Comment rendre compte de l'adhésion au nazisme des dizaines de millions de femmes et d'hommes « ordinaires », allemand·es et autrichien·nes, qui lui ont apporté leur soutien des années durant ?
La quête d'épanouissement personnel encouragée par le régime, qu'il s'agisse d'aventures érotiques, des liens affectifs de l'entre-soi forgés dans les organisations nazies ou de la vie conjugale, a contribué à la cohésion interne de la société nazie. C'est l'une des hypothèses fortes de ce livre d'une grande originalité.
Car la sexualité, l'intime et la politisation des désirs ont été au coeur de l'entreprise nazie. C'est ce que montre Elissa Mailänder, en s'appuyant notamment sur l'analyse d'une masse d'archives (dont certaines privées) relatives à la sexualité, aux amitiés, à la vie amoureuse et conjugale des individus de la société majoritaire nazie - « aryens » et hétérosexuels.
Ainsi se dévoile au ras du sol, à l'échelle locale et privée, la construction d'une communauté raciste, hautement politisée, ségrégationniste et violente.
Le genre et la masculinité ouvrent des perspectives nouvelles pour comprendre la société nazie et le nazisme en guerre. La période allant des années 1930 aux années 1950 fit coexister des contraintes sexuelles fortes et des formes genrées de violence avec l'ouverture de nouveaux espaces d'expérimentation et de liberté sexuelle. En première ligne, en tant que combattants, conquérants et colonisateurs, les hommes allemands et autrichiens se trouvèrent placés au c½ur de ces mutations genrées.