Karthala
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Le retour des rois ; les autorités traditionnelles et l'Etat en Afrique contemporaine
Claude-Hélène Perrot
- Karthala
- 1 Novembre 2003
- 9782845863439
Dans les années 1960, au lendemain des indépendances, le destin des rois en Afrique semblait scellé.
Qu'elles soient issues d'une longue dynastie ou qu'elles résultent d'une création coloniale, les royautés et les chefferies africaines, souvent accusées par les acteurs politiques d'avoir servi les intérêts des colonisateurs, paraissaient avoir perdu toute raison d'être dans le cadre des nouveaux États. Leur disparition n'était qu'affaire de temps. Les ouvrages de l'époque en firent l'incarnation de la " tradition " vacillant sur ses bases face à un État champion de la " modernité " triomphante.
Les deux pouvoirs étaient alors présentés comme radicalement étrangers l'un à l'autre. Aujourd'hui et depuis les années 1990, de grands changements sont survenus. Non seulement les autorités traditionnelles ont presque partout survécu, mais d'anciennes monarchies ont été restaurées par des chefs d'État républicains, tandis que de plus en plus fréquemment sont intronisés des fonctionnaires, hommes d'affaire, universitaires et autres membres de cette élite lettrée qui n'éprouvait jusque là aucune attirance pour la position de chef.
Les auteurs de ce livre, africains et européens, historiens pour la plupart, s'interrogent à la fois sur les raisons de cette étonnante et spectaculaire reviviscence et sur ses modalités, qui varie fortement d'un pays à l'autre. Quel statut juridique et quelles conditions financières sont faites par les gouvernants aux rois, de quelles ressources matérielles ceux-ci disposent-ils, qu'est-il advenu des assises spirituelles de leur pouvoir ? Et surtout, à qui profite cette renaissance, les rois en sont-ils les seuls bénéficiaires ? Ainsi constate-t-on qu'entre les deux pouvoirs se dessinent des rapports nouveaux, plus proches de l'interpénétration que de l'opposition.
Avec, en filigrane, une interrogation : comment la royauté peut-elle être moderne, et quelle sera-t-elle au XVIIIe-XIXe siècle ?
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Yves Person, un historien de l'Afrique engagé dans son temps
Becker Charles, Colin Roland, Liliane Daronian, Claude-Hélène Perrot
- Karthala
- 22 Mai 2015
- 9782811114121
Ce livre est issu du colloque tenu à l'IMAF en juin 2013 et consacré à l'oeuvre d'Yves Person. Il apporte des éclairages majeurs pour en faire ressortir à la fois les thématiques essentielles, les options méthodologiques significatives, les innovations remarquables et leur portée au regard de la pratique de la recherche et de l'enseignement de l'histoire dans le monde présent. Consacrés en grande partie à son ouvrage fondamental - Samori, une révolution dyula - les textes procèdent à une relecture de l'historien Yves Person, en soulignant l'originalité de sa conception et de sa pratique de l'histoire, que ce soit dans l'aire touchée par les conquêtes samoriennes, hors du champ samorien ou dans la prospection de nouveaux terrains, avec en particulier la mise en oeuvre des sources orales en histoire africaine. Ils rendent aussi compte des engagements d'Yves Person dans la défense des langues et des cultures minoritaires et soulignent l'intérêt de sa contribution pour l'étude des évolutions contemporaines dans l'Afrique des XIXe-XXe siècles. Les études apportées ici par des chercheurs de générations et de continents divers manifestent les influences exercées, en profondeur et sur la durée, par Yves Person dont la pensée plurielle et les engagements constants ont fait reconnaître et prendre en compte la richesse des diversités. Charles Becker, chercheur à l'IMAF, dont les travaux portent sur l'histoire africaine, le droit de la santé, l'éthique et la bioéthique en Afrique. Roland Colin, anthropologue, ancien directeur de cabinet de Mamadou Dia au Sénégal, auteur notamment de Sénégal notre pirogue au soleil de la liberté. Liliane Daronian, après une formation en sociologie, anthropologie, psychologie clinique, fut responsable de la Bibliothèque de recherches africaines. Elle est présidente de Coopération Arménie. Claude-Hélène Perrot a écrit, à partir de sources non écrites, l'histoire des Anyi-Ndényé et des Eotilé de Côte d'Ivoire avant la colonis
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Afrocentrismes ; l'histoire des africains entre Egypte et Amérique
François-Xavier Fauvelle-Aymar, Jean-Pierre Chrétien, Claude-Hélène Perrot
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 16 Août 2010
- 9782811104092
Troisième édition.
Il y a un demi-siècle, le chercheur sénégalais Cheikh Anta Diop posait la question de la négritude de l'Egypte et de l'antériorité des civilisations nègres. Aujourd'hui, c'est d'Amérique du Nord que nous viennent les échos d'une telle contestation de l'histoire écrite par les Blancs. Les thèmes en sont multiples. Ne serions-nous pas tous less enfants d'une Eve noire ? La première civilisation ne fut-elle pas africaine, rayonnant ensuite de son berceau égyptien jusque dans la Grèce classique ? L'objet de ce livre est de mieux connaître l'argumentation de ce courant dit afrocentriste, d'en discuter les sources et les méthodes, d'en comprendre les motivations et d'en analyser les réseaux, sans oublier ni les siècles d'oppression et de discrimination pesant sur la condition noire, ni les aspirations actuelles à une renaissance.
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Lignages et territoires en Afrique aux XVIII et XIX siècles ; stratégies, compétition, intégration
Claude-Hélène Perrot
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 1 Novembre 2003
- 9782845860469
Les Lignages sont présents partout en Afrique subsaharienne, et pas seulement dans les sociétés dites " lignagères " (ou encore segmentaires, acéphales etc.).
Dans les formations étatiques les lignages existent même si l'un d'eux, le lignage royal, prédomine. Aux XVIIIe et XIXe siècles, l'expansion des hommes dans l'espace - un espace peu densément peuplé, où les terres libres ne manquaient pas - a été dans une large mesure voulue et orientée par les lignages. S'accroître en nombre et étendre le TERRITOIRE contrôlé étaient les objectifs que ceux-ci ont poursuivi à travers des STRATÉGIES diverses, qui les mettaient en COMPETITION les uns avec les autres.
Nous voici loin de la vision généralement admise d'une histoire subie, soumise aux impératifs du milieu naturel et aux aléas des guerres dans laquelle on enferme généralement les peuples africains. Les huit auteurs réunis en ce livre ont au contraire mis en lumière dans les sociétés très diverses qu'ils ont étudiées les dynamismes internes qui font d'elles des sociétés " historiques " à part entière.
Dans la majorité des cas (cinq sur huit) le lecteur est conduit dans des sociétés non étatiques de Côte d'Ivoire, du Gabon et du Congo - Brazaville, là où naguère les historiens ne pénétraient pas, laissant la place aux ethnologues. Les études, apparemment plus classiques, consacrées aux Bamum du Cameroun, aux Baoulé et aux Anyi-Ndénye, constitués en unités de type étatique, doivent leur singularité au fait que les auteurs se sont résolument placés non pas " au sommet ", mais à la base de l'édifice.
Ces huit " historiens de terrain " qui ont oeuvré à partir des sources orales qu'ils ont eux-mêmes recueillies, puis confrontées et interprétées, ont en effet choisi un niveau d'observation original. Ils se sont placés au ras du sol, à l'échelle de simples unités lignagères, et non pas celle des grands ensembles, politiques ou " ethniques ", qu'affectionnent les historiens de l'Afrique - mais non ceux de l'Europe qui depuis quelque temps pratiquent ces " jeux d'échelle ".
Le cadre lignager est certes familier aux ethno-anthropologues qui sans hésitation appliquent à l'ensemble les règles, les normes qu'ils ont repérées dans l'unité de base. Ici se sont les inégalités internes qui saillent, car dans la pratique socio-politique ces stratégies, ouvertes à L'INTEGRATION d'éléments allogènes, rencontrent un succès inégal. Et ces inégalités sont justement à la source de leur mouvement interne, de leur dynamisme.