"Pourquoi un assemblage provisoire de solidarités humaines se prolonge-t-il au point parfois de former un collectif stable marqué par une puissance d'expression et de survivre à celui qui en a été l'initiateur ? Bien que l'institution soit aisément descriptible en termes de totalité isolable délimitée par des frontières, cette découpe du social n'est qu'une expérience sensible parmi d'autres et elle varie selon l'échelle d'observation. Les controverses qui entourent sa définition nous rapprochent de celles des naturalistes concernant la notion d'espèce biologique il y a plus de deux siècles. Elles posent la question de leur mode d'existence.
Cet ouvrage envisage de distinguer les agencements sociaux à partir de leurs mouvements. Il traite du mouvement de la matière sociale dont l'institution ne figure que comme une détermination possible parmi d'autres assemblages sociaux. Par analogie avec l'échelle de Jacob, les agencements sociaux montent et descendent les échelles de l'être."
Cet ouvrage envisage le changement institutionnel comme une expérience ordinaire liée à des formes d'attestation qui appellent chacun à se positionner. Faire l'expérience du changement, c'est intégrer individuellement le phénomène observé dans une durée plutôt que l'observer de l'extérieur à partir de signes qui le manifesteraient. L'idée est de caractériser l'ontologie de l'objet "institution" dont on cherche à décrire l'évolution plutôt que de partir d'une prétendue universalité du concept d'évolution.
La première partie interroge les particularités des descriptions du changement associé à différents types d'objets institutionnels : dispositifs physiques, organismes biologiques ou formes sociales. La deuxième partie questionne ce qui donne "consistance" aux institutions, ces éléments d'identité qui justifient leur persistance dans le temps, à la base de toute description du changement. La troisième partie envisage le changement comme un acte de valuation, dont les termes dépendent du type d'ontologie que chacun prête à l'institution.
Il correspond à une transformation dans la valeur que chacun accorde à l'institution, pouvant correspondre à une exigence de véracité, d'échange équilibré, de retour à une unité passée ou de connectivité holistique.
La collection est dirigée par Lucien Sfez, professeur à l'Université de Paris I. Les ouvrages sont des analyses du pouvoir et de la politique.