De la fin de la décennie 1810 aux lendemains de la Révolution de 1848, Anne Martin-Fugier nous propose un portrait de groupe où il est moins question de doctrine que de salons, de rencontres et d'amitiés.
En replaçant les chefs de file du mouvement dans les lieux de l'aventure romantique, elle nous a fait découvrir une foule de petits romantiques, des soldats de la bataille d'Hernani à la bohème de Mimi Pinson en passant par les Jeune-France chevelus et les ouvriers poètes des années 1840. Le Cénacle de Victor Hugo, les masures du Doyenné, l'aventure du Corsaire -Satan revivent sous nos yeux tandis que les itinéraires de Hugo, Delacroix, Berlioz ou George Sand se dessinent plus précisément, exemplaires dans leurs succès comme dans leurs échecs.
Le romantisme apparaît alors comme la chose d'une génération, celle des enfants de la bourgeoisie montés à Paris pour étudier le droit et la médecine, jeunes gens qui se jettent à corps perdu dans l'Art en éspérant y trouver la gloire et la réussite matérielle. Mais cette dernière est rare et nombreux sont ceux qui retournent à leur milieu d'origine ou meurent de faim et de froid dans les greniers d'une bohème qui n'est pas toujours gaie.
Un panorama aussi détaillé que pittoresque d'un mouvement littéraire unique en son genre.
ANNE MARTIN-FUGIER Historienne (E.H.E.S.S.), Anne MArtin-Fugier est spécialiste du XIXe siècle. Elles est notamment l'auteur de La Place des bonnes (1979), La Bourgeoise (1983), La Vie élégante, 1815-1848 (1990), Prix d'histoire de la Vallée-aux-loups-Maison de Chateaubriand, et La Vie quotidienne de Louis-Philippe et de sa famille, 1830-1848 (1992).
Le 18 août 1847, la duchesse de Choiseul-Praslin, qui porte l'un des plus grands noms de France, fut sauvagement assassinée. Le coupable était son mari, qui parvint à avaler de l'arsenic avant d'être emprisonné et mourut sans avoir reconnu son crime. L'institutrice des enfants, Mlle Deluzy, supposée maîtresse du duc, fut arrêtée comme complice.
Qui était la duchesse Fanny ? Une femme de quarante ans, mère de dix enfants, enlaidie par l'obésité mais encore amoureuse de son mari, trompée et frustrée, ou une épouse dominatrice, possessive et envahissante ? Qui était le duc Théobald ? Un père attentif à ses enfants, ou un faible poussé à bout par les exigences sexuelles de sa femme ? Qui était l'institutrice Henriette ? Une femme indépendante et cultivée, ou une aventurière ?
Ce drame effrayant et énigmatique, dont l'opinion publique s'empara à grand bruit, ébranla le trône de Louis-Philippe, qui devait s'effondrer six mois plus tard. Le récit d'Anne Martin-Fugier fait apparaître, autour des trois protagonistes, des contemporains comme la comtesse de Boigne, Valentine Delessert, Victor Hugo ou Victor Cousin, et, sous sa forme la moins reluisante, tout un pan de la
haute société de la monarchie de Juillet, contemporaine de Stendhal et de Balzac.
Docteur ès lettres, Anne Martin-Fugier a publié de nombreux ouvrages sur la vie culturelle et sociale du xixe siècle, parmi lesquels La Place des bonnes (1979), La Bourgeoise (1983), La Vie élégante ou la formation du Tout-Paris 1815-1848 (1990), Comédienne. De Mlle Mars à Sarah Bernhardt (2001), La Vie d'artiste au xixe siècle (2007).