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Enard Mathias
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Dans son appartement viennois, Franz Ritter, musicologue épris d'Orient, chercheen vain le sommeil, dérivant entre fièvre et mélancolie, songes et souvenirsqu'habitent les images de l'insaisissable Sarah, spécialiste de l'attraction du GrandEst sur les aventuriers, les savants, les artistes occidentaux.Ainsi se déploie un monde d'orientalistes animés d'un désir de découvertes quel'actualité contemporaine vient gifler. Et l'écho de leur élan brisé résonne dansl'âme des personnages comme il traverse le livre.Roman nocturne, enveloppant et musical, tout en érudition généreuse et humourdoux-amer, Boussole est une déclaration d'admiration, une quête de l'autre ensoi et une main tendue - comme un pont jeté entre l'Occident et l'Orient, bâti surl'inventaire amoureux de siècles de fascination et d'influences indélébiles, pourtenter d'apaiser les feux du présent.
« J'ai souhaité rendre hommage à tous ceux qui, vers le levant ou le ponant, ont été à tel point épris de la différence qu'ils se sont immergés dans les langues, les cultures ou les musiques qu'ils découvraient, parfois jusqu'à s'y perdre corps et âme. »Mathias Enard. -
Le banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs
Mathias Enard
- Audiolib
- 20 Janvier 2021
- 9791035404673
Pour les besoins d'une thèse sur « la vie à la campagne au XXIe siècle », l'apprenti ethnologue David Mazon a quitté Paris et pris ses quartiers dans un modeste village fictif au bord du Marais poitevin. Logé à la ferme, bientôt pourvu d'une mob propice à ses investigations, s'alimentant au Café-Épicerie-Pêche et puisant le savoir local auprès de l'aimable Maire - également fossoyeur -, le nouveau venu entame un journal de terrain, consigne petits faits vrais et moeurs autochtones, bien décidé à circonscrire et quintessencier la ruralité.Mais déjà le Maire s'active à préparer le Banquet annuel de sa confrérie - gargantuesque ripaille de trois jours durant lesquels la Mort fait trêve pour que se régalent sans scrupule les fossoyeurs - et les lecteurs - dans une fabuleuse opulence de nourriture, de libations et de langage. Car les saveurs de la langue, sa rémanence et sa métamorphose, sont l'épicentre de ce remuement des siècles et de ce roman hors normes, aussi empli de truculence qu'il est épris de culture populaire, riche de mémoire, fertile en fraternité.
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Au coeur d'un maquis méditerranéen surgit un homme fourbu et sale. Soldat inconnu échappé d'une guerre indéterminée, il semble fuir sa propre violence dans le hors-champ des batailles. Une rencontre le force à recalculer sa trajectoire et sa notion du prix d'une vie.
Aux alentours de Berlin, à bord d'un petit paquebot de croisière, le 11 septembre 2001, un colloque rend hommage à Paul Heudeber, génial mathématicien est-allemand, rescapé de Buchenwald, antifasciste resté loyal à son côté du Mur de Berlin, malgré l'effondrement de l'utopie communiste.
De la tension entre ces deux récits s'élève, comme par une sorte de magie - poétique, spatiale, mathématique -, tout ce qui se joue, en amour comme en politique, entre l'engagement et la trahison, entre la fidélité et la lucidité, entre l'espoir et la survie.Les phrases tirées de l'Evangile le sont dans la traduction de Frédéric Boyer (Gallimard, 2022), le quatrain d'Omar Khayyam est traduit par Gilbert Lazard (La Différence, 1995). -
A Tanger, un adolescent libre penseur, assoiffé de liberté, connaît ses premiers émois avec sa cousine Meryem. Surpris par ses parents, pudibonds, obsédés par les questions d'honneur, de morale et de qu'en dira-t-on, il se fait rouer de coups, ce qui le décide à fuir et à vivre dans la rue, puis à traverser la Méditerranée. De Tanger à Barcelone, un roman d'apprentissage contemporain, l'épopée d'un jeune homme sauvé par son amour des polars noirs et des poètes orientaux.
Othmane Moumen insuffle un puissant symbolisme à ce récit mêlant conte oriental et document contemporain. -
Mai 1506, Michel Ange débarque à Constantinople. A Rome, il a laissé inachevé le tombeau que lui a commandé Jules II, au risque de s'attirer la colère de ce pape particulièrement irascible. Mais comment résister à l'invitation du Sultan Bajazet, qui veut lui confier la conception d'un pont enjambant l'estuaire du Bosphore, la Corne d'Or ? Pont entre deux rives, mais aussi entre deux mondes, deux civilisations... Une évocation fascinante et raffinée de ce moment où la Renaissance esquisse avec l'Orient byzantin un sublime rendez-vous, hélas manqué.
L'interprétation de Thibault de Montalembert épouse toutes les nuances de ce récit qui mêle fastes révolus et ambiguïtés politiques.