Adélaïde vient de rompre, après des années de vie commune. Alors qu'elle s'élance sur le marché de l'amour, elle découvre avec effroi qu'avoir quarante-six ans est un puissant facteur de décote à la bourse des sentiments. Obnubilée par l'idée de rencontrer un homme et de l'épouser au plus vite, elle culpabilise de ne pas gérer sa solitude comme une vraie féministe le devrait. Entourée de ses amies elles-mêmes empêtrées dans leur crise existentielle, elle tente d'apprivoiser le célibat, tout en effectuant au mieux son travail dans une grande maison d'édition. En seconde partie de vie, une femme seule fait ce qu'elle peut. Les statistiques tournent dans sa tête et ne parlent pas en sa faveur : « Il y a plus de femmes que d'hommes, et ils meurent en premier. » À l'heure de #metoo, Chloé Delaume écrit un roman drôle, poignant, et porté par une écriture magnifique.
Dans le fumoir d'un pavillon de l'hôpital Sainte-Anne, tr ois hommes et trois femmes se confrontent à leur passé secrètement lourd d'abjections quotidiennes et de compromissions.
Orchestrée par le fantôme du Docteur Lenoir, une étrange partie de Cluedo tiendra lieu de procès, laissant au fil des tours chacun se démasquer.
Tous ont commis un crime : celui d'avoir cédé, de s'être adapté, de s'être fait les serviles serviteurs d'un système, d'avoir plié le genou devant les valeurs dominantes.
Pour ces six personnages en quête de coeur, les pathologies ne sont que des refuges, ultime échappatoire après une trop tardive prise de conscience. Attachants dans leur aveuglement, ils n'en restent pas moins coupables. Représentatifs à l'extrême des travers de la société contemporaine ; victimes, ces personnages ne le sont certainement pas.
Je ne vous rendrai pas ce qui fut dévoré. Je ne vous rendrai rien, ni mémoire, ni hommage, ni monnaie de la pièce. Je ne suis pas là pour ça. Même s'il est évident que je vous ai menti. J'ai dit à mon entrée : je ne suis pas là pour vous juger. Je suis bien là pour écouter, accoucher peut-être, constater, accompagner vos sales aveux. Je ne suis pas là pour vous juger, je persiste mais j'ajoute : nuance. Lorsque j'ai dit juger je ne songeais pas verdict, je pensais à la peine, il y en a assez, assez tellement de peine qu'on dirait du chagrin.
« Ceci est une adresse. Aux femmes en général, autant qu'à leurs alliés. Je vous écris d'où je peux. Le privé est politique, l'intime littérature ».
En France, la quatrième vague féministe a fait son entrée : non plus des militantes, mais des femmes ordinaires. Qui remettent en cause les us et les coutumes du pays de la gaudriole, où une femme sur dix est violée au cours de sa vie, et où tous les trois jours une femme est assassinée par son conjoint.
Dans ce court texte incisif qui prône la sororité comme outil de puissance virale, Chloé Delaume aborde la question du renouvellement du féminisme, de l'extinction en cours du patriarcat, de ce qu'il se passe, et peut se passer, depuis le mouvement #metoo.
Des choses, pas belles, se sont passées, en France, entre 2017 et 2020. Les femmes, par la main de déesses grecques surgies de l'Olympe (car les divinités sont immortelles), ont pris le pouvoir détenu par les hommes depuis des millénaires. L'Apocalypse, prédite pour décembre 2012, n'a pas eu lieu. Les déesses sont venues se mélanger à la société française contemporaine. Le Parti du Cercle a imposé ses règles. L'expérience a très mal tourné. Mais comment faire la lumière sur ces quatre années d'un règne éphémère et probablement sanglant, alors qu'une amnésie collective a été décidée par référendum au terme de cette page d'Histoire, en 2020 ? Une amnésie appelée le Grand Blanc, approuvée à l'unanimité de la population.C'est pour juger cette douloureuse parenthèse que s'ouvre un maxi procès dans ce qui fut longtemps le stade de France et qui abrite désormais le tribunal du grand Paris. Nous sommes en 2062. À la barre, la Sibylle, prophétesse de la révolution des femmes. Pièces à conviction à l'appui, elle déroule le fil de sa mémoire, et de la généalogie des événements. Petit à petit, on découvre la réalité de ces années spéciales, très spéciales.
Le livre de Chloé Delaume est le récit d'une réminiscence.
Il remonte le temps afin de faire voler en éclats un passé oppressant. Sa virulence a la puissance du cri. Véritable leitmotiv du roman, la métaphore du sablier se propage, se ramifie : elle dessine la figure centrale et traumatisante d'un père " sédimentaire " et d'une " enfant du limon ". Ni pathos ni complaisance. Mais la tentative, à l'âge adulte, de répondre au questionnement d'un enfant, tentative rendue possible par une certaine douceur de l'ironie.
Tout passe par le prisme d'une langue singulière, débordante d'inventions. Le style est démesuré, tantôt lapidaire, tantôt abyssal. Les mots se bousculent, deviennent envahissants, contractant la phrase jusqu'à donner une impression de fusion. Dans ce chaos où leur nature et leur fonction se mélangent, s'inversent, ils révèlent comme un miroir le morcellement de l'identité. Le Cri du sablier est avant tout une reconquête de la langue; un plaisir inattendu jaillit de mots le plus souvent douloureux, de leur détournement, de l'épuisement du sens de chacun.
Roman interactif s'inspirant des traditionnels livres dont vous êtes le héros, La nuit je suis Buffy Summers mêle fan-fiction et détournements littéraires.
Une lectrice se suicide, se changeant en ange annonciateur : Écris donc ce que tu as vu, ce qui est et ce qui doit arriver ensuite. Au-delà de cet événement et de la culpabilité de la narratrice, le roman est le lieu d'une véritable prise de conscience pour le lecteur : celle de la possibilité réelle d'une identification avec l'auteur-narrateur-personnage. Une identification non pas morbide cette fois-ci, mais romanesque, due à un autre événement tout aussi violent : celui du sentiment amoureux. Car ce livre est un roman d'amour, mettant en scène Chloé, Igor et La Clef, un homme, deux femmes. Et malgré l'ironie et la légèreté, il y a cet aveu tragique : " J'ignorais qu'en aimant on pouvait à ce point perdre son identité ".Parce qu'elle écrit ce qu'elle a vu, ce qui est, mais doit également se pencher sur ce qui doit arriver, l'auteur soumet le lecteur à un quizz lui permettant d'être aiguillé sur l'une des trois fins proposées.
Thanatopathie [tanatopati] n.
F. - du grec thanatos, la mort, et de pathos, ce dont on souffre. c'est ainsi qu'adèle a nommé le mal qui la ronge, un mal qui la rend inapte à la vie. durant cinquante minutes, elle explore chaque recoin de sa pathologie, avec l'humour de ceux au-delà du désespoir. cinquante minutes, c'est le temps moyen qui sépare deux suicides en france.
Chloé Delaume, l'une des plus importantes romancières de la jeune génération,
décide de prendre le taureau par les cornes. Les débats sur l'autofiction n'ont
cessé de réduire cette pratique à celle d'une forme littéraire de narcissisme.
Il est vrai que nombreux sont les praticiens avérés de l'autofiction à s'y
complaire. Pourtant, il suffit de considérer à nouveau l'histoire de la
littérature pour constater que celle-ci se confond avec l'autofiction : de
Madeleine de Scudéry à Boris Vian, de Jean-Jacques Rousseau à Jean-Jacques
Schuhl, d'Arthur Rimbaud à Pierre Guyotat, la littérature a toujours été
invention de soi. Que ce Soi n'ait rien à voir avec la personne même de
l'auteur est ce qui rend l'autofiction si paradoxale, et si ironique. Loin de
n'être que le miroir d'egos minuscules, l'autofiction - ou plutôt, comme
préfère le dire Chloé Delaume, l'« autoréalisme », ou encore la
"psychofiction" - est une manière de refuser les cloisonnements que la
critique, l'Université ou un certain bon goût aiment à introduire entre auteur,
narrateur, personnage et lecteur. En ce sens, l'autofiction représente d'abord
la dimension politique de toute littérature : en elle se joue une nouvelle
manière d'organiser ces cloisonnements - manière subversive, dont aucun "Moi
"ne sort indemne. Au cours de son enquête en direction des nouveaux « Moi »
qu'invente l'autofiction, Chloé Delaume dialogue avec les plus grands auteurs,
les plus grands critiques et les plus grands philosophes du moment : où l'on
découvrira que nul ne peut se dire absout du péché autoréaliste. Chloé Delaume
est écrivain et performeuse. Elle est l'auteur d'une quinzaine de romans,
fictions, monologues, traduits dans plusieurs langues, parmi lesquels, Les
mouflettes d'Atropos (Farrago/Léo Scheer, 2000 ; Folio, 2003), Le cri du
sablier (Farrago/Léo Scheer, 2001 ; Folio, 2003 - prix Décembre), ou J'habite
dans la télévision (Verticales, 2006 ; J'ai Lu, 2008) - ainsi que, plus
récemment, Dans ma maison sous terre (Seuil, 2009), ou Eden matin midi et soir
(Joca Seria, 2009).
Dans un cimetière, la narratrice échange avec son interlocuteur, Théophile. Il l'invite à tourner la page, mais non, elle attend la réalisation de son plus cher voeu : que sa grand-mère crève. Cette grand-mère qui a organisé le grand mensonge familial aux conséquences tragiques : l'assassinat, le 30 juin 1983, de sa mère par son père devant les yeux de la fillette, qui n'avait alors que dix ans. Un an plus tard, le père, Sylvain Abdallah se suicide (son frère, Georges Ibrahim Abdallah, fondateur de la Fraction armée révolutionnaire libanaise, sera arrêté en octobre 1984 à Lyon pour actes terroristes). En 2004 : Chloé apprend que Sylvain n'était pas son père. Elle avait été conçue en juin, et Sylvain n'était apparu qu'en juillet. On avait développé la fiction familiale d'une enfant prématurée.L'auteur, dès lors, se livre à des hypothèses, le viol de la mère par un étudiant en médecine à Beyrouth et une tentative ratée d'avortement, toutes sortes d'explications possibles sur l'origine et sur les motivations du " père ", sur son rejet par la famille de la mère. Chloé Delaume mêle l'obsession litanique de la haine contre la grand-mère au remugle des souvenirs personnels de cette enfance chaotique et terrible. Un cinglant " roman familial " qui croise à la fois l'Histoire et le tragique.
Nouvelle sur le thème de la disparition.
Ce que nous vendons à Coca-Cola c'est du temps de cerveau humain disponible. Chloé Delaume a voulu comprendre en quoi consistait la mise en disponibilité mentale des téléspectateurs. Durant 22 mois, du lever au coucher, elle s'est faite "sentinelle" de la télévision, devenant son propre sujet d'étude, se soumettant aux flux de messages médiatiques et publicitaires, ingurgitant Le maximum de programmes de divertissement, téléréalité surtout, pour en ramener " des informations du réel". A travers cette expérience limite, la narratrice décrypte sa mutation en cours: cerveau et corps se modifient inéluctablement. Quand l'humain n'est plus qu'un outil au service de " la fiction collective ". J'habite dans la télévision est un puzzle où chaque pièce pullule de références, de propos télé-rapportés, appliquant au discours du neuro-marketing une grille de lecture singulière, dont la lucidité a parfois des accents paranoïaques. L'humour de Chloé Delaume sédimente ce texte et invite chacun à s'interroger sur la marge de manoeuvre de son libre arbitre.
Clotilde Mélisse est écrivaine. Elle pratique lautofiction, le terrorisme, le baiser de la sorcière et ses recherches en laboratoire. Dans les deux aventures présentées ici, elle est confrontée à sa responsabilité dauteur. Responsabilité non pas face à ses lecteurs, mais face à ses personnages. Ainsi Charlie revient avec ses exigences, Anaïs lui reproche son statut de démiurge ; migraine et serrements de c½ur.
Commandées par France Culture, ces deux pièces ont été réalisées par Alexandre Plank en 2009 et 2010. Dans le diptyque radiophonique, Clotilde Mélisse a la voix dAnouk Grinberg.
Chloé Delaume est écrivain et performeuse. Elle est lauteur dune quinzaine douvrages dont récemment, Dans ma maison sous terre (Seuil, collection Fiction & Cie, 2009), et Éden matin midi et soir (Joca Seria, 2009).
Particularité. Transhumances est une pièce de théâtre. Commandée par Bernard Comment pour France Culture fin 2003, sa version définitive a pris forme l'été 2005. Elle a été enregistrée au printemps 2006, puis diffusée le 3 septembre suivant, dans le cadre du cycle Voix nouvelles pour le théâtre et la radio. Synopsis. Ils sont quatre. Deux hommes, deux femmes. La forêt est épaisse, les points cardinaux indistincts. Ils cherchent le Sud mais ignorent ce qu'ils fuient autant que ce qu'ils sont. Ils effectuent la Transhumance. Et en soi, c'est tout un programme. Thématiques. Les personnages principaux de Transhumances auraient pu être figurants dans Certainement pas. L'intrigue, quant à elle, renvoie à des problématiques abordées dans J'habite dans la télévision. En dire plus c'est dévoiler l'histoire, et pour une fois qu'il y en a vraiment une, qui plus est à rebondissements, l'auteur se refuse ici à gâcher ses effets.
Chloé Delaume n'est pas un personnage de fiction ordinaire.
Elle est pire. Refusant de finir ses jours dans un livre à l'instar de ses congénères, elle a erré longuement dans les limbes de la Somnambulie. De là, elle a guetté le " médiateur " dans lequel s'incarner : un corps vivant, qui péchait par vacuité. Une fois les lieux investis, nul ne pourra l'en déloger, sauf le corps lui-même, s'il peut trouver assez de force ou de subterfuges pour lutter. Les personnages de fiction sont des tumeurs beaucoup plus malignes qu'on ne le croit, qui savent assiéger chaque organe avec méthode.
Pour que le corps puisse avoir le dernier mot, il lui faudra préserver sa langue propre, en dépit du pillage perpétré. A travers les voix alternées du " ténia narratif " et du corps " piraté ", La Vanité des Somnambules met en scène la conquête d'un territoire identitaire, les assauts successifs d'un cancernénuphar face à un corps coupable d'avoir trop usé du mensonge. Un combat polyphonique aux frontières de l'autofiction.
« Il est journaliste, elle est écrivain. Elle ne veut pas d'enfant, lui en a déjà trois : ils feront un roman. Deux coeurs de pierre partagent leurs éboulements, et suivent les appels du sang.
Leur été 2012 se passera au Liban, à Kobayat, tout près de la frontière syrienne. Il l'accompagnera dans ce village maronite, au creux des montagnes, où elle a vécu ses cinq premières années, où est né et enterré son père, où survivent ses oncles, ses tantes, le clan Abdallah. Ils seront tous là sauf l'oncle Georges. Georges Ibrahim Abdallah, chef présumé des Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises, condamné à perpétuité pour actes terroristes, incarcéré en France depuis vingt-huit ans. Toutes les familles ont leurs secrets et leurs drames. Celle-ci plus que d'autres.
Daniel Schneidermann était tout jeune père et grand reporter au Monde quand la France fut ensanglantée par une série d'attentats, dans les années 1985-1987. Chloé Delaume vivait au coeur d'une tragédie qui est au fondement de son oeuvre. Leur rencontre et leur relation les fait plonger dans ces années sombres, dans une interrogation de soi-même mais aussi les enjeux pour le moins obscurs de l'époque.
En amoureux d'écriture, ils se posent toutes les questions possibles, sans toujours trouver des réponses. Ils se confrontent à leur passé, sans concession, avec poésie et humour. »