Fille du désert et du manque, sans cesse alertée par la solitude et l'absence, telle est la poésie arabe, cultivée quinze siècles durant par une succession de génies remuants, iconoclastes, gourmands des mille et une saveurs du verbe - et des mille et une images (licites ou illicites) qu'éveille dans le coeur de l'homme l'aiguillon du désir.
Fontaines destinées à réjouir les coeurs altérés, jardins parfumés, filles offertes, tendres éphèbes aux yeux de gazelle, nuits éclairées de lune où circule la coupe de vin ambré : le poète nous murmure que cela est tout... et rien - puisque la seule richesse vraiment désirable, pour l'homme bien né, est celle des mots.
L'innocent lecteur n'est pas au bout de ses surprises audaces verbales quasi rimbaldiennes, érotisme dévoilé sans honte, impertinences et inconvenances de tout bord - l'écriture revendique ici une modernité contre laquelle le temps., dirait-on, n'a pas de prise.
Cette riche anthologie désormais classique - la seule en langue française à embrasser aussi largement son sujet - donne de la civilisation arabe, on l'aura compris, une image qui prend à contre-pied les sinistres clichés véhiculés par notre époque. où la poésie apparaît comme l'insurrection première de la soif et du désir.
Réédition d'un classique qui enchanta roland barthes, où poésie et impertinence cheminent d'un même pas.
Les haïkistes nippons, dont maurice coyaud a rassemblé ici le plus large florilège, notaient volontiers leurs petits poèmes - trois vers, c'est tout - en marge du récit de leurs randonnées, comme autant de pauses, de points de suspension. m. coyaud procède à leur manière. son anthologie n'en est pas vraiment une et c'est tant mieux ; elle prend forme de promenade, de libre divagation à travers le japon éternel.
Ecoutons ces voix qui nous disent que la poésie, même si elle n'est jamais que l'autre nom de l'indicible, ne loge pas au temple que l'on croit : elle suit les chemins vicinaux, dort dans les fossés et chausse les savates de tout le monde. elle ne cherche rien (puisque chercher est l'un des meilleurs moyens de ne rien trouver), donnant secrètement raison au sage qui nous prévient narquoisement : " quand vous regardez, contentez-vous de regarder.
Si vous réfléchissez, vous mettez déjà hors de la cible. "
Ses parents. Jeanne Cordelier, dans ce récit autobiographique décrit, vues de l'intérieur ce que furent plus de quatre années de prostitution, les multiples facettes de cette vie, les nuits en garde à vue, les passes à la chaîne, les perversions de certains clients, la violence et la lutte pour s'en sortir.
La Dérobade est un livre dur qu'une langue argotique des années 1970 vient malgré tout égayer et qui s'est imposé comme un livre majeur.