En 1972, Simone de Beauvoir se rend à l'usine de Méru, près de Paris, auprès d'ouvrières désemparées par la « justice bourgeoise ». Celle-ci a en effet condamné à un an de prison, avec sursis, leur patron dont l'usine a explosé le 11 mai 1961, faisant trois mortes et cinquante-sept brûlées. Ce patron n'avait pas respecté les impératifs de sécurité. Simone de Beauvoir écrira dans le journal militant de l'époque J'Accuse : « Aujourd'hui, en France, on peut tuer impunément. » Ce texte admirable, inédit en volume, vient à point à l'heure où l'inégalité devant la mort ne cesse de grandir en France entre les travailleurs les plus privilégiés de nos sociétés et ces intérimaires sans protection dont le nombre s'accroît d'année en année.