Ce livre efface la coupure aussi traditionnelle qu'arbitraire entre le Moyen Âge et l'époque moderne. C'est toute cette période, de Charles VII à Henri II, qui est placée sous le signe «des» Renaissances. La fin de la guerre de Cent Ans et des grandes crises socio-économiques, au milieu du XV? siècle, est effectivement le point de départ d'un renouveau général, des hommes, des échanges, des richesses... La période 1453-1559 est alors entraînée dans un mouvement de floraison, de dynamisme et de créativité en de multiples domaines; c'est ce siècle effervescent qui, en définitive, correspond bien à l'appellation de «beau XVI? siècle».Il s'agit bien ici d'un «certain regard» sur le temps des Renaissances. La dialectique du changement (emblématique des représentations sur la période) et des continuités suppose d'évaluer avec justesse l'ampleur des mutations. Elle nourrit le débat, déjà ancien, sur la «modernité» de la Renaissance:s'agit-il de l'enfantement d'un monde nouveau ou du point d'aboutissement d'un certain rapport au monde, issu des derniers siècles médiévaux? Cette interrogation permet de tisser la trame qui sépare ce temps lumineux des Renaissances des ténèbres des guerres de Religion...
Cet ouvrage s'efforce de constituer la typologie de ce type structurel, en opposant la description au descriptif.
Un essai Étude approfondie d'un grand texte classique ou contemporain par un spécialiste de l'oeuvre : approche critique originale des multiples facettes du texte dans une présentation claire et rigoureuse. Un dossier Bibliographie, chronologie, variantes, témoignages, extraits de presse. Éclaircissements historiques et contextuels, commentaires critiques récents.
La relation aux règles, le savoir-vivre (au sens large de ce terme), avec son appareil de normes, de principes, de " manières " (de table et autres), de sanctions, dévaluations et de canevas plus ou moins codés, qu'ils soient prohibitifs, prescriptifs ou permissifs, constitue le matériau et le sujet principal de tout roman.
Mais le texte romanesque d'abord, par divers procédés cumulés, que le réel n'est pas relevable d'une norme unique, qu'il est fondamentalement carrefour d'univers de valeurs dont les frontières et les compétences ne sont pas forcément, toujours, parfaitement ajustées, complémentaires ou distinctes.
Au XIXème siècle de nouvelles imageries (Champfleury) apparaissent, qui viennent modifier le face à face traditionnel de la littérature avec la seule peinture : la photographie, l'image d'Épinal, la statue de rue, la lithographie, le bibelot kitsch figuratif, l'affiche de la réclame, l'estampe japonaise envahissent le réel et envahissent dans le même temps les lieux et milieux de la fiction.
Écrivains iconophiles et écrivains iconophobes vont faire de ces nouvelles images soit les signes détestables d'un monde qui s'américanise et où se compromet l'exercice même de toute imagination, soit au contraire les modèles régénérateurs et provocateurs de nouvelles esthétiques (une « littérature-pop-art »). Un nouvel imaginaire se met en place, que sollicitent les caractéristiques formelles, sémiotiques et pragmatiques, de ces nouvelles images : platitude, couleurs crues, juxtapositions incongrues, naïveté, jeux sur le négatif, lecture rapide et en zigzag, cloisonnement des paysages, cadrages descriptifs décentrés, rapidité de la multiplication, changements d'échelles, formes brèves et miniaturisées, fragmentation de l'intrigue en scènes et
tableaux. L'image littéraire (à lire) ne pouvait pas ne pas en être modifiée. L'atelier d'artiste, la chambre, la rue, le musée, le corps lui-même deviennent les iconothèques privilégiées de ces nouvelles icônes. Une ère de l'album peut advenir.
L'ironie est-elle une figure toujours réductible à une contradiction ? Peut-on la considérer comme un véritable " genre littéraire " ? Doit-on distinguer une ironie locale et une ironie globale, une ironie " classique " et une ironie " moderne " ?
Le présent essai a un double objectif : étudier la cohérence interne d´une oeuvre particulière (les vingt volumes de la série familiale des Rougon-Macquart, publiée par Zola entre 1870 et 1893) et explorer les conditions d´une théorie générale du personnage de fiction, ce "vivant sans entrailles" dont parle Valéry. La notion de "système" et celle de "personnel" impliquent une étude minutieuse des relations qui unissent tous les acteurs de la série. En chemin, et dans un cadre d´analyse globalement narratologique (pas de théorie du personnage sans une théorie du récit), on évaluera le poids des contraintes a priori que le "cahier des charges" naturaliste (décrire exhaustivement, secteur après secteur, et après enquête, le "monde du Second Empire; être "objectif", etc.) fait peser sur le personnage, comment son statut de "fonctionnaire" d´un projet descriptif et sociologique ("rendre" le réel, le "document humain"sur lequel il est bâti) conditionne sa dimension "fictionnaire" d´être de papier support et moteur d´une intrigue inventée.
Le changeur et sa femme de Quentin Metsys, la vocation de saint Matthieu du Caravage, le Tricheur à l'as de carreau de Georges de La Tour: trois peintures célèbres qui font place à l'argent, parmi des centaines d'autres souvent moins connues.
Ces oeuvres d'art admirées dans les musées ou les églises s'offrent comme sources pour l'historien. À partir d'elles, on cherchera à mieux comprendre le rapport qu'entretiennent avec l'argent hommes et femmes des XVe-XVIIe siècles en Europe occidentale. L'argent occupe une place de premier ordre dans les pratiques sociales et les croyances: quelles visions en donne l'image, et particulièrement la peinture? Tel est l'enjeu de cet essai, qui s'attache particulièrement à rendre compte des luttes de représentation que sa présence fait naître fréquemment.
Choisir l'image comme source unique suppose le recours à une méthodologie propre, d'autant que l'argent, sous forme de pièces de monnaie, ne constitue généralement qu'un détail sur les tableaux. L'icône monétaire y occupe une position spécifique, en tant qu'objet social, mais aussi comme signe au sein de l'image. Plutôt que de procéder à une sélection, ce livre entend fournir un panorama d'ensemble des modalités et significations de l'argent en image.
On y analyse des figures attendues: avarice, usure, impôt. ou charité. Mais surgissent aussi des thématiques plus originales, de la circulation de l'argent dans les corps au rapprochement entre monnaie et Eucharistie. Une question traverse ces oeuvres et les sociétés qui les produisent: comment vivre avec l'argent? Le livre fait place à un héritage très négatif, qui fonde une relation toujours problématique.
Mais il montre aussi comment l'iconographie ouvre des pistes pour une progressive acclimatation de la monnaie, suivant des voies parfois surprenantes.
Parce qu'il désire mettre en oeuvre une politique extérieure ambitieuse et qu'il succombe à la fascination du " mirage italien ", François Ier doit trouver les moyens de réaliser ses projets et ses rêves.
C'est avant tout d'argent dont il a besoin : il aura donc à coeur d'augmenter de façon substantielle ses ressources. Au cours de son règne, de nouvelles formes de prélèvement se développent, touchant en particulier le clergé, les villes, les officiers. Mais taxes et impôts ne suffisent pas : les problèmes de trésorerie demeurent et imposent un recours croissant au crédit. La monarchie, en ce domaine, utilise des réseaux multiples.
Mais les circuits de l'argent restent encore assez rudimentaires, et l'efficacité technique de l'appareil d'Etat s'avère limitée. Le flot des réformes administratives comme le nombre des procès instruits par le roi contre ses principaux officiers de finance soulignent tout à la fois l'ampleur de la tâche à accomplir et les difficultés de sa réalisation. L'étude des finances offre à l'historien de l'Etat un terrain d'observation privilégié.
A travers elle, en effet, apparaissent les contraintes permanentes de la mobilisation des fonds, mais aussi des problèmes plus généraux : rivalités politiques, idéologie du pouvoir ou relations entre la royauté et ses sujets. Les questions d'argent révèlent ainsi les ambiguïtés d'une monarchie mal assurée de son droit à imposer et parfois réticente devant sa propre croissance. Avec cette passionnante étude, c'est donc au coeur du " mystère de l'Etat " que Philippe Hamon convie son lecteur.
En 1857 Champfeury écrivait dans son essai Le Réalisme qu'il souhaitait « chercher les causes et les moyens qui donnent les apparences de la réalité aux oeuvres d'art ». A peu près à la même époque Flaubert parlait des nombreuses « ruses » subtiles que l'écrivain devait inventer pour faire vrai. Son fls spirituel Maupassant, lui, revendiquait pour l'écrivain réaliste l'étiquette, plus juste à ses yeux, d' « illusionniste ». Et Valéry indiquait, de son côté, un peu plus tard, que le « désir de réalisme » impliquait une « gymnastique » spécifque d'une certaine écriture. Le réalisme, variété donc d'un discours de manipulation. Un « faire croire ». Ecrire le réel ne va pas de soi, et la mimesis, l'efet de réel doivent donc se fabriquer. Décrire les corps au travail, mettre en listes le réel, faire défler le réel, peindre le dessus et le dessous, collectionner les reliques du réel, traquer le réel dans ses vibrations les plus intimes, dire le faux pour dire le vrai, voir le langage, mettre des détails, être sérieux, tels sont les motifs, déductibles de ce désir de réalisme, qui seront ici étudiés dans leurs conséquences dans l'écriture, dans la « gymnastique » et dans les multiples « ruses » de leurs mises en textes et en oeuvres.
La seconde moitié du XVIe siècle constitue la « part sombre » de la Renaissance, marquée en France par les conflits religieux. L'affirmation de la foi protestante, comme la défense de l'Église catholique, servent d'étendard aux clans aristocratiques en rébellion contre le pouvoir royal et aux fidèles des deux confessions qui embrassent le combat des Grands. Le royaume entre dans un cycle de haines et de violences conduisant à huit guerres et quarante ans d'instabilité.
Combat fratricide par les armes, conflit des idées et des images, crise internationale, qui voit notre pays devenir le champ de bataille d'une Europe divisée par la Réforme, ces guerres de Religion accouchent, dans la douleur, de la France moderne - au prix de deux régicides - et préparent la voie à la monarchie absolue comme à notre République laïque.
Armures, gravures, tapisseries, près de deux cent cinquante témoignages iconographiques, explicités de cartes, d'une généalogie et d'une chronologie, viennent illustrer les dix-neuf essais et la quarantaine de biographies présents dans ce riche ouvrage.
LES ROMANTISMES - Administrer - Après le néo-classicisme - Le premier romantisme - Le romantisme européen - Équiper et loger - L'orientalisme - Les révolutions du paysage - Les premières résistances ; RÉVOLUTIONS ET RÉACTIONS - Éclectisme et historicisme - Le temps des scandales - L'impressionnisme - Naissance de la métropole - Après l'impressionnisme - La réaction symboliste - Le symbolisme international- Le rationalisme. L'ÂGE DES AVANT-GARDES - Les ruptures de l'art nouveau - Le fauvisme - Picasso et Braque - Cubisme, futurisme et vorticisme - L'architecture de la 2e révolution industrielle - La Brücke, le Blaue Reiter - L'abstraction à Paris - La Russie. Du néo-primitivisme au suprématisme. ORDRES ET DÉSORDRES - Images mécaniques - «Retour à l'ordre» en peinture ? - L'esprit Dada - L'abstraction - Le surréalisme - Avant-garde et tradition - Le mouvement moderne - La nouvelle monumentalité. LA MODERNITÉ : TRIOMPHE ET CRISE - Le logement et la ville - L'après-guerre en Europe - L'École de New York - D'autres images - Le pop - Maturité des architectures modernes - Les années théoriques - L'architecture et le schisme post-moderne - Personnalisation de la vie artistique - Éclatement des tendances.
Sous ses formes presque infinies, le récit est présent dans tous les temps, dans tous les lieux, dans toutes les sociétés ; le récit commence avec l'histoire même de l'humanité ; il n'y a pas, il n'y a jamais eu nulle part aucun peuple sans récit ; toutes les classes, tous les groupes humains ont leurs récits, et bien souvent ces récits sont goûtés en commun par des hommes de culture différente, voire opposée. Le récit se moque de la bonne et de la mauvaise littérature : international, transhistorique, transculturel, le récit est là, comme la vie.
Les spécialistes de plusieurs pays (France, États-Unis, Allemagne) se trouvent réunis ici autour d'une problématique commune : récit, narrateur, narration, personnage.
« Écrire l'histoire des arts de la Restauration aux premières décennies du XXIe siècle, c'est écrire l'histoire d'une révolution sans fin », écrit Philippe Dagen. En moins de deux siècles, métamorphoses et ruptures, réminiscences et résurrections, innovations et créations, loin de se succéder selon un ordre chronologique linéaire, s'entrechoquent, se superposent, s'affrontent et se brisent.
Du romantisme à la scène internationale du XXIe siècle, en passant par l'impressionnisme, les avant-gardes, le minimalisme, le pop art et les formes d'art apparues dans les dernières décennies du XXe siècle, cet ouvrage propose :
- Une introduction revue par Philippe Dagen qui explore la diversité des approches méthodologiques propres à l'étude de la période.
- Une approche chronologique par grand ensemble avec introduction détaillée exposant le contexte.
- Une thématique développée par double-page constituée d'un texte courant, d'illustrations et d'encadrés.
- Un appareil scientifique très précis qui rassemble cartes, plans d'architecture, chronologie, glossaire, index.
Cette nouvelle édition, augmentée de plusieurs études sur l'architecture, le design, la performance et l'émergence de la scène internationale offre un panorama complet de la période.
Comment conserver, évaluer et exploiter au mieux les ressources génétiques végétales ? Sur quels critères et avec quels outils constituer des collections représentatives de la diversité génétique des espèces cultivées ? Cet ouvrage apporte des éléments de réponse à ces questions en partant de l'étude de la diversité génétique de 11 plantes tropicales : les agrumes, les bananiers, le cacaoyer, le caféier, la canne à sucre, le cocotier, l'hévéa, le manioc, le mil, le riz, le sorgho. Trois chapitres méthodologiques sur le marquage biochimique et moléculaire, l'analyse des données et la constitution de core collections viennent compléter ces études.
Il y a les guerres de tranchées, les guerres de mouvement, les guerres de cent ans, les guerres symétriques et asymétriques, mais il y a aussi les guerres de mots, les guerres d'idées, et notamment les guerres d'idées reçues qui circulent de nation à nation. Chacune essaie de disqualifier l'autre en s'appuyant sur des clichés, des stéréotypes éprouvés et souvent séculaires : l'autre est laid, l'autre est immoral, l'autre ne sait pas parler, l'autre est maladroit, puant, goinfre, vicieux, parjure, etc.
Le présent essai est une tentative d'identifier ces stéréotypes racistes et xénophobes qui, au sein des principales nations européennes et au cours de l'Histoire, sont adressés par la France à ses voisins et par ses voisins à la France. Il en dresse la liste. Il tente de voir s'ils ont quelque logique systémique, et de comprendre par quels canaux (pamphlets, histoires drôles, petite presse, poèmes, chansons, grande littérature) ils se diffusent dans les opinions nationales avec souvent une remarquable longévité. Boches », « rosbifs », « mangeurs de grenouilles », « mal de Naples », « perfide Albion », « grippe espagnole », « cosaques », « vandales et autres « macaronis » forment ainsi - au sein d'un vaste discours injurieux qui double le discours policé des diplomates - une sorte de rhétorique de dénominations haineuses, de grande mythologie et de panthéon européen qui méritait une cartographie et une anthologie.
Il en va de l'histoire comme des autres sciences. Le laboratoire, ce sont ici les archives, les musées, les bibliothèques. Le matériau, c'est le document, écrit ou non écrit, qu'une analyse transmue en témoignage et qu'une critique confronte à d'autres témoignages. Il y a le document qui parle de lui-même parce qu'il a été conçu pour raconter _ ce qui ne signifie pas qu'il soit sincère. Le récit, la chronique, le journal sont précieux, tout comme le tableau figuré, souvent parce qu'ils fourmillent de détails empruntés à l'observation, toujours parce qu'ils proposent une explication, un éclairage, une version. L'historien sait ne pas négliger de tels témoignages. Il en sait la fragilité. S'imposent le recoupement, la critique, l'assemblage. Le témoin unique ne témoigne de rien que de sa propre version: le peintre des travaux champêtres n'a jamais tenu un mancheron et l'acteur d'une bataille n'en a vu que son entourage. Il y a aussi le document né de l'action, dont l'auteur n'aurait jamais pensé qu'il serait un jour matière première de l'analyse historique. C'est la lettre, la décision, le compte, mais c'est aussi le plan de la ville ou l'ordonnance des champs, l'appareil de la construction ou la forme du soc. Mais ce document, comme la cornue du chimiste ou le microscope du biologiste, ne répond bien souvent à l'interrogation qu'en désavouant l'idée préconçue de l'historien et en le contraignant à de nouveaux points de vue, à de nouvelles questions. La recherche est ici comme ailleurs un interminable dialogue. Autant qu'au maître, à l'étudiant, à l'élève tentés de prendre leur part à l'expérience de l'historien, cette collection s'adresse à tous ceux qui souhaitent passer derrière le décor planté par l'écriture des historiens quand ceux-ci parviennent à des résultats, qui veulent poser eux-mêmes les questions que suggère l'intelligence de notre temps à la diversité du témoignage des temps passés. Ce que nous proposons ici, c'est évidemment un choix. Les textes inconnus ou peu connus côtoient les pièces illustres qu'on se serait étonné de ne pas trouver sous le prétexte qu'elles sont ailleurs. Des actes solennels alternent avec ceux de la pratique quotidienne. Jean Favier, de l'InstitutJean Jacquart, professeur émérite à l'université de Paris-I, et Philippe Hamon, maître de conférences à l'université de Rennes-II, ont choisi, transcrit (voire traduit), présenté et annoté les textes du présent volume.
Depuis le Moyen Âge, la sphère politique a progressivement acquis une autonomie à l'égard du religieux. Dans ce long processus, commun à la plupart des pays d'Europe, quel a été le rôle des conflits ? Historiens, politistes et sociologues confrontent dans cet ouvrage leurs connaissances et leurs méthodes, par des approches globales et pluridisciplinaires ou par des études de cas historiques. Penser le conflit permet ainsi de mieux comprendre la genèse du politique sur la très longue durée.
Cet ouvrage étudie comment les conflits ont favorisé l'émergence de nouveaux rapports au politique. Pour cela, l'examen sur la longue durée de terrains variés - de l'Angleterre à Venise, de la Saxe à l'Espagne - permet d'évaluer la construction progressive du politique au cours de guerres étrangères, de guerres civiles aux implications internationales et d'occupations militaires.
Avec le soutien de l'ANR, le CERHIO et le CRHQ.