Elles balaient, font la cuisine, montent les seaux de charbon, vident les cuvettes et frottent l'argenterie, du matin jusqu'au soir.
Elles n'ont point de vie à elles. car ce sont les bonnes. mais d'elles, on exige plus encore que l'accomplissement des tâches ménagères. il faut qu'elles soient le dévouement incarné. car elles sont les servantes. et si ce livre s'emploie, en détaillant leurs conditions de travail et d'existence, en décrivant les mentalités dans lesquelles elles étouffent, à dire quelle place est assignée aux bonnes par la moralité bourgeoise à la belle epoque, c'est dans le but d'exorciser le fantôme de la servante, qui hante encore la plupart des femmes d'aujourd'hui, lorsqu'elles rentrent à la maison.
Lorsque Louis-Philippe d'Orléans accède au trône en 1830, il est accompagné d'une large famille qui redonne de l'animation aux Tuileries et contribue à la réputation bourgeoise, mais aussi moderne, de la nouvelle monarchie de Juillet.
A travers un récit vivant, Anne Martin-Fugier nous introduit dans la familiarité d'un roi qui, loin de son image d'homme commun, gouverne avec autorité et fait fonctionner le système monarchique avec faste et traditions. L'éducation des princes, les drames et les joies de chaque jour se mêlent étroitement à la vie officielle de la cour reconstituée, du gouvernement et du Parlement.
Réhabilitant le roi-citoyen, cet ouvrage éclaire sous un angle original une période essentielle et mal connue de la France du XIXe siècle.
Depuis le XVIIe siècle et plus encore au XIXe siècle, la France et surtout Paris se sont fait une spécialité du " salon ".
En ce lieu de sociabilité particulière, où l'esprit est une puissance, les écrivains, les artistes et les politiques, les étrangers aussi, se rencontrent et se confrontent selon des codes, des liturgies, des modes. Les femmes y jouent un rôle essentiel, qui leur est refusé ailleurs. De Napoléon III finissant jusqu'à la veille du Front populaire, c'est dans les salons que se font et se défont les réputations, que se lancent un livre, une campagne de presse, une élection politique ou académique, un mouvement artistique.
De la princesse Mathilde à Léon Blum, du dîner Magny aux Potassons d'Adrienne Monnier, Anne Martin-Fugier met ici en scène le monde des Goncourt, de Marcel Proust et des surréalistes, rendu à sa vérité historique.
C'est en 1818 que fut créé à Paris le premier musée consacré aux artistes vivants. Au cours du XIXe siècle, la diffusion des oeuvres d'art change d'échelle, le marché de l'art remplace le système académique des Beaux-Arts et, dans cette société en voie de démocratisation, se développent l'intérêt pour l'art et la consommation de productions artistiques. Dans les ventes aux enchères, il apparaît que l'art contemporain (on disait « moderne » à l'époque) peut valoir de l'argent. Les tableaux des artistes vivants deviennent objets d'investissement et de spéculation. Anne Martin-Fugier met en scène tous les protagonistes du monde de l'art et évoque leur style de vie et leur sociabilité : les peintres et les sculpteurs connus et moins connus, les modèles, les critiques et les aventuriers qu'étaient parfois les marchands et les collectionneurs. Elle se penche sur les relations passionnelles et complexes qu'entretiennent les artistes avec ces derniers. Elle analyse l'évolution des identités, celle de l'artiste et celle de l'amateur. Que devient au cours du siècle la figure de l'artiste victime de la société bourgeoise qui s'est constituée à l'époque romantique ?
En 1815, au lendemain de la Restauration, le " monde " parisien se définit encore par rapport à la Cour.
Mais progressivement le rapport s'inverse et les élites non aristocratiques conquièrent une place au premier rang de la société : au côté du duc de La Rochefoucauld vient s'asseoir M. Bertin. Une nouvelle mondanité se met en place, qui devient le " Tout-Paris ", celui dont Proust connaîtra les derniers moments, où se rencontrent l'épée, la plume et le portefeuille. L'espace mondain est alors celui du luxe : les beaux quartiers, les ambassades, les théâtres, et naturellement les salons.
Les mondains paradent dans les bals, sur les champs de courses et aux bains de mer. Et ce grand monde s'attribue aussi une mission culturelle : le raffinement. Entrelaçant choses vues, anecdotes, portraits tirés des correspondances, mémoires et journaux du temps, Anne Martin-Fugier ressuscite une société brillante, égoïste et vulnérable. Son écriture est aussi élégante que la vie qu'elle décrit.
De la fin de la décennie 1810 aux lendemains de la Révolution de 1848, Anne Martin-Fugier nous propose un portrait de groupe où il est moins question de doctrine que de salons, de rencontres et d'amitiés. En replaçant les chefs de file du mouvement dans les lieux de l'aventure romantique, elle nous fait découvrir une foule de petits romantiques, des soldats de la bataille d'Hernani à la bohème de Mimi Pinson en passant par les Jeune-France chevelus et les ouvriers poètes des années 1840. Le Cénacle de Victor Hugo, les masures du Doyenné, l'histoire du Corsaire-Satan revivent sous nos yeux tandis que les itinéraires de Hugo, Delacroix, Berlioz ou George Sand se dessinent plus précisément, exemplaires dans leurs succès comme dans leurs échecs.
Le romantisme apparaît alors comme l'aventure d'une génération, celle de jeunes gens qui se jettent à corps perdu dans l'Art en espérant y trouver la gloire et la réussite matérielle. Mais cette dernière est rare, et nombreux sont ceux qui retournent à leur milieu d'origine ou meurent de faim et de froid dans les greniers d'une bohème qui n'est pas toujours gaie.
1900 : triomphe du Bourgeois. Mais son épouse ? Cette femme qui parade, élégante, au Bois, suscite bien des craintes et des interrogations : est-elle honnête ? Qu'est-ce au juste qu'une honnête femme ? Que peut-elle faire pour n'être point oisive ? Comment entretiendra-t-elle le nid familial et accomplira-t-elle les mille devoirs qui la rendront digne de ses titres d'Epouse, de Mère, de Femme de Foyer ? Quelle fonction sociale pour elle, en dehors de la garde de la famille ? Et quelle éducation peut-elle recevoir sans trahir, demain sa vraie vocation ? Ces questions engendrent toutes sortes de discours qui, dans leur diversité et leurs contradictions, codifient le rôle dévolu aux femmes par la bourgeoisie. Ce livre analyse le modèle ainsi formé et montre comment, en suivant l'évolution des moeurs, il perdure, de la digne Epouse et Mère chapeautée et corsetée du début du siècle à la jeune Femme-qui-travaille d'aujourd'hui.Anne Martin-Fugier a également écrit La Place des bonnes, un essai sur la domesticité féminine en 1900.
Le 18 août 1847, la duchesse de Choiseul-Praslin, qui porte l'un des plus grands noms de France, fut sauvagement assassinée. Le coupable était son mari, qui parvint à avaler de l'arsenic avant d'être emprisonné et mourut sans avoir reconnu son crime. L'institutrice des enfants, Mlle Deluzy, supposée maîtresse du duc, fut arrêtée comme complice.
Qui était la duchesse Fanny ? Une femme de quarante ans, mère de dix enfants, enlaidie par l'obésité mais encore amoureuse de son mari, trompée et frustrée, ou une épouse dominatrice, possessive et envahissante ? Qui était le duc Théobald ? Un père attentif à ses enfants, ou un faible poussé à bout par les exigences sexuelles de sa femme ? Qui était l'institutrice Henriette ? Une femme indépendante et cultivée, ou une aventurière ?
Ce drame effrayant et énigmatique, dont l'opinion publique s'empara à grand bruit, ébranla le trône de Louis-Philippe, qui devait s'effondrer six mois plus tard. Le récit d'Anne Martin-Fugier fait apparaître, autour des trois protagonistes, des contemporains comme la comtesse de Boigne, Valentine Delessert, Victor Hugo ou Victor Cousin, et, sous sa forme la moins reluisante, tout un pan de la
haute société de la monarchie de Juillet, contemporaine de Stendhal et de Balzac.
Docteur ès lettres, Anne Martin-Fugier a publié de nombreux ouvrages sur la vie culturelle et sociale du xixe siècle, parmi lesquels La Place des bonnes (1979), La Bourgeoise (1983), La Vie élégante ou la formation du Tout-Paris 1815-1848 (1990), Comédienne. De Mlle Mars à Sarah Bernhardt (2001), La Vie d'artiste au xixe siècle (2007).
Habit brun, chapeau rond, parapluie sous le bras, louis-philippe a cinquante-sept ans quand il monte sur le trône, en 1830. un visage empâté qui sera identifié à une poire, un souci exagéré des détails et une avarice supposée lui vaudront la réputation tenace d'un homme commun, étriqué et mesquin.
Au vrai, on prend pour du « bourgeois » ce qui s'apparenterait plutôt à un non-conformisme forgé par vingt ans d'exil et de voyages. en fait, malgré le vote régicide de son père et les circonstances de son arrivée au pouvoir, louis-philippe fait fonctionner le système monarchique avec son faste et ses traditions ; il reconstitue autour de lui une vraie cour, n'en déplaise aux légitimistes, et négocie avec les monarchies d'europe l'établissement de ses enfants.
L'auteur nous introduit dans la familiarité du roi et des siens aux tuileries, à saint-cloud, à neuilly et en normandie. l'éducation des princes, les drames et les joies de chaque jour se mêlent étroitement à la vie officielle de la cour, du gouvernement et du parlement. plus qu'une réhabilitation du roi-citoyen, ce récit vivant, bourré d'anecdotes et d'aperçus inédits, éclaire d'un jour nouveau un moment essentiel de la france du xixe siècle.
Anne martin-fugier docteur en histoire, anne martin-fugier est une spécialiste de la mentalité bourgeoise et de la culture française au xixe siècle. elle a déjà publié, entre autres, la place des bonnes (1979), la bourgeoise (1983), et la vie élégante, 1815-1848 (1990), qui a reçu le prix d'histoire de la vallée-aux-loups-maison de chateaubriand.
c'est en 1818 que fut créé à paris le premier musée consacré aux artistes vivants.
au cours du xixe siècle, la diffusion des oeuvres d'art change d'échelle, le marché de l'art remplace le système académique des beaux-arts et, dans la société en voie de démocratisation, se développent l'intérêt pour l'art et la consommation de productions artistiques. des lieux multiples d'exposition, salons et galeries, succèdent au salon annuel organisé par l'etat et, dans les ventes aux enchères, il apparaît que l'art contemporain (on disait " moderne " à l'époque) peut valoir de l'argent.
les tableaux des artistes vivants deviennent objets d'investissement et de spéculation. anne martin-fugier met en scène tous les protagonistes du monde de l'art : les peintres et les sculpteurs connus et moins connus, les modèles, les critiques et les aventuriers qu'étaient parfois les marchands et les collectionneurs. utilisant correspondances, mémoires, presse, catalogues d'expositions, romans, elle rend compte des pratiques des artistes et suit les étapes de leur carrière, depuis leur formation à l'ecole des beaux-arts ou dans les académies libres jusqu'à leur rencontre avec des clients, représentants de l'etat, amateurs privés ou marchands en passant par leur style de vie et leur sociabilité, dans les ateliers, les cafés ou en plein air.
elle se penche sur les relations passionnelles et complexes qu'entretiennent les artistes avec les marchands et les collectionneurs. elle analyse l'évolution des identités, celle de l'artiste et celle de l'amateur. que devient au cours du siècle la figure de l'artiste victime de la société bourgeoise qui s'est constituée à l'époque romantique ?.
« Principal théâtre de la vie privée, la famille, au XIXe siècle, lui fournit ses figures et ses premiers rôles, ses pratiques et ses rites, ses intrigues et ses conflits. Main invisible de la société civile, elle est à la fois nid et noud.
Elle tend néanmoins, pour des raisons en partie politiques, à absorber toutes les fonctions et à définir les règles et les normes. Les institutions et les individus célibataires - prisons et internats, casernes et couvents, vagabonds et dandys religieuses et amazones, bohèmes et apaches - sont souvent contraints de se définir par rapport à elle, ou dans ses marges. Elle est le centre dont ils constituent la périphérie. » Michelle Perrot