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Sciences humaines & sociales
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" quand, dans la société primitive, l'économie se laisse repérer comme champ autonome et défini, quand l'activité de production devient travail aliéné, comptabilisé et imposé par ceux qui vont jouir des fruits de ce travail, c'est que la société n'est plus primitive, c'est qu'elle est devenue une société divisée en dominants et dominés, en maîtres et sujets, c'est qu'elle a cessé d'exorciser ce qui est destiné à la tuer : le pouvoir et le respect du pouvoir.
La division majeure de la société, celle qui fonde toutes les autres, y compris sans doute la division du travail, c'est la nouvelle disposition verticale entre la base et le sommet, c'est la grande coupure politique entre détenteurs de la force, qu'elle soit guerrière ou religieuse, et assujettis à cette force. la relation politique de pouvoir précède et fonde la relation économique d'exploitation.
Avant d'être économique, l'aliénation est politique, le pouvoir est avant le travail, l'économique est une dérive du politique, l'émergence de l'etat détermine l'apparition des classes. "
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Capitalisme et schizophrénie Tome 2 ; mille plateaux
Gilles Deleuze, Félix Guattari
- Éditions de Minuit
- Critique
- 1 Octobre 1980
- 9782707303073
L'espace lisse, ou nomos : sa différence avec l'espace strié.
- ce qui remplit l'espace lisse : le corps, sa différence avec l'organisme.
- ce qui se distribue dans cet espace : rhizome, meutes et multiplicités. - ce qui se passe : les devenirs et les intensités. - les coordonnées tracées : territoires, terre et déterritorialisations, cosmos.
- les signes correspondants, le langage et la musique (les ritournelles). - agencement des espaces-temps : machine de guerre et appareil d'etat.
Chaque thème est censé constituer un " plateau ", c'est-à-dire une région continue d'intensités.
Le raccordement des régions se fait à la fois de proche en proche et à distance, suivant les lignes de rhizome, qui concernent les éléments de l'art, de la science et de la politique.
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Capitalisme et schizophrénie Tome 1 ; l'anti-Oedipe
Gilles Deleuze
- Éditions de Minuit
- Critique
- 1 Mars 1972
- 9782707300676
Qu'est-ce que l'inconscient ? Ce n'est pas un théâtre, mais une usine, un lieu et un agent de production. Machines désirantes : l'inconscient n'est ni figuratif ni structural, mais machinique. - Qu'est-ce que le délire ? C'est l'investissement inconscient d'un champ social historique. On délire les races, les continents, les cultures. La schizo-analyse est à la fois l'analyse des machines désirantes et des investissements sociaux qu'elles opèrent. - Qu'est-ce qu'oedipe ? L'histoire d'une longue -erreur -, qui bloque les forces productives de l'inconscient, les fait jouer sur un théâtre d'ombres où se perd la puissance révolutionnaire du désir, les emprisonne dans le système de la famille.
Le " familialisme " fut le rêve de la psychiatrie ; la psychanalyse l'accomplit, et les formes modernes de la psychanalyse et de la psychiatrie n'arrivent pas à s'en débarrasser. Tout un détournement de l'inconscient, qui nous empêche à la fois de comprendre et de libérer le processus de la schizophrénie.
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« La joie est, par définition, illogique et irrationnelle. La langue courante en dit là-dessus plus long qu'on ne pense lorsqu'elle parle de «joie folle» ou déclare de quelqu'un qu'il est « fou de joie ». Il n'est effectivement de joie que folle ; tout homme joyeux est à sa manière un déraisonnant.
Mais c'est justement en cela que la joie constitue la force majeure, la seule disposition d'esprit capable de concilier l'exercice de la vie avec la connaissance de la vérité. Car la vérité penche du côté de l'insignifiance et de la mort, comme l'enseignait Nietzsche et l'enseigne aujourd'hui Cioran. En l'absence de toute raison crédible de vivre il n'y a que la joie qui tienne, précisément parce que celle-ci se passe de toute raison.
Face à l'irrationalisme de la joie, toute forme d'optimisme raisonné n'oppose que des forces débiles et dérisoires, qu'« un misérable espoir emporté par le vent » pour reprendre les termes de Lucrèce. Fût-il le plus parfait et le plus juste, il laisserait encore tout, ou presque, à désirer. En ces temps de prédictions volontiers catastrophiques, on se garde pourtant d'envisager la pire des hypothèses, - je veux dire celle d'un monde devenu, contre toute attente, absolument satisfaisant. Car ce serait là un monde dont personne au fond ne veut ni n'a jamais voulu : on pressent trop qu'aucun des problèmes qui font le principal souci de l'homme n'y trouverait de solution. C'est pourquoi ceux qui travaillent sans relâche à son avènement n'attendent en fait de leur labeur qu'un oubli momentané de leur peine, et rien de plus. Et on peut parier qu'ils montreraient moins d'ardeur à la tâche s'ils n'étaient soutenus par la conviction secrète que celle-ci n'a aucune chance d'aboutir. » Clément Rosset
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Revue Critique n.931 : Rome hors ses murs
Revue Critique
- Éditions de Minuit
- Revue Critique
- 2 Janvier 2025
- 9782707356178
Rome est très tôt sortie d'elle-même, en impérieuse conquérante. Presque aussi vite, elle est devenue la proie de multiples imaginaires : celui des Européens fut longtemps captivé par le mystère de sa grandeur et par l'énigme de sa « décadence ». Vaste champ pour la réflexion politico-morale, mais aussi pour des mises en fiction où Rome cessait d'être exemplaire...
Si le rêve romain se poursuit aujourd'hui, c'est à bonne distance des lieux communs fatigués. Il se renouvelle grâce à Pierre Vesperini, découvreur de ces inventeurs de la littérature que furent, selon lui, les « poètes et lettrés oubliés » de la Rome républicaine. Il s'enrichit des prises et reprises romaines de Fellini et Pasolini « archéologues ». Il se diversifie étrangement, lorsque Raphaël Doan bâtit une Rome contrefactuelle avec la complicité de l' I.A. Il s'élargit de la Ville au Monde dans les cultural studies états-uniennes invitant à « dé-provincialiser » l'histoire romaine. Et il continue, bien sûr, à suivre les chemins de la fiction, voire de l'autofiction dans un livre comme celui de Béatrice Commengé, partie sur les traces d'Ovide exilé. Rome n'est plus dans Rome, elle est partout où nous sommes. -
A travers des séries de paradoxes antiques et modernes, ce livre cherche à déterminer le statut du sens et du non-sens, et d'abord leur lieu.
Où se passe exactement ce qu'on appelle un " événement " ? la profondeur, la hauteur et la surface entrent dans des rapports complexes constitutifs de la vie. les stoïciens furent un nouveau type de philosophes. lewis carroll fut un nouveau type d'écrivain, parce qu'il partait à la conquête des surfaces. il se peut que cette conquête soit le plus grand effort de la vie psychique, dans la sexualité comme dans la pensée.
Et que, dans le sens et le non-sens, " le plus profond c'est la peau ".
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La condition postmoderne : rapport sur le savoir
Jean-françois Lyotard
- Éditions de Minuit
- Critique
- 1 Septembre 1979
- 9782707302762
Contribution à la discussion internationale sur la question de la légitimité : qu'est-ce qui permet aujourd'hui de dire qu'une loi est juste, un énoncé vrai ? Il y a eu les grands récits, l'émancipation du citoyen, la réalisation de l'Esprit, la société sans classes. L'âge moderne y recourait pour légitimer ou critiquer ses savoirs et ses actes. L'homme postmoderne n'y croit plus. Les décideurs lui offrent pour perspective l'accroissement de la puissance et la pacification par la transparence communicationnelle. Mais il sait que le savoir quand à devient marchandise informationnelle est une source de profits et un moyen de décider et de contrôler. Où réside la légitimité, après les récits ? Dans la meilleure opérativité du système ? C'est un critère technologique, il ne permet pas de juger du vrai et du juste. Dans le consensus ? Mais l'invention se fait dans le dissentiment. Pourquoi pas dans ce dernier ? La société qui vient relève moins d'une anthropologie newtonienne (comme le structuralisme ou la théorie des systèmes) et plus d'une pragmatique des particules langagières. Le savoir postmoderne n'est pas seulement l'instrument des pouvoirs : il raffine notre sensibilité aux différences et renforce notre capacité de supporter l'incommensurable. Lui-même ne trouve pas sa raison dans l'homologie des experts, mais dans la paralogie des inventeurs. Et maintenant : une légitimation du lien social, une société juste, est-elle praticable selon un paradoxe analogue ? En quoi consiste celui-ci ?
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Ce que nous voyons, ce qui nous regarde
Georges Didi-Huberman
- Éditions de Minuit
- Critique
- 23 Février 1999
- 9782707314291
Ce que nous voyons ne vaut - ne vit - que par ce qui nous regarde. Si cela est vrai, comment penser les conditions esthétiques, épistémiques, voire éthiques, d'une telle proposition ? C'est ce que tente de développer ce livre, tissé comme une fable philosophique de l'expérience visuelle. Nous y trouvons deux figures emblématiques, opposées dans un perpétuel dilemme. D'un côté, l'homme de la vision croyante, celui qui fait sienne, peu ou prou, la parole de l'évangéliste devant le tombeau vide du Christ : " Il vit, et il crut ". D'un autre côté, l'homme de la vision tautologique, qui prétend assurer son regard dans une certitude close, apparemment sans faille et confinant au cynisme : " Ce que vous voyez, c'est ce que vous voyez ", comme disait le peintre Frank Stella dans les années soixante, pour justifier une attitude esthétique qualifiée de " minimaliste ". Mais ce dilemme - constamment entretenu dans nos façons usuelles d'envisager le monde visible en général, et celui des oeuvres d'art en particulier - est un mauvais dilemme. Il demande à être dépassé, il demande à être dialectisé. Comment, alors, regarder sans croire ? Et comment regarder au fond sans prétendre nous en tenir aux certitudes de ce que nous voyons ? Entre deux paraboles littéraires empruntées à Joyce et à Kafka, c'est devant la plus simple image qu'une sculpture puisse offrir que la réponse à ces questions tente de s'élaborer. Un cube, un grand cube noir du sculpteur Tony Smith, révèle peu à peu son pouvoir de fascination, son inquiétante étrangeté, son intensité. Le regarder, c'est repenser le rapport de la forme et de la présence, de l'abstraction géométrique et de l'anthropomorphisme. C'est mieux comprendre la dialectique du volume et du vide, et la distance paradoxale devant laquelle il nous tient en respect. Mais il aura fallu, pour l'appréhender, établir une notion plus fine de l'" image dialectique ", revisiter celle d'aura - prise à Walter Benjamin -, et mieux comprendre pourquoi ce que nous voyons devant nous regarde toujours dedans. L'enjeu de tout cela : une anthropologie de la forme, une métapsychologie de l'image.
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Revue Critique n.929 : Juifs et Noirs : passés croisés
Revue Critique
- Éditions de Minuit
- Revue Critique
- 3 Octobre 2024
- 9782707355782
Comparer des expériences minoritaires exige qu'en soient respectées les complexités historiques et anthropologiques. Ainsi font les auteur.e.s qui, dans cette livraison de Critique, nous parlent, à partir de cas précis et de livres récents, de quelques moments où s'entrecroisent les histoires des Juifs et des Noirs.
Éléonore Devevey nous entraîne, dans le sillage de Saidiya Hartman, sur « les routes atlantiques de l'esclavage ». Jean-Frédéric Schaub évoque ce Noir valeureux devenu, dans l'Espagne du XVIIe siècle, un très populaire héros de théâtre. Lionel Zevounou revient sur la polémique, peu connue en France, suscitée par un article d'Hannah Arendt sur la déségrégation scolaire. Anne Lafont, qui a réuni ce dossier, s'entretient avec l'anthropologue Nicole Lapierre et souligne, dans sa contribution, le rôle pionnier que celle-ci a joué dans la mise au jour de ces « moments de croisement ».
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Revue Critique n.930 : De Spinoza à Cézanne : Un Deleuze magistral
Revue Critique
- Éditions de Minuit
- Revue Critique
- 7 Novembre 2024
- 9782707355799
Deleuze a enseigné à l'université Paris VIII, d'abord à Vincennes puis à Saint-Denis, de 1969 à 1987. Ces cours sont fameux. On osera dire mythiques. Une certaine pensée 68 s'y donne rendez-vous : « pop'philosophie » ouverte sur le dehors, flux et reflux du discours, comme improvisé et soumis au tangage des interpellations de l'auditoire...
Ces chefs-d'oeuvre de la parole vive, les voilà devenus livres, édités par David Lapoujade. Changement de « support » qui modifie notre regard en rendant manifeste le minutieux travail de composition qui a précédé chaque performance virtuose. Deleuze séducteur ? Nul doute. Mais Deleuze aussi et surtout magistralement professeur. C'est ce que montrent, dans leurs lectures croisées, David Rabouin et Pedro Cordoba (à propos du cours sur Spinoza), Dork Zabunyan et Bertrand Prévost (autour du cours sur la peinture). -
La peinture incarnée ; Le chef-d'oeuvre inconnu
Georges Didi-Huberman, Honoré de Balzac
- Éditions de Minuit
- Critique
- 1 Février 1985
- 9782707310095
Ces « pensées détachées » sur la peinture ont un fil conducteur : c'est une lecture du Chef-d'oeuvre inconnu de Balzac, récit qui fonctionne comme un mythe, admet une multiplicité d'entrées. Mythe sur l'origine, les moyens et l'extrémité de la peinture. C'est de tout cela qu'il est question.
Partant de l'« exigence de la chair » qui traverse tout le drame du peintre Frenhofer, une sorte d'histoire se reconstitue : c'est celle du problème esthétique de l'incarnat en peinture, depuis Cennini jusqu'à Diderot, Hegel, Merleau-Ponty.
Or, ce problème met en jeu le statut même du rapport qu'entretient la peinture figurative - un plan, des couleurs - avec son objet - une peau, des humeurs. Ce rapport est analysé comme une « aliénation », une perte au regard desquelles les notions d'objet et de sujet en peinture échoueront toujours à se stabiliser.
Si l'objet de la peinture - la peau - se perd irrémédiablement dans le plan, que reste-t-il ? Il reste un éclat, que le récit de Balzac met en scène de façon précise et bouleversante. Double est cet éclat : il est détail, hiératisation : le bout d'un pied de femme, « vivant », mais marmorisé. Et il est pan (selon le mot de Proust), c'est-à-dire la violence propre et quasi tactile d'un moment de pure couleur. Violence qui porte le peintre à dire « Rien, rien ! » tout en regardant son tableau. Violence qui porte le peintre vers son suicide. Distinguer conceptuellement le détail et le pan relève ici d'un projet et d'un questionnement : comment parler de la peinture aujourd'hui, entre la théorie sémiotique, la psychanalyse, et l'exigence d'une phénoménologie ?
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Revue Critique n.925-926 : Pier Paolo Pasolini : Un songe fait en Italie
Revue Critique
- Éditions de Minuit
- Revue Critique
- 13 Juin 2024
- 9782707355119
Le centenaire de la naissance de Pier Paolo Pasolini en 2022 a donné lieu en France comme en Italie à une avalanche de publications. La fascination exercée par ce poète - ce créateur - n'a jamais cessé depuis sa mort tragique le 2 novembre 1975 sur la plage d'Ostie. En France autant qu'en Italie, et pourtant différemment, Pasolini subjugue, attire, envoûte. Mais le plus frappant, presque un demi-siècle après son assassinat, c'est l'actualité qu'a reprise son oeuvre.
Pasolini se présentait dans un de ses poèmes comme une force du passé ; ce numéro spécial de Critique le montre comme une force de notre présent. Et pour contrebalancer les effets d'appropriation qui, en France, ont fait de lui une icône, c'est un Pasolini rendu à l'Italie que nous avons voulu donner à voir, en invitant plusieurs spécialistes italiens de son oeuvre (Marcantonio Bazzocchi, Gianluigi Simonetti) aux côtés de connaisseurs français de sa réception italienne (René de Ceccatty, Thierry Hoquet, Marielle Macé, Martin Rueff).
Avec un texte inédit en français de Walter Siti, écrivain et éditeur des oeuvres complètes de Pasolini en Italie, qui revient sur « Le mythe Pasolini ». -
Il n'y a probablement de pensée solide - comme d'ailleurs d'oeuvre solide quel qu'en soit le genre, s'agît-il de comédie ou d'opéra-bouffe - que dans le registre de l'impitoyable et du désespoir (désespoir par quoi je n'entends pas une disposition d'esprit portée à la mélancolie, tant s'en faut, mais une disposition réfractaire absolument à tout ce qui ressemble à de l'espoir ou de l'attente). Tout ce qui vise à atténuer la cruauté de la vérité, à atténuer les aspérités du réel, a pour conséquence immanquable de discréditer la plus géniale des entreprises comme la plus estimable des causes.
Réfléchissant sur cette question, je me suis demandé si on pouvait mettre en évidence un certain nombre de principes régissant cette « éthique de la cruauté », - éthique dont le respect ou l'irrespect qualifie ou disqualifie à mes yeux toute oeuvre philosophique. Et il m'a semblé que ceux-ci pouvaient se résumer en deux principes simples, que j'appelle « principe de réalité suffisante » et « principe d'incertitude ».
Le Principe de cruauté est paru en 1988.
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Revue Critique n.927-928 : Sons : De la musique aux arts sonores
Revue Critique
- Éditions de Minuit
- Revue Critique
- 5 Septembre 2024
- 9782707355508
Au début du XXe siècle, le futuriste Luigi Russolo publiait un manifeste pour « l'art des bruits » : l'introduction du son pur comme élément d'une musique élargie (ou continuée par d'autres moyens), ne date donc pas d'hier. Mais des « sound studies » aux « écologies du » en passant par les pratiques du design, de l'art et de la performance, la référence au « sonore » est devenue proliférante, parfois même assourdissante. Le vaste domaine que désigne ce terme excède la musique, mais aussi bien il la concerne. En l'emportant ailleurs, en interrogeant ses limites, il la force à renouveler ses formes et ses formats.
Pour éclairer cette situation, ce numéro spécial de Critique, coordonné par Élie During et Bastien Gallet, veut explorer d'une part de nouvelles approches pratiques et théoriques et d'autre part de nouvelles espèces de sons, de nouveaux environnements sonores, et leurs répercussions sur les pratiques musicales contemporaines.
Avec des contributions de : Frédéric Bisson, Maxime Boidy, Lambert Dousson, Élie During, Bastien Gallet, Agnès Gayraud, Céline Hervet, Pauline Nadrigny, Frédéric Neyrat, Matthieu Saladin, Peter Szendy, Anne Zeitz.
Et deux entretiens avec : Michael Century et Maud Jacquin ; Julie Ackermann et Guillaume Heuguet.
Texte inédit de Pauline Oliveros. -
Comment parler de l'autre côté, se demanda Alice. Car, en fait de merveilles, elle avait découvert qu'elle était plus d'une, et qu'une seule langue ne pouvait signifier ce qui avait lieu entre elles. Il fallait pourtant essayer de se faire entendre. Alors, s'appliquant, elle reprit :
Que dire d'une sexualité féminine autre ? Autre que celle prescrite dans et par l'économie du pouvoir phallique. Autre que celle encore et toujours décrite - et normalisée - par la psychanalyse. Comment inventer, ou retrouver, son langage ?
Comment interpréter le fonctionnement social à partir de l'exploitation des corps sexués des femmes ? Que peut être, dès lors, leur action par rapport au politique? Doivent-elles ou non intervenir dans les institutions ?
Par quel biais échapper à la culture patriarcale ? Quelles questions poser à son discours ? À ses théories ? À ses sciences ? Comment les énoncer pour qu'elles ne soient pas, à nouveau, soumises à la censure ou au refoulement ?
Mais aussi : comment déjà parler femme ? En retraversant le discours dominant. En interrogeant la maîtrise des hommes. En parlant aux femmes, entre femmes.
Questions - parmi d'autres - qui s'interrogent et se répondent dans plusieurs langues, sur plusieurs tons, à plusieurs voix. Déconcertant l'uniformité d'un discours, la monotonie d'un genre, l'autocratie d'un sexe. Innombrables les désirs des femmes, et jamais réductibles à l'un ni à son multiple.
Le jour était déjà levé depuis longtemps. Une histoire n'en finissait pas d'imposer son ordre. De l'obliger à s'exposer dans une clarté un peu froide. Dans l'attente d'un autre matin, elle repassa derrière le miroir, et elle se retrouva entre elles toute(s).
Luce Irigaray
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Revue Critique n.922 : L'écoféminisme est de retour
Revue Critique
- Éditions de Minuit
- Revue Critique
- 7 Mars 2024
- 9782707355003
Le terme « écoféminisme » a fait son apparition en français en 1974, dans un livre de Françoise d'Eaubonne qui en formulait ainsi la promesse : « La planète mise au féminin reverdirait pour tous. » L'écoféminisme pointait alors, derrière le capitalisme, l'ombre du patriarcat ; et derrière la lutte des classes, la guerre des sexes. Devenu moins visible au tournant du millénaire, il revient avec une vigueur nouvelle.
« Tremblez ! Tremblez ! Les sorcières sont de retour ! », scandaient les féministes italiennes des années 1970. Le grand retour de l'écoféminisme, associant comme naguère réflexions théoriques, interventions militantes et luttes de terrain, est la bonne nouvelle qu'annonce et illustre le dossier réuni par Germana Berlantini pour Critique. -
Revue Critique n.924 : Jean-Fabien Spitz : Républicains, encore un effort...
Revue Critique
- Éditions de Minuit
- Revue Critique
- 16 Mai 2024
- 9782707355102
Jean-Fabien Spitz occupe une place à la fois singulière et centrale dans le champ de la philosophie politique. Centrale par l'ampleur de son oeuvre (une quinzaine de livres parus depuis les années 1990) et par l'importance des questions qu'elle pose ou repose (celles de la liberté, de l'égalité, de la propriété, de la laïcité notamment). Singulière car ce penseur, venu de la philosophie et de Rousseau, est aussi un passeur qui n'a cessé, par son inlassable travail de traducteur, d'amener vers le français des classiques comme Locke mais aussi des contemporains aussi importants que Philip Pettit ou Ronald Dworkin. Jean-Fabien Spitz s'est donné à tâche de penser le républicanisme ou plutôt un néo-républicanisme pour notre temps.
Pour commenter et discuter ses thèses, Martin Rueff a réuni quelques-unes et quelques-uns des meilleurs spécialistes de son travail. Les questions débattues dans ce numéro, à commencer par celle de « l'égalité-liberté » sont capitales - on pourrait dire vitales - pour nos sociétés. « Républicains, encore un effort... » : notre titre est tout un programme. -
Aujourd'hui.
En me proposant de publier en livre ce qui fut d'abord un article de journal, Jérôme Lindon m'a donné à réfléchir l'alliance d'un hasard et d'une nécessité. Jusqu'alors, je n'avais pas prêté une attention suffisante au fait qu'un article, L'Autre cap , visiblement assiégé parles questions du journal et du livre, de l'édition, de la presse et de la culture médiatique, avait certes été publié dans un journal (Liber, Revue européenne des livres, octobre 1990, n°5), mais dans un journal singulier qui tente d'échapper à la règle, puisqu'il est simultanément inséré, de façon inhabituelle, dans d'autres journaux européens et simultanément en quatre langues. Or, il se trouve, de façon apparemment fortuite, qu'un autre article, La Démocratie ajournée , traitant au fond de problèmes analogues, et d'abord de la presse et de l'édition, du journal, du livre et des médias (dans leur rapport à l'opinion publique, aux libertés, aux droits de l'homme, à la démocratie - et à l'Europe) avait été lui aussi publié l'année précédente dans un autre journal qui fut aussi le même, à savoir Le Monde, et encore à part, dans le supplément d'un numéro singulier : le premier numéro du Monde de la Révolution française (janvier 1989) qui parut douze fois l'année du bicentenaire. Au-delà du partage des thèmes et en raison de cette situation (un journal dans le journal mais aussi un journal comme tiré à part), j'ai donc imaginé qu'il y avait quelque sens à replacer ces deux articles tels quels, côte à côte et sous le même jour. Le jour, justement, la question ou la réflexion du jour, la résonance du mot aujourd'hui, voilà ce que ces articles de journal gardent de plus commun - à leur date, au jour d'alors. Les hypothèses et les propositions ainsi risquées s'en trouvent-elles pour autant datées aujourd'hui, au moment où les problèmes du droit, de l'opinion publique et de la communication médiatique, entre autres, connaissent l'urgence et la gravité que l'on sait ? Au lecteur d'en juger.
Aujourd'hui se trouve être le premier, non le dernier mot de La Démocratie ajournée . Il entre peut-être en correspondance avec ce qui résonne étrangement dans l'apostrophe de Paul Valéry, citée à l'ouverture de L'Autre cap et relancée de loin en loin : Qu'allez-vous faire AUJOURD'HUI .
Jacques Derrida, le 29 janvier 1991.
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Avec Le Différend, Lyotard donne ce qu'il appelle « son livre de philosophie », après neuf ans de travail. Livre composé d'une suite de réflexions, ordonnée par numéros, interrompue selon l'opportunité par des notices de lecture de textes philosophiques (de Gorgias à Levinas), découpée en sections (différend, référent et nom, présentation, résultat, obligation, genre et norme, signe d'histoire). Au début, une brève fiche de lecture définit le titre, l'objet, la thèse, la question, le problème, le contexte, le prétexte, le mode, le genre, le style, le lecteur, l'auteur, et l'adresse. À la fin, index des oeuvres citées, des noms, des termes, une table des matières. Lecture aisée ; notices plus « techniques ». Kant et Wittgenstein particulièrement allégués (et détournés ?) La réflexion part de la polémique relative à l'existence des chambres à gaz (Faurisson, Vidal-Naquet). Elle s'étend lentement à la question du différend en matière de réalité, d'être et de temps, de devoir et de politique. Le différend est un conflit qui ne peut pas être tranché équitablement faute d'une règle de jugement applicable aux deux argumentations en présence. Peu à peu se dégage l'idée des « phrases » comme seul objet de la réflexion, des régimes divers (montrer, ordonner, raisonner, connaître, etc.) selon lesquels elles sont formées, et des genres de discours qui déterminent les fins en vue desquelles elles sont enchaînées (savoir, enseigner, être juste, séduire, etc.). Les régimes de phrases entre eux, les genres de discours entre eux sont hétérogènes. Il n'y a pas de langage en général, et pas de sujet qui userait du langage. Le problème est donc : si l'on ne peut éviter les conflits et si l'on ne peut éviter d'enchaîner une phrase sur une autre, - si donc on ne peut ni être pacifiste en matière de phrases, ni être indifférent, comment se guider par rapport à l'événement qui est l'occurrence d'une phrase ?
Le contexte de ce livre est le « tournant langagier » des philosophies occidentales et le déclin des métaphysiques universalistes (dont le retrait du marxisme et la « crise de la théorie » sont des aspects). Il ne s'agit de rien de moins qu'établir une pensée qui soit à la « hauteur » de la « post-modernité », celle-ci conçue non pas comme l'abandon du projet moderne, mais comme une autre figuration de l'être et du phraser.
Lecteur possible : n'importe qui, s'il n'est pas pressé de conclure ; le livre concerne les philosophes, les historiens, les linguistes, les anthropologues, les politologues, les économistes.
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Revue Critique n.908/909 : Georges Didi-Huberman
Revue Critique
- Éditions de Minuit
- Revue Critique
- 2 Février 2023
- 9782707348371
Philosophe, écrivain, anthropologue des images et des affects ; ymagier subtil de mondes enfuis et archiviste du temps présent ; montreur de formes et monteur de textes ; guetteur au carrefour des langages et sismographe des soulèvements : Georges Didi-Huberman est tout cela - tour à tour ou simultanément. Son oeuvre est d'une ampleur impressionnante - et pas seulement par le nombre des livres parus : plus de quatre-vingts à ce jour. Elle se déploie dans de nombreux espaces, ce numéro spécial en témoigne, sans que lui-même soit assignable à aucun. Nulle dispersion, pourtant : un étoilement plutôt, autour d'une passion du sens constamment innervée par un souci éthique.
Son travail et sa pensée aujourd'hui importent - nous importent.
Avec un texte inédit de Georges Didi-Huberman. -
Éthique de la différence sexuelle
Luce Irigaray
- Éditions de Minuit
- Critique
- 1 Mars 1984
- 9782707306807
« L'homme et la femme demeurent plus étrangers l'un à l'autre que ne le ont à chacun l'animal, la plante, la pierre, l'univers, les dieux. Cet irréductible de l'un à l'autre s'oublie sans cesse et s'organise en mondes bâtis dans la méconnaissance. Le langage, les échanges en général fonctionnent comme si ces deux moitiés du monde se connaissaient, se parlaient, se partageaient. À peine se font-elles signe de chaque côté d'un miroir qui n'appartient ni à l'une ni à l'autre, d'un abîme infernal ou céleste, d'une proximité que plus rien ne signifie. À moins qu'elles ne se détournent délibérément l'une de l'autre, ou ne tentent de se détruire dans le vertige de quelque renversement dialectique.
Ni la femme ni l'homme n'ont construit un territoire qui leur permette d'habiter et cohabiter leur corps, leur chair, de s'étreindre, s'aimer, créer ensemble. Mais la constitution d'une éthique sexuée est toujours reportée à plus tard. Elle emprunte d'étranges détours. S'arrête à l'écologie animale, considère le sexe des végétaux, analyse le comportement de nos cellules, s'efforce de connaître toutes espèces ou genres de mêmes et d'autres selon la taille, la forme, la couleur, la quantité, le nombre... Tout, sauf ce si proche de nous que nous ne le percevons pas et que, le touchant, nous n'abordons souvent qu'à notre nuit. Tant nous fait défaut ce qui dit nos puissances sensibles, leur architecture, leurs abords, leurs seuils, leurs passages du plus intime au plus lointain, en nous, entre nous.
La différence sexuelle comme enjeu théorique et pratique est encore abandonnée aux sciences et techniques « secondes » : médecines, arts, modes. Restaurations, reproductions, voiles, masques d'un original qui reste dans l'ombre, et qui vaut d'être interrogé avant d'être imputé à Dieu, ou quelque Autre qui nous fait loi.
Qui suis-je ? Qui es-tu ? En quoi consiste l'insurmontable de notre différence ? Quelles sont nos conditions de possibilité de vie, de beauté, de raison commune ? Ces questions s'imposent à notre époque. Mais elles suscitent les polémiques et les refus de qui se veut, se croit, ou s'ignore monopole d'une « philosophie première » - Vérité. » Luce Irigaray ----- Avant-propos et calendrier des cours ----- Ce recueil est composé de cours donnés à l'université Erasmus de Rotterdam. Ils ont eu lieu dans le cadre de la chaire internationale pluridisciplinaire créée pour Jan Tinbergen (prix Nobel d'économie politique), et occupée chaque année un semestre par un chercheur étranger. Elle m'a été attribuée en philosophie durant le deuxième semestre 1982, notamment à la demande de groupes de femmes enseignantes et étudiantes des Pays-Bas.
Qui occupe cette chaire est supposé y faire un travail original par rapport à ses recherches antérieures et en laisser des traces écrites. D'où ce livre qui rend compte de l'enseignement donné à l'université Erasmus de Rotterdam, y compris dans le déroulement de son calendrier-horaire qui reste sobrement l'architecture du volume.
Les cours ont été condensés en quatre mois, étant donné les dates de vacances. Chaque mois avait lieu une conférence suivie d'un débat. Les intitulés des conférences sont : « La différence sexuelle », « L'amour de soi », « L'amour du même, l'amour de l'autre », « L'amour de l'autre ». Les débats ne sont pas reproduits ici, pas plus que les exposés des étudiant(e)s. Le même mois, se tenaient également deux séminaires de lecture de textes philosophiques choisis en fonction du projet d'ensemble et de la conférence du mois. En septembre : « L'amour sorcier » (Lecture de Platon : Le Banquet, « Discours de Diotime »), et « Le lieu, l'intervalle » (Lecture d'Aristote : Physique IV, 3, 4, 5) ; en octobre : « L'admiration » (Lecture de Descartes : Les Passions de l`âme, article 53) et « L'enveloppe » (Lecture de Spinoza : L'Éthique, Première partie, « De Dieu ») ; en novembre, le séminaire a été réalisé par les étudiantes sur La Phénoménologie de l'esprit de Hegel (VI, « L'esprit, A, a, Le monde éthique, La loi humaine et la loi divine, l'homme et la femme ») et mes réponses ont été faites à partir de Speculum, de l'autre femme... « L'éternelle ironie de la communauté » ; en décembre, j'ai exposé « L'invisible de la chair » (Lecture de Merleau-Ponty : Le Visible et l'invisible, « L'entrelacs-le chiasme ») et « La fécondité de la caresse » (Lecture de Lévinas : Totalité et infini, Section IV, B, « Phénoménologie de l'éros »).
À cet enseignement destiné aux étudiant(e)s de différents niveaux, s'ajoute traditionnellement une « grande leçon » adressée à l'ensemble du corps enseignant de l'université, ouverte au public, et susceptible d'intéresser différents secteurs des sciences et du savoir. Je l'ai organisée autour du personnage d'Antigone tel qu'il est présenté par Hegel dans son analyse du monde éthique ; elle est reprise dans ce recueil à la date et dans le contexte où elle a été prononcée.
Aux travaux écrits que j'ai déjà publiés, ouvrages ayant tous comme objet la sexuation du discours, de la langue, de la culture, et la définition de nouvelles valeurs sexuelles, vient donc s'ajouter ce livre qui est une transcription de langage parlé et partagé oralement. D'un autre style donc, plus familier à l'écoute, et dont l'enjeu est nettement la rencontre entre les sexes masculin et féminin. Rencontre possible seulement si chacun des sexes se découvre et s'aime lui-même. Ce qui suppose de remanier tout notre ordre socio-culturel, et d'en changer les fondements éthiques.
Cette tâche serait une de celles, sinon celle, qui s'impose à notre époque. Elle nous demanderait de questionner et modifier nos rapports à l'espace et au temps.
Luce Irigaray
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Revue Critique n.923 : La science sous le microscope d'Alain Prochiantz
Revue Critique
- Éditions de Minuit
- Revue Critique
- 11 Avril 2024
- 9782707355027
Neurobiologiste de renom ; praticien et théoricien exigeant de sa discipline ; auteur de nombreux ouvrages qui dessinent autant de trajectoires dans les champs du savoir, Alain Prochiantz est aussi un scientifique engagé. Accident, qu'il vient de publier, est un cri d'alarme en même temps qu'un état des lieux nourri par une longue expérience. Son diagnostic est grave : la Cité scientifique est menacée. Et menacée, avant tout, par elle-même : par des institutions scientifiques dont les pratiques illibérales sont en passe d'étouffer l'inventivité qui permet la découverte.
C'est autour de ce livre inquiet et inquiétant, à coup sûr important, que Thierry Hoquet a construit le dossier publié dans cette livraison de Critique. -
Revue Critique n.915/916 : Papas-Mamans
Revue Critique
- Éditions de Minuit
- Revue Critique
- 7 Septembre 2023
- 9782707349040
Longtemps le couple parental fut le pilier des sociétés patriarcales et hétérosexuelles. « Papa-maman » (au singulier) y désignait l'horizon indépassable du foyer censé produire et élever les enfants. Cette norme naturalisée, décriée comme « bourgeoise », régentait le corps social tout entier et le « Famille je vous hais ! » d'un Gide ne faisait que confirmer son empire. Les temps ont changé et si nul ne se soucie aujourd'hui de conspuer la famille, c'est qu'elle est dans tous ses états.
L'idée qu'il faille nécessairement un Père et une Mère pour faire naître et grandir des enfants semble datée, voire ringarde. L'hégémonie de l'ancien modèle parental est remise en cause tant par les avancées médicales (procréation médicalement assistée, gestation pour autrui, greffes d'utérus ou dons de mitochondries) que par des évolutions sociétales qui perturbent la symbolique conventionnelle.
Traditionnellement, le père a toujours été jugé « incertain » par le droit, par opposition à la mère, « certaine » par la grossesse et l'accouchement. Les techniques de procréation changent la donne et la figure maternelle elle-même perd un peu de son évidence. Quand l'enfant est conçu dans une éprouvette, qui sera véritablement « parent » de l'enfant à naître : le donneur de gamète (spermatozoïde, ovocyte), la personne qui le porte, celle qui l'éduque ?
Au coeur de notre psychologie, Freud avait placé le complexe d'oedipe : tuer le père, coucher avec la mère. Mais ce nouage de la constitution psychique (celle des hommes, du moins) est-il encore opératoire dans ces organisations nouvelles que sont la famille « queer », homoparentale ou transparentale ?
Ce numéro spécial de Critique interroge les silhouettes de Papa et Maman telles que les redécoupent des bouleversements biomédicaux et légaux sans précédent ; il s'efforce aussi d'en éclairer les mutations en les confrontant aux figures que l'histoire, la littérature ou le cinéma ont fixées dans notre imaginaire, depuis le père absent ou despotique à la mère infanticide ou incestueuse.
Papas-Mamans : les inconnu(e)s dans la maison ?
Numéro spécial coordonné par Thierry Hoquet.