Adélaïde vient de rompre, après des années de vie commune. Alors qu'elle s'élance sur le marché de l'amour, elle découvre avec effroi qu'avoir quarante-six ans est un puissant facteur de décote à la bourse des sentiments. Obnubilée par l'idée de rencontrer un homme et de l'épouser au plus vite, elle culpabilise de ne pas gérer sa solitude comme une vraie féministe le devrait. Entourée de ses amies elles-mêmes empêtrées dans leur crise existentielle, elle tente d'apprivoiser le célibat.
« Un texte grandement dense et poétique, qui parle aux tripes autant qu'à la cervelle ».
Critiques libres.
Dans le fumoir d'un pavillon de l'Hôpital Sainte-Anne, trois hommes et trois femmes se confrontent à leur passé secrètement lourd d'abjections quotidiennes et de compromissions.
Tous ont commis un crime : celui d'avoir cédé, de s'être adapté, de s'être fait les serviles serviteurs d'un système, d'avoir plié le genou devant les valeurs marchandes.
Pour ces six personnages en quête de coeur, les pathologies ne sont que des refuges, ultime échappatoire après une trop tardive prise de conscience.
En France, une femme sur dix se fait violer. Tous les deux jours, une autre est assassinée par son conjoint. D'autres encore, sont harcelées sexuellement. Derrière les écrans, la parole se libère : révélations, photos et vidéos circulent sur les réseaux sociaux. Des femmes, innombrables, témoignent. Une communauté se forme. La sororité devient un outil de puissance virale. C'est la naissance du féminisme 2.0.
En 2020, la France choisit l'amnésie collective. Les trois années écoulées sont effacées des mémoires : la prise de pouvoir du Parti du Cercle, émanation d'une secte féminisme, la contre-attaque des femmes invisibles après des millénaires de domination masculine. Quarante-deux plus tard s'ouvre le procès de la fondatrice du Parti. Les Français vont enfin connaître la vérité sur le Grand Blanc...
Le livre de Chloé Delaume est le récit d'une réminiscence. Il remonte le temps afin de faire voler en éclats un passé oppressant. Sa virulence a la puissance du cri. Véritable leitmotiv du roiman, la métaphore du sablier se propage, se ramifie : elle dessine la figure centrale et traumatisante d'un père «sédimentaire» et d'une «enfant du limon».Ni pathos ni complaisance. Mais la tentative, à l'âge adulte, de répondre au questionnement d'un enfant, tentative rendue possible par une certaine douceur de l'ironie. Tout passe par le prisme d'une langue singulière, débordante d'inventions. Le style est démesuré, tantôt lapidaire, tantôt abyssal. Les mots se bousculent, deviennent envahissants, jusqu'à donner une impression de fusion.
Juillet. L'ange m'ordonne : Écris donc ce que tu as vu, ce qui est, et ce qui doit arriver ensuite. Alors je m'exécute, et j'endosse aussitôt le rôle de l'héroïne. Ma vie est emplie de BonheurTM. Un mari, des enfants. Les volutes montent, le rideau tombe et le décor change. Me voilà femelle sorcière, du haut de ma tour. Dans le vide, JE tombe. Qui suis-je ? Peut-être une femme avec personne dedans.
«Voyez-vous, avant, j'étais prostituée. Depuis, j'ai passé mon Capes. Histoire d'avoir une protection sociale. J'ai eu l'enfance des orphelines. On ne peut pas dire que ce soit gai. Le bonheur non plus, remarquez. Ça dépend d'où vient le plaisir. Mais tout ça reste relatif. Moi j'en aurais des choses à dire sur l'innocence écrabouillée le manque d'amour vrillant l'ulcère l'éternel retour suicidaire la crainte irrationnelle des hommes et l'influence du CAC 40 sur le prix du kilo de navets. Mais je me tais. MOI. Voyez-vous. Je m'astreins au silence. Et c'est très compliqué. Ma logorrhée sismique je la rumine avec l'application d'une charolaise traînant sabots aux portes des vieux abattoirs. Parce qu'il faut être patiente. Et quand sonnera le glas je serai attablée. On ne vous a pas appris la ruse. Guêpières talons aiguilles sécateur enroulé d'un mouchoir de soie caché au fond du sac Kelly. À chacun son Hermès. Trismégiste ou Saint-Honoré. Ça dépend des faubourgs.»
Chloé Delaume est un personnage de fiction et une maladie, la maladie d'un mort. Elle voudrait lui parler. Comment s'y prendre ? Boris Vian Boris, Bison Ravi, anagramme presque parfait de "bravions", est son mort à elle. Lors d'une nuit insignifiante jusqu'à ce qu'elle soit un souvenir, L'Ecume des jours lui parle enfin.
La narratrice décide de comprendre de quelle façon se fabrique la mise en disponibilité du cerveau humain et le fonctionnement du neuromarketing. Elle se soumet durant 22 mois à la télévision du lever au coucher et ne tarde pas à constater notamment que son point de vue change, que son cerveau et son corps se modifient, que se mettent en place certaines préférences gustatives.
Liberté, égalité, sororité !
Longtemps laissé en sommeil, le concept de sororité a refait surface avec le mouvement #Metoo : être soeurs, c'est être, ensemble, plus fortes. Envisagée comme outil de pouvoir féminin, la sororité nous invite à repenser ce que signifie être une femme aujourd'hui, à questionner les rapports de domination et à imaginer le monde de demain. Sous forme de récits, fictions, textes réflexifs, poèmes et chansons, ce collectif, dirigé par la romancière Chloé Delaume, appelle à une solidarité qui ne nie pas les différences mais embrasse la diversité. Car c'est grâce à la sororité, véritable parole en acte, que la révolution féministe adviendra.
Sous la direction de : Chloé Delaume. Avec les textes de : Juliette Armanet, Lauren Bastide, Iris Brey, Estelle-Sarah Bulle, Rébecca Chaillon, Jeanne Cherhal, Alice Coffin, Camille Froidevaux-Metterie, Kiyémis, Lola Lafon, Fatima Ouassak, Ovidie, Lydie Salvayre et Maboula Soumahoro.