Nous demandons à la pensée qu'elle dissipe les brouillards et les obscurités, qu'elle mette de l'ordre et de la clarté dans le réel, qu'elle révèle les lois qui le gouvernent. Le mot de complexité, lui, ne peut qu'exprimer notre embarras, notre confusion, notre incapacité à définir de façon simple, à nommer de façon claire, à ordonner nos idées. Sa définition première ne peut fournir aucune élucidation : est complexe ce qui ne peut se résumer en un maître mot, ce qui ne peut se ramener à une loi ni se réduire à une idée simple. La complexité est un mot problème et non un mot solution.
Edgar Morin propose ici un nouveau mode de pensée pour affronter la complexité du monde qui nous entoure.
Nous avons besoin de ce qui nous aide à penser par nous-mêmes : une méthode. Nous avons besoin d'une méthode de connaissance qui traduise la complexité du réel, reconnaisse l'existence des êtres, approche le mystère des choses.
La méthode de la complexité qui s'élabore dans ce premier volume demande :
- de concevoir la relation entre ordre/désordre/organisation et d'approfondir la nature de l'organisation ;
- de ne pas réduire un objet à ses éléments constitutifs ni l'isoler de son environnement ;
- de ne pas dissocier la problème de la connaissance de la nature de celui de la nature de la connaissance. Tout objet doit être conçu dans sa relation avec un sujet connaissant, lui-même enraciné dans une culture, une société, une histoire.
À défaut de donner un sens à la pandémie, sachons en tirer les leçons pour l'avenir.
Un minuscule virus dans une très lointaine ville de Chine a déclenché le bouleversement du monde. L'électrochoc sera-t-il suffisant pour faire enfin prendre conscience à tous les humains d'une communauté de destin? Pour ralentir notre course effrénée au développement technique et économique ?
Nous voici entrés dans l'ère des grandes incertitudes. L'avenir imprévisible est en gestation aujourd'hui. Faisons en sorte que ce soit pour une régénération de la politique, pour une protection de la planète et pour une humanisation de la société : il est temps de changer de Voie.
La « révolution biologique » ouverte par la découverte de l'ADN n'est pas encore devenue la révolution conceptuelle qui, éclairant ses propres découvertes, permette d'élucider l'autonomie et la dépendance de l'organisation vivante par rapport à son environnement, l'autonomie et la dépendance mutuelle entre l'individu et l'espèce, et, pour un très grand nombre d'animaux, la société.
D'où un problème capital de la MÉTHODE. Il est d'autant plus nécessaire de penser la vie que la biologie concerne non seulement la connaissance de nous-mêmes, mais aussi, de plus en plus, le destin de nos vies. Elle a ouvert l'ère des manipulations génétiques et cérébrales, l'ère de la biologisation et de l'industrialisation de la vie. Faut-il que, là encore, nous soyons incapables de contrôler elle-même et que contrôlent désormais les moins contrôlés des contrôleurs, les puissances économiques vouées au profit ?
E.M.
Il faut essayer de connaître la connaissance, si nous voulons connaître les sources de nos erreurs ou illusions. Or la connaissance est l'objet le plus incertain de la connaissance philosophique et l'objet le moins connu de la connaissance scientifique. Qu'est-ce qu'un cerveau qui peut produire un esprit qui le connaît ? Qu'est-ce qu'un esprit qui peut concevoir un cerveau qui le produit ? Qu'est-ce qu'un esprit/cerveau qui ne saurait penser sans un langage et une culture ? Qu'est-ce qu'une connaissance qui croit refléter la nature des choses alors qu'elle est traduction et construction ? Comment connaître ce qui connaît ? Ce volume examine les caractères et possibilités cognitives propres à l'esprit/cerveau humain.
Le sixième tome de La Méthode constitue le point d'arrivée de la grande oeuvre d'Edgar Morin, qui a fait de la complexité un problème fondamental à élucider. Cet ultime volume, le plus concret et le plus accessible, s'attelle à la crise contemporaine de l'éthique, la soumettant à un examen anthropologique, historique et philosophique.
Au-delà du moralisme, au-delà du nihilisme, l'auteur, plutôt que de céder à la prétention classique de fonder la morale, cherche à en régénérer les sources dans la vie, dans la société, dans l'individu, l'humain étant à la fois individu, société et espèce. Il traite des problèmes permanents mais sans cesse aggravés de la relation entre éthique et politique, éthique et science.
Il est vital d'enseigner l'humanité à l'humanité. Ce livre a pour vocation de relier les connaissances sur l'humain dispersées dans les sciences et les humanités et de les articuler afin de penser la complexité humaine dans son identité biologique, subjective et sociale. Il complexifie le sens du mot « homme » en y réintégrant le féminin occulté et en lui donnant le sens trinitaire qui le situe dans et hors la nature : individu/espèce/société.
Il essaie de penser une humanité enrichie de toutes ses contradictions (l'humain et l'inhumain, le repli sur soi et l'ouverture aux autres, la rationalité et l'affectivité, l'archaïque et l'historique, le déterminisme et la liberté) et considère le destin de l'identité humaine qui se joue dans la planétarisation en cours.
Les idées sont-elles soumises totalement aux déterminismes culturels, sociaux et historiques ? Peuvent-elles s'en affranchir ? Les esprits sont-ils totalement soumis aux idées établies ? Comment alors peut apparaître et se propager une idée nouvelle ? Comment une culture permet-elle le développement d'une idée qui la ruiner ?
Ce quatrième tome de La Méthode est la suite de La Connaissance de la connaissance qui avait examiné l'idée du point de vue de l'esprit/cerveau humain (anthropologie de la connaissance). Il considère l'idée d'abord du point de vue culturel et social (écologie des idées), puis du point de vue de l'autonomie/dépendance du monde des idées (noosphère) et de l'organisation des idées (noologie).
Il faut cesser de disjoindre Nature et Culture : la clé de la culture est dans notre nature et la clé de notre nature est dans la culture. Il faut cesser de réduire l'homme à l'homo faber et à l'homo sapiens. Homo, qui apporte au monde magie, mythe, délire, est doué à la fois de raison et de déraison : sapiens-demens. Au-delà d'une conception étroite et fermée de la vie (biologisme), d'une conception insulaire et sur-naturelle de l'homme (anthropologisme), d'un concept ignorant la vie et l'individu (sociologisme), il faut concevoir indissociablement l'homme comme un individu, membre d'une espèce et d'une société.
Non point envisager la crise à partir d'une situation supposée normale, dont elle serait le dérèglement. Ce à quoi se sont attachés, peu ou prou, la plupart des économistes et autres sociologues. Mais, la penser dans une perspective anthropologique, à partir de l'homme lui-même, conçu comme « animal crisique » ; c'est-à-dire, comme un tissu de contradictions qui est la source, à la fois, de ses échecs, de ses réussites, de ses inventions et aussi de sa névrose fondamentale (qui est une réponse à une angoisse, une menace, un conflit). La crise n'est pas une faille, elle n'est pas davantage un symptôme, elle est un accroissement du désordre et de l'incertitude, qui peut se résoudre soit par le retour à une situation antérieure, soit ce qui est le plus courant, par la recherche de situations nouvelles, qui peuvent être tantôt imaginaires ou mythologiques, tantôt pratiques et créatrices. Un texte novateur qui a une portée à la fois philosophique et politique
Des écrivains, des historiens, des économistes et des philosophes dressent un portrait actualisé de K. Marx et de son oeuvre.
Échelonnée sur une trentaine d'années, l'écriture des six tomes de La Méthode représente une véritable aventure, dans laquelle l'itinéraire personnel est indissociable du cheminement de la pensée de son auteur. À travers le récit d'un questionnement existentiel pour penser la complexité du réel et éviter les pièges de l'erreur et de l'illusion, Edgar Morin ressaisit ici le sens de sa vie et de son ouvre, autrement dit de l'ouvre de sa vie. Parachevant cet extraordinaire édifice théorique, ce livre intègre enfin un chapitre décisif, « Raison et rationalité », issu d'un volume initialement prévu dans le plan d'ensemble de La Méthode mais que la rédaction finale avait escamoté.
À l'image du banian, cet arbre dont les branches, en tombant à terre, produisent de nouvelles racines, La Méthode est issue de multiples rameaux et ses retombées ont produit de nouvelles arborescences, distinctes mais inséparables de la souche qui les a vu naître. Dans un déploiement foisonnant qui interdit à la pensée de se refermer sur elle-même mais l'ouvre au contraire à des perspectives inédites, ce livre trace enfin la voie d'une refondation de l'humanisme nourrie des principes de La Méthode.
Il est préconisé ici de réformer la pensée pour réformer l'enseignement et de réformer l'enseignement pour réformer la pensée.
Dans le sens de la réforme de la pensée, edgar morin propose les principes qui permettraient de suivre l'indication donnée par pascal: " je tiens impossible de connaître les parties sans connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans connaître particulièrement les parties. " ces principes conduisent au-delà d'une connaissance fragmentée qui, rendant invisibles les interactions entre un tout et ses parties, brise le complexe et occulte les problèmes essentiels ; ils conduisent également au-delà d'une connaissance qui, ne voyant que des globalités, perd le contact avec le particulier, le singulier et le concret.
Ils conduisent à remédier à la funeste désunion entre la pensée scientifique, qui dissocie les connaissances et ne réfléchit pas sur le destin humain, et la pensée humaniste, qui ignore les acquis des sciences pouvant nourrir ses interrogations sur le monde et sur la vie. d'où la nécessité d'une réforme de pensée, qui concerne notre aptitude à organiser la connaissance et permettrait la liaison des deux cultures divorcées.
Dès lors pourraient réapparaître les grandes finalités de l'enseignement qui devraient être inséparables : susciter une tête bien faite plutôt que bien pleine, enseigner la condition humaine, initier à vivre, affronter l'incertitude, apprendre à devenir citoyen.
Philosophe et sociologue mondialement connu, Edgar Morin explicite dans ce court texte toute sa passion pour Héraclite, dont la pensée l'accompagne depuis son plus jeune âge, et notamment lorsqu'il était résistant.
Edgar Morin se penche sur son parcours intellectuel. Sans rien masquer des hésitations, des incertitudes, qui l'animèrent à chaque étape de sa vie. Ce chercheur universellement reconnu prend le temps d'analyser ce qui l'a construit, ce qui lui a permis de comprendre le monde dans lequel il a vécu, d'éclairer l'esprit de ses contemporains. Si l'humour et l'absence de préjugé marquent son récit, Edgar Morin désire avant tout dévoiler le sens de son oeuvre. Un ouvrage décisif sur la recherche de la science, la quête de soi, et la coïncidence avec l'histoire.
Edgar Morin a toujours aimé pratiquer le diagnostic sociologico-politique à chaud, au coeur des événements, en prenant tous les risques intellectuels que cela comporte. Après ses diagnostics sur l'An zéro de l'Allemagne (1945), la Pologne entre la libération et le réasservissement (hiver 1957), l'arrivée au pouvoir du général de Gaulle (mai 1958), la commune étudiante de Mai 68, la Rumeur d'Orléans (1969) et la Californie en transes (Journal de Californie, 1970), voici le diagnostic concernant le pouvoir rose de l'ère Mitterrand sur fond noir de crise planétaire. Trois textes sont ici réunis. Le premier, paru dans quatre livraisons de Libération en février 1982, le second paru dans Le Monde en octobre 1983, examinent les grâces et disgrâces du temps de la rose. Le troisième plonge le noir de la tragédie européenne sous la menace des SS 20 et Pershing. Ces textes sont écrits avec sympathie critique. Ils se proposent d'analyser, avertir, prévenir.
Il faut cesser de disjoindre Nature et Culture : la clé de la culture est dans notre nature et la clé de notre nature est dans la culture.Il faut cesser de réduire l'homme à l'homo faber et l'homo sapiens. Homo, qui apporte au monde magie, mythe, délire,
Rencontre inattendue : le penseur de la complexité face au philosophe théologien réformateur. L'agnostique face au croyant. Le descendant de marranes face au fils d'exilés égyptiens. Le « fréquentable » Edgar Morin face à l'« infréquentable » Tariq Ramadan.
Loin des clichés attachés à leurs noms, ce sont surtout deux intellectuels ancrés dans leur époque et dans leur culture, deux Européens déclarés qui cherchent ici une « Voie » commune, évoquent leurs années de formation et débattent - avec la complicité de Claude-Henry du Bord - sur l'éducation, les sciences, l'art, la laïcité, les droits des femmes et des minorités, le nouveau Moyen-Orient, le conflit israélo-palestinien, l'antisémitisme et l'islamo-phobie, la démocratie et le fondamentalisme, la mondialisation et le pardon.
Deux conceptions du monde et de la foi, deux philosophies de vie qui ne demandent qu'à s'écouter.
Première édition : Presses du Châtelet (mars 2014)
Au lendemain des attentats et de la COP21, trois personnalités engagées - Nicolas Hulot, Edgar Morin et Patrick Viveret - se sont rencontrées pour apporter leur éclairage sur les bouleversements que nous vivons. Ils partagent des clés de compréhension et leurs envies, avec la conviction qu'être heureux est un choix tout autant intime que collectif. De cette rencontre est né le livre VIVEMENT LE MONDE AVENIR illustré par YAK et son personnage Elyx - 1er ambassadeur virtuel des Nations Unies - et Anouck Rayé.
Ce livre intense et créatif regroupe des extraits de ce dialogue mis en images et croqué par Yacine Ait Kaci alias YAK et Anouck Rayé. Réalisé dans des conditions exceptionnelles grâce à la mobilisation de nombreux conspirateurs positifs,
Organisé dans une période où de nouveaux questionnements font de l'intelligence de la complexité « un véritable défi pour la connaissance », ce colloque pose un problème épistémologique majeur et appelle une réforme de la pensée.
Après une intervention magistrale d'Edgar Morin faisant paraître deux modes d'appréhension de la complexité (la complexité restreinte et la complexité générale), de nombreuses personnalités, françaises et étrangères, de professions et d'engagements très variés, se sont efforcées de conjoindre, sur ce thème, l'épistémologie et la pragmatique, avec le souci de transformer les multiples expériences en science avec conscience.
Cet ouvrage peut donc s'entendre comme un ensemble de navigations entre des îles aux contours fluctuants, permettant à chacun de dessiner et de modifier ses propres parcours.
Bilingue (français-anglais), illustré de photographies travaillées, questionnées, fouillées par le coup de pinceau d'Appel, le texte d'Edgar Morin prend ici tout son relief, scrutant ce qu'il appelle la sur-réalité de New York, « une formidable destructivité/créativité inconsciente et aléatoire, qui produit une réalité inimaginable, dont la seule référence ne peut être que l'imaginaire ». Texte et images s'affrontent, s'entrechoquent, se stimulent avec jubilation pour le plus grand plaisir du lecteur avide de découvrir cette Grosse Pomme, « un Atlantide encore dans sa gangue ».