Les rapports de la philosophie aux écrans ont toujours été ambigus. D'un côté la philosophie a toujours accusé les écrans de ne pas nous faire voir ce qu'il y a à connaître. D'un autre côté elle finit toujours, d'une manière plus ou moins inavouée, par chercher des écrans qui nous feront voir au moins l'image de ce qu'il y a à connaître. C'est bien sous le signe de cette ambiguïté que les rapports de la philosophie au cinéma se sont développés en France au XXe siècle, de la précoce condamnation bergsonienne aux efforts notamment de Sartre, Merleau-Ponty, Lyotard et Deleuze pour réhabiliter le cinéma. Que se passe-t-il alors si l'on considère les mutations profondes qui affectent aujourd'hui nos écrans, et qui ne peuvent qu'influencer, non seulement nos manières de percevoir, de désirer, de connaître et de penser, mais aussi de faire de la philosophie ? Interroger nos expériences passées et présentes des écrans pourra nous aider à faire une « philosophie-cinéma » à l'échelle d'aujourd'hui : une philosophie-écrans.
- Un livre regroupant des contributions autour de l'oeuvre de Merleau-Ponty, dont l'influence se révèle toujours plus importante.
- Cet ouvrage permet de confronter les recherches et les théories du dernier Merleau-Ponty avec une problématique centrale dans la culture et l'espace social contemporains: l'image.
- Les contributions, au nombre de 11, sont signées par des spécialistes internationaux de l'oeuvre de Merleau-Ponty, ainsi que par des experts de la pratique des médias.
- Les domaines approchés ressortent aussi bien de la philosophie, de l'histoire de l'image, de la critique cinématographique, que de la théorie de l'art ou des médias.
« Une déformation sans précédent », voilà ce que l'univers de la Recherche du temps perdu applique à notre connaissance du monde. Les idées qu'utilise Proust sont en effet, selon Merleau-Ponty, des idées sensibles, impénétrables à l'intelligence, mêlées de mémoire et de réminiscence. - Pourtant Proust, affirmait G. Deleuze dans Proust et les signes, n'a pas écrit un roman sur la mémoire.. Croisant Deleuze et Merleau-Ponty, M. Carbone propose ici une nouvelle voie de lecture proustienne : comprenant les idées par leur sensibilité et leur lien aux souvenirs, il en colore notre rapport au monde.
« Être morts ensemble » appartient au genre de l'essai philosophique.
Aux prises avec l'actualité, cet ouvrage témoigne d'un engagement intellectuel qui cherche dans ce qui résiste une manière d'être interrogé par son époque : en l'occurence, le 11 septembre 2001. Douze ans après l'attaque, certaines images insistent encore, insensibles à toute euphémisation ou tentatives de refoulement. Tout particulièrement celles des « jumpers », ces désespérés qui se jetèrent dans le vide. Ou ces pancartes que les proches des victimes disposèrent dans les rues de New York pour avoir des nouvelles des disparus.
- C'est pour avoir été confronté à ces images et à l'expérience traumatisante qu'elles ont suscitée que Mauro Carbone a envisagé cet essai, en considérant tout d'abord que le 11-Septembre a été, immédiatement, l'événement le plus vu dans l'histoire humaine, et que nous avons tous été exposés à la puissance inhérente de ces images : celle qui nous a contraints au rôle de témoins simultanés de la mort d'autrui.
- Au cours des cinq parties qui composent cet ouvrage, sur la base de cette expérience commune des images de l'événement du 11 septembre 2001, Mauro Carbone esquisse par touches suggestives les conditions d'une nouvelle manière de penser la politique qui nous implique tous, puisque, comme le dit l'auteur, face à l'horreur de ces images « nous avons tous obscurément senti que nous n'étions pas en train de mourir seuls ». « Être morts ensemble parce qu'ensemble nous avons vécu la mort d'autrui ».
La culture humaine a toujours interrogé les pouvoirs des images. Mais qu'en est-il des pouvoirs des écrans ? Oui, ces surfaces intimement liées aux images d'une manière aussi évidente que mystérieuse, et qui montrent et cachent à la fois le visible. Le moment est venu d'interroger également leurs pouvoirs, car c'est précisément notre temps qui, de manière incontestable, nous fait vivre par(mi) les écrans. Cependant, ce même temps nous fait indirectement comprendre que les rapports des êtres humains aux écrans ne sont pas qu'une affaire de notre époque. C'est pourquoi une exploration collective, transhistorique et transdisciplinaire de ces rapports est conduite dans le présent volume par un groupe international de spécialistes en philosophie, culture visuelle, théorie du cinéma et des médias, neurosciences, psychologie et littérature.