1791 : les constituants abolissent les châtiments corporels et placent la peine de prison au coeur du système pénal.
Leur ambition est de protéger la société, sanctionner la faute mais aussi de favoriser l'amendement des condamnés par la réclusion et le travail. la récidive signe la ruine de ce rêve philanthropique. dès lors, théoriciens et gouvernements s'attellent à réformer l'institution malade. cette " orthopédie sociale " culmine sous la monarchie de juillet qui prétend généraliser l'enfermement cellulaire. depuis deux siècles, la politique pénitentiaire s'inscrit dans un mouvement de balancier : mesures humanistes, attentisme, épisodes répressifs.
Aujourd'hui, la surpopulation carcérale hypothèque les améliorations apportées au quotidien des détenus ces trente dernières années. grâce au parcours historique mené par jean-claude vimont, les enjeux du débat contemporain sur le devenir de la prison et le sens de la peine s'éclairent largement.
L'ouvrage présente les dossiers de personnalité, extraits de l'univers judiciaire et pénitentiaire, qui explorent l'individualité de mineurs ou d'adultes. Cette source nouvelle en dit autant sur les personnes observées que sur celles qui les observent. Car des vies s'y racontent, ou sont racontées, par des experts soucieux de toucher au coeur de l'individu, déterminés à l'analyser, à le commenter, à le dévoiler, pour l'absoudre ou le condamner. Arc-boutés à la conviction de mesurer scientifiquement la personnalité des individus ainsi scrutés, médecins, psychologues, éducateurs et magistrats finissent par les enfermer, au coeur de leurs dossiers, dans des catégories souvent figées qui déterminent à leur tour le destin de la personne jugée. Cet étiquetage mérite qu'on s'y arrête en historiens. Tel est le dessein de ce livre.
Les incidents violents qui ont récemment enflammé de nombreux quartiers des banlieues métropolitaines sont difficilement réductibles à une cause unique. La prolifération des discours sécuritaires, des injonctions et des solutions hâtivement élaborées masquent mal le désarroi des élites politiques face aux comportements d'une fraction de la jeunesse des milieux populaires. Les neuf réflexions réunis dans l'ouvrage proposent d'éclairer le présent par l'analyse de déviances et de violences passées : des rixes villageoises aux casseurs , des Apaches de la Belle Epoque aux J3 de l'après-guerre. Ils s'attardent sur les constructions identitaires de ces jeunes et sur les répressions dont ils furent victimes : jeunes coupables ou jeunes en danger, jeunes à incarcérer ou à soigner, à éloigner vers des colonies pénitentiaires ou dans les sables africains des Bat' d'Af'.