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Montréal, décembre 1989. Un matin comme les autres à Polytechnique. Soudain, en plein cours, un jeune homme fait irruption dans une salle, et tout bascule. Il sort de son sac un fusil, abat toutes les filles de la classe, et va poursuivre son carnage dans les couloirs de l'école. Il ne vise que les femmes. Au total, il en tuera quatorze, avant de retourner l'arme contre lui.
Pourquoi cette folie meurtrière, chez un garçon apparemment sans histoires ? Par haine des féministes. Elles lui ont - écrivait-il avant de se tuer - gâché la vie...
A partir d'un fait divers qui traumatisa le Québec, Elise Fontenaille dresse le portrait d'un enfant brûlé. Et ausculte une société qui en moins d'une génération est passée cu catholicisme tout-puissant à un féminisme triomphant, non sans heurts. -
Depuis que je suis revenu dans la fumerie, j'ai cessé de souffrir, je vis reclus dans mon palais de mémoire. Les yeux clos, l'embout brûlant entre les lèvres, je vois Jade tel qu'il m'apparut en ce jour lointain, à la grande chasse d'automne, son faucon sur un bras...Dans les limbes d'une fumerie d'opium, le jésuite Artus de Leys, déserté par la foi, déchiré par l'amour, hésite entre le réconfort de l'oubli et la douleur du souvenir. L'homme qu'il aime n'existe plus que dans son esprit, et pour l'y faire revivre sans cesse, Artus bâtit un édifice imaginaire hérité d'un art antique : un palais de mémoire.
Au fil des « pièces » qu'il y ajoute, il se revoit arrivant en Chine pour former les jeunes lettrés de la Cité interdite à l'invitation de l'empereur Kangxi. Il revisite sa vie parisienne, convoque ses amis d'antan. Il chevauche à travers la Mandchourie au côté de Jade, son élève bien-aimé, prince qu'il initie à l'ars memoriae et à la foi chrétienne. Mais Artus ne peut repousser le souvenir du tour funeste que prendra leur passion, sous peine de voir s'effondrer son palais de mémoire...À travers ce conte tourmenté, exquis, Élise Fontenaille entraîne le lecteur sur des chemins intellectuels, spirituels et sensuels, dans un voyage hypnotique. -
« Pourquoi sortir l'affaire des disparues de Vancouver au moment des Jeux Olympiques ? parce qu'elle en est le négatif absolu ... D'un côté, les cimes, la blancheur, la glace, l'exploit, la vitesse, les corps vainqueurs, sublimés, venus du monde entier, ce que Vancouver veut montrer au monde, une image rêvée...De l'autre, la noirceur, un gouffre au coeur de la ville - le downtown eastside - les corps vaincus, prostitués, détruits, drogués, les Indiennes - ce sont en effet les trois-quarts des filles de Skid Row - l'échec, la mort, tout ce que l'on voudrait cacher. Le monde entier va parler de Vancouver, en février 2010 : Les Disparues de Vancouver, c'est une autre façon de parler de cette ville, à travers ce fait-divers terrifiant, qui est avant tout un fait de société, glaçant, révélateur du sort que l'Amérique du Nord réserve à ses Indiens... On peut parler d'un génocide, Les Disparues de Vancouver sont une métaphore de ce massacre, sur lequel l'Amérique s'est bâtie, du nord au sud. Affaire qui continue d'ailleurs, puisque d'autres filles ont disparu du downtown eastside, neuf à ce jour, depuis l'arrestation de Pickton le boucher ». E.F.
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« J'avais enfin quitté la marchande de sommeil, et trouvé pour quelques jours refuge à Vincennes, non loin de la tour où le marquis de Sade passa quelques années chez un ami d'ami parti en voyage, mais décidément Paris m'était impossible : jamais je ne trouverais un bail, personne ne voudrait louer ne serait-ce qu'un studio à un écrivain sans le sou, et surtout sans fiche de paye - le sésame des temps modernes -, il me fallait repartir, au hasard Balthazar, encore une fois. »Forcée de quitter son domicile parisien, Élise, double littéraire de l'auteur, se débarrasse de tout ses biens, y compris de ses livres. Affranchie du matériel, elle vit au jour le jour, s'en remettant à ses désirs, à sa curiosité d'esprit, et à la bonté d'étrangers. Chaque décision devient une épreuve, où l'heureux dénouement le dispute au tragique.
D'une bicoque à Saint-Nazaire à une plage guyanaise, d'une marchande de sommeil à un flic-écrivain, d'amitiés solides en relations virtuelles, d'étreintes tarifées aux blessures amoureuses, de nuits à la belle étoile à l'enfermement dans un cloître : Élise va et vient, bousculée par le hasard, débordée par ses choix, chahutée par ses rencontres.
Ce livre, écrit sur le fil, comme un numéro d'équilibriste - un fil tendu par l'urgence, la nécessité, et un goût certain du risque -, rend compte magnifiquement de la fragilité de l'existence. -
Un dimanche matin glacial de janvier, dans Paris déserté,Eva se rend au commissariat. Elle n'a pas fermé l'oeil de la nuit; Adama a fait le siège de son appartement.
Eva et Adama se sont aimés.
Un amour fou. Une passion compliquée.
Tout les séparait.
Eva est une lle de l'aube plutôt solitaire, Adama, un oiseau de nuit connu du Tout-Paris. Elle est aussi petite, ronde, blonde et blanche qu'il est grand, noir et sculptural. Eva est foudroyée par leur rencontre, émerveillée par leurs différences, fascinée par cet homme sans attaches, qui ne possède rien et semble ne vivre qu'au présent. Mais passés les premiers mois d'aveuglement, le mystère s'estompe pour révéler, derrière sa stupéfiante beauté, une autre facette d'Adama. Adama boit, Adama la trompe, Adama vit des femmes qu'il rencontre, Adama sait-il seulement aimer ?
Élise Fontenaille, à travers Eva, son double littéraire, met à nu le coeur d'une femme amoureuse, incendiée par sa passion pour un pharaon aux pieds nus. Un texte généreux et sans fard, où alternent révoltes et colères mais aussi moments d'intimité empreints d'une profonde tendresse. -
Malina est cuisinière. Ses inventions culinaires hésitent entre le fondant de sauge, la cendre mouillée, la tête ocellée du paon, les animelles baveuses. On l'aura compris : c'est une extravagante aux fourneaux. D'elle-même, elle dit : "Mon palais est une chambre d'écho. La moindre saveur résonne. " Malina habite le Palais de la Femme, un ancien couvent reconverti à la Révolution en "bordel pour jacobins" que surveille le dernier eunuque de la Cité interdite. Mais voilà, quand on ne sait que cuisiner, et que l'on revient du Japon où Malina fut éminceuse de fugu, que faire à Paris...
Malina s'associe donc avec le bel Aldébarran, au visage ocre de Pharaon, à la coiffure de Gorgone, à la peau chamoisée, au ventre si plat que les femmes se disputeront le privilège de manger par-dessus "La cuisine est un art difficile, proche de l'assassinat".
Dans cette comédie des sens, Elise Fontenaille affole le goût du lecteur en mots brefs et fruités.
Elise Fontenaille, née à Nancy en 1960, est l'auteur d'un premier roman, La Gommeuse (Grasset, 1997). -
Comme une guirlande autour d'une figure centrale, solaire et obscure à la fois - la soeur perdue de la narratrice -, la structure de ce livre est pareille à une ronde. Blanche, la narratrice, a vu sa soeur devenue schizophrène passer de l'autre côté du miroir. Elle se reproche alors d'avoir toujours négligé sa soeur, de l'avoir oubliée. Blanche se cherche aux quatre coins du monde, de Vancouver à Nancy, de la place Pigalle à la place du Capitole, du Wepler à un café anonyme. Blanche voudrait tout simplement mieux savoir qui elle est. Elle confesse ses amis, ses confidentes, ses presque amoureuses. A Vancouver, Jane l'emmène se promener le long de l'océan. A Nancy, elle échappe à l'obscure maison familiale par la vision des Naïades de Nancy Thermal. Le seul homme présent dans cette ronde des filles (Line, Maria, Eva, Isabelle, Jane, Brigitte, Anaïs, Nejma, Juliette, Gaëlle, Mado... et les autres), c'est Antonio qui aime Blanche mais se joue d'elle, figure d'un père moqueur, sensuel, trompeur. Demain les filles on va tuer papa est un récit d'introspection qui se nourrit des autres, un drame traité avec légèreté, une autobiographie éclatée.
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1783, année folle.
Le marquis de sade est emprisonné à vincennes sans espoir d'être libéré ; au palais-royal la conversation légère l'emporte sur les souffrances du peuple : les frères de montgolfier veulent échapper aux lois de la pesanteur. l'attraction terrestre est aussi celle des coeurs comme des esprits. juliette, chroniqueuse au journal de paris, dont le coeur balance entre le scientifique pilâtre de rozier et le gastronome fantasque grimod de la reynière, veut être la première femme à survoler paris en aérostat.
Et pourquoi pas libérer sade ? parviendra-t-elle à ses fins ? la révolution des nuages annonce bien la révolution française elise fontenaille réinvente en riant le libertinage et le roman historique.
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« Je connaissais les fumeries de Vienne et de Paris, bouges de pacotille pour mondains avides de se souiller. J'y venais surtout pour me rassasier de femmes du monde, livides et masquées, vautrées sur des sofas, dont on pouvait jouir vite et sans honte ; dans la brume poisseuse du matin, elles feindraient d'avoir tout oublié. Dans ce galetas de Vancouver, c'est la misère qui gisait, de corps en corps, la misère et l'effroi, et l'ombre de la mort. Je n'étais plus sûr de rien. » A la fin du siècle dernier, Isidore, un jeune médecin, quitte la France pour Vancouver et les Iles de la Reine Charlotte, au large de la Colombie Britannique : avec lui, treize orphelins, treize « enfants-vaccine » qui porteront sur leur corps le remède à la mort rouge, la terrible variole. Venue d'Europe avec les chercheurs d'or, elle décime les peuplades indiennes du Nord de l'Amérique. Lorsqu'Isidore parvient aux Iles, il est trop tard. Meurtri par le sentiment de sa propre impuissance, sauvé du désespoir par la jeune Indienne Lâlâ, aussi volubile qu'il est muet, il échoue dans une fumerie d'opium : c'est là, dans ce lieu où ne pénètre pas la lumière du jour, qu'il rencontre Frantz, un anthropologue viennois. Abandonnant la vie réelle pour l'ivresse du souvenir, il se confie à lui, entre deux rêves, entre deux bouffées d'opium.
Ce roman, entre réalisme et fantastique, nous emmène successivement dans les campagnes françaises du dix-neuvième siècle aux croyances obscures, et dans la Rain Forest, ces forêts d'arbres immenses, forêts vivantes où demeurent, éternelles, la sagesse et la magie du monde indien, où grimacent encore les masques et les totems d'une civilisation disparue. -
{La Gommeuse} est un premier roman, une fable d'aujourd'hui. Mais qui donc est la "gommeuse" ? Une jeune femme qui travaille dans un hammam, parmi les corps nus, dans la vapeur. Avec son gant - qui jouera un rôle inquiétant - elle frotte le corps des femmes avant le massage. Notre gommeuse, qui a deux noms : Jeudi et Phurbu (née un jeudi en népalais), vit seule au hammam, dans une chambre au-dessus des salles d'eau. Elle se cache. Elle est née de père inconnu, et sa mère qui était sherpa est morte au fond d'une crevasse, au cours d'une expédition, quand Jeudi était toute petite. Dans son village, sa mère était une paria ; à sa mort, la tribu a rejeté l'enfant. Les hommes de l'expédition l'ont donc ramenée avec eux en France. L'un d'eux a tenté de l'adopter. Rebelle, la petite fille a été envoyée en pension. Phurbu en veut aux adultes, elle a pris le nom de Jeudi - c'est son nom de guerre. Avant le hammam, elle avait des aventures avec des hommes qu'elle suivait dans la rue. Mais depuis qu'elle est devenue gommeuse, elle vit dans ce monde clos, elle y travaille et s'y cache. Jusqu'au jour où Phurbu rencontre Lucie, une fillette solitaire...
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Brumaire, an II, jour de la Herse. Le conventionnel Balthasar quitte Paris pour les Pyrénées, avec la mission d'y mater une révolte de nobles et de prêtres : brûler les objets de culte, fondre les cloches des églises en canons, marier les prêtres, substituer au christianisme le culte de la déesse Raison ! Derrière lui, couchée dans une carriole, une guillotine.
Mais la région n'est pas seulement rebelle, elle est obscure : le soir, dans les masures ou dans les champs, les citoyens ont d'étranges pratiques, et dans les églises, les christs de bois saignent parfois. Rien n'y fait : ni les graines d'hellébore, ni la lecture des Hommes illustres de Plutarque - Balthasar aussi perd la tête. Diableries ? A moins que le Représentant de la Raison ne soit atteint par sa propre fureur révolutionnaire...
A Sainte-Marie-sur-l'Adour, que Balthasar s'empresse de rebaptiser Rousseau-sur-l'Adour, le seigneur des lieux se cache. Au château, c'est sa fille, Constance, brune, les yeux en fente, qui accueille Balthasar. Sèchement. Pour prix de cette froideur, quand Balthasar fera arrêter le père. Il réclamera, contre sa tête, la vertu de la fille...
De l'histoire vraie de son ancêtre Jean-Baptiste Cavaignac, « régicide, chargé en 1793 des Brûlements dans le Sud-Ouest », père de Godefroy, le révolutionnaire de 1832, et de Louis-Eugène, le bourreau de 1848, Elise Fontenaille tire un récit singulier, mêlant aux teintes d'un conte hoffmanien les couleurs d'une chanson de geste, à la gravité tragique d'un temps de Terreur la drôlerie et l'énergie que connaissent bien ses lecteurs. -
Il est une chose dont peu se souviennent, c'est que l'Allemagne fut une puissance colonisatrice. De 1883 à 1916, elle occupa ce qu'on appelait alors le Sud-Ouest africain, l'actuelle Namibie. Il en est une autre que beaucoup ignorent, c'est que cette colonie fut le théâtre du premier génocide du XXe siècle. Un génocide oublié, occulté même, car le premier rapport officiel - le fameux Blue Book - sur le massacre des Hereros et des Namas fut soustrait à la connaissance du public en 1926.
Élise Fontenaille-N'Diaye, alors qu'elle enquêtait sur son aïeul, le général Mangin, a retrouvé ce rapport disparu. Dès lors, elle se devait de raconter.Si ce livre vise à ranimer le souvenir de cette sombre page de l'histoire du colonialisme, il ne se veut pas un ouvrage de spécialiste. L'auteur y donne son point de vue d'écrivain, son point de vue personnel.Quelque part entre le désert du Kalahari et la presqu'île de Shark Island, au large de Lüderitz, s'est déroulée une macabre répétition générale, préfiguration des exterminations à venir.