Les femmes font aujourd'hui du bruit ? C'est en regard du silence dans lequel les a tenues la société pendant des siècles. Silence des exploits guerriers ou techniques, silence des livres et des images, silence surtout du récit historique qu'interroge justement l'historienne. Car derrière les murs des couvents ou des maisons bourgeoises, dans l'intimité de leurs journaux ou dans leurs confidences distraites, dans les murmures de l'atelier ou du marché, dans les interstices d'un espace public peu à peu investi, les femmes ont agi, vécu, souffert et travaillé à changer leurs destinées.Qui mieux que Michelle Perrot pouvait nous le montrer ? Historienne des grèves ouvrières, du monde du travail et des prisons, Michelle Perrot s'est attachée très tôt à l'histoire des femmes. Elle les a suivies au long du XIXe et du XXe siècles, traquant les silences de l'histoire et les moments où ils se dissipaient. Ce sont quelques-unes de ces étapes que nous restitue ce livre.
Quel rôle joue aujourd'hui la prison dans la gestion de la pauvreté, des inégalités et de l'exclusion ? Sur ce sujet d'actualité, M. Perrot adopte d'abord une approche historique, du XIXe siècle à Michel Foucault, pour mieux éclairer le lecteur sur les permanences de la société et son malaise actuel. Puis elle se consacre aux théoriciens des prisons du XIXe siècle, comme Bentham et Tocqueville.
L'histoire a des zones d'ombre auxquelles la prison appartient.
Avec Michel Foucault, Robert Badinter et beaucoup d'autres, Michelle Perrot tente de les dissiper. Les études qui suivent ouvrent autant de pistes pour mieux comprendre la centralité de la prison dans notre système pénal, en dépit de la constance de son échec. Les plus grands esprits - Bentham, Tocqueville... - s'y étaient confrontés et voyaient pourtant dans une bonne prison la clef de la régénération.
Pourquoi la délinquance était-elle déjà l'objet de discours obsédants, de statistiques sans fin et de préoccupations quotidiennes ? De quelle manière les marginaux, dont le vagabond, l'enfant errant, le jeune Apache, figures majeures du XIXe siècle, ont-ils dessiné un imaginaire social et nourri «le fait divers criminel», à la une de la grande presse ?
A l'heure où l'insécurité est plus que jamais au coeur du débat politique, où les prisons, minées par la pauvreté, le sida, la violence, paraissent impropres à la réinsertion et à l'exercice d'une démocratie minimale, le XIXe siècle, dont les écoles n'ont pas suffi à fermer les prisons, comme l'espérait Victor Hugo, demeure à l'horizon de nos expériences contemporaines.