Steinlein, Bonnard, Toulouse-Lautrec, Valadon, Utrillo, Vallotton, Dufy, Laurencin, Kupka, Picasso, Modigliani...
Peu de fois dans l'Histoire une telle densité de talents si variés a cohabité dans un périmètre aussi restreint. Naturalistes, impressionnistes, postimpressionnistes, symbolistes, nabis, fauves, cubistes... tous choisissent la petite colline pour y développer leur art.
À la recherche de sujets réalistes, les naturalistes trouvent leur inspiration dans ses ruelles. Plus tard, ce sera pour sa lumière, pour ses bas loyers et ses bals populaires que Montmartre devient la destination des impressionnistes, puis des postimpressionnistes.
Les symbolistes et les nabis trouvent à Montmartre leur préférence pour l'art populaire. Anticonformistes, ils élèvent les arts dits mineurs au rang d'art et défient l'académisme avec des sujets marginaux : ouvriers, clowns, prostitués, tous deviennent protagonistes de leurs oeuvres.
Cet esprit de liberté qui anime la Butte séduit également des poètes et des musiciens comme Erik Satie , figure clé de la bohème montmartroise. La cohabitation des arts fait de cette colline un lieu exceptionnel et attire les artistes de toutes nationalités et de toutes générations, comme les fauves et les cubistes.
En 1907, le Bateau-Lavoir assiste à la création des Demoiselles d'Avignon, toile qui annonce l'art du XXe siècle. Le départ de Pablo Picasso de la Butte, vers 1910, marquera la fin d'un épisode unique dans l'histoire de l'art qui situe Montmartre comme le berceau des avant-gardes historiques.
Jean de la Croix avait une propension innée à se fondre dans le paysage, à ne pas laisser de traces. Cette tendance se manifeste explicitement dans ses oeuvres : on y trouve à peine quelques références autobiographiques concrètes. Il n'aimait ni parler de lui ni que l'on parle de lui.
Une autre difficulté pour ses biographes réside dans l'absence de témoignages et de sources documentaires vraiment fiables. Les Carmes déchaussés ont manifesté, dans les premiers temps de la réforme du Carmel, une tendance à exploiter son « potentiel dévotionnel », mais il n'y eut pas de véritable volonté de consigner des éléments historiques précis. Ce n'est qu'en 1614 - plus de vingt ans après la mort de Jean de la Croix - que le père général, José de Jesús María, presse les enquêteurs de recueillir des informations. Et ces témoignages, en vue des procès de béatification et de canonisation, il est indispensable d'en déterminer le degré de fiabilité, car ce qui importait à cette époque, aussi bien à ceux qui recevaient les dépositions qu'à ceux qui venaient déposer, c'était d'obtenir la béatification...
C'est à partir de ces difficiles matériaux de base que l'auteur tente cette approche biographique dégagée de toute préoccupation hagiographique. Le livre « est né d'autres études qui m'ont fait voir la nécessité de découvrir les données les plus fiables possibles pour retracer le cours de la vie de Jean de la Croix ». [Emilio J. Martínez González]