Que fait le film au spectateur ? D'abord il l'entraîne dans son mouvement, il le conduit vers ses espaces et ses personnages.
Le spectateur s'y inscrit, y prend corps. Et il devient le dépositaire du film, sa mémoire : si le film peut évoquer son propre passé, s'il peut jouer avec ses propres formes, les renouveler, c'est bien parce que le spectateur est là qui se souvient de ce passé et de ces formes. Ainsi le film se construit en construisant son spectateur. S'il élabore des espaces et des temps, ce n'est pas pour édifier des positions et des postures pour que le spectateur puisse, au propre, s'y retrouver : nous nommons configurations d'espaces-temps un tel ensemble d'espaces, de temps, de positions et de postures.
Mais un film ne s'y réduit pas : il en est, bien plutôt l'histoire. Et le spectacle auquel il nous fait assister, c'est bien celui de la construction d'une temporalité, d'une certaine façon de vivre le temps.
"Les textes rassemblés explorent notamment deux questions. La première concerne la série comme « tout », comme objet singulier : comment parler de l'unité d'un objet aussi morcelé, comment le saisir comme une oeuvre achevée ? La seconde touche à une éventuelle spécificité des séries : peuvent-elles se prévaloir d'une qualité narrative et esthétique distincte d'autres objets narratifs, romans, films, bandes dessinées ? De nombreux exemples sont proposés : Six Feet Under, Breaking Bad, 24 heures chrono, Battlestar Galactia, Law and Order, et bien d'autres sont examinées."
Comment se manifeste la subjectivité à l'intérieur du film ? De quelles façons l'auteur y est-il présent ? Une interrogation sur les manières dont le film porte trace du "je" qui le prend en charge selon trois approches : 1) des perspectives d'ensemble de modèles pour saisir le fait subjectif ; 2) une analyse des différents types de rapport à soi-même (confession, autoportrait...) ; 3) des études de cas où Kiarostami, Kurosawa et Duras sont mis à contribution.
Le cinéma de Jean-Luc Godard se pose sans cesse le problème de son inscription dans la société. Que dire de ce que nous vivons ? A qui s'adresser ? Et surtout quels sont les meilleurs moyens pour exprimer notre existence ? Ces questions racontent une oeuvre, dont l'auteur affirme avec force sa place dans l'espace commun. Il est celui dont le métier est l'art, celui, donc, qui doit témoigner.
Quand en 1932 le jeune André Kertész reçoit une commande du magazine Sourire pour des photographies de nu, il a l'occasion de réaliser un projet médité depuis longtemps : celui de photographier les images que renvoie un miroir déformant d'un corps de femme.
Il réalise ainsi un ensemble remarquable de photographies connues sous le nom de Distorsions. Ces images font immédiatement scandale. Interdites, censurées, elles sont rarement vues avant les années soixante-dix : le corps féminin y subit des transformations tellement surprenantes que le regard commun s'en trouve chaviré. Ce livre rassemble deux études à propos des Distorsions. Dans la première, Frédéric Lambert retrace le cheminement de leur invention, l'histoire des réactions qu'elles ont suscitées et en propose une interprétation informée par la psychanalyse.
Dans la seconde, Jean-Pierre Esquenazi fait de l'oeuvre de Kertész un modèle pour une esthétique de la photographie qui ne serait plus dépendante de la représentation, qui privilégierait la métamorphose et le jeu sur le temps et qui produirait des êtres fantomatiques mais porteurs de pensées intimes.