Pourquoi et comment s'accoutume-t-on au martelage raciste, aux insultes politiques, voire aux appels au meurtre ? Comment les mots, et la presse qui les édite, annoncent-ils et préparent-ils à la guerre ?
À partir d'un travail de sources considérable, Daniel Schneidermann chronique ici ce qu'il appelle la « guerre avant la guerre », la haine en mots avant la haine en actes. Il revisite ainsi le rôle des médias des années 1936-1939 dans l'escalade à la violence, depuis le suicide de Roger Salengro, les accords de Munich, la guerre d'Espagne ou la Nuit de Cristal.
Propagande, insultes antisémites, appels au meurtre, diffamations impunies... L'auteur s'attache à démonter les mécanismes du pouvoir politique et de la presse qui permettent que progressivement, en temps de paix, s'installe dans les esprits une culture qui prépare la guerre.
Quand Hitler arrive au pouvoir en janvier 1933, ils sont quelque 200 journalistes occidentaux en poste à Berlin. Alors qu'autour d'eux s'abattent bientôt les persécutions sur les Juifs et les opposants, ils se battent pour décrocher une confidence off the record ou une interview du dictateur.
Pourquoi n'ont-ils pas alerté le monde sur la folie et la barbarie de l'hitlérisme, pourtant perceptibles dès le début ? L'anticommunisme viscéral de leurs employeurs, un air du temps qui banalise les dictatures, la sidération devant l'énormité sans précédent de ce que voient leurs yeux, et mille autres causes encore : tout se conjugue pour produire un aveuglement médiatique collectif qui ouvrira la voie, à partir de 1941, au déni planétaire de la Shoah.
Un récit hanté de bout en bout par cette question : sommes-nous certains d'être mieux armés aujourd'hui pour rendre compte des catastrophes hors normes, pour nommer le Mal ?
Mais pourquoi Emmanuel Macron veut-il vendre les aéroports de Paris ? Pourquoi le gouvernement a-t-il décidé de privatiser une entreprise qui est le numéro 1 mondial du secteur ?
J'en avais assez d'entendre que c'était une question trop compliquée. Que les élus doivent décider pour nous. Alors je suis allé voir tous les camps. Celui des opposants, celui du gouvernement. En fait, le sujet est passionnant.
Il touche aux services publics, au réchauffement climatique. Et à la démocratie : d'ici mars 2020, si 10 % du corps électoral le décide, la privatisation d'Aéroports de Paris (Orly, Roissy Charles-de-Gaulle et une dizaine d'autres aéroports) sera soumise à référendum. Sinon la vente sera lancée.
Encore faudrait-il que les électeurs soient au courant. Ces derniers mois, j'ai croisé des pelletées d'opposants à la privatisation d'ADP qui en avaient à peine entendu parler.
Pour la première fois, les Français peuvent dire STOP à la vente des bijoux de famille, payés avec les impôts de plusieurs générations.
STOP à l'inflation folle du trafic aérien qui abîme la planète : des actionnaires privés n'auront comme seule boussole que le profit, quel que soit l'impact du kérosène sur le climat.
STOP à ceux qui décident à notre place : lire ce livre, s'informer, le faire circuler, c'est une arme démocratique.
Une nomenklatura qui jouit de nombreux passe-droits, une Justice aux ordres, une police secrète paranoïaque, et évidemment des médias silencieux : bienvenue au Sarkozistan, étrange et fascinant Etat voyou. Certains de vos proches refusent encore sûrement de croire que nous sommes désormais au Sarkozistan. Plutôt que de vous épuiser à les convaincre dans les repas de fin d'année, offrez-leur Crise au Sarkozistan. Vous les verrez partagés entre le rire et l'effarement.
Oui, vous m'avez bien culpabilisé, Pierre Bourdieu, comme vous avez culpabilisé tous mes confrères journalistes.
Cela fut sans doute salutaire, mais il est temps aujourd'hui de relever la tête.
Même le journalisme a droit à un traitement médiatique équitable.
Daniel Schneidermann, chroniqueur au Monde, présente aussi l'émission "Arrêt sur images" sur la Cinquième.
Les trains, les stades, les écoles sont des coupe-gorge, nous répéta-t-on pendant toute la dernière campagne présidentielle. Et nous le crûmes. En tout instituteur sommeille un pédophile, nous répètent mille rumeurs. Et nous tremblons pour nos enfants. Aucun avion ne s'est écrasé sur le Pentagone, nous annonce Thierry Ardisson. Et, stupéfaits, tétanisés, nous nous sentons prêts à le croire. Souvenons-nous de ces moments de stupeur où se mêlent terreur, euphories, dépressions, et un trouble consentement.Succédant à de longues périodes d'omerta et d'autocensure, ces transes modernes rassemblent des ingrédients communs. On y croise les mêmes personnages d'ogres et de victimes, de justiciers et de naïfs, de manipulateurs et de complices. On est victime de sombres complots. On ressent dans sa chair l'effondrement des anciennes certitudes, des anciennes protections. On y perd ses repères, son sens critique, et jusqu'à son identité. Omerta, emballement : telles sont les deux étapes infernales du cauchemar médiatique.Le premier but de ce livre est d'apprendre à repérer ces situations de cauchemar, première manière de ne plus en être victime, et de s'en dégager.
A l'approche de l'aube, il était allé s'asseoir au bord de la piscine sur un fauteuil de toile, à regarder le jour se lever sur la mer. Le deuxième matin sans Soraya. Après, ce serait le troisième, et combien de temps allait durer la plaisanterie? Il n'aurait eu qu'un mot à dire, un seul, pour arrêter Voix-cassée. Mais il n'avait rien dit. L'empereur du fluo n'avait pas trouvé les mots. Soraya, l'ardente beurette des quartiers de Sisterane, a disparu. Et cette disparition bouleverse la donne de la partie serrée que disputent son frère Idriss, parrain sulfureux et ambigu de la fripe fluo, et quelques autres réjouissantes crapules. Jeune journaliste de passage, Fabienne Solal tente d'arracher à la plus folle, la plus insaisissable des villes, une vérité dont personne ne sortira indemne.Derrière la truculence des portraits, la Disparue de Sisterane est une peinture acide de la justice, de la police et des compromissions politiques. Mais aussi une réflexion mélancolique, nourrie à l'actualité la plus brûlante, sur l'innocence et la manipulation, la vérité et les apparences. Et l'éternelle duperie du Nord rationaliste par le Sud de tous les sortilèges.Daniel Schneidermann, journaliste, signe ici son premier roman.
Un enfant africain squelettique, une colère de l'abbé Pierre, le gibier humain d'une ville assiégée, le sourire d'une Miss, le rictus d'un dictateur, les larmes d'une mère, le président à l'écoute du peuple, une silhouette en haillons qui fuit ou se dresse, une brosse à dents, une matraque qui retombe, une bouteille de jus de fruits: mille flashes de honte ou de joie, de guerre ou de paix, mille éclairs d'émotion pénètrent chaque jour en nous, en contrebande, par la télévision.
S'arrêter sur quelques-unes de ces images, tel est l'objet de ce livre. Que cherchons-nous à lire sur le visage de cet enfant condamnéoe Que retiendrons-nous du dialogue d'un professeur de médecine et d'une chanteuseoe Ce héros humanitaire, penché au loin sur la misère, pourquoi nous est-il si nécessaireoe Comment le Premier ministre, naguère si hautain, parvient-il aujourd'hui à faire croire qu'il nous est procheoe Bref, comment tente-t-on chaque soir de nous distraireoe De nous émouvoiroe De nous révolteroe De nous séduireoe Pionnier d'un genre nouveau, le commentaire d'images, ce livre, à travers une cinquantaine d'exemples drôles ou pathétiques, nous aide à n'être dupes ni de notre époque ni de nous-mêmes.
Daniel Schneidermann rédige chaque jour la chronique de télévision du Monde.
Le jour où je me suis embarqué sans essayer de comprendre le jour où on s'est mis à 46 sur un scooter le jour où j'ai cru devenir millionnaire le jour où j'ai été initié par un bill gates de treize ans le jour où j'ai voulu hacker les hackers le jour où j'ai suivi des cours de dressage ès pokémons le jour où personne n'a su que j'étais un chien le jour où j'ai été subjugué par une belle webcamée le jour où jeanne m'a semé dans les caves du forum br> le jour où j'ai dérivé dans l'enfer des parias le jour de 1943 où un juste m'a sauvé le jour où j'ai failli acheter une carte postale de hitler le jour où j'ai vu le sexe du web le jour où j'ai rencontré ma (très) chère voisine australienne le jour où un député fut harcelé textuellement le jour où j'ai composé à quatre mains avec une mailomane le jour où mon voyage s'arrêta à la souterraine voici le voyage compulsif et inattendu - agrémenté de plusieurs étapes inédites - d'un flâneur virtuel qui a enchanté les lecteurs du monde à la fin de l'été 2000.
Daniel schneidermann propose et anime l'émission « arrêt sur images » sur la cinquième. il est aussi chroniqueur au monde.
Pour que vous puissiez traverser sans encombre, Maurice Papon, deux Républiques, cinq présidents, trois décennies et demie de vie publique, il en a fallu des complices! Il en a fallu des solidarités politiques efficaces, des adversaires complaisants, des historiens dupés, des journalistes incurieux, des magistrats ligotés, des aveugles volontaires! Ces mensonges, qui les a gobés? Qui les a partagés? Qui y a cru? Qui vous a aidé à les protéger?Je vais à présent chercher vos complices. Je ne prétends pas les débusquer tous: ils sont trop nombreux. Sans acharnement mais sans pusillanimité, je voudrais simplement m'adresser à tous ces aveugles, volontaires ou non, qui à eux tous forment la France. J'ai choisi de le faire à travers plusieurs figures. D'abord celles de Simone Veil et Philippe Séguin, parce que ce sont les deux seuls responsables politiques d'envergure à avoir exprimé, dès avant le début de votre procès, leur malaise. Tous deux sont irréprochables, insoupçonnables de complaisance à votre égard, tous deux ont été frappés dans leur chair par la Seconde Guerre mondiale.Comment pouvais-je éviter de revenir sur François Mitterrand? La photo sur laquelle on le voit serrer la main de Pétain m'a donné voici trois ans déjà l'envie confuse d'écrire ces lettres ouvertes, dont votre procès fut le déclencheur. Celle que je lui adresse sera aussi l'occasion de me tourner vers mes confrères journalistes, et d'analyser... l'aveuglement des autres.Au dernier moment, après le coup de théâtre de la révélation par Me Arno Klarsfeld de son histoire familiale, j'ai complété ce recueil par une lettre au président de la cour d'assises de Bordeaux, Jean-Louis Castagnède. Cet épisode, en effet, m'a paru particulièrement éclairant de l'inadaptation de la justice à traiter un procès comme le vôtre.J'offrirai mes conclusions à l'historien Marc Bloch, auteur de L'Etrange défaite, immortelle chronique de la défaite de 40, puisque aussi bien ce livre pourrait se lire comme la chronique d'un étrange procès. D.S.Daniel Schneidermann est journaliste au Monde. Il a publié chez Fayard plusieurs ouvrages, parmi lesquels Un certain Monsieur Paul: l'Affaire Touvier (1989), en collaboration avec Laurent Greilsamer. Il est par ailleurs producteur et présentateur, sur La Cinquième, de l'émission Arrêt sur images .
Avec la tuerie de Charlie Hebdo , nombre d'adolescents ont pris conscience que l'un de nos droits fondamentaux, qui leur semblait auparavant aussi naturel que l'air qu'on respire, était menacé. La liberté d'expression, ils l'ont découverte fragile et menacée, et ils en ont éprouvé les limites, les zones d'ombre et parfois les hypocrisies. La liberté d'expression, en France, est-elle plus ou moins étendue selon que l'on est riche ou pauvre, journaliste ou simple citoyen, adulte ou mineur, selon qu'on parle des Noirs ou des Blancs, des Juifs ou des Musulmans ? Disons-le franchement : oui.
Daniel Schneidermann, tente ici d'expliquer pourquoi... En toute liberté, bien entendu.
Les illustrations d'Étienne Lécroart prolongent son propos, avec humour et pertinence.
« Il est journaliste, elle est écrivain. Elle ne veut pas d'enfant, lui en a déjà trois : ils feront un roman. Deux coeurs de pierre partagent leurs éboulements, et suivent les appels du sang.
Leur été 2012 se passera au Liban, à Kobayat, tout près de la frontière syrienne. Il l'accompagnera dans ce village maronite, au creux des montagnes, où elle a vécu ses cinq premières années, où est né et enterré son père, où survivent ses oncles, ses tantes, le clan Abdallah. Ils seront tous là sauf l'oncle Georges. Georges Ibrahim Abdallah, chef présumé des Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises, condamné à perpétuité pour actes terroristes, incarcéré en France depuis vingt-huit ans. Toutes les familles ont leurs secrets et leurs drames. Celle-ci plus que d'autres.
Daniel Schneidermann était tout jeune père et grand reporter au Monde quand la France fut ensanglantée par une série d'attentats, dans les années 1985-1987. Chloé Delaume vivait au coeur d'une tragédie qui est au fondement de son oeuvre. Leur rencontre et leur relation les fait plonger dans ces années sombres, dans une interrogation de soi-même mais aussi les enjeux pour le moins obscurs de l'époque.
En amoureux d'écriture, ils se posent toutes les questions possibles, sans toujours trouver des réponses. Ils se confrontent à leur passé, sans concession, avec poésie et humour. »