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Le Livre De Poche
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Un faux dévot s'installe dans la famille d'Orgon dont il fait sa dupe, y vit grassement et manifeste une assez vive sensualité pour courtiser la maîtresse de maison - avant d'être finalement démasqué. Le sujet de sa pièce, Molière dut longuement batailler pour finalement l'imposer en 1669, car, à sa première représentation à Versailles, la comédie avait été jugée dangereuse : s'il décriait les apparences de la vertu, Molière ne rendait-il pas également suspects les dévots authentiques ?
Car tel est bien l'enjeu sérieux de la pièce : percer à jour l'hypocrisie tout en nous incitant à méditer sur le déguisement et la métamorphose. Mais Le Tartuffe est aussi une comédie de moeurs et de caractères où la farce peu à peu s'inßéchit vers le drame et cependant s'harmonise parfaitement avec lui. Molière fait preuve ici d'un métier admirable pour faire passer le spectateur du rire franc à la plus délicate émotion, de la gaieté la plus vive à la réflexion la plus grave, et parfois la plus sombre.
Edition de Jean-Pierre Collinet. -
« Trahi de toutes parts, accablé d'injustices, Je vais sortir d'un gouffre où triomphent les vices ; Et chercher sur la terre un endroit écarté Où d'être homme d'honneur, on ait la liberté. »
Au moment où il quitte la scène, Alceste quitte également le monde auquel il s'est heurté, et le vrai sujet de la comédie est bien la confrontation du misanthrope et de ce milieu mondain qu'il récuse : par philosophie, certainement, mais également par cet esprit chagrin d'atrabilaire qui en fait l'ennemi de toute sociabilité, comme le montre la manière incongrue et bourrue dont il témoigne à Célimène un amour qui prend à rebours les règles de la galanterie.
Cet extravagant est donc certainement ridicule. Mais comment lui reprocher, néanmoins, l'intransigeante pratique des vertus de sincérité, de justice et de droiture ? Parce que Alceste dénonce le monde, c'est bien lui qui permet à Molière, en 1666, de nous en donner une image véritable - jusque dans ses contradictions.
Edition de Claude Bourqui. -
Elise, fille d'Harpagon, souhaite se marier avec Valère, tandis que son frère Cléante veut épouser Mariane. Mais le père a d'autres vues pour ses enfants, et a jeté lui-même son dévolu sur la jeune fille. La pièce, créée par Molière en 1668, serait donc une comédie amoureuse si, derrière cette première intrigue, ne se dessinait surtout la comédie d'un caractère, l'avare, dont la précieuse cassette, un moment dérobée, fait opportunément retour afin de permettre un dénouement heureux.
Créature comique, objet de moqueries et de vengeances, mais aussi nature monstrueuse et tyran domestique, Harpagon est bien la figure qui domine presque toutes les scènes, assure l'efficacité dramatique de la pièce et permet à la comédie de confiner à la farce. Par la satire, le quiproquo et l'ironie, Molière brosse de lui un portrait d'une drôlerie sans pitié.
Edition de Jacques Morel.
Notes complémentaires de Jean-Pierre Collinet. -
Les fourberies de Scapin
Molière
- Le Livre de Poche
- Le Livre De Poche Theatre
- 20 Mai 1986
- 9782253038757
Deux jeunes gens profitent de l'absence de leurs pères pour mener à bien leurs amours. Lorsque les pères reviennent, ils découvrent les fredaines de leurs fils pour lesquels ils avaient d'autres projets de mariage. Toutes les ruses de Scapin viennent alors s'opposer à leur volonté de faire plier les jeunes gens.
Le sujet de sa pièce, en 1671, Molière l'emprunte à une comédie latine de Térence. Mais il y ajoute la figure de Scapin, farceur sublime qui de bout en bout mène le jeu sur une scène où son corps virevolte, contrefait sa voix, change d'accent et de gestes, Scapin, fourbe génial qui enferme son maître en un sac et va jusqu'à jouer le mort, avant de ressusciter d'un bond.
Boileau en fut troublé qui, «dans ce sac ridicule où Scapin s'enveloppe», ne reconnaissait «plus l'auteur du Misanthrope». Et cependant, tout le talent de Molière est bien là, dans cette savante alliance de la comédie et de la farce, dans cette diversité de ressources comiques unies par une secrète alchimie dont on ne saurait percer le secret.
Edition de Jean Serroy. -
Un barbon, Arnolphe, a élevé dans l'igno-rance une jeune paysanne, Agnès, afin de pouvoir plus tard l'épouser sans craindre d'elle les infidélités des femmes trop éclairées. Or, de retour de voyage, il rencontre le jeune Horace qui, par un quiproquo qui ne cessera qu'à la fin, l'informe lui-même qu'il s'est épris de sa protégée. Et Agnès apprend vite à l'école de l'amour.
Le comique de la pièce repose ainsi pour une large part sur la «confidence perpétuelle» que le jeune blondin fait au vieux barbon, et Molière focalise l'attention sur les réactions désopilantes d'Arnolphe confronté à la narration enthousiaste de ses déconfitures : par un procédé neuf, il soumet donc l'intrigueà l'effet qu'elle provoque. Le 26 décembre 1662, au théâtre du Palais-Royal, le public fit fête à cette pièce qui marque la naissance de la grande comédie de moeurs et de caractères, et dont le sujet - comment le désir vient aux jeunes filles - souleva bien des remous. Quant aux accusations de plagiat et aux calomnies, le dramaturge y répondit bientôt par La Critique de l'École des femmes. La fameuse « querelle » était née... -
Édition de Bénédicte Louvat-Molozay.Assis seul, Argan détaille des factures d'apothicaire lorsque Toinette, sa servante, entre dans sa chambre. Il l'interroge sur son lavement, demande s'il a bien fait de la bile, à quoi Toinette répond qu'elle ne se mêle point de ces affaires-là. Consciente que les maux de son maître sont imaginaires, elle ne se prive pas d'ajouter que, pour son médecin et son apothicaire, il n'est rien d'autre qu'une « bonne vache à lait ». Molière lui-même joue le personnage d'Argan le 10 février 1673, lors de la création de sa pièce au théâtre du Palais-Royal, et meurt sept jours plus tard, à l'issue de la quatrième représentation. De cette « comédie mêlée de musique et de danses » où son oeuvre s'achève, c'est la puissance comique qui, bien sûr, a fait la fortune. Mais c'est aussi une pièce à thèse : le dramaturge ne se moque pas seulement des médecins de son temps, mais après Le Tartuffe, il dénonce plus profondément en eux de nouveaux imposteurs.
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Pour se venger d'avoir été battue par son mari Sganarelle, Martine le fait passer pour un médecin, mais si fantasque qu'il faut le bastonner pour qu'il accepte d'exercer son art. Contre toute attente, ce médecin malgré lui fait merveille. Au mois d'août 1666, la pièce rencontre un succès éclatant devant le public du Palais-Royal. C'est que Molière, au sommet de son art, combine avec éclat le vieil héritage de la farce française et la leçon de la commedia dell'arte, non sans emprunter à ses propres pièces antérieures. Simple assemblage de sources diverses ? Certainement non, mais une pièce construite pour mettre en valeur les exploits de Sganarelle joué par Molière lui-même, une pièce dont l'allant ne faiblit jamais et où le génie du dramaturge - acteur, farceur, metteur en scène - n'oublie jamais l'action. Lui-même nous l'avait dit : « Les comédies ne sont faites que pour être jouées. » Edition de Bernadette Rey-Flaud Notes complémentaires de Claude Bourqui.
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Le bourgeois gentilhomme
Molière
- Le Livre de Poche
- Le Livre De Poche Theatre
- 23 Octobre 1985
- 9782253037804
«Monsieur Jourdain : Et comme l'on parle, qu'est-ce que c'est donc que cela ?
Maître de philosophie : De la prose.
Monsieur Jourdain : Quoi ? Quand je dis : «Nicole apportez-moi mes pantoufles et me donnez mon bonnet de nuit», c'est de la prose.
Maître de philosophie : Oui, Monsieur.
Monsieur Jourdain : Par ma foi, il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j'en susse rien, et je vous suis le plus obligé du monde de m'avoir appris cela.»
Lorsque Molière fait jouer pour la première fois Le Bourgeois gentilhomme à Chambord en 1670 devant le Roi et la cour, Monsieur Jourdain n'est pas seulement un père qui entrave les projets de mariage de sa fille. Car, bien au-delà de cette histoire d'amour traditionnelle, la comédie-ballet se déploie en un grand spectacle avec danses et musique, où le comique et la satire prennent constamment pour cible le bourgeois qui s'est mis en tête de devenir gentilhomme et finit en mamamouchi ridicule. Héros de l'illusion comme Tartuffe, monomane comme Harpagon, rien ne peut l'arracher à sa folie de noblesse.
Edition présentée et annotée par Jacques Morel.
Notes complémentaires de Jean-Pierre Collinet. -
Lorsque Molière fait jouer Les Femmes savantes en 1672, un an avant sa mort, il ne moque ni les femmes ni le savoir, mais cette ostentation des connaissances qui contrevient à ce qu'on nomme alors l'honnêteté. Son sujet comme son écriture, en cinq actes et en vers, en font l'une des plus achevées de nos comédies. La pièce pourtant ne correspond plus à l'air du temps. L'heure est aux grands spectacles ; Lully vient d'obtenir du roi un monopole sur le théâtre accompagné de musique, et Molière semble venir trop tard : Les Femmes savantes ne rencontrent donc qu'un premier succès limité. La pièce s'impose cependant dès la fin du siècle, et cette fois pour toujours, par le brio de la satire, le mordant de la raillerie, et les ressources d'un comique que rien n'a pu vieillir.
Edition de Claude Bourqui. -
Dom Juan vient de quitter sa femme pour tenter d'enlever à son futur époux une jeune fiancée trop éprise de son prétendant pour que l'idée ne lui vienne pas de troubler leur bonheur. Puis il jette son dévolu sur de jeunes paysannes qu'il promet d'épouser. Sganarelle a beau timidement tenter de ramener son maître libertin dans le chemin de la vertu et de la religion, Dom Juan préfère les plaisirs transitoires de ce monde, si dangereux pour son salut, à l'espérance d'une béatitude infinie. D'autres pourtant l'avertiront « qu'une méchante vie amène une méchante mort »...
Venu de Tirso de Molina et de son Burlador de Sevilla, le sujet dont Molière s'empare en 1665 a déjà donné lieu à d'assez nombreuses pièces. Pourtant, rien de plus personnel que ces cinq actes en prose conduits avec une éclatante maîtrise qui donne aux personnages la profondeur de l'humanité vraie. De la farce jusqu'à l'ironie la plus fine, la pièce propose tous les registres du comique. Mais c'est aussi la plus tragique des comédies, qui prend la dimension d'un drame métaphysique.
Edition présentée et annotée par Jean-Pierre Collinet. -
Les précieuses ridicules
Molière
- Le Livre de Poche
- Le Livre De Poche Theatre
- 23 Juin 1999
- 9782253160465
« Marotte. Voilà un laquais, qui demande si vous êtes au logis, et dit que son maître vous veut venir voir.
Madelon. Apprenez, sotte, à vous énoncer moins vulgairement. Dites : «Voilà un nécessaire qui demande si vous êtes en commodité d'être visibles.» Marotte. Dame, je n'entends point le latin, et je n'ai pas appris, comme vous, la filofie dans Le Grand Cyre.
Madelon. L'impertinente ! le moyen de souffrir cela ! et qui est-il, le maître de ce laquais ? Marotte. Il me l'a nommé le marquis de Mascarille. Madelon. Ah ma chère ! un marquis, oui, allez dire qu'on nous peut voir. C'est sans doute un bel esprit, qui aura ouï parler de nous. » Les Précieuses ridicules sont la première comédie imprimée de Molière, mais le texte publié n'est que l'image silencieuse de ce qui fit en 1659 son succès immédiat : un théâtre vivant et neuf, car cette courte pièce en un acte et en prose affichait son parti pris en faveur du spectaculaire, du jeu des acteurs, de ce qu'on voit et qu'on entend, de ce que l'écrit justement ne transmet pas. Sa nouveauté prit à rebours les idées reçues sur la comédie : spectateurs conquis et rivaux dépassés surent alors que plus rien ne serait comme avant sur les scènes parisiennes du xviie siècle.
Introduction, notes et commentaires par Claude Bourqui. -
Un mari soupçonne sa femme de le tromper et cherche à la surprendre. Sa balourdise fait qu'il échoue chaque fois à la confondre et se ridiculise devant ses beaux-parents qu'il veut prendre à témoin de l'inconduite de leur fille : les coupables triomphent quand la victime est, à l'inverse, réduite à une humiliante soumission.
Créée en 1678 dans le cadre d'un plus large divertissement royal, la pièce est désormais jouée seule, et ses trois actes y gagnent sans doute en âpreté et vivacité satirique. Vivacité parce que George Dandin tient de la farce - et on trouvera ici La Jalousie du Barbouillé qui en est une sorte de première ébauche - aussi bien que de la grande comédie. Mais âpreté aussi, car les épreuves subies par le mari bafoué en font une des pièces les plus sombres de Molière.
Edition présentée et annotée par Jacques Morel. -
Amphitryon, général des Thébains, a chargé son valet Sosie de prévenir sa femme Alcmène du succès qu'il vient de rencontrer au combat. Mais le dieu Mercure a écarté Sosie et s'est présenté à Alcmène sous ses traits. Le vrai Sosie doit avouer à son maître qu'il n'a pas accompli sa tâche et la stupéfaction d'Amphitryon s'accroît lorsqu'il découvre le peu de joie que sa femme manifeste à le revoir. Elle s'étonne, puisqu'elle a passé la nuit avec lui... Mais c'est Jupiter qui s'était introduit auprès d'elle sous l'apparence de son mari.
Si Molière se réapproprie en 1668 cette fable mythologique venue de Plaute, avant que Giraudoux n'en fasse Amphitryon 38, c'est qu'elle porte en elle l'essence même du théâtre où l'apparence devient un moment le réel. Mais de ce sujet profond, Molière fait une comédie drôle car Amphitryon et Sosie sont pleinement joués par leur double et l'on comprend que le mari, bafoué par un Jupiter avatar de Don Juan, puisse s'affliger de son reflet... C'était d'ailleurs l'avis de Paul Léautaud : « Amphitryon, c'est l'apothéose du cocuage », « il y a dans les vers de Molière, dans cette oeuvre, avec une grâce et une sensualité infinies, une moquerie et une bouffonnerie irrésistibles ».
Présentation et notes de Jean-Pierre Collinet. -
Monsieur de Pourceaugnac
Molière
- Le Livre de Poche
- Le Livre De Poche Theatre
- 23 Mai 2018
- 9782253183396
Éraste et Julie s'aiment tendrement, mais Oronte, le père de la jeune femme, a d'autres ambitions pour sa fille. Il la destine à Monsieur de Pourceaugnac, un gentilhomme de Limoges. Les deux amants usent alors de tous les stratagèmes pour se débarrasser du prétendant, qui se voit livré tour à tour à des médecins, des gardes suisses, des avocats ; menacé de lavement et accusé de polygamie... Créée en 1669, cette comédie-ballet, considérée comme l'une des plus cruelles de Molière, reprend les grands thèmes qui traversent son oeuvre : le mariage forcé, l'argent et la maladie.
Édition de Céline Paringaux. -
Le bourgeois gentilhomme ; dossier thématique: le culte du paraître
Molière
- Le Livre de Poche
- Les Classiques Pedago
- 26 Août 2015
- 9782253183051
L'OEUVRE INTEGRALE ANNOTEE : Monsieur Jourdain, un riche bourgeois, rêve d'appartenir à la noblesse. Aucune des qualités d'un gentilhomme ne doit lui échapper : pour y parvenir, il s'entoure des meilleurs professeurs - danse, musique, philosophie, armes - et refait sa garde robe. Mais rapidement, le ridicule l'emporte.
DOSSIER THEMATIQUE : LE CULTE DU PARAITRE par Marion Alline - Histoire de l'oeuvre, biographie de l'auteur - Paraître en société : se faire passer pour quelqu'un d'autre - Paraître en amour : mentir pour atteindre la vérité - Les personnages opposés au paraître : défendre la vérité à tout prix - Les risques du paraître : être victime des apparences.
PROLONGEMENTS INTERDISCIPLINAIRES :
- Histoire - Utilisations contemporaines de l'image - Histoire des arts.
Vocabulaire, exercices, groupement de textes et lecture d'images autour de l'oeuvre.