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Marie Darrieussecq
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Je ne dors pas. J'ai perdu le sommeil. Il erre quelque part, loin de moi, comme une ombre. Ou, allez savoir, il fait la fête, et c'est moi l'ombre. Qui est-ce qui ne dort pas quand je ne dors pas ? L'insomnie croît comme le désert, à mesure que tombent les grands arbres. Et pendant ce temps, d'autres êtres ont les yeux ouverts. D'autres yeux regardent. L'insomnie se nourrit de ce sentiment confus : il y a autre chose. Alors pour dormir, j'ai tout essayé. M. D.
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être ici est une splendeur ; vie de Paula M. Becker
Marie Darrieussecq
- Folio
- Folio
- 14 Septembre 2017
- 9782072733758
Paula Modersohn-Becker est une peintre allemande de la fin du XIX ème siècle, célèbre enAllemagne et dans beaucoup d'autres pays au monde, mais à peu près inconnue en France bienqu'elle y ait séjourné à plusieurs reprises et fréquenté l'avant-garde artistique et littéraire. Néeen 1876 et morte en 1907 des suites d'un accouchement, elle est considérée comme l'une desreprésentantes les plus précoces du mouvement expressionniste allemand. Elle n'aimait pastellement être mariée, elle voulait peut-être un enfant - sur ce point ses journaux et ses lettressont ambigus. La biographie que lui consacre Marie Darrieussecq reprend tous les élémentsqui marquent la courte vie de Paula Modersohn-Becker. Mais elle les éclaire d'un jour à la foisféminin et littéraire. Elle montre, avec vivacité et empathie, la lutte de cette femme parmi leshommes et les artistes de son temps, ses amitiés (notamment avec Rainer Maria Rilke) et sondésir d'expression et d'indépendance.
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«Elle a peur qu'il lui demande des choses qu'elle ne pourrait pas. Des promesses. De l'argent. D'interminables engagements. Un peu d'argent, ça irait. Mais plus d'argent? Ou quoi d'autre? Il appelle pour demander quelque chose. Obligé. Pas pour faire la conversation.»Rose part en croisière avec ses enfants. Elle rencontre Younès qui faisait naufrage, et lui offre le téléphone de son fils. Rose est héroïque, mais seulement par moments.
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«Le directeur a été très gentil avec moi le jour de mon embauche. J'ai eu la permission de gérer ma parfumerie toute seule. Ça marchait bien. Seulement, quand les premiers symptômes sont apparus, j'ai dû quitter la parfumerie. Ce n'était pas une histoire de décence ni rien ; c'est juste que tout devenait trop compliqué. Heureusement, j'ai rencontré Edgar, et Edgar, comme vous le savez, est devenu président de la République. C'était moi, l'égérie d'Edgar. Mais personne ne m'a reconnue. J'avais trop changé. Est-ce que j'avais raté la chance de ma vie ? En tout cas, je ne comprenais toujours pas très bien ce qui m'arrivait. C'était surtout ce bleu sous le sein droit qui m'inquiétait...»
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«Solange se demande s'il vaut mieux le faire avec celui-ci ou avec celui-là.»
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Une femme rencontre un homme. Coup de foudre. L'homme est noir, la femme est blanche. Et alors?»
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«J'ai ouvert l'oeil et boum, tout m'est apparu. C'était limpide. Nous étions presque tous accompagnés par nos moitiés. Et ma moitié à moi, à quel point elle n'était pas autonome, ça faisait peur. Une chochotte.» Une femme écrit au fond d'une forêt. Son corps et le monde partent en morceaux. Avant, elle était psychologue. Elle se souvient qu'elle rendait visite à une femme qui lui ressemblait trait pour trait, et qu'elle tentait de soigner un homme.
Cette dystopie, qui se situe dans la postérité du Meilleur des mondes ou de 1984, nous raconte une histoire de trafic d'organes, de gérontocratie, de totalitarisme sanitaire et politique. Marie Darrieussecq, avec ce personnage très légèrement en retard sur les événements, et à ce titre bouleversant, renoue avec la veine de Truismes.
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Qu'est-ce qu'un bébé ?
Pourquoi si peu de bébés dans la littérature ?
Que faire des discours qui les entourent ?
Pourquoi dit-on « bébé » et pas « le bébé » ?
Qu'est-ce qu'une mère ? Et pourquoi les femmes plutôt que les hommes ?
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Voici dix ans que son fils est mort, il avait quatre ans et demi. Pour la première fois depuis ce jour quelques moments passent sans qu'elle pense à lui. Alors, pour empêcher l'oubli, ou pour l'accomplir, aussi bien, elle essaie d'écrire l'histoire de Tom, l'histoire de la mort de Tom, elle essaie de s'y retrouver. Tom qui est devenu mort, Tom à qui on ne pense plus qu'en sachant qu'il est mort. Elle raconte les premières heures, les premiers jours, et les heures et les jours d'avant pareillement, comme s'il fallait tout se remémorer, elle fouille sans relâche, elle veut décrire le plus précisément et le plus profondément possible, pas tant les circonstances de la mort de Tom que ce qui a précédé, que ce qui s'en est suivi, la souffrance, le passage par la folie, et le fantôme de son enfant. Le plus concrètement aussi parce que, c'est sûr, la vérité gît dans les détails. C'est la raison pour laquelle ce texte qui devrait être insoutenable et qui va si loin dans l'interrogation de la douleur est si convaincant, si proche.
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«Mon mari a disparu. Il est rentré du travail, il a posé sa serviette contre le mur, il m'a demandé si j'avais acheté du pain. Il devait être aux alentours de sept heures et demie.»Le mari sans visage ne reviendra pas.Sa femme va attendre et l'attente va tout miner, la disparition va s'étendre à la vie, aux êtres qui entourent la narratrice, et aussi à son corps.Une histoire de fantômes qui fait vaciller bien des certitudes.«Écrire c'est être entre deux mondes, là où rien n'est certain mais où tout est possible, où circulent les fluides, les sensations.»
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une femme rentre au pays.
elle est fille, petite-fille, épouse, mère et soeur. ce dernier point est le lieu des secrets. cette femme court, déménage, achète des meubles et en laisse d'autres, se pose quelques mois et écrit je de temps en temps. la maison des morts l'attire comme un casino attire un joueur, mais son mari est contre, heureusement. c'est un petit pays, charmant et balnéaire, mais dont les traditions funéraires ne sont pas pour attirer les touristes, il faut en convenir.
un pays natal, c'est une parcelle d'un sol. c'est aussi une muqueuse utérine, c'est une langue, c'est la mémoire des morts, c'est une histoire et une géographie. c'est un roman d'amour, et des cartes postales. mais est-ce que ça existe, un pays sans etat ? un pays coupé en morceaux et une femme enceinte au cerveau politique avec un humour très subtil, une gravité et une précision quasi scientifique.
marie darieussecq nous permet d'éprouver toute la métaphysique des origines, la question de la filiation. et livre une analyse perspicace des effets de la solitude et du déracinement.
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La famille Johnson : Jeanne, l'aînée des soeurs, qui vit à Buenos Aires, Anne, à Paris, et Éléonore, dite Nore, encore chez sa mère ; leur père, John, un Anglo-Irlandais qui vit à Gibraltar et leur mère, une Basque, qui s'est remariée, sans pour autant avoir réussi à vendre la maison familiale.Nous sommes dans leur cerveau.Il y a un fantôme.
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Une base scientifique européenne posée quelque part dans l'immensité blanche en Antarctique, le «Projet White». Des chercheurs, des glaciologues, mais aussi un cuisinier, un intendant, un chauffagiste, Peter Tomson, et une standardiste, Edmée Blanco, la seule femme, s'y côtoient, enfermés pour six mois, le temps d'une mission. Tout ce petit monde transporte ses propres fantômes et croise ceux qui rôdent, nombreux, au pôle Sud.De l'aventure ! Du chaud ! Du froid !Des bons et des méchants ! De l'amour !Jusqu'à quel point faut-il se débarrasser des fantômes pour faire l'amour ?
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L'accusation de plagiat est peut-être l'archétype de l'accusation littéraire, une tentative de meurtre symbolique, qui réussit parfois. Ce Rapport de police étudie les attaques des dénonciateurs ; et aussi, d'Apollinaire à Zola, de Freud à Mandelstam, de Daphné Du Maurier à Paul Celan, les réactions des accusés.
La plagiomnie - la calomnie plagiaire - manifeste une surveillance de la fiction, qui passe par la notion de crime, voire de blasphème, et pose la question du sacré en littérature.
C'est cette surveillance, qui vaut pour toute écriture non appropriée, dont est retracée ici la longue histoire, de Platon au goulag.
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Après l'école, la petite reste une heure ou deux chez sa grand-mère, en attendant que sa mère vienne la chercher. Elle goûte en regardant les documentaires à la télévision. Ce jour-là, la robe que porte sa mère est différente. Et au lieu de rentrer à la maison, les voilà qui s'embarquent toutes les deux sur l'autoroute. Elles arrivent au bord de la mer. Les recherches ont déjà commencé.
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Quand Marie Darrieussecq écrivait Le Mal de mer (P.O.L, 1999), elle aurait voulu en dire plus sur les vagues. Mais ça aurait formé des excroissances, de trop grosses vagues à la surface du texte. Ça sortait du roman, ça aurait cassé son rythme, ça formait nouvelle. Ça se sédimentait autrement. Alors elle a écrit Précisions sur les vagues. Un catalogue encyclopédique de vagues, décrivant la façon dont elles se forment. C'est un lieu important : elles font la jointure entre l'eau et la terre. La vérité est dans le poème, autant que dans la science.
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Il s'agit d'un livre inédit, cohérent, même si chacun des textes sont de nature très différente, l'un est poético-géographique, Plage ; deux sont plus strictement narratif et le dernier est politique. Dans les textes narratifs : La mer console de toutes les laideurs qui donne son titre à ce livre et Un diamant gros comme Biarritz, elle évoque son adolescence à Anglet, non-lieu coincé entre Bayonne la populaire et Biarritz, la bourgeoise. On devait choisir son camp. Dans Sarri-Sarri, elle évoque Joseba Sarrianandia, condamné à 22 ans, pour appartenance à ETA, évadé en se cachant dans les baffles d'un concert qui venait d'être donné aux prisonniers, son exil, on ne sait où, dure encore. Son geste a fait de lui, à son corps défendant, un mythe vivant.