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hanna krall
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Les synapses de Maria H. ; plumes d'autruche roses
Hanna Krall
- Noir Sur Blanc
- Litterature Etrangere
- 6 Octobre 2022
- 9782882507938
Ce petit livre traite de la mémoire et de l'oubli. « Il s'inspire de centaines, voire de milliers de lettres que j'ai reçues au cours des années de Maria Twardokes-Hrabowska, ainsi que des souvenirs de Maria Hrabowska, sa belle-mère », précise Hanna Hrall en préambule. Maria, une dissidente polonaise, emprisonnée en 1981 pour avoir soutenu la grève générale, a émigré aux États-Unis où elle doit affronter un présent difficile, ayant à élever un fils autiste. Autre personnage important, autre voix : Maria Hrabowska, sa belle-mère, qui a survécu à la Shoah et à l'attaque terroriste contre les tours du WTC.
Les synapses de Maria H. est suivi d'un court ouvrage, publié en 2009, et construit sur un principe similaire : Fragments. « Ce livre raconte ce que les gens m'ont dit ou écrit durant les cinquante dernières années », note l'auteure avec malice. Une sorte de journal intime, fait de confidences, de propos recueillis - auprès d'amis, de connaissances, de lecteurs, et même d'un agent de police - qui sont le point de départ de microrécits sur nos comportements face à l'Histoire. En résulte un panorama de l'époque narré à plusieurs voix à travers des histoires tantôt amusantes, tantôt tragiques, où il est question de la Shoah, du communisme, des rêves, de Picasso, de la tristesse des poissons... -
soixante ans après la disparition de sa mère, un homme lui en veut toujours d'avoir préféré mourir avec son amant dans une chambre à gaz plutôt que de fuir avec lui, son fils.
un autre est hanté toute sa vie par sa soeur, morte dans un camp avant sa naissance. un vieil homme revient dans la ville de son enfance, deux vieilles femmes se souviennent. parents, enfants, frères et soeurs, destins croisés, désarticulés et alourdis par un passé douloureux, rencontres entre des vivants et des morts, bribes de souvenirs - hanna krall reprend ici certains thèmes qu'elle a traités dans d'autres livres (souvenirs de survivants de la shoah et de leurs enfants), mais sur un mode encore plus dépouillé que d'habitude.
tous les instants qu'elle juxtapose, toutes ces vies humaines éparpillées de par le monde, sont reliés par le fil secret et ténu de son regard et de ce style qui lui est si personnel, à la fois concret et poétique. ceux qui connaissent déjà hanna krall retrouveront ici des échos de son oeuvre, et ceux qui ne la connaissent pas pourront entendre, à travers ces fragments de destins, la musique d'une voix qui résonnera encore longtemps en eux une fois le livre refermé
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Dans les années 1970, Hanna Krall raconte une histoire vraie au cinéaste Krzysztof Kieslowski. Il s'en inspire pour réaliser Le Décalogue 8. Quarante ans plus tard, Krall nous révèle les changements apportés dans la fiction et s'attache à rétablir la vérité.
L'histoire est simple : pendant la guerre, une Polonaise accepte de devenir la marraine d'une fillette juive, afin de lui fournir un certificat de baptême qui la sauvera peut-être de la mort. Au dernier moment, la femme se désiste car, en bonne catholique, elle ne peut pas proférer de faux témoignage. Désemparées, la petite fille et sa mère sortent dans la rue, seules, en pleine Occupation allemande...
Hanna Krall construit sa narration en spirale : les personnes qui ont côtoyé la fillette et sa mère reviennent tour à tour, à des époques et en des lieux différents, celles qui les ont abandonnées, voire dénoncées ou, au contraire, celles qui les ont aidées. Victimes, bourreaux, simples témoins, il n'en reste que des traces, dans la mémoire ou dans la terre.
Magistralement construit, le récit de Krall nous happe, nous enveloppe, on reste longtemps sous son emprise. Telle une pierre jetée dans l'eau, il forme des cercles qui se propagent à l'infini.
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L'action du livre se situe en 1984, immédiatement après la levée de l'état de siège en Pologne. Celina, l'héroïne du roman, est une femme dans la quarantaine, dont la vie se trouve bousculée par les événements politiques tragiques des années « Solidarité ».
En tant que reporter photographe, elle assiste au procès des assassins de l'étudiant Grzegorz Przemyk (un meurtre commis par la milice qui a bouleversé la Pologne), et cache chez elle des militants clandestins. Elle devient ainsi le témoin direct des événements dont parlent les médias du monde entier.
Mais le passé se profile aussi en toile de fond. Pendant la guerre, la mère de Celina a caché chez elle une jeune femme juive et sa fille, Paula. Devenue adulte, cette dernière décide de partir en Afrique du Sud. Celina épousera alors l'ancien fiancé de son amie Paula.
C'est dans cette Pologne des années quatre-vingt que l'auteure dresse un beau portrait de femme, solidement ancré dans la réalité.
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«Il regardera les pentes herbeuses et la rive, mais ne verra personne. Il ne verra pas Raya ni Baby. Ni Dvoyra ni Chaïm, l'éventreur. Ni Yoyne ni le photographe avec son Leica. Ni le médecin, ni l'apothicaire ni sa femme. Il ne verra pas ses parents ni son oncle, adjoint au maire. Ni sa cousine Cyla. Ni la petite Rachelka, sa soeur de dix-sept ans. Ni Tauba ni les garçons de l'échoppe du marchand de glaces. Il saura où ils se trouvent. À Piatydnie, aux abords de la route d'Uscilug. Tous. Dans la fosse commune, dans la forêt de pins, près des noisetiers. À l'endroit d'où, chaque automne, ils apportaient à la grand-mère Haya des paniers entiers remplis de noisettes. Tous. Il restera toutefois assis le regard fixé sur l'autre rive. Ce n'est qu'à la nuit tombante qu'il retournera à la gare. Il s'assoupira dans le train et entendra alors la voix qui apparaîtra dans ses rêves durant le reste de sa vie : - Il ne faut pas y aller. Là-bas, il n'y a plus de rivière.»
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Prendre le bon Dieu de vitesse est un livre dérangeant aussi bien par sa forme que par son sujet. Il s'agit d'un texte authentiquement littéraire, mais qui conserve les traces de ce qui fut son point de départ : un dialogue entre Hanna Krall et Marek Edelman, le seul survivant parmi les cinq commandants de l'insurrection du ghetto de Varsovie. Hanna Krall ne cherche pas à saisir le fait historique dans sa globalité, mais s'interroge sur la manière dont Marek Edelman a vécu l'insurrection. Cet ouvrage pose la question insoluble du choix des vies à sauver, de ce qu'est la valeur d'une vie, et engage la réflexion sur le sens de cette résistance armée vouée à l'échec. Les faits sont rapportés dans leur expression la plus brute, et Hanna Krall prend le risque de choquer dans sa volonté de traquer au plus près la vérité humaine de cette insurrection, tout en la reliant à des questions intemporelles d'ordre éthique. Elle éclaire ainsi d'une perspective nouvelle un des épisodes les plus marquants de la Shoah et de la Seconde Guerre mondiale.
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«Le mariage de la petite-fille de Moshé Niskier sera célébré à la synagogue. Daniela Niskier, médecin de profession, épousera Carlos Wajsmann, un employé de banque. Le festin de noce commencera à dix heures du soir. L'orchestre de Warda Hermolin accompagnera la fête. Ils savent tout aussi bien jouer la lambada que chanter A yidishe mame. Il faut absolument chanter A yidishe mame, car les invités doivent verser une larme. Ceux d'Ostrowiec vont sûrement pleurer. Là-bas, il y avait de vraies mères juives. Les femmes en robe de mousseline, de brocart et de dentelle d'Italie, faite sur mesure par la Maison Liliana, ce ne sont que des mères déguisées. La chanson de Warda Hermolin ne parlera pas d'elles. Après les pleurs, il y aura des danses. Cypa Gorodecka (revenons à Cypa) regardera les danseurs. Si seulement elle est invitée à la noce.»
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La douleur fantôme réunit les récits essentiels de Hanna Krall, ceux qui illustrent le mieux les thématiques et le style si particulier, reconnaissable entre tous, de l'écrivaine polonaise, tels que « Le dibbouk », « Hamlet » ou « L'arrière-petit-fils »...
Dans la présente anthologie, les textes que le lecteur français avait pu découvrir, entre 1993 et 2003, chez Albin Michel, Gallimard et Autrement, paraissent ici comme de nouvelles versions, entièrement revues et parfois augmentées. D'autres textes, inédits, sont issus du dernier livre publié en Pologne par l'auteure : Détails significatifs (2022).
Depuis Prendre le bon Dieu de vitesse (1977), Hanna Krall explore le destin tragique des juifs polonais, des survivants de la Shoah. Plus largement, elle prête sa voix à tous ceux qui portent en eux une blessures indélébile, la marque au fer rouge de l'Histoire, qu'ils soient juifs, polonais ou allemands...
Engagée du côté de la mémoire, elle n'a écrit au fond qu'un seul et même livre immense, contre l'oubli. Le double aspect de cette oeuvre, à la fois littéraire et documentaire, à mi-chemin entre fiction et vérité, lui confère son caractère unique et sa dimension universelle.
La douleur fantôme n'est rien de moins qu'un livre indispensable. -
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Hanna Krall n'écrit pas pour informer, ni même pour porter un témoignage, elle écrit "obsessionnellement" contre l'oubli. Les récits qui composent Preuves d'existence retracent des destinées individuelles fondées sur des faits et des personnages réels, des survivants de l'Holocauste. Et les histoires sont pour le moins insolites : celle d'un Américain habité par l'âme de son demi-frère "perdu quelque part dans le ghetto", celle d'une grand-mère juive paralysée qui, après l'assassinat de son mari, recouvre l'usage de ses jambes... Nul doute que l'approche littéraire de l'auteur projette ce petit livre vers une dimension métaphysique. Ces destins individuels ordinaires revêtent soudain une importance symbolique, devenant des pièces éparses de la condition humaine. Et nous voilà confrontés à la question suivante : que veut nous prouver Hanna Krall ? L'existence de qui ou de quoi ? De Dieu ou des fours crématoires ? De l'espoir ou de la haineoe Du bien ou du mal ? De la vie malgré la mort ? C'est au lecteur d'y répondre. Fidèle à elle-même, Hanna Krall nous renvoie à nos propres questionnements.
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«À peine les cartes étalées sur la table, elle sait tout : un blond, amoureux, bref - le roi de coeur. Tu vois, il est sur le départ. Elle fixe les figures avec satisfaction : il a un voyage en perspective, ton roi, inutile de t'inquiéter ! En effet. Le roi se trouve dans la deuxième rangée, premier à droite, suivi d'un six de coeur qui représente le voyage. Il y a tout de même trois mauvaises cartes de pique, mais ce n'est pas bien grave, explique Terenia, tu vas recevoir de ses nouvelles dans les prochains jours. Elle reçoit des nouvelles. D'Auschwitz, il est vrai, mais avec un numéro où elle peut envoyer des colis. Dans sa lettre écrite sur un imprimé officiel, son mari l'informe : Je suis en bonne santé, envoie-moi de la nourriture. Elle expédie un kilo de sucre, un kilo de saindoux, du pain, de la poitrine fumée et des oignons. Celui lui coûte cent vingt zlotys et elle a le droit d'envoyer un colis par mois. Même si je dois mourir, même si je dois me vendre, je trouverai cent vingt zlotys chaque mois, annonce-t-elle à Lilusia.»