«Nous ne savons pas ce qui nous arrive et c'est précisément ce qui nous arrive», écrit José Ortega y Gasset.Que nous arrive-t-il? Qu'arrive-t-il à la France? Au monde? Notre impéritie vient-elle d'une myopie à l'égard de tout ce qui dépasse l'immédiat? d'une perception inexacte? d'une crise de la pensée? d'un somnambulisme généralisé?Tant de certitudes ont été balayées!Comment naviguer dans un océan d'incertitude? Comment comprendre l'histoire que nous vivons? Comment admettre enfin que, en dégradant l'écologie de notre planète, nous dégradons nos vies et nos sociétés? Comment appréhender le monde qui se transforme de crise en crise? Comment concevoir l'aventure inouïe de notre humanité? Est-ce une course à la mort ou à la métamorphose?Serait-ce à la fois l'un et l'autre?Réveillons-nous!E. M.
« Qu'il soit entendu que je ne donne de leçons à personne. J'essaie de tirer les leçons d'une expérience séculaire et séculière de vie, et je souhaite qu'elles soient utiles à chacun, non seulement pour s'interroger sur sa propre vie, mais aussi pour trouver sa propre Voie. » E.M.
À 100 ans, Edgar Morin demeure préoccupé par les tourments de notre temps. Ce penseur humaniste a été témoin et acteur des errances et espoirs, crises et dérèglements de son siècle. Il nous transmet dans ce livre les enseignements tirés de son expérience centenaire de la complexité humaine.
Leçons d'un siècle de vie est une invitation à la lucidité et à la vigilance.
Dans ce livre, Edgar Morin, né en 1921, a choisi de réunir tous les souvenirs qui sont remontés à sa mémoire. A 97 ans, celle-ci est intacte et lui permet de dérouler devant nous l'épopée vivante d'un homme qui a traversé les grands événements du XXe siècle. La grande histoire se mêle en permanence à l'histoire d'une vie riche de voyages, de rencontres où l'amitié et l'amour occupent une place centrale.
Ces souvenirs ne sont pas venus selon un ordre chronologique comme le sont habituellement les Mémoires. Ils sont venus à ma rencontre selon l'inspiration, les circonstances. S'interpellant les uns les autres, certains en ont fait émerger d'autres de l'oubli.
Ils témoignent que j'ai pu admirer inconditionnellement des hommes ou femmes qui furent à la fois mes héros et mes amis.
Ils témoignent des dérives et des dégradations, mais aussi des grandeurs et des noblesses que les violents remous de l'Histoire ont entraînées chez tant de proches.
Ils témoignent des illuminations qui m'ont révélé mes vérités ; de mes émotions, de mes ferveurs, de mes douleurs, de mes bonheurs.
Ils témoignent que je suis devenu tout ce que j'ai rencontré.
Ils témoignent que le fils unique, orphelin de mère que j'étais, a trouvé dans sa vie des frères et des soeurs.
Ils témoignent de mes résistances : sous l'Occupation, puis au cours des guerres d'Algérie, de Yougoslavie, du Moyen-Orient, et contre la montée de deux barbaries, l'une venue du fond des âges, de la haine, du mépris, du fanatisme, l'autre froide, voire glacée, du calcul et du profit, toutes deux désormais sans freins.
Ces souvenirs témoignent enfin d'une extrême diversité de curiosités et d'intérêts, mais aussi d'une obsession essentielle, celle qu'exprimait Kant et qui n'a cessé de m'animer : Que puis-je savoir ? Que puis-je croire ? Que puis-je espérer ? Inséparable de la triple question : qu'est-ce que l'homme, la vie, l'univers ?
Cette interrogation, je me suis donné le droit de la poursuivre toute ma vie.
Edgar Morin
« La gauche politique fut le plus souvent divisée, mais ce qui unissait le peuple de gauche, c'était la foi commune en Liberté, Égalité, Fraternité. Nous sommes dans une période de régression ; nous ne savons si elle durera ; nous craignons de savoir où elle nous entraînera. Espérons qu'un jour, on ne sait quand, la devise trinitaire sera régénérée et que le soleil de 1789 éclairera une gauche elle-même régénérée. » Du haut de ses 96 printemps, Edgar Morin prend la plume pour dire ce qu'est la gauche, son histoire, ses combats, ses erreurs, ses évolutions. Dans ce texte lapidaire, brillant et sage, il dresse le portrait sans concession d'une gauche qui cherche son souffle et nous rappelle les valeurs que sont celles du peuple de gauche et qu'il serait, peut-être, temps de retrouver.
Nous demandons à la pensée, et principalement à la pensée scientifique, de dissiper les obscurités, les confusions et les incompréhensions : son rôle est d'établir l'ordre et la clarté, de bannir le trop compliqué et le complexe. Mais ces pratiques de simplification mutilent la réalité dont elles cherchent à rendre compte ; elles produisent plus d'aveuglement que d'élucidation. La question qui alors se pose est de déterminer comment nous pouvons et devons faire face à la complexité sans tenter de la simplifier.
L'ouvrage d'Edgar Morin cherche ainsi à donner au terme de complexité un sens positif, alors que la tradition philosophique et scientifique l'a le plus souvent envisagé de façon négative voire péjorative. La complexité est vue comme une sorte de « tare » de la pensée dont il s'agit de guérir. Morin montre au contraire qu'elle est une chance la seule chance que nous ayons de comprendre le monde qui est le nôtre. Le complexe ne s'oppose pas à ce qui est simple, mais intègre ce qui relève du clair et de l'ordonné ; c'est le simple et la simplification qui, à l'inverse, désintègrent la complexité du réel, la font éclater en disciplines distinctes et le plus souvent antagonistes (philosophie,
mathématique, anthropologie, etc.). La complexité est le maître mot de l'oeuvre de Morin, le dénominateur commun à quasiment tous ses travaux, le centre de son propos et de sa recherche. Dans cet ouvrage, il nous livre en quelque sorte un discours de la méthode du complexe, ses règles pour une méthode non simplificatrice. La méthode ne peut être que celle de la complexité.
Partant du constat que l'éducation souffre d'une crise aux multiples causes, Edgar Morin trace un chemin, une voie, vers un enseignement repensé, efficient, à la fois adapté à la culture et au monde d'aujourd'hui.
Conscient du paradoxe que la réforme génère, puisqu'il faut réformer les esprits et les institutions de manière réciproque, il propose une méthode fondée sur la pensée complexe.
En étudiant tour à tour la classe enseignante et la jeunesse enseignée, Edgar Morin présente des remèdes à la lutte de classe qui les oppose en régénérant la passion d'enseigner des uns et la passion d'apprendre des autres. La méthode qu'il construit, basée sur le diptyque comprendre-agir, vise à dépasser l'incompréhension entre structures de pensée.
Il prône ainsi une refonte profonde de l'éducation, centrée sur sa mission essentielle telle que l'envisageait Rousseau : enseigner à vivre. Il s'agit alors de permettre à chaque individu d'acquérir une autonomie, de se prémunir contre l'erreur et l'illusion, de pratiquer la compréhension d'autrui, de même que d'affronter les problèmes du «vivre» et les incertitudes de toute vie. Sept savoirs nécessaires sont ainsi utilisés dans une démarche didactique et fondamentalement humaniste. Cette éducation doit permettre à chacun de concevoir et traiter les problèmes fondamentaux et les problèmes globaux.
Par l'introduction de thèmes de «savoir vivre» dans notre civilisation, actuellement absents des programmes éducatifs, tels que la vie urbaine, l'éducation aux médias ou l'individualisme et les solidarités, il s'agit de permettre à chacun de mieux s'orienter dans notre société.
À défaut de donner un sens à la pandémie, sachons en tirer les leçons pour l'avenir.
Un minuscule virus dans une très lointaine ville de Chine a déclenché le bouleversement du monde. L'électrochoc sera-t-il suffisant pour faire enfin prendre conscience à tous les humains d'une communauté de destin? Pour ralentir notre course effrénée au développement technique et économique ?
Nous voici entrés dans l'ère des grandes incertitudes. L'avenir imprévisible est en gestation aujourd'hui. Faisons en sorte que ce soit pour une régénération de la politique, pour une protection de la planète et pour une humanisation de la société : il est temps de changer de Voie.
L'écologie est une donnée fondamentale de la pensée humaniste d'Edgar Morin. Précurseur dans les années 1970 avec un texte intitulé L'an I de l'ère écologique, le philosophe n'a cessé depuis de réfléchir, ajuster, chercher à convaincre d'une nécessaire "écologisation" de la politique française. Pour Edgar Morin, l'écologie politique ne doit pas se cantonner à la défense des animaux, ou uniquement aux effets du réchauffement climatique mais faire un tout concernant l'avenir de l'individu, de la société et de l'espèce humaine : l'Homme a besoin de la Terre qui a besoin de l'Homme. Face au développement techno-scientificoéconomique qui dégrade la biosphère et nous menace, il s'agit désormais de transformer nos vies et nos modes d'organisation. Telle devra être la nature de notre futur.
"Ce à quoi doivent aboutir les tragiques expériences du xxe siècle, c'est à une nouvelle revendication humaniste : que la barbarie soit reconnue pour ce qu'elle est, sans simplification ou falsification d'aucune sorte. Ce qui est important, ce n'est pas la repentance, c'est la reconnaissance. Cette reconnaissance doit passer par la connaissance et la conscience [... ] Il faut être capable de penser la barbarie européenne pour la dépasser, car le pire est toujours possible.
Au sein du désert menaçant de la barbarie, nous sommes pour le moment sous la protection relative d'une oasis. Mais nous savons aussi que nous sommes dans des conditions historico-politico-sociales qui rendent le pire envisageable, particulièrement lors des périodes paroxystiques. " Edgar Morin, né en 1921, ancien résistant, est sociologue et philosophe.
Liberté, égalité, fraternité... ces trois termes sont complémentaires, mais ils ne s'intègrent pas automatiquement les uns aux autres : la liberté, surtout économique, tend à détruire l'égalité ; imposer l'égalité est une atteinte à la liberté. Donc le problème est de savoir les combiner. On peut édicter des lois qui assurent la liberté ou qui imposent l'égalité, mais on ne peut imposer la fraternité par la loi. Elle ne peut pas venir d'une injonction étatique supérieure, elle doit venir de nous. Il nous faut associer et combiner liberté et égalité, quitte à faire des compromis entre ces deux termes, et susciter, éveiller ou réveiller la fraternité. Car c'est paradoxalement au moment du plus grand besoin de fraternité humaine que partout se referment les cultures particulières.
Or la reconnaissance de notre humanité commune et le respect de ses différences sont les bases sur lesquelles pourrait se développer la fraternité entre tous les humains face à notre destin commun dans une aventure commune.
Ce sont dans des oasis, lieux d'une économie solidaire, de dépollution de la détoxification des vies, lieux de vie meilleure, que nous pourrons imaginer des lieux de solidarité et fraternité. Ce sont les germes, les ébauches d'une civilisation du primat de l'épanouissement personnel dans la fraternité.
Dès lors, nous devons tout faire pour sauvegarder et développer les fraternités des oasis. Nous devons créer des îlots de vie autre, nous devons multiplier ces îlots car ou bien les choses vont continuer à régresser et les oasis seront des îlots de résistance de la fraternité, ou bien il y aura des possibilités positives et ce seront des points de départ d'une fraternité plus généralisée dans une civilisation réformée. Si la régression se poursuit, ils seront des lieux de résistance fraternelle.
Et si apparaissent les lueurs d'une aurore, ils seront les points de départ d'une fraternité plus généralisée dans une civilisation réformée.
Comment envisager le monde nouveau qui nous emporte ? sur quels concepts essentiels devons-nous fonder notre compréhension du futur ? sur quelles bases théoriques pouvons-nous nous appuyer pour considérer et surmonter les immenses ruptures qui s'accroissent ? a la demande - et avec l'aide - de l'unesco, edgar morin propose ici le viatique minimal pour nous aider à regarder l'avenir en face.
Ce petit texte lumineux, synthèse de toute une oeuvre et de toute une vie, a d'ores et déjà été diffusé dans plusieurs pays du monde. il a aidé d'innombrables hommes et femmes à mieux affronter leur destin et à mieux comprendre notre planète.
« Le sport est comme un point d'un hologramme qui porte le tout de la société en lui, mais aussi sa singularité : le jeu, dont le péril de la dégénération en violence est contrôlé par l'arbitre. Il en est de même de la démocratie, contrôlée par le vote. Tout système vivant démocratique vit à la limite du danger. La démocratie elle-même manque du système qui lui permettrait d'empêcher un parti totalitaire de prendre le pouvoir. Nous sommes certes dans un monde où la violence délirante s'accroît, et il est curieux que le sport n'y soit pas plus entraîné. On ne lance pas des bombes dans les stades. » Edgar Morin aime le sport en tant qu'il procure de la joie au « peuple ». Il connait la liesse des stades, et particulièrement celle du Maracanã Mais c'est en sociologue qu'il nous livre son analyse critique du phénomène sportif. Infatigable combattant de la cause des opprimés, le penseur de la complexité s'exprime ici sur l'idéologie de la performance, le culte de la jeunesse et l'identité nationale.
Face à une vision économique et sociale regrettable, qui peut faire du sport une aliénation, Edgar Morin nous rappelle que l'un des caractères fondamentaux de l'être humain, c'est d'être Homo ludens, l'homme du jeu.
Une rumeur étrange (la disparition de jeunes filles dans les salons d'essayage de commerçants juifs) s'est répandue, sans qu'il y ait la moindre disparition, dans la ville dont le nom symbolise la mesure et l'équilibre : Orléans. Edgar Morin et une équipe de chercheurs ont mené l'enquête sur place. Pourquoi Orléans ? Pourquoi des Juifs ? Pourquoi et comment se propage une rumeur ? Cette rumeur véhicule-t-elle un mythe ? Quel est ce mythe et que nous dit-il sur notre culture et sur nous-mêmes ?Des questions se posent : un antisémitisme jusqu'alors latent s'est-il à nouveau éveillé ? N'y a-t-il pas, dans nos cités modernes, un nouveau Moyen Age qui ne demande qu'à surgir à tout moment ?
La « révolution biologique ouverte par la découverte de lADN nest pas encore devenue la révolution conceptuelle qui, éclairant ses propres découvertes, permette délucider lautonomie et la dépendance de lorganisation vivante par rapport à son environnement, lautonomie et la dépendance mutuelle entre lindividu et lespèce, et, pour un très grand nombre danimaux, la société.
Doù un problème capital de la MÉTHODE. Il est dautant plus nécessaire de penser la vie que la biologie concerne non seulement la connaissance de nous-mêmes, mais aussi, de plus en plus, le destin de nos vies. Elle a ouvert lère des manipulations génétiques et cérébrales, lère de la biologisation et de lindustrialisation de la vie. Faut-il que, là encore, nous soyons incapables de contrôler elle-même et que contrôlent désormais les moins contrôlés des contrôleurs, les puissances économiques vouées au profit ?
E. M.
Si les erreurs et les illusions ont pu simposer comme vérités au cours de lhistoire humaine, si notre connaissance porte en elle le risque permanent derreur et dillusion, alors elle doit chercher se connaître.
Or, la connaissance est lobjet le plus incertain de la connaissance philosophique et lobjet le moins connu de la connaissance scientifique. Bien que quelques-unes des « sciences cognitives » commencent à se regrouper, les savoirs portant sur la connaissance demeurent dispersés et disjoints dans de multiples compartiments des sciences physiques, biologiques et humaines. Les connaissances portant sur le cerveau et celles portant sur lesprit ne peuvent communiquer alors quelles portent sur une même réalité.
Ce livre de la Connaissance de la Connaissance examine les conditions, possibilités et limites de la connaissance humaine, conçue dans sa nature à la fois cérébrale, spirituelle et culturelle.
Il aborde les paradoxes clés : quest-ce quun cerveau qui peut produire un esprit qui le conçoit ? Quest-ce quun esprit qui peut concevoir un cerveau qui le produit ? Quest-ce quune connaissance qui, bien quétant construction et traduction, aspire à refléter la nature des choses ?
« Qui augmente sa connaissance augmente son ignorance » disait Friedrich Schlegel.
« Je vis de plus en plus avec la conscience et le sentiment de la présence de l'inconnu dans le connu, de l'énigme dans le banal, du mystère en toute chose et, notamment, des avancées d'une nouvelle ignorance dans chaque avancée de la connaissance » nous dit Edgar Morin.
Ainsi a-t-il entrepris dans ce livre de patrouiller dans les territoires nouveaux de la connaissance, où se révèle un trio inséparable : connaissance ignorance mystère.
A ses yeux, le mystère ne dévalue nullement la connaissance qui y conduit. Il nous rend conscient des puissances occultes qui nous commandent et nous possèdent, tels des Daimon intérieurs et extérieurs à nous. Mais, surtout, il stimule et fortifie le sentiment poétique de l'existence.
Ces dernières années, nos sociétés ont été bousculées, meurtries, secouées. Et, régulièrement, l'Aube a publié des dialogues d'Edgar Morin avec différentes personnalités - Boris Cyrulnik, Éric Fottorino, Stéphane Hessel, François Hollande, Laurent Greilsamer, Denis Lafay, Nicolas Truong -, pour nous aider à mettre en mots, à comprendre, à voir. « Le lecteur pourra donc, j'espère, trouver dans les textes ici réunis éléments et aliments à sa réflexion, invitation à repenser et incitation à la résistance. Toute régression doit stimuler une résistance, et toutes les résistances constituent des îlots de sauvegarde des valeurs essentielles pour nos vies et en même temps d'éventuels points de départ pour un renouveau transformateur. » Edgar Morin
Qui sommes-nous ? Plus nous connaissons l'humain, moins nous le comprenons : les dissociations entre disciplines le fragmentent, le vident de vie, de chair, de complexité, et certaines sciences réputées humaines vidangent même la notion d'homme.
Ce travail rompt avec le morcellement de l'humain. Il rompt avec les conceptions réductrices (homo sapiens, homo faber et homo economicus) qui privent l'être humain à la fois d'identité biologique, d'identité subjective et d'identité sociale.
Plutôt que de juxtaposer les connaissances dispersées dans les sciences et les humanités, ce livre se donne pour vocation de les relier, les articuler, les réfléchir afin de penser la complexité humaine. Il complexifie le sens du mot homme en y réintégrant le féminin occulté sous la connotation masculine, et en lui donnant le sens trinitaire qui le situe à la fois dans et hors la nature : individu Vecteur société Vecteur espèce ; il propose de concevoir ces termes dans leurs complémentarités ainsi que dans leurs antagonismes réciproques.
Il essaie de penser une humanité enrichie de toutes ses contradictions (l'humain et l'inhumain, le repli sur soi et l'ouverture aux autres, la rationalité et l'affectivité, la raison et le mythe, l'archaïque et l'historique, le déterminisme et la liberté). Cette humanité court sans cesse le risque de dégénérer, risque dans lequel pourtant elle peut se régénérer.
Enfin ce livre considère le destin de l'identité humaine qui se joue dans la crise planétaire en cours. Il est vital désormais d'enseigner l'humanité à l'humanité.
L'Identité humaine est la synthèse d'une vie : tous les thèmes des uvres précédentes de l'auteur se trouvent réunis en une configuration et une orchestration nouvelles.
Ce premier volume de L'Humanité de l'humanité sera suivi par une Ethique qui conclura La Méthode.
Edgar Morin livre quelques leçons sur des philosophes qui l'ont marqué. Penseurs de la complexité, de la contradiction, de l'ambivalence, comme Héraclite, Montaigne, Pascal, Hegel. Penseurs universalistes et humanistes incarnant l'esprit " judéo-gentil " (la synthèse conflictuelle et féconde de la singularité juive et de l'universalisme des Lumières), tels Spinoza. Penseurs messianiques, tels le jeune Marx. Penseurs de la technique comme Heidegger. Penseurs ayant su exprimer magnifiquement la dialectique de la souffrance et de la joie, tels... Beethoven (en qui Edgar Morin voit un philosophe). Ces leçons sont complétées de quelques réflexions sur la nature même de la philosophie, sur sa place dans l'enseignement, sur son rôle dans la " réforme de pensée " prônée par Edgar Morin.
Edgar Morin est philosophe et directeur de recherche émérite au CNRS. Ses recherches sur le cinéma, la culture de masse, les rumeurs, l'écologie, la cybernétique, les sciences de l'information l'ont conduit à élaborer une " pensée complexe ", apte à saisir les multi-dimensionnalités, ambivalences, contradictions de notre civilisation. Dans La Méthode (6 volumes, Seuil), il expose les principes de cette pensée.
Leur habitat, leur vie, leurs murs, leur organisation.
Les idées sont-elles soumises totalement aux déterminismes culturels, sociaux et historiques ? Peuvent-elles sen affranchir ? Les esprits sont-ils totalement soumis aux idées établies ? Comment alors peut apparaître et se propager une idée nouvelle ? Comment une culture permet-elle le développement dune idée qui la ruiner ?
Les idées ont-elles une vie propre ? Quelle vie ? Comment se nourrissent-elles, se reproduisent-elles, saccouplent-elles ? Comment se défendent-elles et attaquent-elles ? Quelle est leur organisation qui nécessite langage et logique ? Quels sont les principes secrets qui commandent et contrôlent cette organisation ? Quest-ce quune idée rationnelle quand on sait que la Raison peut devenir un mythe ?
Comme toute parole, je (lindividu), on (la collectivité), ça (la machine sociale) parlent en même temps à travers les idées. Quelles sont nos relations avec les idées ? Ne sommes nous pas possédés par les idées que nous possédons ? Ne sommes-nous pas capables de vivre, tuer ou mourir pour une idée ?
Nous ne devons pas nous laisser asservir par les idées, mais nous ne pouvons résister aux idées quavec des idées. Une part de notre vie est dans la vie des idées. Une part de notre humanité est faite didées. Mais nous sommes encore dans lère barbare des idées, et nous devrions pouvoir établir des relations civilisées avec elles. Doù vient lidée de complexité.
Ce quatrième tome de La Méthode est la suite de La Connaissance de la Connaissance qui avait examiné lidée du point de vue de lesprit/cerveau humain (anthropologie de la connaissance). Il considère lidée dabord du point de vue culturel et social (écologie des idées) puis du point de vue de lautonomie/dépendance du monde des idées (noosphère) et de lorganisation des idées (noologie).
Edgar Morin
Edgar Morin s'interroge sur ces trois évidences - l'amour, la poésie, la sagesse - qui illuminent nos vies tout en cachant leur énigme et leur complexité.
L'amour ne vit, soutient-il, que dans l'état d'un " innamoramento " se régénérant de lui-même. La poésie, en deça et au-delà de son mode d'expression littéraire, est cet " état second " qui nous envahit dans la ferveur, l'émerveillement, la communion, l'exaltation, et bien sûr l'amour ; elle nous fait habiter, non seulement prosaïquement, mais aussi poétiquement la terre. Quant à la sagesse, elle était dans le monde antique synonyme de philosophie.
La question posée ici est : peut-il y avoir une sagesse moderne ? Et l'on verra de quelle façon amour, poésie et sagesse ont partie liée.
Ce livre est d'abord celui d'un amoureux de Berlin, imprégné depuis son enfance par le cinéma berlinois des années 1920.
Edgar Morin, dès la fin de la guerre, se passionne pour cette ville aux transformations successives - le Berlin dévasté, le Berlin reconstruit, les Berlin séparés, puis réunis. Avec son talent d'observateur unique, mais aussi d'éternel baroudeur, curieux et malin, il nous emmène dans ses pérégrinations hardies, du bureau d'Hitler ravagé, qu'il pénétra non sans malice en 1945, au Berlin-Est communiste de la guerre froide, où il se rendit pour un séjour cocasse avec des amis, dans la Celtaquatre Renault prêtée par Marguerite Duras.
Ce livre est enfin l'expression de soixante-dix ans de mémoire d'un grand sociologue et penseur, mémoire d'une ville où se sont joués, à diverses reprises, le sort de l'Europe et celui du monde.