Adélaïde vient de rompre, après des années de vie commune. Alors qu'elle s'élance sur le marché de l'amour, elle découvre avec effroi qu'avoir quarante-six ans est un puissant facteur de décote à la bourse des sentiments. Obnubilée par l'idée de rencontrer un homme et de l'épouser au plus vite, elle culpabilise de ne pas gérer sa solitude comme une vraie féministe le devrait. Entourée de ses amies elles-mêmes empêtrées dans leur crise existentielle, elle tente d'apprivoiser le célibat, tout en effectuant au mieux son travail dans une grande maison d'édition. En seconde partie de vie, une femme seule fait ce qu'elle peut. Les statistiques tournent dans sa tête et ne parlent pas en sa faveur : « Il y a plus de femmes que d'hommes, et ils meurent en premier. » À l'heure de #metoo, Chloé Delaume écrit un roman drôle, poignant, et porté par une écriture magnifique.
« Ceci est une adresse. Aux femmes en général, autant qu'à leurs alliés. Je vous écris d'où je peux. Le privé est politique, l'intime littérature ».
En France, la quatrième vague féministe a fait son entrée : non plus des militantes, mais des femmes ordinaires. Qui remettent en cause les us et les coutumes du pays de la gaudriole, où une femme sur dix est violée au cours de sa vie, et où tous les trois jours une femme est assassinée par son conjoint.
Dans ce court texte incisif qui prône la sororité comme outil de puissance virale, Chloé Delaume aborde la question du renouvellement du féminisme, de l'extinction en cours du patriarcat, de ce qu'il se passe, et peut se passer, depuis le mouvement #metoo.
Des choses, pas belles, se sont passées, en France, entre 2017 et 2020. Les femmes, par la main de déesses grecques surgies de l'Olympe (car les divinités sont immortelles), ont pris le pouvoir détenu par les hommes depuis des millénaires. L'Apocalypse, prédite pour décembre 2012, n'a pas eu lieu. Les déesses sont venues se mélanger à la société française contemporaine. Le Parti du Cercle a imposé ses règles. L'expérience a très mal tourné. Mais comment faire la lumière sur ces quatre années d'un règne éphémère et probablement sanglant, alors qu'une amnésie collective a été décidée par référendum au terme de cette page d'Histoire, en 2020 ? Une amnésie appelée le Grand Blanc, approuvée à l'unanimité de la population.C'est pour juger cette douloureuse parenthèse que s'ouvre un maxi procès dans ce qui fut longtemps le stade de France et qui abrite désormais le tribunal du grand Paris. Nous sommes en 2062. À la barre, la Sibylle, prophétesse de la révolution des femmes. Pièces à conviction à l'appui, elle déroule le fil de sa mémoire, et de la généalogie des événements. Petit à petit, on découvre la réalité de ces années spéciales, très spéciales.
Une lectrice se suicide, se changeant en ange annonciateur : Écris donc ce que tu as vu, ce qui est et ce qui doit arriver ensuite. Au-delà de cet événement et de la culpabilité de la narratrice, le roman est le lieu d'une véritable prise de conscience pour le lecteur : celle de la possibilité réelle d'une identification avec l'auteur-narrateur-personnage. Une identification non pas morbide cette fois-ci, mais romanesque, due à un autre événement tout aussi violent : celui du sentiment amoureux. Car ce livre est un roman d'amour, mettant en scène Chloé, Igor et La Clef, un homme, deux femmes. Et malgré l'ironie et la légèreté, il y a cet aveu tragique : " J'ignorais qu'en aimant on pouvait à ce point perdre son identité ".Parce qu'elle écrit ce qu'elle a vu, ce qui est, mais doit également se pencher sur ce qui doit arriver, l'auteur soumet le lecteur à un quizz lui permettant d'être aiguillé sur l'une des trois fins proposées.
Dans un cimetière, la narratrice échange avec son interlocuteur, Théophile. Il l'invite à tourner la page, mais non, elle attend la réalisation de son plus cher voeu : que sa grand-mère crève. Cette grand-mère qui a organisé le grand mensonge familial aux conséquences tragiques : l'assassinat, le 30 juin 1983, de sa mère par son père devant les yeux de la fillette, qui n'avait alors que dix ans. Un an plus tard, le père, Sylvain Abdallah se suicide (son frère, Georges Ibrahim Abdallah, fondateur de la Fraction armée révolutionnaire libanaise, sera arrêté en octobre 1984 à Lyon pour actes terroristes). En 2004 : Chloé apprend que Sylvain n'était pas son père. Elle avait été conçue en juin, et Sylvain n'était apparu qu'en juillet. On avait développé la fiction familiale d'une enfant prématurée.L'auteur, dès lors, se livre à des hypothèses, le viol de la mère par un étudiant en médecine à Beyrouth et une tentative ratée d'avortement, toutes sortes d'explications possibles sur l'origine et sur les motivations du " père ", sur son rejet par la famille de la mère. Chloé Delaume mêle l'obsession litanique de la haine contre la grand-mère au remugle des souvenirs personnels de cette enfance chaotique et terrible. Un cinglant " roman familial " qui croise à la fois l'Histoire et le tragique.
« Il est journaliste, elle est écrivain. Elle ne veut pas d'enfant, lui en a déjà trois : ils feront un roman. Deux coeurs de pierre partagent leurs éboulements, et suivent les appels du sang.
Leur été 2012 se passera au Liban, à Kobayat, tout près de la frontière syrienne. Il l'accompagnera dans ce village maronite, au creux des montagnes, où elle a vécu ses cinq premières années, où est né et enterré son père, où survivent ses oncles, ses tantes, le clan Abdallah. Ils seront tous là sauf l'oncle Georges. Georges Ibrahim Abdallah, chef présumé des Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises, condamné à perpétuité pour actes terroristes, incarcéré en France depuis vingt-huit ans. Toutes les familles ont leurs secrets et leurs drames. Celle-ci plus que d'autres.
Daniel Schneidermann était tout jeune père et grand reporter au Monde quand la France fut ensanglantée par une série d'attentats, dans les années 1985-1987. Chloé Delaume vivait au coeur d'une tragédie qui est au fondement de son oeuvre. Leur rencontre et leur relation les fait plonger dans ces années sombres, dans une interrogation de soi-même mais aussi les enjeux pour le moins obscurs de l'époque.
En amoureux d'écriture, ils se posent toutes les questions possibles, sans toujours trouver des réponses. Ils se confrontent à leur passé, sans concession, avec poésie et humour. »