les brûler tant qu'il ne sera pas parvenu à peindre le marais dans toute sa vérité. Il se lie d'amitié avec un riche philanthrope du voisinage qui met, à faire assécher le marais, la même obstination que le jeune homme à le fixer sur sa toile. Malgré leurs buts opposés, une étrange ressemblance entre eux, physique et morale, éveille l'intérêt du vieil homme pour le jeune Friedrich, dont il ne sait pas encore qu'il porte le même nom que lui... Un des derniers romans d'Adalbert Stifter, un des plus caractéristiques de la dimension romantique de son écriture.
Dans l'auberge « La verte Fichtau », au-dessous du château fort de Rothenstein, s'est installé le jeune naturaliste Heinrich. Lors d'une de ses balades, Heinrich tombe sur le vieux château désormais inhabité et décrit populairement comme « Le Château des fous », tellement la famille des Scharnast qui y résidait se comportait bizarrement, ce que raconte l'aubergiste Erasmus au curieux explorateur. Il rapporte qu'autrefois, les frères Julianus et Julius Scharnast ont eu leur dernière entrevue dans son auberge, celle-ci se terminant en dispute. Julius quitta ensuite sa terre natale, la propriété attend un héritier. Intrigué par l'intérêt de son hôte, l'aubergiste émet « très malicieusement » la supposition que lui, Heinrich, soit un des éventuels héritiers, ce que ce dernier n'exclut pas.
Souvent considéré à tort comme un pâle représentant du Biedermeier, Adalbert Stifter (1805-1868) a pourtant suscité les éloges de Nietzsche, Hofmannsthal, Thomas Mann et plus récemment de Kundera. Surtout connu en France pour son roman intitulé L'Arrière-saison (1857), il est aussi l'auteur de nombreuses nouvelles rassemblées sous le titre d'Études (1850). Le présent volume en propose trois : Le Sentier forestier (1844), Le Sceau des Anciens (1844) et Le Sapin aux inscriptions (1843). La première raconte l'histoire d'un homme qui semble destiné à rester un sot après avoir reçu l'influence de parents fantasques et d'un oncle qui lui donne le surnom ridicule de Tiburius, pris pour son véritable prénom. Cet homme sera transformé par un cheminement sur un simple « sentier forestier » qui le rendra à une vie meilleure en l'ouvrant à la plénitude de ce qui est. Cheminement qui passe par une union progressive à la nature. Cheminement qui culmine dans la rencontre, tout aussi inopinée, de l'amour : une jeune cueilleuse de baies achève l'éveil à la vie. La guérison morale transforme le sot en un « cadeau de Dieu », selon la promesse que portait son véritable prénom, Théodore.
La chance d'un héritage fait d'un homme encore jeune, un propriétaire foncier qui se consacre avec succès à l'agriculture. Sa fortune faite, il entreprend l'indispensable voyage en Italie, interrompu dès le début par un épisode inattendu bien que préparé dès le début du récit : un long séjour dans un famille dont les deux filles, à la fois presque semblables et radicalement différentes, vont apparaître comme les images projetées de ses deux vocations. Il lui faudra quitter ce séjour paradisiaque pour comprendre qu'il s'est épris de la cadette, incarnation de l'efficacité pratique et de toutes les vertus humaines, mais inaccessible car amoureuse d'un homme qui l'aime aussi mais renonce à elle pour épouser l'aînée, l'artiste, qui sans lui dépérit. Dans ce double renoncement, cette abnégation sublime, ainsi que dans la peinture d'un vie idyllique, on rencontre nombre de thèmes récurrents de Stifter : la parfaite noblesse des êtres, la beauté des paysages, le rêve d'une vie simple au sein d'une nature harmonieuse, en marge d'une société lointaine et sans problèmes. On y retrouve également le meilleur de cet auteur : l'extrême finesse picturale et le réalisme quasi-onirique des descriptions...
Paru en 1857, ce chef-d'oeuvre inégalé aux yeux de Nietzsche, de Hofmannsthal, de Milan Kundera ou de Peter Handke est traduit pour la première fois en français.Dernier des grands «romans d'éducation» classiques, L'arrière-saison poursuit un idéal esthétique et moral d'une extrême ambition, et ce dans une prose allemande d'une pureté incomparable.
Tant pour la tension de son intrigue que pour le caractère fortement érotique de sa trame, Le Cachet, est un des récits les plus singuliers d'Adalbert Stifter.
Construit comme un "roman policier", le récit suscite chez le lecteur une curiosité constante, parfois morbide, pour la sensualité qui en imprègne les pages. La nouvelle esquisse une géométrie totalement anormale de l'infidélité le secret n'y concerne pas l'amour illicite de la protagoniste mais son mariage même, qui demeure caché jusqu'à la surprise du dénouement. Rarement la littérature a représenté aussi ouvertement une femme suspendue entre son mariage et son désir pour un homme, entre le pouvoir coercitif de la loi et la puissance torturante du sentiment.
Jamais une femme mariée n'a aussi radicalement obéi à la voix de la passion, sans avoir honte d'admettre celle-ci et sans craindre d'en payer les conséquences déchirantes et ultimes.
Voici le dernier texte achevé par Adalbert Stifter (1805-1868, peu de temps avant sa fin tragique : un récit autobiographique.
C'est d'abord, déroulée en quelques-unes de ses plus belles pages, l'envoûtante description d'un coin de montagne, perdu dans la forêt de Bavière, que le poète avait découvert dans sa jeunesse, et dont il avait fait son refuge. A l'automne 1866, il y est de retour - mais, il l'ignore encore, pour la dernière fois. Car quelque chose va se produire, le destin et la nature vont unir leurs forces, et pétri d'angoisse, Stifter devra fuir, quitter le refuge devenu intenable, traverser sous les bourrasques de neige des solitudes désormais glacées.
Constamment réédité dans sa langue, ce grand morceau d'écriture stiftérienne, qu'il faut lire lentement comme le recommandait l'auteur, n'avait jamais été traduit en français.
Als Knabe trug ich außer Ruten, Gesträuchen und Blüten, die mich ergotzten, auch noch andere Dinge nach Hause, die mich fast noch mehr freuten, weil sie nicht so schnell Farbe und Bestand verloren wie die Pflanzen, nämlich allerlei Steine und Erddinge. Auf Feldern, an Rainen, auf Heiden und Hutweiden, ja sogar auf Wiesen, auf denen doch nur das hohe Gras steht, liegen die mannigfaltigsten dieser Dinge herum. Da ich nun viel im Freien umherschweifen durfte, konnte es nicht fehlen, daß ich bald die Plätze entdeckte, auf denen die Dinge zu treffen waren, und daß ich die, welche ich fand, mit nach Hause nahm.
Mein Vater war ein Kaufmann. Er bewohnte einen Teil des ersten Stockwerkes eines mäßig großen Hauses in der Stadt, in welchem er zur Miete war. In demselben Hause hatte er auch das Verkaufsgewolbe, die Schreibstube nebst den Warenbehältern und anderen Dingen, die er zu dem Betriebe seines Geschäftes bedurfte. In dem ersten Stockwerke wohnte außer uns nur noch eine Familie, die aus zwei alten Leuten bestand, einem Manne und seiner Frau, welche alle Jahre ein oder zwei Male bei uns speisten, und zu denen wir und die zu uns kamen, wenn ein Fest oder ein Tag einfiel, an dem man sich Besuche zu machen oder Glück zu wünschen pflegte. Mein Vater hatte zwei Kinder, mich, den erstgeborenen Sohn, und eine Tochter, welche zwei Jahre jünger war als ich. Wir hatten in der Wohnung jedes ein Zimmerchen, in welchem wir uns unseren Geschäften, die uns schon in der Kindheit regelmäßig aufgelegt wurden, widmen mußten, und in welchem wir schliefen. Die Mutter sah da nach, und erlaubte uns zuweilen, daß wir in ihrem Wohnzimmer sein und uns mit Spielen ergotzen durften. Der Vater war die meiste Zeit in dem Verkaufsgewolbe und in der Schreibstube. Um zwolf Uhr kam er herauf, und es wurde in dem Speisezimmer gespeiset. Die Diener des Vaters speisten an unserem Tische mit Vater und Mutter, die zwei Mägde und der Magazinsknecht hatten in dem Gesindezimmer einen Tisch für sich. Wir Kinder bekamen einfache Speisen, der Vater und die Mutter hatten zuweilen einen Braten und jedes Mal ein Glas guten Weines. Die Handelsdiener bekamen auch von dem Braten und ein Glas desselben Weines. Anfangs hatte der Vater nur einen Buchführer und zwei Diener, später hatte er viere.
Im eigentlichen Sinne des Wortes ist es nicht eine Haide, wohin ich den lieben Leser und Zuhorer führen will, sondern weit von unserer Stadt ein traurig liebliches Fleckchen Landes, das sie die Haide nennen, weil seit unvordenklichen Zeiten nur kurzes Gras darauf wuchs, hie und da ein Stamm Haidefohre, oder die Krüppelbirke, an deren Rinde zuweilen ein Wollflockchen hing, von den wenigen Schafen und Ziegen, die zeitweise hier herumgingen. Ferner war noch in ziemlicher Verbreitung die Wachholderstaude da, im Weitern aber kein andrer Schmuck mehr; man müßte nur die fernen Berge hierher rechnen, die ein wunderschones blaues Band um das mattfarbige Gelände zogen.
Wie es aber des Oeftern geht, daß tiefsinnige Menschen, oder solche, denen die Natur allerlei wunderliche Dichtung und seltsame Gefühle in das Herz gepflanzt hatte, gerade solche Orte aussuchen und liebgewinnen, weil sie da ihren Träumen und innerem Klingklang nachgehen konnen: so geschah es auch auf diesem Haideflecke. Mit den Ziegen und Schafen nämlich kam auch sehr oft ein schwarzäugiger Bube von zehn oder zwolf Jahren, eigentlich um dieselben zu hüten; aber wenn sich die Thiere zerstreuten--die Schafe um das kurze würzige Gras zu genießen, die Ziegen hingegen, für die im Grunde kein passendes Futter da war, mehr ihren Betrachtungen und der reinen Luft überlassen, nur so gelegentlich den einen oder andern weichen Sprossen pflückend--fing er inzwischen an, Bekanntschaft mit den allerlei Wesen zu machen, welche die Haide hegte , und schloß mit ihnen Bündniß und Freundschaft.