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Kveta Legatova
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Pour échapper à la Gestapo, une jeune doctoresse de Brno, en Moravie, va lier son destin à Joza, l'idiot du village, véritable force de la nature plus ou moins vendu par ses parents quand il avait quinze ans pour travailler dans une scierie. Elle va le soigner et le suivre dans ses montagnes pour devenir sa femme, quittant ainsi une vie pleine de promesses, des amis aussi brillants qu'elle-même, un amant bien en vue et une belle carrière. Elle va partager loin de la ville le quotidien frustre et terrible d'un peuple roublard, crédule et en proie aux passions simples de la chasse, des bagarres et de l'alcool. Un monde également marqué par une farouche indépendance, nourri de fables et peu enclin à se laisser envahir. L'occasion pour l'auteur de dresser une inoubliable galerie de portraits et de raconter l'histoire d'un miracle amoureux, comme en suspens au-dessus de la catastrophe européenne, ou deux êtres que tout sépare vont apprendre à s'aimer. Des années après la mort de Joza tué par un soldat de l'Armée rouge, Eliska raconte son histoire dans une narration impeccable.
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Zelary est un hameau perdu dans le massif des Beskides en Moravie du nord. Dans les neufs récits qui composent ce roman, situé dans les années 1920 et 1930, nous retrouvons les mêmes personnages : Zena, qui compte ses sous, le forgeron Joza, une force de la nature, Selda le coureur de jupons, Lucka, qui est sorcière et guérisseuse, Honza le bouffon, Helenka, qui suscite les miracles... La vie est difficile, à Zelary, elle est faite de passions simples qui se nouent dans la violence et se dénouent parfois dans la grâce. On assiste à l'accomplissement radieux d'une petite fille qui n'était pas aimée, au face à face du prêtre et de l'instituteur, l'un et l'autre livré à leurs démons intimes, à la fugue éperdue d'un orphelin " irrécupérable ", aussi fort qu'il sait être tendre, l'auteur multipliant les récits dans le récit, mettant au jour le glorieux grouillement de la vie simple.
Sous le réalisme implacable de ce texte, le lecteur ne tarde pas à percevoir une profonde compréhension, une sympathie pour ces gens éprouvés par le sort. On se laisse emporter, finalement, par la poésie sobre et profonde qui jaillit de ce roman.