Nous demandons à la pensée qu'elle dissipe les brouillards et les obscurités, qu'elle mette de l'ordre et de la clarté dans le réel, qu'elle révèle les lois qui le gouvernent. Le mot de complexité, lui, ne peut qu'exprimer notre embarras, notre confusion, notre incapacité à définir de façon simple, à nommer de façon claire, à ordonner nos idées. Sa définition première ne peut fournir aucune élucidation : est complexe ce qui ne peut se résumer en un maître mot, ce qui ne peut se ramener à une loi ni se réduire à une idée simple. La complexité est un mot problème et non un mot solution.
Edgar Morin propose ici un nouveau mode de pensée pour affronter la complexité du monde qui nous entoure.
Nous avons besoin de ce qui nous aide à penser par nous-mêmes : une méthode. Nous avons besoin d'une méthode de connaissance qui traduise la complexité du réel, reconnaisse l'existence des êtres, approche le mystère des choses.
La méthode de la complexité qui s'élabore dans ce premier volume demande :
- de concevoir la relation entre ordre/désordre/organisation et d'approfondir la nature de l'organisation ;
- de ne pas réduire un objet à ses éléments constitutifs ni l'isoler de son environnement ;
- de ne pas dissocier la problème de la connaissance de la nature de celui de la nature de la connaissance. Tout objet doit être conçu dans sa relation avec un sujet connaissant, lui-même enraciné dans une culture, une société, une histoire.
Comment envisager le monde nouveau qui nous emporte ?
Sur quels concepts essentiels devons-nous fonder notre compréhension du futur ?
Sur quelles bases théoriques pouvons-nous nous appuyer pour considérer et surmonter les immenses ruptures qui s'accroissent ?
À la demande - et avec l'aide - de l'Unesco, Edgar Morin propose ici le viatique minimal pour nous aider à regarder l'avenir en face. Ce petit texte lumineux, synthèse de toute une oeuvre et de toute une vie, a d'ores et déjà été diffusé dans plusieurs pays du monde. Il a aidé d'innombrables hommes et femmes à mieux affronter leur destin et à mieux comprendre notre planète.
La mort est ce qui identifie l'homme à l'animal et ce qui l'en différencie.
Comme tout être vivant, l'homme subit la mort. a la différence de tout être vivant, il nie la mort dans ses croyances en un au-delà. edgar morin dégage les attitudes fondamentales des hommes et des cultures à l'égard de la mort. il examine l'horreur de la mort, le risque de mort, le meurtre, et les deux grands mythes originaires de la mort : celui de la survie et celui de la renaissance. il dégage les croyances concernant la mort dans les grandes civilisations historiques pour en arriver à la crise contemporaine de la mort et aux nouvelles conceptions biologiques sur les relations entre vie et mort.
Une rumeur étrange (la disparition de jeunes filles dans les salons d'essayage de commerçants juifs) s'est répandue, sans qu'il y ait la moindre disparition, dans la ville dont le nom symbolise la mesure et l'équilibre : Orléans. Edgar Morin et une équipe de chercheurs ont mené l'enquête sur place. Pourquoi Orléans ? Pourquoi des Juifs ? Pourquoi et comment se propage une rumeur ? Cette rumeur véhicule-t-elle un mythe ? Quel est ce mythe et que nous dit-il sur notre culture et sur nous-mêmes ?
Des questions se posent : un antisémitisme jusqu'alors latent s'est-il à nouveau éveillé ? N'y a-t-il pas, dans nos cités modernes, un nouveau Moyen Âge qui ne demande qu'à surgir à tout moment ?
La « révolution biologique » ouverte par la découverte de l'ADN n'est pas encore devenue la révolution conceptuelle qui, éclairant ses propres découvertes, permette d'élucider l'autonomie et la dépendance de l'organisation vivante par rapport à son environnement, l'autonomie et la dépendance mutuelle entre l'individu et l'espèce, et, pour un très grand nombre d'animaux, la société.
D'où un problème capital de la MÉTHODE. Il est d'autant plus nécessaire de penser la vie que la biologie concerne non seulement la connaissance de nous-mêmes, mais aussi, de plus en plus, le destin de nos vies. Elle a ouvert l'ère des manipulations génétiques et cérébrales, l'ère de la biologisation et de l'industrialisation de la vie. Faut-il que, là encore, nous soyons incapables de contrôler elle-même et que contrôlent désormais les moins contrôlés des contrôleurs, les puissances économiques vouées au profit ?
E.M.
Il faut essayer de connaître la connaissance, si nous voulons connaître les sources de nos erreurs ou illusions. Or la connaissance est l'objet le plus incertain de la connaissance philosophique et l'objet le moins connu de la connaissance scientifique. Qu'est-ce qu'un cerveau qui peut produire un esprit qui le connaît ? Qu'est-ce qu'un esprit qui peut concevoir un cerveau qui le produit ? Qu'est-ce qu'un esprit/cerveau qui ne saurait penser sans un langage et une culture ? Qu'est-ce qu'une connaissance qui croit refléter la nature des choses alors qu'elle est traduction et construction ? Comment connaître ce qui connaît ? Ce volume examine les caractères et possibilités cognitives propres à l'esprit/cerveau humain.
Le sixième tome de La Méthode constitue le point d'arrivée de la grande oeuvre d'Edgar Morin, qui a fait de la complexité un problème fondamental à élucider. Cet ultime volume, le plus concret et le plus accessible, s'attelle à la crise contemporaine de l'éthique, la soumettant à un examen anthropologique, historique et philosophique.
Au-delà du moralisme, au-delà du nihilisme, l'auteur, plutôt que de céder à la prétention classique de fonder la morale, cherche à en régénérer les sources dans la vie, dans la société, dans l'individu, l'humain étant à la fois individu, société et espèce. Il traite des problèmes permanents mais sans cesse aggravés de la relation entre éthique et politique, éthique et science.
Il est vital d'enseigner l'humanité à l'humanité. Ce livre a pour vocation de relier les connaissances sur l'humain dispersées dans les sciences et les humanités et de les articuler afin de penser la complexité humaine dans son identité biologique, subjective et sociale. Il complexifie le sens du mot « homme » en y réintégrant le féminin occulté et en lui donnant le sens trinitaire qui le situe dans et hors la nature : individu/espèce/société.
Il essaie de penser une humanité enrichie de toutes ses contradictions (l'humain et l'inhumain, le repli sur soi et l'ouverture aux autres, la rationalité et l'affectivité, l'archaïque et l'historique, le déterminisme et la liberté) et considère le destin de l'identité humaine qui se joue dans la planétarisation en cours.
Les idées sont-elles soumises totalement aux déterminismes culturels, sociaux et historiques ? Peuvent-elles s'en affranchir ? Les esprits sont-ils totalement soumis aux idées établies ? Comment alors peut apparaître et se propager une idée nouvelle ? Comment une culture permet-elle le développement d'une idée qui la ruiner ?
Ce quatrième tome de La Méthode est la suite de La Connaissance de la connaissance qui avait examiné l'idée du point de vue de l'esprit/cerveau humain (anthropologie de la connaissance). Il considère l'idée d'abord du point de vue culturel et social (écologie des idées), puis du point de vue de l'autonomie/dépendance du monde des idées (noosphère) et de l'organisation des idées (noologie).
Edgar morin s'interroge sur l'amour, la poésie, la sagesse qui illuminent nos vies tout en cachant leur énigme et leur complexité.
L'amour ne vit, soutient-il, que dans l'état d'un " innamoramento " se régénérant sans cesse de lui-même. la poésie est cet " état second " qui nous envahit dans la ferveur, l'exaltation, et bien sûr l'amour: elle nous fait habiter, non seulement prosaïquement, mais aussi poétiquement la terre. quant à la sagesse, elle était dans le monde antique synonyme de vie raisonnable. mais nous savons que l'homo sapiens est également un être d'affectivité, de passions et de délire, c'est-à-dire qu'il est à la fois sapiens et demens.
Dès lors se pose la question: que peut être une sagesse moderne ?.
Il faut cesser de disjoindre Nature et Culture : la clé de la culture est dans notre nature et la clé de notre nature est dans la culture. Il faut cesser de réduire l'homme à l'homo faber et à l'homo sapiens. Homo, qui apporte au monde magie, mythe, délire, est doué à la fois de raison et de déraison : sapiens-demens. Au-delà d'une conception étroite et fermée de la vie (biologisme), d'une conception insulaire et sur-naturelle de l'homme (anthropologisme), d'un concept ignorant la vie et l'individu (sociologisme), il faut concevoir indissociablement l'homme comme un individu, membre d'une espèce et d'une société.
Avec Vidal Nahoum mourut en 1984 l'un des survivants du monde englouti de la Salonique séfarade où il était né en 1894. Son grand-père venait de Toscane et parlait italien, sa langue maternelle était l'espagnol du XVe siècle, mais, tout jeune, il sut s'exprimer en français et en allemand. Naïf et malin, animé d'un optimisme et d'une gaieté sans faille, d'un sens de la famille quasi religieux et d'un goût inépuisable pour la nourriture, il traversa les guerres balkaniques, l'écroulement de l'Empire ottoman et les deux guerres mondiales.
À partir de documents historiques et personnels, Edgar Morin, son fils, restitue ici son histoire irremplaçable, celle des hommes et femmes de sa famille, celle d'un XXe siècle marqué par la complexité des relations entre l'Orient et l'Occident.
C'est à la sociologie qu'Edgar Morin consacre ici la réflexion entreprise dans Science avec conscience sur la possibilité d'une connaissance qui ne soit ni mutilée ni arbitraire. La sociologie doit-elle prendre pour modèle les sciences de la nature? Comment peut-elle fonder scientifiquement les notions d'acteur, de sujet, d'autonomie, de liberté, d'invention? Comment concevoir la société sur le modèle de l'auto-éco-organisation et y intégrer la part de mythe qui est dans sa nature même?
Edgar Morin pousse la réflexion de la sociologie sur elle-même jusqu'à une sociologie de la sociologie. Le sociologue, en effet, ne passe pas impunément de l'individu au groupe, de la classe à l'Etat-nation. Autant de points de vue qui le contraignent à intégrer la dimension historique, à interroger l'événement imprévu. Tel est le propre des diagnostics sociologiques du temps présent auxquels se livre Edgar Morin à propos de l'automobile, du cinéma, de la mode, de l'écologie ou de la crise étudiante. Avec toujours l'aller et retour du micro-social au macro-planétaire qui brise les isolements réducteurs et restitue l'unité complexe.
Minutieuse anthologie des démarches plurielles de la sociologie, ce livre est la Somme sociologique d'Edgar Morin.
La modernité et la condition juive ne peuvent plus s'abstraire l'une de l'autre : voilà le constat dressé par Edgar Morin. La stricte catégorie de « juifs » est impuissante à définir ces citoyens des nations qui ont intégré les fondements théoriques humanistes : ils sont devenus, politiquement et culturellement, des « gentils ». Or l'identité de judéo-gentil est formée de deux éléments qui se complètent et se contredisent. C'est dans une perspective historique qu'il faut en saisir l'élaboration : de l'antijudaïsme chrétien au marranisme, de l'antisémitisme racial au sionisme, le tissu des rapports entre les juifs et leur environnement a composé cette identité complexe, dissonante mais réelle. Aujourd'hui, alors que s'évanouit le rêve universaliste, s'affirme la tentation d'un judéo-centrisme qui fournit en arguments ses propres détracteurs.
Journal de californie invité fin 1969 au salk institute for biological studies à san diego, e.
Morin plonge dans la californie, " terre en transes ", " tête chercheuse du vaisseau spatial terre ". l'originalité de ce journal est dans le tourbillon qui active et fait communiquer, à un pôle la californie et les etats-unis à un moment crucial de leur histoire, à un autre pôle le destin singulier de l'auteur, à un troisième pôle les problèmes fondamentaux de la connaissance de l'homme et de la vie.
C'est ce mouvement même qui constitue le journal de californie.
Sa mort a restitué au communisme toute sa dimension historique. Ce n'est plus seulement l'énorme bureaucratie totalitaire des dernières années. C'est l'aventure humaine la plus importante du XXe siècle. Edgar Morin y est entré en pleine guerre, à vingt ans, avant Stalingrad, puis a connu le doute en 1946, le déchirement en 1947, l'exil intérieur en 1949 puis le rejet en 1951. Sans cesser d'en voir le caractère monstrueux, ce livre témoigne d'une gigantesque tentative pour changer le monde, de l'espérance apocalyptique portée par des militants capables de sacrifier leur vie et leur honneur. Il nous montre comment l'Appareil peut faire du même être un héros ou un monstre, un martyr ou un bourreau. Il donne à voir le destin extraordinaire d'une Croyance qui s'est crue scientifique, et qui fut en fait la grande Religion du Salut terrestre, issue de toutes les aspirations bafouées par nos sociétés et nourrie de tous les idéaux de la culture européenne. Ce livre demeure unique comme compréhension du communisme à partir de l'expérience historique et de l'expérience intérieure.
La philosophie, la morale, la biologie, le vécu quotidien sont entrés dans le champ politique.
La politique ainsi éclatée est en crise.
Ce livre apporte les principes d'une politique multidimensionnelle, en même temps qu'il constitue une mise en garde contre les illusions de la fin des idéologies et de la fin de l'histoire. la crise universelle du développement est aussi celle de notre monde occidental qui s'est sous-développé moralement, intellectuellement, dans et par son propre développement technologique.
Nous sommes encore dans la préhistoire de l'esprit humain et toujours dans l'âge de fer planétaire. mais c'est à partir de là que nous pouvons trouver ce qui nous indique la possibilité d'un nouveau commencement.
- Voici le chemin d'un homme.Voici la pensée qui s'est formée au cours de ce cheminement et qui a produit une oeuvre majeure.Ce parcours fut continu, accompli dans une curiosité jamais assouvie, un questionnement permanent, un lien inséparable entre la vie et l'oeuvre, une lente gestation de la pensée complexe, mais il fut discontinu dans les recommencements et les renaissances qui ont scandé sa vie tous les dix ans.Ce livre d'entretiens accordés par Edgar Morin à Djénane Kareh Tager montre l'unité d'une oeuvre à travers sa diversité, l'unité d'une vie à travers ses vicissitudes.Dans Mon chemin, c'est l'homme qui parle, sans dissimuler ses émotions ni ses passions. Il nous dit sa propre expérience de la vie, de l'amour, de la poésie, de la vieillesse, de la mort.
- Directeur de recherche émérite au CNRS, est docteur honoris causa de plusieurs universités à travers le monde. Son travail exerce une forte influence sur la réflexion contemporaine, notamment dans le monde méditerranéen, en Amérique latine, et jusqu'en Chine, en Corée et au Japon.Djénane Kareh Tager est journaliste.
La première édition de cet ouvrage a paru en 1981 aux Éditions Fernand Nathan sous le titre Pour sortir du XXe siècle. Une seconde édition en poche a paru au Seuil en 1984. La présente édition en reprend le texte intégral augmenté d'une préface inédite d'Edgar Morin sous le titre Pour entrer dans le XXIe siècle.
Le Siècle qui s'est écoulé a été marqué par des échecs de civilisation douloureux et répétés : aucune révolution n'est parvenue à « humaniser » l'homme et toutes n'ont produit qu'illusions et souffrances. Il s'agit donc de sortir du XXe siècle et d'entrer dans un siècle nouveau.
L'auteur montre comment, malgré l'effondrement des idéologies, nous sommes toujours les victimes des pensées « totalitaires », « manichéennes », sans nuance ni souci de la vérité.
Il s'agit d'une généalogie des grandes idéologies, illusions et erreurs du XXe siècle.
Nous approchons de l'an 2000.
Nous ne savons jamais ce qui arrive, et c'est cela qui nous arrive. comment voir, savoir, prévoir ? que croire, qui croire, peut-on encore croire ? nous devons comprendre que nous sommes, non aux portes de l'âge d'or, mais au coeur de l'âge de fer planétaire, non dans l'ère des lumières mais dans la préhistoire de l'esprit humain. que dans l'agonie du siècle, crise, progression, régression, révolution se mêlent, muent et se transmutent les unes dans les autres.
Que notre mode de penser nous aveugle plus qu'il nous éclaire, en mutilant, fragmentant, dissociant le réel. n'est-il pas vital, aujourd'hui, de réviser nos croyances, nos conceptions, nos méthodes ?.
le sixième volume de " la méthode " constitue le point d'arrivée de la grande oeuvre d'edgar morin, traduite dans de nombreux pays.
cette oeuvre a fait de la complexité un problème fondamental à élucider; au fil du temps, elle a fait école et suscité un mouvement pour " réformer la pensée ". cet ultime volume, le plus concret et, peut-être, le plus accessible, s'attelle à la crise contemporaine, proprement occidentale, de l'éthique, la soumettant à un examen à la fois anthropologique, historique et philosophique. si le devoir ne peut se déduire d'un savoir, le devoir a besoin d'un savoir.
la conscience morale ne peut se déduire de la conscience intellectuelle, mais elle appelle la pensée et la réflexion. d'où la pertinence du précepte moral de pascal: " travailler à bien penser ". faire son devoir n'est souvent ni simple ni évident, mais incertain et aléatoire: c'est pourquoi l'éthique est complexe. au-delà du moralisme, au-delà du nihilisme, l'auteur, plutôt que de céder à la prétention classique de fonder la morale, cherche à en régénérer les sources dans la vie, dans la société, dans l'individu, l'humain étant à la fois individu, société et espèce.
il traite des problèmes permanents mais sans cesse aggravés de la relation entre éthique et politique, science et éthique.