L'histoire a des zones d'ombre auxquelles la prison appartient.
Avec Michel Foucault, Robert Badinter et beaucoup d'autres, Michelle Perrot tente de les dissiper. Les études qui suivent ouvrent autant de pistes pour mieux comprendre la centralité de la prison dans notre système pénal, en dépit de la constance de son échec. Les plus grands esprits - Bentham, Tocqueville... - s'y étaient confrontés et voyaient pourtant dans une bonne prison la clef de la régénération.
Pourquoi la délinquance était-elle déjà l'objet de discours obsédants, de statistiques sans fin et de préoccupations quotidiennes ? De quelle manière les marginaux, dont le vagabond, l'enfant errant, le jeune Apache, figures majeures du XIXe siècle, ont-ils dessiné un imaginaire social et nourri «le fait divers criminel», à la une de la grande presse ?
A l'heure où l'insécurité est plus que jamais au coeur du débat politique, où les prisons, minées par la pauvreté, le sida, la violence, paraissent impropres à la réinsertion et à l'exercice d'une démocratie minimale, le XIXe siècle, dont les écoles n'ont pas suffi à fermer les prisons, comme l'espérait Victor Hugo, demeure à l'horizon de nos expériences contemporaines.
Lire les entretiens des trois personnalités réunies dans ce recueil procure beaucoup d'apaisement par la profondeur de la réflexion comme par l'humanité des réponses, par la combativité aussi que suppose la défense de chaque terme de la devise républicaine. Voilà pourquoi, nous lecteurs, sommes des privilégiés. Éric Fottorino Directeur de l'hebdomadaire Le 1