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Du XIV? au XVII? siècle, dans toute l'Europe, des femmes et des hommes accusés de sorcellerie ont raconté s'être rendus au sabbat : là, de nuit, en présence du diable, on se livrait à des orgies et à la profanation des rites chrétiens. D'où vient le sabbat ? Les accusés se sont-ils laissé extorquer le récit que leurs juges attendaient d'eux ? Selon Carlo Ginzburg, pas toujours. Dans quelques cas, l'écart entre les questions des juges et les réponses des accusés laisse affleurer des éléments liés à un fond culturel plus enfoui. L'historien italien entreprend alors de recomposer les pièces dispersées de cette histoire nocturne. L'enquête dessine à la fin du Moyen Âge la place du complot ourdi en son sein par les ennemis de la chrétienté et met au jour les traces d'une culture chamanique. Un programme ambitieux mais aussi une rigoureuse leçon d'historiographie.
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L'univers est gouverné par une loi générale de la putréfaction. Dieu, les anges et toutes les créatures naissent du chaos, comme les vers apparaissent à la surface du fromage. Nous sommes des dieux, et tout est Dieu : le ciel, la terre, l'air, la mer, les abîmes et l'enfer... Tel est le credo qu'un certain Menocchio, meunier du Frioul dans l'Italie du XVIe siècle, eut à défendre devant le Saint-Office avant de périr sur le bûcher. Lecteur infatigable, exégète à ses heures, hérétique malgré lui, il s'était constitué une bibliothèque au hasard des rencontres, hors de toute discipline culturelle, prélevant librement dans les textes, élaborant sa propre vision du monde.Avec cette étude magistrale, devenue un classique de l'historiographie, Carlo Ginzburg inventait la micro-histoire et renouvelait la connaissance d'un monde resté longtemps mystérieux, celui de la culture populaire.
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De l'analyse approfondie de cas spécifiques, très variés, émerge ici une nouvelle perspective pour la microhistoire, dont Carlo Ginzburg est l'un des fondateurs.
Au centre de ces études se trouvent des personnages célèbres, comme Montaigne ou Italo Calvino, ou méconnus, comme Jean-Pierre Purry ou M. de La Créquinière, des textes ou des images... mais un élément récurrent : la réflexion sur la méthode historique, sur les liens entre études de cas et éléments du hasard, souvent délibérément produit.
Le lecteur de ce nouvel ouvrage de Carlo Ginzburg découvrira les résultats probants, la plupart du temps imprévisibles, d'une recherche fidèle au principe d'Aby Warburg : « Le livre dont vous avez besoin se trouve juste à côté de celui que vous cherchez. » -
Dans les campagnes du Frioul, entre le XVIe et le XVIIe siècle, d'étranges récits attirent l'attention des autorités religieuses. Les membres d'une mystérieuse confrérie, nommés benandanti, racontent se battre à coups de branches de fenouil contre de méchants sorciers armés de tiges de sorgho. L'issue de ces combats, qui se déroulent en rêve, est déterminante pour les récoltes : selon que les uns ou les autres l'emportent,l'année qui vient sera prospère ou frappée par la famine.L'Église est prise de court face à ces phénomènes : elle ne comprend pas ces pratiques à demi païennes. Les inquisiteurs tentent de faire avouer aux benandanti que ces «batailles nocturnes» sont une réédition du classique sabbat...En examinant, à la lumière des archives de l'Inquisition, le décalage entre les propos des juges et ceux des accusés, Carlo Ginzburg ouvrait la voie à un renouveau de l'historiographie - à la fois par ses hypothèses inédites sur les origines de la sorcellerie et par son choix de faire entendre les voix, longtemps ignorées, des persécutés.
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Mythes, emblèmes, traces ; morphologie et histoire
Carlo Ginzburg
- Verdier
- Poche
- 7 Octobre 2010
- 9782864326175
Comment l'étude des procès de sorcellerie nous éclaire-t-elle sur les croyances populaires du Moyen Age? De quelle histoire se réclame l'histoire de l'art quand elle veut s'inspirer de l'oeuvre d'Aby Warburg ? Comment comprendre le destin d'une formule latine ente le XVIe et le XVIIe siècle ? Mais encore : l'oeuvre érotique de Titien est-elle susceptible d'une lecture iconographique ? Celle de Dumézil d'une lecture politique ? Et celle de Freud d'une lecture anthropologique ? En six chapitres Carlo Ginzburg a révolutionné l'art de l'enquête dont il donne une interprétation décisive dans le septième des essais qui composent ce livre: " Traces ".
L'historien invente ainsi un nouveau paradigme pour les sciences humaines - le " paradigme indiciaire ". On comprendra mieux, en lisant Ginzburg, ce que cherche l'historien et comment il le trouve. Ce que trouvent les hommes et comment ils le cherchent. "Mythes emblèmes traces", paru une première fois en français en 1989, était depuis longtemps épuisé. Cette nouvelle édition augmentée d'une postface permettra au lecteur de découvrir ou de redécouvrir, dans une version entièrement revue et mise à jour, ce classique de l'historiographie et des sciences humaines.
Les éditions Verdier publient simultanément un nouveau volet des enquêtes de Carlo Ginzburg: "Le fil et les traces".
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Néanmoins : Machiavel, Pascal
Carlo Ginzburg
- Verdier
- Sciences Humaines
- 8 Septembre 2022
- 9782378560799
Le poids d'un mot, étudié, soupesé, traqué comme une source, en dit plus sur le destin de la politique moderne que bien des généralités censées se dégager des évolutions.
Ainsi l'historien Carlo Ginzburg aborde-t-il ici la modernité politique - le découplage supposé du politique et du théologique -, en lisant de façon rapprochée, en philologue, Machiavel et Pascal.
L'ouvrage nous livre une série d'éclairages nouveaux sur une manière de penser la règle et l'exception, à l'épreuve des faits.
Au moment où sont développées des histoires mondiales, des histoires décentrées, qui nous permettent de penser le monde globalisé, Ginzburg insiste sur l'attention nécessaire et féconde qu'il convient d'accorder aux singularités, à travers l'examen précis des cas et l'étude philologique des textes.
À l'heure où l'on déplore que les intellectuels n'orientent plus la vie politique (en supposant confusément qu'ils le firent par le passé), à l'heure où semble s'imposer une vision « machiavélienne » selon laquelle les plus forts dictent le droit au nom d'un réalisme implacable, la leçon de Carlo Ginzburg est précieuse.
Penser, ce n'est pas reformuler les réponses de l'opinion, c'est changer de questionnement. -
Le juge et l'historien ; considération en marge du procès Sofri
Carlo Ginzburg
- Verdier
- Poche
- 13 Septembre 2007
- 9782864325123
Le 17 mai 1972, le commissaire Calabresi est assassiné à Milan. Ce policier avait été présenté, notamment par le journal contestataire Lotta Continua, comme responsable de la mort d'un anarchiste, Giuseppe Pinelli, dont on avait découvert le corps défenestré, en décembre 1969, dans le jardin de la préfecture de police : Pinelli avait été convoqué pour un interrogatoire après le massacre de la Banque de l'Agriculture - attentat qui relevait, on l'a su depuis, de la « stratégie de la tension » mise en oeuvre par des éléments néofascistes et d'autres liés à l'appareil d'État.
Seize ans plus tard, en juillet 1988, Leonardo Marino, ex-militant du groupe Lotta Continua, s'accuse d'avoir participé au meurtre et met en cause ses camarades Ovidio Bompressi, Giorgio Pietrostefani, et Adriano Sofri. Au terme d'un périple judiciaire - sept procès en neuf ans - les trois hommes sont condamnés, sans preuve et sur la seule foi des « aveux » de ce « repenti », à vingt-deux ans d'emprisonnement, tandis que leur accusateur bénéficie de la prescription.
Dans cette affaire, l'auteur retrouve maints aspects des procès en sorcellerie, qu'il a souvent étudiés d'un point de vue historique, notamment ceux qu'intenta l'Inquisition aux XVI e et XVII e siècles. La réflexion méthodologique sur les indices et les preuves, et l'analyse des démarches comparées du juge et de l'historien, se mêlent ici à une étude minutieuse des documents et témoignages, qui révèle l'inconsistance des accusations portées. L'affaire Sofri ne concerne pas le seul lecteur italien : comment fut-elle possible en démocratie ? Bompressi, Pietrostefani et Sofri sont victimes d'une erreur judiciaire qui peut et doit être corrigée.
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Le fil et les traces ; vrai faux fictif
Carlo Ginzburg
- Verdier
- Sciences Humaines
- 7 Octobre 2010
- 9782864326168
Juifs de Minorque et cannibales du Brésil, chamans et antiquaires, les romans médiévaux, Les Protocoles des Sages de Sion, la photographie et la mort, Voltaire Stendhal Flaubert Auerbach : tels sont, parmi tant d'autres, les sujets qu'on trouvera traités dans ce livre.
Chaque chapitre interroge quelques-unes des manières dont, au cours de plus de deux millénaires et demi, le vrai, le faux et le fictif se sont opposés et entrelacés. Leurs rapports changeants ne sont pas seulement au fondement de la connaissance historique : ils déterminent notre présence au monde.
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À distance ; neuf essais sur le point de vue en histoire
Carlo Ginzburg
- GALLIMARD
- Bibliotheque Des Histoires
- 6 Septembre 2001
- 9782070754953
Le lecteur familier de Carlo Ginzburg retrouvera dans ces neufs essais ses thèmes de prédilection : le rapport entre morphologie et histoire, le statut du témoignage et de la preuve, les relations, toujours reformulées, du mot et de l'image. Il y retrouvera ses héros culturels : Warburg et Gombrich, Bloch, Auerbach et Spitzer, mais aussi Tolstoï et Proust. Mais comme l'auteur a l'art de varier ses effets, ses cadrages, ses échelles, ses formats, le dépaysement l'emporte sur le sentiment de familiarité, d'autant que ce sont précisément les procédés de l'«estrangement» qui font l'objet du premier essai et les implications cognitives de l'éloignement qui courent à travers tous les autres, consacrés à la notion de mythe, à celle de représentation, à l'attitude à l'égard des images et à la distinction entre les images et les idoles, à la notion de style, aux métaphores de la distance et de la perspective. Le dernier essai, qui porte sur une équivoque d'un discours du pape actuel, peut paraître étranger à cet ensemble. Mettant en cause, de proche en proche, les rapports des chrétiens et des juifs avec, en arrière-plan, les effets meurtriers d'un excessif éloignement et d'une tout aussi excessive proximité, il suggère la clé de ces réflexions ou, pour mieux dire, de ces variations sur la distance.