632 après Ford : désormais on compte les années à partir de l'invention de la voiture à moteur. La technologie et la science ont remplacé la liberté et Dieu. La vie humaine, anesthésiée, est une suite de satisfactions, les êtres naissent in vitro, les désirs s'assouvissent sans risque de reproduction, les émotions et les sentiments ont été remplacés par des sensations et des instincts programmés. La société de ce Meilleur des mondes est organisée, hiérarchisée et uniformisée, chaque être, rangé par catégorie, a sa vocation, ses capacités et ses envies, maîtrisées, disciplinées, accomplies. Chacun concourt à l'ordre général, c'est-à-dire travaille, consomme et meurt, sans jamais revendiquer, apprendre ou exulter. Mais un homme pourtant est né dans cette société, avec, chose affreuse, un père et une mère et, pire encore, des sentiments et des rêves. Ce « Sauvage », qui a lu tout Shakespeare et le cite comme une Bible, peut-il être un danger pour le « monde civilisé » ?
La Philosophie éternelle date de 1945, treize ans après Le Meilleur des Mondes. Au désespoir, Huxley n'oppose pas seulement l'érudition et l'humour ; ce grand voyageur, qui fit le tour du monde en sceptique et expérimenta les drogues en documentaliste, s'est défendu du pessimisme par ces deux formes de l'intelligence à l'affût d'elle-même que sont l'ironie et le savoir. Cette oeuvre est une magistrale synthèse qui rapproche les religions, les traditions d'Orient et d'Occident, à la recherche d'une pensée mondiale, à mi-chemin de la science et de la mystique dénommée « Philosophie Eternelle » et qui, au-delà d'apparentes oppositions ou évolutions, est une empreinte permanente de la pensée humaine, à qui elle indique un chemin spirituel.
« Quoiqu'il fût étendu, le répertoire de Molly, comme celui d'autres discoureurs plus célèbres, était limité. Bonne ménagère, elle savait utiliser en hachis les restes de la conversation du dîner de la veille pour suffire au déjeuner du jour ».
Les perfidies de l'intelligentsia britannique des années vingt n'ont pas échappé à l'oeil aiguisé d'Aldous Huxley. La société qu'il peint au couteau ne se contente pas d'avoir de la brillance. Elle a le talent d'être cynique. Ses paroles sont acérées comme les ongles de ces dames et ses usages secrètement codés.
Huxley possède l'art de composer une mélodie en jouant sur les dissonances. Maître en contrepoint, il réussit là un chef-d'oeuvre d'ironie, clin d'oeil de la passion à la raison.
Par l'ingestion de mescaline, Aldous Huxley rejoint à son tour le paradis artificiel de Nerval et Baudelaire.
Mais l'originalité de cette expérience tient à la volonté scientifique qui l'anime : en 1954, c'est sous contrôle médical que le romancier absorbe la drogue dans le but d'ouvrir, selon l'expression de William Blake, " les portes de la perception " et de " connaître, par l'intérieur, ce dont parlaient le visionnaire, le médium, et même le mystique, le miracle [...] de l'existence dans sa nudité, la Réalité manifestée ".
Outre ce récit initiatique, éponyme de l'ouvrage, sont rassemblés ici des essais qui témoignent d'une recherche spirituelle constante depuis La Philosophie éternelle (1945).
À travers une culture syncrétique qui traite avec une même ferveur la pensée bouddhiste zen et le dogme catholique, se dessine le souci de mettre chacun sur la vole de l'illumination par la contemplation et le recueillement. Cette orientation donne aux réflexions de Huxley sur le temps, l'art, le progrès et surtout la violence et la paix une dimension intemporelle.
Cet essai a été suivi d'un autre qui le complète et l'enrichit, Le Ciel et l'Enfer, réédité en 1999 aux éditions du Rocher.
Trente ans après Le Meilleur des mondes, Aldous Huxley revient sur ce roman phare de la science-fiction pour constater que l'évolution qu'il imaginait dans les années 1930 se révèle une véritable prédiction.
Le monde qu'il a vu émerger - la dictature scientifique, l'homme transformé en esclave amoureux de sa servitude, la montée des fanatismes, le cauchemar de l'organisation intégrale - est déjà en train de prendre forme sous ses yeux à la fin des années 1950.
Dans cet essai d'une étonnante lucidité, il nous offre un regard percutant sur les évolutions sociales et politiques de son temps.
Pour les 60 ans de la disparition d'Aldous Huxley, une réédition ce très grand auteur, humaniste, pacifiste et satiriste. avec quater textes majeurs : Le Meilleur des mondes (1932); Temps futurs (1948); Ile (1962); Retour au meilleur des mondes (essai, 1958) Avec Le Meilleur des mondes, l'un des livres les plus importants de la littérature anglaise du xxe siècle, qui a éveillé et éveille encore des générations de lecteurs, Aldous Huxley pose une question cruciale et éternelle : quel avenir pour la civilisation ?
Qu'attendre en effet des progrès de la science ? Que peut-on espérer, ou craindre ? Une société parfaite, où chacun est conditionné dès sa conception dans une éprouvette, telle que Le Meilleur des mondes l'imagine ? Le cauchemar d'une terre ravagée par le feu nucléaire où se débat l'homme mutant, comme dans Temps futurs ? Ou au contraire le havre de paix, de justice et d'harmonie qu'est l'île de Pala, menacée par la cupidité de ses voisins ? Au travers de ces utopies romanesques, Aldous Huxley nous présente des scénarios du futur qui n'ont rien perdu de leur actualité.
Il reste encore quelque liberté dans le monde. Peut-être les forces qui la menacent sont-elles trop puissantes pour que l'on puisse leur résister très longtemps. C'est encore et toujours notre devoir de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous opposer à elles.
Aldous Huxley, Retour au meilleur des mondes
Lorsque le journaliste Will Farnaby échoue sur l'île de Pala, il croit avoir découvert la société idéale. La communauté des îliens s'organise autour des valeurs de justice, de respect et de liberté, dans une parfaite osmose avec la nature. Mais cet équilibre idyllique est rapidement menacé par les convoitises internationales, à commencer par le sultanat voisin.
Huxley orchestre le malentendu : l'utopie de l'Éden retrouvé, réinventé par la main de l'homme, fera long feu, pour mieux se fracasser contre les instincts humains les plus funestes.
En l'an 2108, la Troisième Guerre mondiale a pris fin depuis déjà plus d'un siècle mais les stigmates de ses destructions atomiques n'ont pas disparu et l'humanité, décimée par les massacres chimiques et bactériologiques, a subi une irréversible mutation. C'est à la découverte de cette nouvelle espèce animale dont l'instinct sexuel est devenu saisonnier que va se lancer le professeur Poole, spécialiste néo-zélandais de botanique, dont l'île-continent a été miraculeusement épargnée.
À travers la fiction littéraire d'un scénario de film providentiellement sauvé du désastre, Aldous Huxley évoque avec un brio insurpassable l'un des « avenirs de cauchemars » qui peuplent peut-être le troisième millénaire.
« Être un homme complet, équilibré, c'est une entreprise difficile, mais c'est la seule qui nous soit proposée. Personne ne nous demande d'être autre chose qu'un homme. Un homme, vous entendez. Pas un ange, ni un démon. Un homme est une créature qui marche délicatement sur une corde raide, avec l'intelligence, la conscience et tout ce qui est spirituel à un bout de son balancier, et le corps et l'instinct et tout ce qui est inconscient, terrestre et mystérieux à l'autre bout. En équilibre, ce qui est diablement difficile. » Ces phrases qu'Aldous Huxley fit prononcer par un des héros de Contrepoint, pourraient servir de résumé au livre que voici.
Dans La Fin et les moyens, publié en 1937, Aldous Huxley développe les conditions et les méthodes d'un véritable humanisme. Comprendre l'homme nécessite d'interroger tout ce qui en lui participe au réel, à la vie de l'intelligence et de la sensibilité, à ses conditions de vie sociale et économique, mais aussi à sa spiritualité. Tout ce qui, aussi, nous aide à formuler nos conceptions du bien et du mal et détermine l'ensemble de nos actions.
Quel est donc le but de ce livre ? Réaliser l'homme tout entier, malgré les pressions idéologiques et sociales de son époque. À partir d'une définition de l'homme «sans attache», guidé par sa seule intelligence et son amour d'autrui, Aldous Huxley propose de manière concrète les moyens pour atteindre la finalité de l'effort humain. Ces moyens ne se limitent pas à une prise de conscience individuelle mais résident aussi dans un cadre politique et social plus juste, dans des réformes, des institutions vraiment humanistes, dans une éducation, enfin, qui libère l'être des préjugés de la pensée toute faite. Par être, Aldous Huxley désigne aussi bien l'enfant que l'adulte : il n'est jamais trop tard pour grandir, approfondir les raisons libres de ses croyances, dresser l'inventaire de ce qui nous paraît acceptable ou inacceptable au-delà de ce qui nous est imposé. Marcher à contre-courant pourrait être la devise de cet immense philosophe pacifiste du XXe siècle qui trace les grandes lignes
Quasi aveugle à l'âge de seize ans, Aldous Huxlay (1894-1963) vécut jusqu'en 1939 avec une vision très déficiente. C'est alors qu'il découvrit la méthode du Dr W.H. Bates, une méthode de rééducation visuelle à base psychologique, qui lui permit en quelques mois de lire sans lunettes.
C'est par gratitude envers ce pionnier de l'éducation visuelle qu'Aldous Huxley écrivit L'Art de voir. Il explique dans ce petit livre la méthode du Dr Bates, tout en la rapprochant des grandes découvertes de la psychologie moderne. Il démontre ainsi l'aspect essentiellement rationnel d'une méthode qui ne vise qu'à l'application pratique, aux problèmes de la vision, de certains principes théoriques universellement admis.
Pour le cinquantième anniversaire de la mort d'Aldous Huxley, les romans utopistes de ce grand visionnaire inquiet.
Avec Le Meilleur des mondes, qui a éveillé et éveille encore des générations de lecteurs, Aldous Huxley pose une question cruciale et éternelle : quel avenir pour la civilisation ?
Qu'attendre en effet des progrès de la science ? Que peut-on espérer, ou craindre ?
Une société parfaite, où chacun est conditionné dès sa conception dans une éprouvette, telle que Le Meilleur des mondes l'imagine ? Le cauchemar d'une terre ravagée par le feu nucléaire où se débat l'homme mutant, comme dans Temps futurs ? Ou au contraire le havre de paix, de justice et d'harmonie qu'est l'île de Pala, menacée par la cupidité de ses voisins ?
Au travers de ces utopies romanesques, Aldous Huxley nous présente des scénarios du futur qui n'ont rien perdu de leur actualité.
Il reste encore quelque liberté dans le monde. Peut-être les forces qui la menacent sont-elles trop puissantes pour que l'on puisse leur résister très longtemps. C'est encore et toujours notre devoir de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous opposer à elles.
Aldous Huxley, Retour au meilleur des mondes
Huxley examine au long de ces essais la nature des pratiques spirituelles, explorant les fondements du bien et du mal, les champs du comportement religieux et de l'expérience mystique, en s'appuyant sur les textes majeurs de diverses traditions.
Regard sur les contradictions et les enjeux de la quête spirituelle, expériences personnelles qui tendent à cerner les limites du réel, ce livre qui rassemble des textes écrits pour la plupart entre 1940 et 1950 propose les réponses ou les interrogations de l'auteur du meilleur des mondes face à un univers dont il faut sans cesse repenser le sens, en termes non seulement religieux mais aussi politiques.
Moksha est une anthologie des écrits d'Aldous Huxley concernant les drogues hallucinogènes, en particulier la mescaline et le LSD.
Le titre (un mot sanscrit signifiant libération) est le nom du champignon que consomment les protagonistes de son roman Ile, drogue libératoire par opposition à celle abrutissante que sont obligés de consommer les héros du Meilleur des Mondes. Aldous Huxley (1894-1963), romancier américain d'origine anglaise, a eu non seulement une expérience personnelle de ces drogues mais en a longuement parlé dans nombre de ses ouvrages, outre ceux cités plus haut, tels que Les portes de la perception et Le ciel et l'enfer.
Moksha n'était plus disponible en français depuis de très nombreuses années.
Si l'organisation de la société est mauvaise (comme l'est la nôtre), et si un petit nombre de gens ont le pouvoir sur la majorité et l'oppriment, toute victoire sur la Nature ne servira inévitablement qu'à accroître ce pouvoir et cette oppression.
C'est ce qui se produit présentement ". Il s'est écoulé près d'un demi-siècle depuis que Tolstoï a écrit ces mots, et ce qui se produisait à cette époque a continué à se produire depuis lors. La science et la technique ont fait des progrès notables au cours des années écoulées - et il en est de même de la centralisation du pouvoir politique et économique, il en est de même de l'oligarchie et du despotisme.
Il est à peine besoin d'ajouter que la science n'est pas le seul facteur qui intervienne dans cette affaire. Aucun mal social ne saurait avoir une cause unique. D'où la difficulté dans n'importe quel cas donné, de trouver un remède complet. Tout ce que nous soutenons ici, c'est que la science en progrès est l'un des facteurs intervenant dans le déclin progressif de la liberté et dans la centralisation progressive du pouvoir, qui se sont produits au cours du XXe siècle.
Portée par des femmes courageuses et attachantes, l'épopée des Seliverstoff se raconte sur trois ou quatre générations. Elle déroule l'histoire d'une famille qui avait fourni des chefs militaires, des juristes, et des personnes dévouées à leur pays. Puis vinrent le XXe siècle et la révolution bolchevique. Cécile et son époux firent face de leur mieux à des défis inhumains. Ils surmontèrent la pauvreté, les famines, l'exil et les incarcérations de leur progéniture. A leurs six enfants, ils insufflèrent le courage et la culture qui les aidèrent à surmonter les épreuves les plus dures. Tous, ils révèrent de se retrouver à Paris. Un train imaginaire, construit de chaises, devait les y conduire. De leurs récits alternés ressort la force de l'âme slave et la vigueur de caractère avec lesquelles jeunes et vieux luttèrent pour s'octroyer le droit à la vie. Finalement, les petits-enfants Seliverstoff assistèrent à l'écroulement du régime. Mais le viatique s'était épuisé. Le pire dans le communisme, a-t-on dit, c'est ce qui vient après. La dernière génération finit par y succomber.