« Qui augmente sa connaissance augmente son ignorance » disait Friedrich Schlegel.
« Je vis de plus en plus avec la conscience et le sentiment de la présence de l'inconnu dans le connu, de l'énigme dans le banal, du mystère en toute chose et, notamment, des avancées d'une nouvelle ignorance dans chaque avancée de la connaissance » nous dit Edgar Morin.
Ainsi a-t-il entrepris dans ce livre de patrouiller dans les territoires nouveaux de la connaissance, où se révèle un trio inséparable : connaissance ignorance mystère.
A ses yeux, le mystère ne dévalue nullement la connaissance qui y conduit. Il nous rend conscient des puissances occultes qui nous commandent et nous possèdent, tels des Daimon intérieurs et extérieurs à nous. Mais, surtout, il stimule et fortifie le sentiment poétique de l'existence.
C'est à la sociologie qu'edgar morin consacre ici la réflexion entreprise dans science avec conscience sur la possibilité d'une connaissance qui ne soit ni mutilée ni arbitraire. la sociologie doit-elle prendre pour modèle les sciences de la natureoe comment peut-elle fonder scientifiquement les notions d'acteur, de sujet, d'autonomie, de liberté, d'inventionoe comment concevoir la société sur le modèle de l'auto-éco-organisation et y intégrer la part de mythe qui est dans sa nature même?
Edgar morin pousse la réflexion de la sociologie sur elle-même jusqu'à une sociologie de la sociologie. le sociologue, en effet, ne passe pas impunément de l'individu au groupe, de la classe à l'etat-nation. autant de points de vue qui le contraignent à intégrer la dimension historique, à interroger l'événement imprévu. tel est le propre des diagnostics sociologiques du temps présent auxquels se livre edgar morin à propos de l'automobile, du cinéma, de la mode, de l'écologie ou de la crise étudiante. avec toujours l'aller et retour du micro-social au macro-planétaire qui brise les isolements réducteurs et restitue l'unité complexe.
Minutieuse anthologie des démarches plurielles de la sociologie, ce livre est la somme sociologique d'edgar morin.
Edgar morin a déjà publié aux editions fayard: commune en france, la métamorphose de plodemet, science avec conscience et de la nature de l'urss.
Voici le chemin d'un homme Voici la pensée qui s'est formée au cours de ce cheminement et qui a produit une oeuvre majeure.
Ce parcours fut continu, accompli dans une curiosité jamais assouvie, un questionnement permanent, un lien inséparable entre la vie et l'oeuvre, une lente gestation de la pensée complexe, mais il fut discontinu dans les recommencements et les renaissances qui ont scandé sa vie tous les dix ans.
Ce livre d'entretiens accordés par Edgar Morin à Djénane Kareh Tager montre l'unité d'une oeuvre à travers sa diversité, l'unité d'une vie à travers ses vicissitudes.
Dans Mon chemin, c'est l'homme qui parle, sans dissimuler ses émotions ni ses passions. Il nous dit sa propre expérience de la vie, de l'amour , de la poésie, de la vieillesse, de la mort.
Edgar Morin est né à Paris en 1921, d'une famille de nationalité italienne, d'ascendance judéo-espagnole. Son adolescence est marquée par la montée en puissance du nazisme, les procès staliniens de Moscou, la marche somnanbulique vers la guerre.
A 20 ans, sous l'Occupation, il entre à la fois au parti communiste et dans la résistance gaulliste. Après la guerre, c'est une vie qui se poursuit dans la résistance au stalinisme, à la guerre d'Algérie, à toutes les barbaries.
Djénane Kareh Tager est journaliste.
Alors qu'il mettait la dernière main à Mon chemin, Edgar Morin a perdu Edwige, la compagne d'une grande partie de sa vie, celle qui a vu l'accomplissement et la reconnaissance de ses oeuvres majeures (La Méthode, notamment).
Au mitan de sa huitième décennie, cette page-là est pour lui impossible à tourner. Il lui faut au contraire la continuer, et ce, par ce bouleversant hommage où le philosophe se fait écrivain pour raconter à mi-voix ce qui fut et reste un grand amour.
Plus que jamais, à l'occasion de la succession de Brejnev et de l'avènement de Iouri Andropov, se pose "à bout portant", autant comme une énigme que comme une menace, la question: qu'est-ce que l'U.R.S.S.?
Comme le constate Edgar Morin, "on a longtemps cru que le mot communisme, qu'il signifie émancipation ou, au contraire, asservissement, rendait compte de la nature de l'U.R.S.S. Le vrai problème de la nature de l'U.R.S.S. émerge dès lors qu'on ne se satisfait plus de ce mot et qu'on commence à supposer que le communisme est un masque, une illusion qui occulte la réalité qu'il prétend nommer. Ainsi commence la première prise de conscience, celle de notre cécité devant un mystère: la nature de l'U.R.S.S. L'U.R.S.S. nous apparaît alors comme le Sphinx qu'éclairent partiellement toutes les théories, à commencer par les théories marxistes, mais qui les défie et les égare toutes".
Notre propos est de dénoncer le cours pervers d'une politique aveugle qui nous conduit aux désastres.
Il est d'énoncer une voie politique de salut public.
Il est d'annoncer une nouvelle espérance.
Stéphane Hessel - Edgar Morin
« Dans un sens, ce livre prolonge et actualise mon Penser l'Europe ainsi que Barbarie et culture européennes. Mais il s'agit surtout d'une « repensée de l'Europe » en notre époque de crises conjuguées, dont la crise multidimensionnelle de l'Europe, en une grande crise de l'humanité qui n'arrive pas à se constituer en humanité. Cette repensée est l'oeuvre de deux esprits frères, celui de Mauro Ceruti et le mien : je me retrouve en lui comme il se retrouve en moi. Notre communauté de pensée s'est ainsi trouvée concrétisée dans cette oeuvre méditante et militante. » Edgar Morin
Ce livre vient à point nommé : au coeur de la campagne présidentielle de 2012, il place la citoyenneté française partageant deux France - les Français dits de souche et les citoyens de France - au carrefour de l´ensemble des problématiques sociétales actuelles (incertitude de l´avenir de la zone euro et repli identitaire face à l´angoisse de la finitude d´un monde - celui du néolibéralisme triomphant - dont on sent obscurément la petite mort dans sa forme actuelle ou sa transformation en quelque chose d´autre). C´est la France du XXIe siècle qui est ici dessinée. Une France qui tire partie de la globalisation du monde, c´est-à-dire de la richesse humaine du monde entier, qui s´invite chez elle et dont elle a naturellement besoin pour continuer à tenir son rang dans l´orchestre des grandes nations, historiques ou émergeantes. Au-delà de cette France renouvelée se laisse découvrir une francité en transformation qui, discrètement et sereinement, fait la part des choses : entre le respect de l´esprit du legs du peuplement historique et la sommation faite à tout nouveau citoyen de France d´origine étrangère de respecter les héritages et d´apporter sa pierre à l´édifice du projet France. Ce livre est un diptyque : un texte d´Edgar Morin : La francisation à l´épreuve et celui de Patrick Singaïny : Lettre aux Français (de souche). Etre citoyen, en France, ne veut pas dire forcément être français. S´ajoute une deuxième partie constituée de témoignages de cinq chercheurs au carrefour de la double appartenance culturelle (Sabah Abouessalam, Nacira Guénif, Misako Nemoto, Nelson Vallejo-Gomez, Yu Shuo-Bossière), de deux personnalités politiques de premier plan qui présentent la particularité d´avoir été naturalisées (Eva Joly et Manuel Valls), de textes rédigés par des auteurs faisant partie de cercles de réflexion sur le sujet (Marc Cheb Sun, Rockhaya Diallo, Doudou Diène, François Durpaire).
Après le « non » au référendum qui a retenti comme un coup de tonnerre, les grands intellectuels évoquent la crise profonde de notre société. Nos pays sont malades du politique, car le politique n?existe plus. Nos sociétés sont malades du sens, car le sens ne prévaut plus. Et pourtant jamais les défis sociaux, culturels, environnementaux, bref, de civilisation, n?ont été aussi importants.
Un livre qu?il est urgent de lire si nous voulons devenir responsables de notre avenir.