L'aventurière Sarah Marquis déclare qu'en marchant, on "se découvre courageux", le sociologue David Le Breton pense que la marche est souvent guérison... Pratique sportive ou spirituelle, touristique ou thérapeutique, la marche retrouve aujourd'hui ses lettres de noblesse. Pourquoi marche-t-on ? Qu'y cherche-t-on ?
Échappatoire au monde de la vitesse et à la modernité, la marche pousse aussi bien à se dépasser physiquement qu'à entreprendre un chemin spirituel. « Puissance réorganisatrice » ou façon de « tenir debout », « interstice » de « liberté » dans un monde privé d'imprévu... Les auteurs de cet ouvrage dirigé par le journaliste du Monde Nicolas Truong nous exposent le sens de « leur » marche.
"Les armes, le sang, les larmes. Mais comment, au coeur même du recueillement, tenter de penser l'événement ? Notre pays, comme notre monde, est en effet en proie à une terreur postmoderne, qui mêle individualisme radical et fondamentalisme global.
D'où la difficulté de mener un combat frontal contre un nomadisme djihadiste pratiqué par une jeunesse nihiliste, au moment même où la guerre classique fait place à des états de panique, à des assauts armés destinés à provoquer le chaos et à des opérations de police mondialisées." Nicolas Truong Les contributions d'intellectuels rassemblées dans cet ouvrage proposent une analyse intelligente et précise des événements, de leurs causes et de leurs conséquences, et lancent un appel à l'unité et à la solidarité.
C'est un bruit de fond persistant. Un brouhaha permanent. Une entêtante musique d'ambiance qui semble placer l'information et l'opinion, les raisons et les passions, les connaissances et les expériences sous le signe de l'équivalence. Des chaînes d'information en continu aux réseaux sociaux, la société du commentaire étend son influence dans l'espace public, à coups de polémiques et d'analyses « à chaud ». Son déploiement marque-t-il une avancée de la démocratie qui, selon le philosophe Jacques Rancière, repose sur le pouvoir de « n'importe qui », ou témoigne-t-il au contraire de la puissance despotique de l'individu-roi de dire « n'importe quoi » ?
En février dernier, soit quelques semaines après les tragiques faits de Cologne, l'écrivain algérien Kamel Daoud publie dans Le Monde une tribune dans laquelle il énonce que l'accueil des réfugiés demande d'admettre que leur donner des papiers ne suffira pas à les guérir du profond sexisme qui sévit dans le monde arabo-musulman. Cette tribune suscitera de violentes réactions de certains universitaires, qui répondent quelques jours plus tard par le même média, l'accusant de véhiculer les clichés islamophobes et culturalistes les plus éculés.
C'est ainsi que démarre la "polémique Daoud", ponctuée d'échanges et de prises de positions, conduisant à ce que l'écrivain annonce se retirer du débat public.
«?La France a toujours eu le goût de la bataille des idées. Longtemps dominé par la figure de l'intellectuel engagé, l'espace public des débats semble se modifier. L'écho médiatique de certaines prises de position polémiques dessine une autre cartographie?: celle d'un basculement idéologique. Le nouveau monde dans lequel la France est entrée depuis les attentats de 2015, la crise des réfugiés ou la déconstruction européenne appellent pourtant une nouvelle responsabilité des intellectuels. La structuration du débat médiatique n'a-t-elle pas transformé la dispute intellectuelle en un match de catch polémique?? Fin de la «bien-pensance» ou tournant «néoréactionnaire»?: la mise en perspective des querelles intellectuelles qui fracturent la vie politique française permet de mieux cerner ce qui arrive au pays de Voltaire.?» Nicolas Truong.
Contributeurs : Stéphane Beaud, Laurent Bouvet, Marc Crépon, François Cusset, Marcel Gauchet, Romain Goupil, Jean-François Kahn, Serge Klarsfeld, Arno Klarsfeld, Daniel Lindenberg, Gérard Mauger, Edgar Morin, Éric Naulleau, Robert O. Paxton, Élisabeth Roudinesco, Danièle Sallenave, Gisèle Sapiro, Jacques Sémelin, Serge Tisseron.
Edgar Morin a parcouru tous les domaines du savoir, vécu intimement les extases de - l'histoire. Théoricien de la connaissance et héros de la Résistance, dissident du stalinisme et infatigable promoteur du "principe espérance", anthropo¬logue de la mort et sociologue du temps présent, Edgar Morin est un touche-à-tout universel. Comme l'illustrent les textes et entretiens présentés dans cet ouvrage qui reprend une partie des dialogues menés avec lui dans les colonnes du Monde, Edgar Morin a saisi son époque avec sagacité, su capter l'essence des événements, les inscrire dans la longue durée. Un siècle - d'existence passé dans les arcanes de l'histoire et de la connaissance lui a appris cette chose qui, dans notre "océan d'incertitudes, est loin d'être une devise - superflue?: "Attends-toi à l'inattendu".?» Nicolas Truong
Il faut casser cette image de l'amour-passion comme grand embrasement qui retombe en cendres, s'écarter de l'amour comme désir de possession qui, une fois qu'il a atteint sa satisfaction, se transforme fatalement en déception. Voilà ce que nous dit François Jullien, qui plaide pour le concept d'intime. Si l'amour est équivoque, l'intime, lui, est ambigu. Dire je t'aime, c'est faire de l'autre un objet, quand dire je suis intime avec toi, c'est défaire l'isolement des sujets. De ce décalage entre l'image commune et passionnelle et celle à rapprocher de la notion d'intime, quelle pensée de l'amour peut-on dégager?? Une passionnante réflexion sur ce qu'est vivre.
Alors que des associations musulmanes se mobilisent contre la réduction de l'islam au djihadisme et que la France s'engage davantage dans la coalition, le politologue et spécialiste de l'islam Olivier Roy dresse un bilan critique de la stratégie choisie par le gouvernement français et donne quelques pistes pour éviter qu'une partie de la jeunesse ne rejoigne le terrorisme. Il dénonce l'attrait du djihad comme un nihilisme générationnel, qui dépasse la sphère musulmane. Nous donnant les clés pour comprendre ce qui pousse cette jeunesse à partir faire le djihad, des pistes de réfl exion pour trouver les solutions afi n d'endiguer ce phénomène tragique, l'intellectuel propose une analyse percutante et inédite.
Malaise démocratique, débandade politique et vent de panique dans la République. Les a aires se multiplient, révélant, derrière les dénégations pathétiques des individualités prises la main dans le sac, l'ampleur des connivences entre pouvoir et trafi c, responsabilités et confl its d'intérêts. Un discrédit sans précédent frappe les personnalités politiques. D'où l'envie de réunir dans ce livre Jacques Rancière et Pierre Rosanvallon, deux penseurs incontournables de la question démocratique afi n de comprendre notre crise morale et politique que tout semble opposer. Derrière les di érences et les divergences, les deux hommes opèrent quelques rapprochements. Un dialogue inédit entre deux « hérétiques consacrés », dixit Pierre Rosanvallon.
La philosophie ou, plutôt, la « philo » est désormais partout. Dans les hebdos, les bistrots, les radios. En bande dessinée, en croisière, sur CD ou DVD. Elle vulgarise les classiques et attire de nombreux lecteurs, amateurs et passionnés. La philo est un filon, avec ses vedettes et ses gourous, ses pédagogues cathodiques et ses rhéteurs polémiques.
S'agit-il d'une heureuse démocratisation des concepts ou d'une contestable marchandisation de la sagesse ? Assiste-t-on au triomphe de la pédagogie ou bien à l'avènement d'une nouvelle idéologie ?
C'est à ces questions que veulent répondre Frédéric Worms et Mickaël Foessel.