L'écologie est une donnée fondamentale de la pensée humaniste d'Edgar Morin. Précurseur dans les années 1970 avec un texte intitulé L'an I de l'ère écologique, le philosophe n'a cessé depuis de réfléchir, ajuster, chercher à convaincre d'une nécessaire « écologisation » de la politique française.
Pour Edgar Morin, l'écologie politique ne doit pas se cantonner à la défense des animaux ou aux effets du réchauffement climatique, mais faire un tout concernant l'avenir de l'individu, de la société et de l'espèce humaine : l'Homme a besoin de la Terre qui a besoin de l'Homme. Face au développement techno-scientifico-économique qui dégrade la biosphère et nous menace, il s'agit désormais de transformer nos vies et nos modes d'organisation. Tel devra être la nature de notre futur.
Éclaireur des questions écologiques, il est aujourd'hui une figure proche d'un Nicolas Hulot. Après les orientations de la COP 21 et devant les défis que ne va pas manquer d'exalter une campagne présidentielle qui s'annonce intense, ce recueil d'articles et de textes peut se lire comme une introduction à une politique écologiste de l'Homme. Edgar Morin nous rappelle que notre pire ennemi c'est nous-mêmes, et propose un peu d'espérance et d'utopie concrète dans ce monde incertain.
La planète a perdu en trente ans un tiers de ses terres arables. Ce désastre préfigure des tragédies sanitaires et sociales pour l'ensemble des peuples qui n'auront pas su vivre en heureuse harmonie avec leur sol. Partout, de l'Ukraine à la Californie, de l'Alaska au Sahel ou du Mexique à la Chine, la terre disparaît avec ses derniers paysans. Pourtant, seul le milieu rural permettra renaissance économique durable dans une perspective de protection de l'environnement, de préservation des ressources, d'économie d'énergie, de qualité des produits et services, de sécurité, d'innovation, de développement soutenable et, plus généralement, de qualité de vie. Il est urgent de sortir de l'impasse de l'agriculture pétrochimique. Réinventons le métier de paysan, organisons la « révolution verte » de l'agro-écologie. Il est urgent que la Terre redevienne notre « patrie commune ».