L'expédition de Victor et des spiridons à Lioubimaya s'est transformée en une véritable tragédie : Amalia est morte, Anatoli Gueorguevitch a été renvoyé dans l'Ether ; quant à Horace, il a été officiellement condamné au supplice par la Maître-diseuse.
Poursuivi à la fois par les Boyarins et les Tziganes, le convoi lugubre des fugitifs se dirige vers Moscou pour y trouver une cache.
Or là-bas, Victor, qui a sombré dans le désespoir, se désintéresse tout à fait du sort de ses congénères et ne songe plus qu'à une chose : développer le Don pour faire revenir Amalia d'entre les morts. Les carnets volés à Lioubimaya lui apportent dans ses recherches une aide précieuse, puisqu'ils retracent l'histoire cruelle d'un certain Aleksandr Baruvinski, gentilhomme à la cour d'Ivan le Terrible et premier homme dans l'histoire à avoir maîtrisé l'art de la Convocation.
Mais de nouveaux dangers le contraignent à se détourner de sa tâche : lorsqu'Anatoli Gueorguevitch tombe entre les mains des Boyarins et que les tortures exercées sur lui par ses geôliers menacent de le faire basculer dans la folie, Victor doit se lancer à sa recherche avant qu'il ne soit trop tard.
Aidé de ses spiridons, il se met donc en quête du monastère de Kondoïst, cette église-catacombe légendaire dont nul ne sait l'entrée, mais dont on raconte qu'elle abriterait des Boyarins les expériences épouvantables...
A dix-huit ans, sans parents, ni diplôme, ni argent, Victor choisit sur un coup de tête de partir s'installer à Moscou. Le jeune homme, qui durant son enfance a appris le russe auprès d'un vieil émigré soviétique, voudrait vivre là-bas une aventure teintée de bohème. Hélas, sitôt arrivé dans ce pays où la violence du climat est l'égale de celle des hommes, il échappe de peu aux mains meurtrières d'une petite brute mafieuse.
Comme il erre dans la ville sans papiers, son salut lui vient d'une rencontre avec Olga, vieille Tzigane énigmatique qui le sauve de la rue en lui proposant de l'héberger. Mais rien n'est gratuit : en échange du gîte, Victor devra s'acquitter chez elle d'un fastidieux travail de classement d'archives. Ainsi s'engage une cohabitation étrange entre le jeune homme et sa logeuse, cette drôle de femme qui parle toute seule, oblige son hôte à déchiffrer des documents mystérieux, lui interdit l'accès à certaines pièces, et meurt brutalement, une nuit de janvier, en lui laissant son encombrant cadavre sur les bras.
Cette nuit-là, écoeuré par la tournure sinistre que prend son existence, Victor ne voit d'autre solution que de rentrer en France. Or, en fouillant les pièces interdites, il découvre avec stupeur cinq locataires. Ils s'appellent Ferdinand, Soledad, Piotr, Anatoli Gueorguevitch et Viviane, et ne semblent pas décidés à le laisser partir. Et lorsque Victor les menace du poing, il ne parvient qu'à déclencher leur hilarité.
A-t-on seulement peur de mourir ou d'avoir mal quand on est déjà mort ? Tels sont les Spiridons, ces âmes défuntes aux allures de vivants. Nul ne sait pourquoi ils reviennent sur Terre, mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a toujours une raison.