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Antoine Volodine
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Après l'écroulement de la Deuxième Union soviétique, la Sibérie est dévastée par des accidents nucléaires et devient à jamais inhabitable. Solovieï, président du kolkhoze Terminus radieux, met ses pouvoirs surnaturels au service de son rêve de toute-puissance. Assisté par l'immortelle Mémé Oudgoul, il règne en maître sur le destin des hommes et des femmes de son village. Prisonniers et militaires cherchent en vain à mettre fin à leur errance, mais il leur faudra attendre des milliers d'années pour que s'éteigne la présence de Solovieï dans leur cauchemar.Né en 1949, Antoine Volodine a publié une trentaine de livres qui fondent le «post-exotisme», univers fictionnel caractérisé par l'onirisme politique et l'humour du désastre. Il a écrit plusieurs textes pour la radio et Des anges mineurs (1999) lui a valu le prix Wepler et le prix du Livre Inter 2000.
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Dans un pays de montagnes et de désert, une petite troupe itinérante est attaquée par des bandits. Bien vite, l'unique survivante est entraînée dans la vie criminelle et sauvage de ses ravisseurs. Trois voix puissantes, toutes liées au théâtre, à la féminité, au chamanisme et à la mort, nous content des aventures violentes et démoniaques, marquées par une sexualité délirante mais aussi par la nostalgie de la déclamation, de la parole et du souffle. Et de la survie coûte que coûte.
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Ensemble narratif de quarante-neuf brefs textes, tous en rapport les uns avec les autres et qui peuvent donc être lus, en réalité, comme les chapitres d'un roman, Des anges mineurs est un livre d'une très grande force poétique. Les personnages, aux noms farfelus, sont extrêmement âgés, mais jeunes parfois d'apparence. Ils ont échappé à une sorte d'apocalypse, en tout cas un changement de régime. Beaucoup ont séjourné dans des camps de redressement, et se plaignent, au fond, du retour au capitalisme. Ils ont souffert du totalitarisme, mais sont désormais dans une société où sous une autre forme l'humanité a disparu. Les rapports amicaux et amoureux sont clandestins et impossibles. Les rapports familiaux inexistants. La survie est presque impossible matériellement : ils vivent dans des grottes, sous des yourtes, dans des immeubles dévastés. Certains sont artistes, d'autres ont des responsabilités politiques. Mais tout va à vau l'eau. Le personnage central, Will Scheidmann est un écrivain qui, dans ce contexte de post-mutation de régime apparaît comme «réactionnaire», mais qui en réalité est le seul qui «réfléchisse» sur l'Histoire. Sa mère, accompagnée de vieilles femmes, veut exterminer : elle tient au respect des formes du nouveau régime. Mais l'exécution sans doute n'aura pas lieu. L'ensemble est d'une grande tristesse, mais aussi d'une grande sensualité poétique, envoûtante. C'est brillant, intelligent : il y a d'admirables réflexions sur la littérature, ses illusions, ses limites, sa force aussi. Le livre est la description d'un monde où le temps, l'espace, l'économie, la littérature, les rapports psychologiques, la famille, la politique, les langues sont autres, «étranges». Il y a dans ce livre, en dehors des scènes très violentes, des moments de contemplation, de sensualité, de tendresse, qui l'ouvrent à des sensibilités plus diverses. Il tourne labyrinthiquement autour d'une obsession qui est, disons, l'apocalypse conçue par les hommes eux-mêmes, l'idée même de ce qui est «dernier».
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C'est dans une venelle du Tarrafeiro, sordide quartier marécageux près du port intérieur de Macau, que s'est réfugié Breughel. Membre d'une société secrète évoquée à travers les noms énigmatiques de « Paradis », « Grand-mère » ou « Les Iles », Breughel a quitté l'Occident. Il a fui avec Machado, un Brésilien, et Gloria Vancouver, l'une des responsables de l'organisation, en détournant une importante somme d'argent. A Macau, les fugitifs ont pris la nationalité portugaise pour effacer leurs traces. Depuis, Machado est mort, mais le « Paradis » veille. Un tueur, Kotter, est envoyé en mission pour apurer les comptes et exécuter Gloria Vancouver.
Le port intérieur gravite autour de l'interrogatoire de Breughel, situation narrative récurrente chez Volodine. Ce seront des interrogatoires successifs que le lecteur va découvrir et dont il ne pourra jamais évaluer précisément le degré de réalité. Car pour protéger Gloria Vancouver, Breughel a anticipé de longue date l'arrivée du tueur, disséminant dans son taudis des textes et des photographies devant amener Kotter à la certitude que Gloria est morte accidentellement lors d'un séjour en Corée. Le lecteur va se retrouver pris malgré lui dans une toile d'araignée d'une finesse extrême, faite de dialogues et de monologues entrecoupés de récits de rêves.
Le Port intérieur est écrit dans une langue musicale suspendue au-dessus du silence. Théâtrale, scénique, presque gestuelle, la phrase s'arrête parfois sur l'impossibilité qu'il y a de conclure. Le point final se transforme en trou noir qui aspire tout à la fois les ruminations et les remembrances de Breughel las, exilé, et semble le conduire au silence ultime. Car Le Port intérieur, c'est le lieu même de la littérature.
Jean-Didier Wagneur, Libération -
Lisbonne, dernière marge
Antoine Volodine
- Éditions du Minuit
- Minuit Double
- 8 Janvier 2015
- 9782707328526
Cette femme qui marche dans la nuit, un manuscrit sous le bras, le long d'une avenue déserte, a-t-elle ou non rendez-vous avec la mort ? Elle semble connaître la réponse, mais que sait-elle exactement ? Toute son existence est liée à un livre, une immense anthologie dont les pages tracent le portrait d'une époque fictive - le IIe siècle -, et tentent d'élucider les sombres mystères d'une société - la « Renaissance » - : comme le ferait une mémoire contrainte, sous la chape de plomb du totalitarisme, à se dissimuler dans l'imaginaire et le discours codé.
Or quelqu'un, à l'évidence, manipule les éléments de l'intrigue ainsi nouée : une jeune terroriste, en compagnie du policier qui a organisé sa fuite, se retrouve le temps d'un amour aux confins de l'Europe et de l'océan. C'est elle qui, par défi, invente devant nous un monde baroque et lugubre dont elle est sans doute l'émanation la plus tragique. -
Après son décès, chacun de nous traverse le Bardo, guidé sur le chemin de la renaissance par la lecture du Livre des morts tibétain. Mais que se passe-t-il si le mort désobéit ? Si le séjour dans le Bardo lui plaît au point qu'il ne veuille plus en sortir ? Quand aux mystiques se mêlent les fous, les imbéciles et les sous-hommes ? L'écrivain et acteur Bogdan Schlumm tente de répondre à ces questions...
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Dondog n'est qu'une blatte, un Untermensch. Enfermé suite au massacre des Ybürs, il sort de camp, amnésique. Comme lui, on ne connaît rien de ce monde, et pourtant tout est familier. Seule trace d'un passé qui lui échappe, trois noms résonnent dans sa tête. Il se vengera. Grâce à l'aide d'un chamane, Dondog arpente les rues chaotiques d'un pays noir, sans temps ni espace, à la recherche de trois âmes à abattre.
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« Cela me plaisait de devoir être tué en Chine, sur une jonque à l'ancrage, devant un photogénique vieillard, dans une atmosphère chinoise saturée de puanteurs, de fumée de poisson frit, de tabac, de pétrole, d'eau sale. Après tout, j'étais venu pour ça, pour en finir, pour être ailleurs et en finir. » Près de quinze ans après Le Port intérieur, Antoine Volodine retrouve ses paysages familiers : les ruelles obscures de Macau, l'humidité sordide, la nuit où monologuent des personnages ambigus et sublimes. Il ajoute ici un ouvrage à la vaste construction romanesque qu'il a entreprise et qui compte actuellement plus de trente titres.
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Dans un monde post-apocalyptique, la ville d'Oulang-Oulane est régie par un système totalitaire où les mutations génétiques vont bon train et où le capitalisme fait rage. Policier hanté par le deuil, Mevlido a pour mission de surveiller les bas fonds de la ville et en particulier d'épier des bolcheviques qui préparent un coup d'Etat. S'il est un professionnel dévoué, il n'en est pas moins séduit par les révolutionnaires. Pour retrouver la femme qu'il aime, assassiné par des enfants soldats, il va s'enfoncer dans les profondeurs de la ville et de ses rêves.
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Dans Désarroi de notre temps et autres fragments sur la guerre, la philosophe humaniste Simone Weil (1903-1943), ressent les prémices du cataclysme mondial dans le désarroi social et moral des années 1930 avec la défaite des régimes démocratiques dans le marasme économico-social. Serions-nous à l'orée sombre d'une génération du désarroi dans les termes de Simone Weil ? À l'aube du XXIe siècle, entres peurs sociales, politiques, économiques, climatiques et épidémiques, dans l'héritage révoltant du terrorisme aveugle, le désarroi est tenace. Est-il une réponse indignée et présentiste aux périls les plus divers qui éprouvent notre modernité démocratique ? Or, le « désarroi n'est pas simplement une indignation, un choc ou un chagrin » ajoute Antoine Volodine, car la « parole littéraire » et le « rêve », en dispositif de survie intellectuelle, contournent l'abîme du désarroi.