Nous autres sociologues sommes payés pour être intelligents. Ce qui ne nous empêche pas, à l'occasion, de dire des bêtises... Ce livre tente d'en répertorier les raisons : depuis le goût pour les généralités jusqu'au souci de défendre ses opinions, qui fait parfois déraper les " intellectuels engagés ", en passant par la croyance aux arrière-mondes complotant dans notre dos, les erreurs de raisonnement, voire les manipulations rhétoriques qui embrouillent leurs auteurs autant que leurs lecteurs. Il y a même, paradoxalement, le désintérêt pour le réel, qui fait détourner pudiquement les yeux au passage des faits; et aussi, plus profondément, la peur d'être seul, qui incite à penser " comme nous "... Le lecteur intéressé par les chausse-trappes de la pensée trouvera dans ce petit répertoire beaucoup d'exemples, mais pas de noms, du moins d'auteurs vivants : car on peut éviter d'être bête sans pour autant devenir méchant.
Les peintres et les sculpteurs n'ont pas toujours occupe la meme place dans la societe : conditions de travail, statut juridique, encadrement institutionnel, position hierarchique, fortune, mode de vie, notoriete, criteres d'excellence, et meme caractere ou aspect physique ont considerablement change au cours des siecles, du Moyen Age a aujourd'hui.C'est l'ensemble de ces differentes caracteristiques qui forme leur statut : celui-ci englobe donc non seulement les conditions materielles de leur activite, mais aussi les representations qui y sont associees, ainsi que la dimension symbolique des significations du mot artiste . Cette investigation releve donc autant d'une anthropologie de la notion d'artiste que d'une sociologie ou d'une histoire sociale de l'art.