Figure majeure du jeu vidéo depuis bientôt quarante ans, Hideo Kojima a dès sa première création, Metal Gear, initié un genre entier, le jeu d'infiltration, qu'il réinventera sans cesse dans les épisodes suivants, les Metal Gear Solid. Sorti avant la crise du COVID-19, son dernier jeu, Death Stranding ne ressemble à rien de connu, tout en résonnant pleinement avec notre présent, le joueur y incarnant un livreur bravant un environnement devenu toxique, afin d'apporter leurs colis à des humains terrés dans des bunkers connectés. Hideo Kojima a fait du jeu vidéo son mode d'expression. Alimentées par sa culture filmique et littéraire, ses oeuvres ébranlent le joueur, le poussent à s'investir émotionnellement et mentalement. Hideo Kojima, aux frontières du jeu est une plongée dans un univers adulte et complexe, aux procédés à la fois spectaculaires et expérimentaux, qui questionnent notre place face au jeu et notre positionnement social, tout en brisant les barrières entre mondes réel et virtuel, cinéma et jeu vidéo, rire et tragédie.
Lana et Lilly Wachowski sont essentiellement connues pour avoir réalisé en 1999 Matrix, l'un des films majeurs de la transition entre le XXe et le XXIe siècle. Dans ce film comme dans tous leurs autres, les deux soeurs inventent de nouvelles manières de penser et de concevoir le septième art tout en évoluant dans le cinéma mainstream. Derrière la variété des genres abordés (film noir, science-fiction, adaptation de manga, space opera,...), l'oeuvre des Wachowski est d'une grande cohérence thématique et humaine, que chaque nouvelle pièce vient renforcer. De Bound à Cloud Atlas en passant par la série Sense8, leurs créations sont liées par un engagement commun : accomplir son émancipation personnelle.
Cette quête d'émancipation que l'on suit à l'écran depuis deux décennies fait écho à l'histoire intime des deux soeurs, avec en point d'orgue leurs transitions de genre. Ce qu'elles sont, et ce qu'elles créent, sont pour Lana et Lilly Wachowski les deux faces d'une même pièce. Elles nous invitent à trouver dans les films des beautés et des vérités qui nourrissent positivement notre identité, nos valeurs, nos luttes, comme elles-mêmes ont su le faire. Dans leur expérience personnelle du cinéma hollywoodien, il est question de courage, de confiance, d'élévation ;
De cette transcendance dont l'art peut se faire le vecteur.
En moins de quinze ans, J. J. Abrams s'est imposé comme l'une des figures phares d'Hollywood. Créateur de séries qui ont redéfini le genre (Alias, Lost et Fringe), réalisateur à la tête d'énormes franchises (Mission Impossible, Star Trek et Star Wars), et producteur de renom via sa société Bad Robot, il est devenu le nouvel homme-orchestre du cinéma américain, s'inscrivant ainsi dans la lignée de son mentor Steven Spielberg.
Son oeuvre est traversée par l'idée fixe de la réinvention. Quels que soient les différents noms qu'on lui donne - reboot, remake, reprise, hommage -, il s'agit toujours pour lui d'interroger la question de l'héritage du cinéma. J. J. Abrams ou l'éternel recommencement explore à quel point l'histoire cinématographique est une boucle, et cherche à répondre à cette question : comment dépasser ses modèles tout en marchant dans leurs pas ?
De son surgissement, incarné par Mel Gibson, à sa renaissance, portée par Tom Hardy et Charlize Theron, la saga Mad Max a traversé pied au plancher quatre décennies de cinéma. Peuplée de formes hybrides, elle se nourrit de mutations successives, passant du film fauché au spectacle total, du nihilisme à la fragile lueur d'espoir. Chacun des quatre films remet les compteurs à zéro et réinvente la saga. Pour nous alerter sur les catastrophes écologiques et sociales à venir, ils font des voitures des monstres qui consument les hommes en devenant un prolongement de leur chair et de leur âme. Dopée à l'adrénaline, noircie par la hantise de la dévastation, Mad Max souligne l'influence destructrice des hommes sur le monde. Mad Max, au-delaÌ€ de la radicaliteÌ est une plongée dans l'Å«uvre phare de George Miller, créateur lucide et ambitieux, qui espère prendre les hommes de vitesse pour ouvrir une voie vers un futur vivable.