Comment comprendre la persistance des inégalités en France alors que l'égalité est proclamée centrale au pays des droits de l'H(h)omme ?
C'est à cette question que Réjane Sénac répond dans cet essai dérangeant, bousculant et original. Elle remet en cause la conception française de l'égalité, comme un mythe à déconstruire pour tendre vers une égalité sans condition : en deça du sexe, de l'origine sociale et ethno-raciale, de la religion et de l'orientation sexuelle. Autrement dit, nous ne serons égaux que si nous nous reconnaissons comme semblables et non comme complémentaires au regard d'identifiations figées et figeantes.
À travers une relecture critique de la devise républicaine, elle montre que l'égalité n'existera qu'en se libérant du récit de la performance de la mixité, incarné par des slogans tels que « la diversité, c'est bon pour le business » ou « la mixité est une valeur ajoutée », en particulier entre les femmes et les hommes. Si on ne veut pas vivre dans une société où même l'égalité devient une histoire de rentabilité et de success-story, il est urgent de se réveiller de ce « compte » de fée.
Avec une argumentation explosive, Réjane Sénac développe une pensée féministe novatrice et audacieuse. Des analyses de Thomas Piketty et de Raphaël Enthoven, en passant par le succès d'un rappeur comme Orelsan, elle montre comment on peut se dire pour l'égalité tout en participant à la reproduction des inégalités. Elle revient sur les combats actuels du féminisme français, de l'écriture inclusive aux polémiques suscitées par le mouvement #MeToo et les réunions non-mixtes féministes et anti-racistes.
S'approprier l'espace public, y prendre la parole pour dénoncer les injustices vécues: tel est le principal modus operandi des mobilisations contemporaines, des mouvements d'occupation des places à #MeToo en passant par les Gilets jaunes. Réjane Sénac a interrogé 130 responsables d'association ou de collectif, entrepreneurs sociaux et activistes aux affiliations plurielles, afin de mieux comprendre leur rapport à l'émancipation, notamment la place qu'ils accordent au principe d'égalité. Deux traits communs émergent de cette enquête: les mobilisations - pour la justice sociale et écologique, contre le racisme, le sexisme et le spécisme - sont radicales par les remises en cause et les utopies qu'elles portent, et fluides par leur refus d'un cadre fixe et définitif.La transformation de la société passe par une diversité de tactiques et d'expérimentations. Plus de grand soir à l'horizon, mais des jardins partagés.
La France, pays dit « des droits de l'homme », serait porteuse d'une égalité exemplaire. Certes, à l'origine, cette égalité « à la française » est loin de concerner tout le peuple. La citoyenneté fut en effet élaborée à partir des attributs, des capacités et des activités des hommes blancs, de sorte qu'elle ne pouvait être aisément étendue aux femmes et aux « non-blanc.he.s ». Mais depuis ? La promotion de la parité et de la diversité au XXIe siècle ne marque-t-elle pas le dépassement du péché originel de la répartition entre frères égaux et « nonfrères » complémentaires ?
Cet essai interroge les mutations d'un mythe, celui de l'égalité à la française. Il montre comment l'inclusion des femmes et des racialisés est légitimée non pas au nom de l'application d'un principe républicain universel mais en raison de sa supposée performance économique. Marchandiser l'égalité n'est-il pas le meilleur moyen de la tuer ?
Que disent les usages contemporains de la parité et de la diversité, ainsi que les controverses sur la prétendue théorie du genre, du principe d'égalité à la française ? En quoi permettent-ils de comprendre la persistance des inégalités sociales et économiques malgré l'égalité proclamée dans le droit ?
L'analyse croisée de rapports, de discours, de données quantitatives et d'enquêtes qualitatives montre qu'en transformant les facteurs d'exclusion puis de discrimination en facteurs d'inclusion, la promotion de la parité et de la diversité porte une égalité sous conditions de performance de la différence.
Les politiques d'inclusion au nom de la richesse des différences ne remettent en effet pas en cause le rôle central que joue la complémentarité sexuée et racialisée dans l'ordre politique. Elles l'utilisent au contraire comme une justification et une condition. En se réappropriant les approches critiques, en particulier féministes et postcoloniales, ces politiques contribuent au tournant néolibéral, allant jusqu'à marchandiser le principe d'égalité.
Afin que l'égalité retrouve une épaisseur politique, n'est-il pas temps de dénoncer cette ruse de la raison néolibérale qui consiste à la paralyser, voire à l'empoisonner, en l'exaltant ?
L'ouvrage de référence pour faire le point sur l'écriture inclusive en 50 questions.
L'écriture inclusive fait régulièrement polémique. De plus en plus de personnes s'interrogent sur son usage. Que recouvre-t-elle vraiment ? Quels sont ses enjeux en termes d'égalité ? Comment l'appliquer au quotidien et sur quels principes s'appuyer ?
L'ambition de ce livre-guide est de répondre aux questions les plus fréquentes et de proposer des solutions concrètes et faciles pour adopter un langage plus inclusif.
Aucune critique ni question sensible ne sont éludées. Les réponses apportées font état des dernières connaissances sur le sujet et offrent de multiples points de vue pour clarifier le débat et accompagner les pratiques.
La collection "Le lien social", dirigée par Serge Paugam, directeur de recherche au CNRS, propose des essais d'interprétation sociologique, historique et économique des sociétés contemporaines. Elle a pour ambition de s'appuyer sur les méthodes et les moyens techniques des sciences sociales, sans renoncer pour autant à la réflexion philosophique sur le sens des expériences vécues et l'interprétation des évolutions globales de la société.
Après avoir fait l'objet de polémiques sur la pertinence du recours à des mesures de discrimination positive et sur le sexe de la République, le terme de " parité est devenu une expression consensuelle, presque un slogan, désignant l'exigence d'égalité entre les sexes. Cet ouvrage interroge l'originalité des lois françaises dites sur la parité, s'appliquant aux élections politiques, en particulier aux municipales, au regard des multiples stratégies mises en place dans le monde pour compenser la sous-représentation chronique des femmes en politique. Il montre comment le succès du mot parité pose, en filigrane, la question d'un ordre sexué de notre société.
Une abondante littérature issue de l'univers du management ne cesse de vanter les mérites de la diversité à la fois pour développer les performances des organisations et pour consacrer leur responsabilité sociale.
Fin 2008, au croisement du monde économique, social et politique, le lancement du label diversité et le discours de Palaiseau du chef de l'État cristallisent le débat sur l'articulation entre l'unité du corps politique et social et la reconnaissance de sa pluralité. Trois ans après, au regard des débats européens sur l'échec du multiculturalisme, la tentation est forte d'interpréter la diminution de la visibilité médiatique et institutionnelle de la diversité comme l'expression d'une tentative avortée de faire prévaloir le multiculturalisme en France.
Cette recherche nuance cette interprétation à l'aune des débats théoriques qu'elle soulève, en particulier en ce qui concerne la redéfinition des termes de la citoyenneté, voire de la nationalité, et de la complexité des acteurs et des normes en présence.
La définition des catégories de public et de privé est au fondement de l'exclusion des femmes du pouvoir au nom d'une nature féminine incompatible avec le règne de la raison et de "l'intérêt général". La mise en questions de cette dichotomie est essentielle pour comprendre la manière dont les arbitrages dans l'action publique confortent ou modifient les rapports sociaux de sexe. Quel est l'impact des politiques publiques sur la redéfinition des frontières public-privé et sur la structure genrée de la société ?