Aujourd'hui, la sexualité est une question centrale pour les féministes comme pour les mouvements LGBTQ. Désir, plaisir, maternité, mais aussi violences sexuelles et consentement sont abondamment discutés par les théoriciennes et les militantes. Mais qu'est-ce au juste que la sexualité ?
Cette question bien plus complexe qu'il n'y paraît a traversé l'ensemble des pensées féministes et LGBTQ depuis au moins les années 1960 et ce que l'on a appelé la révolution sexuelle. La sexualité a ainsi pu être considérée comme un outil, voire une condition de la libération des femmes, ou comme un simple espace d'épanouissement des plaisirs et des désirs. Elle a également été perçue comme un obstacle, le lieu par excellence de la vulnérabilité des femmes face à la violence des hommes, ou encore un moyen de détourner les femmes de la lutte pour leur émancipation. Enfin, elle est même devenue chez certaines un critère à l'aune duquel juger du « degré » de modernité d'une nation et hiérarchiser les cultures.
Cet ouvrage passionnant propose une relecture nuancée des théories féministes sur la sexualité, foisonnantes et parfois antagonistes. Retraçant l'histoire intellectuelle et militante du féminisme et des mouvements LGBTQ, il nous plonge au coeur des réunions d'activistes, des débats entre théoriciennes et des manifestations qui se sont déroulées en Allemagne, en France et aux États-Unis depuis plus de soixante ans. En s'intéressant particulièrement aux visions alternatives nées de ces luttes féministes et queers, ce livre entend faire émerger de nouvelles façons de penser l'émancipation des femmes.
Féminismes en traduction entreprend une analyse des débats féministes sur le genre en France et en Allemagne. Le livre se concentre sur les aspects producteurs des transformations de traduction en suivant les chemins des transferts culturels empruntés par les débats sur le genre. En commençant par une analyse et contextualisation des débats, l'auteure expose que ce que les participant.e.s des débats présentent comme « théories de genre » est intensément influencé par la soi-disant French theory. Les parallèles flagrants entre les débats intenses sur le French feminism aux Etats-Unis dans les années 1980 et les débats sur le genre mettent en relief la possibilité d'une construction stratégique d'un corps théorique qui interroge ou attaque des ensembles théoriques hégémoniques. La traduction dans ce sens doit être comprise comme facteur central d'un mode de production de savoir mondialisé. Cela dit la science féministe a entrepris d'écrire l'histoire de sa pensée. L'auteure met en relief les dangers notamment téléologiques de ce projet en discutant les récits les plus fréquents.
Une analyse de l'Etat moderne, de sa création, de son fonctionnement et des alternatives existantes ou utopiques à sa domination, sous l'angle de l'intersectionnalité. Soulignant le fait que les réformes adoptées en vue d'améliorer la condition des femmes confortent trop souvent les structures sexistes, les auteures questionnent le rapport aux institutions à établir dans le cadre des luttes.