Saint Bernard n'a pas fondé l'ordre cistercien, mais il a fait son succès. Pendant les deux derniers tiers du XIIe siècle, à travers l'Europe entière, va s'édifier le grand bâtiment, le vaste chantier issu de Cîteaux. Et saint Bernard en est bien le patron, le maître d'ouvrage dont la parole a gouverné, comme le reste, l'art. Parce que cet art est inséparable d'une morale, qu'il incarnait.Mais si la parole de saint Bernard eut cette force de persuasion, si la congrégation qu'il animait put édifier ce qui voulait être la représentation visible d'une éthique et si cet édifice exerça tant d'influence sur la culture européenne, c'est que le siècle attendait cette parole, cette exigence de rigueur, de renoncement et de dépassement.Car si la manière cistercienne de construire fut suscitée par l'enseignement de saint Bernard, elle le fut aussi par tout l'élan du XIIe siècle.
Dans la lignée des précédents volumes de l'Histoire artistique de l'Europe, consacrés au Moyen Âge, à la Renaissance et au XVIIIe siècle, ce livre sur le XVIIe siècle tente de mettre en lumière les grands axes et les tendances majeures de la création artistique en Europe, non pas sous la forme d'un récit chronologique traditionnel, mais sous celle d'essais thématiques combinant histoire culturelle, histoire sociale et histoire des formes.
Joël Cornette, dans "Le siècle du Léviathan", souligne l'âpreté des conflits militaires qui ont bouleversé l'Europe, les tensions croissantes entre l'exaltation de l'État et l'affirmation de l'individu, la vigueur de la reconquête catholique, ainsi que les progrès de l'éducation et de la science.
L'essai d'Alain Mérot, "L'art en Europe au XVIIe siècle", forme la charpente de l'ouvrage.
Il montre la naissance d'une vie artistique internationale, nourrie de voyages d'artistes, d'une abondante littérature d'art, voire de rivalités entre collectionneurs. Si les genres picturaux connaissent une diversification éblouissante, en dépit de la hiérarchie qui tend à s'établir, dans certains pays, sous l'influence des Académies, on assiste aussi au dépassement des frontières entre peinture, sculpture et architecture, dans le sillage du Bernin.
Alain Mérot appelle au rejet des étiquettes commodes de "baroque" et de "classique", au profit d'une appréciation plus fine des sensibilités nationales ainsi que des débats sur l'ornement et sur la règle. Il montre la variété des réponses, d'un artiste ou d'une école à l'autre, à des questions communes comme le rendu des effets de la lumière ou l'alliance de l'enseignement et de la séduction esthétique.
En contrepoint et en complément, quinze monographies, rédigées par des spécialistes internationaux, précisent le rayonnement européen d'un artiste majeur comme Caravage, évoquent le foisonnement des foyers artistiques dans les Pays-Bas méridionaux, dans les Provinces-Unies et en Espagne, font le point sur des formes artistiques particulièrement prisées au XVIIe siècle, telles que l'architecture militaire, le mobilier précieux, la tapisserie, les arts du spectacle, les fêtes et cérémonies ou la gravure d'interprétation, ou encore illustrent la prodigieuse croissance de Versailles et l'embellissement de Paris.
Il paraît aujourd'hui nécessaire de considérer l'histoire des arts dans l'ensemble de l'Europe - ce qui n'a jamais été tenté jusqu'ici sérieusement - en portant l'attention sur le rayonnement des pâles d'influence et sur les réseaux d'échanges dont le jeu a fait la cohérence et la singularité de l'art européen.
Un tel projet implique de mettre attentivement l'évolution des formes en relation avec celle de la société et des autres éléments de la culture. C'est pourquoi des historiens ont mené de concert avec des historiens de l'art cette vaste enquête. L'équipe des spécialistes qui s'est réunie autour de Georges Duby et Michel Laclotte est nombreuse et internationale puisqu'il importe, pour une histoire artistique de l'Europe abordée de cette manière, de diversifier les points de vue.
Ce volume dédié au Moyen Age s'ouvre sur un essai de Georges Duby, " Art et société ", qui en est la trame de base. Lui font suite des monographies, au nombre d'une quarantaine, qui prennent en compte une série de thèmes liés au champ artistique et culturel médiéval, de l'enluminure carolingienne et ottonienne à la musique polyphonique et au vitrail, des châteaux forts et palais princiers aux abbayes cisterciennes et aux cathédrales gothiques, de l'art des Vikings aux chefs-d'oeuvre de Duccio et de Giotto.
D'origine délibérément européenne et accompagné de commentaires qui se développent parallèlement aux textes, un ensemble iconographique riche de plus de trois cents documents vient éclairer et prolonger cette réflexion collective sur les formes, les significations et les destinées de l'art médiéval européen.
Saint Bernard n'a pas fondé l'ordre cistercien, mais il a fait son succès. Pendant les deux derniers tiers du XIIe siècle, à travers l'Europe entière, va s'édifier le grand bâtiment, le vaste chantier issu de Cîteaux. Et saint Bernard en est bien le patron, le maître d'ouvrage dont la parole a gouverné, comme le reste, l'art. Parce que cet art est inséparable d'une morale, qu'il incarnait. Mais si la parole de saint Bernard eut cette force de persuasion, si la congrégation qu'il animait put édifier ce qui voulait être la représentation visible d'une éthique et si cet édifice exerça tant d'influence sur la culture européenne, c'est que le siècle attendait cette parole, cette exigence morale, de rigueur, de renoncement et de dépassement. Car si la manière cistercienne de construire fut suscitée par l'enseignement de saint Bernard, elle le fut aussi par tout l'élan du XIIe siècle.
En 1987, Pierre Soulages accepte la commande que l'État lui propose : créer pour Conques les vitraux que mérite l'abbatiale, jusque là défigurée par des vitraux du début du siècle.
L'artiste a cherché à faire une oeuvre originale, jusque dans la création même de la matière, un verre spécial, pour obtenir exactement la couleur et la variation de la lumière qu'il souhaitait, tout en respectant l'architecture du bâtiment. Le résultat est saisissant.
Ce livre contient une préface de Georges Duby, ainsi qu'un texte du verrier Jean-Dominique Fleury. Une première partie, abondamment illustrée, présente un reportage photographique inédit sur l'abbaye (intérieur et extérieur) avec tous les vitraux en place, accompagné d'un texte de Christian Heck, historien d'art, qui célèbre l'accord entre les intentions des bâtisseurs et l'oeuvre de l'artiste contemporain. Une deuxième partie constituée des "notes de travail" de Pierre Soulages est illustrée par un reportage photographique (travail de recherche du verre idéal, dessins des cartons, etc.)