On sait les images du photojournalisme prises entre leur fonction (journalistique) et leur valeur esthétique (photographique) : entre le magazine et le musée, " derniers tableaux " reprenant à leur compte les questions de la peinture d'histoire.
Ce livre offre des exemples - oeuvres, expositions - qui illustrent, et en même temps excèdent cette opposition, et demandent l'élargissement du champ de cette recherche. C'est la vision d'un photojournalisme et d'un art contemporains l'un de l'autre, partageant les mêmes ambitions de " rendre compte du réel ", de témoignage, de " fonction critique ", les mêmes doutes sur leur capacité à le faire, et l'usage (la récupération, l'atténuation) dont ils peuvent faire l'objet.
Tenu les 8 et 9 octobre 2008 à l'École normale supérieure, le colloque « Aimé Césaire à l'oeuvre » se plaçait dans la double perspective d'un projet éditorial, celui des oeuvres littéraires complètes de Césaire et d'un projet institutionnel, celui de la collection « Planète Libre », fondée en 2007 en partenariat entre l'Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM) du CNRS et l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF). Cette collection prenait la suite d'un projet antérieur, « Archives de la littérature latino-américaine, des Caraïbes et africaine du XXe siècle », né 30 ans auparavant.
Dans les dernières années se sont multipliées des collections de référence, à la fois savantes et accessibles à un grand public. Elles permettent de lire dans son intégralité - et en y ajoutant la dimension critique qui les enrichit - l'oeuvre des grandes figures de la littérature mondiale (Kant, Flaubert, Proust, Artaud.). D'autres figures majeures sont restées en retrait, à l'écart de ce type d'édition de référence parce que, quand leur langue est le français, elles sont réputées appartenir à la littérature « francophone » - et non à la littérature française - du fait de leur ancrage hors de la France métropolitaine, et parce que les travaux critiques les concernant sont encore dispersés, voire insuffisants tant du point de vue qualitatif que quantitatif.
C'est à cette double lacune qu'entendent remédier l'Agence universitaire de la Francophonie et aujourd'hui « Planète Libre », en permettant l'édition dans une collection de référence de l'oeuvre complète de figures littéraires majeures du XXe siècle : Jacques Roumain, Léopold Sédar Senghor, Jean-Joseph Rabearivelo, Léon-Gontran Damas, Aimé Césaire.
Le projet Césaire a été lancé avec l'accord de l'écrivain. Ses précieuses recommandations ont permis d'élaborer l'esquisse du volume, qui a servi de base au programme du colloque : introduction et étude philologique préliminaire, le texte (poésie, théâtre), l'histoire du texte, les lectures du texte.
Quelques mois après la disparition d'Aimé Césaire, la rencontre dont nous présentons ici les actes prenait à la fois la forme d'un hommage et d'une prospective scientifique. Elle jetait ainsi, dans une méthodologie renouvelée, les bases d'une édition critique des oeuvres littéraires complètes de Césaire dans la collection « Planète Libre ».
Lors de la réunion du comité éditorial, le 30 septembre 2009, Albert James Arnold a été désigné coordonnateur scientifique de l'édition Aimé Césaire.
Pourquoi la microfinance s'intéresse-t-elle autant aux femmes ? Que sait-on aujourd'hui de ses effets sur la pauvreté féminine et sur les inégalités de genre ? En se basant sur l'exemple indien, cet ouvrage propose quelques éléments de réponse et de réflexion.
Les effets observés incitent à la prudence : selon la manière dont elle est mise en oeuvre, la microfinance peut affranchir les femmes de certains liens de dépendance, mais elle peut également en forger de nouveaux, renforçant ainsi les inégalités entre hommes et femmes ou entre femmes elles-mêmes. Et même, dans le meilleur des cas (offre de qualité et contexte approprié), la microfinance peut difficilement agir sur l'ensemble des normes sociales défavorables aux femmes, puisque celles-ci sont profondément ancrées dans les croyances et les pratiques.
Faut-il pour autant abandonner tout espoir et condamner la microfinance, au prétexte qu'elle n'aurait qu'un impact limité ? Certainement pas, mais il devient simplement urgent de prendre conscience des limites de l'outil et de ne pas en surestimer les potentialités.
Pourquoi ce qui s'est passé s'est-il passé ainsi et non pas autrement ? Pourquoi Schoenberg est-il devenu le Schoenberg tel qu'on le connaît ? Un tel questionnement a posé et nourri les fondements d'une herméneutique de la création et de la réception (musicales) : pourquoi telle oeuvre a-t-elle été créée ou/et reçue de telle manière, à tel moment et en tel lieu ? Pour déchiffrer ce pourquoi, il faut reconstituer l'identité narrative, le se-comprendre devant l'oeuvre (Ricoeur) de tel créateur ou de tel(s) récepteur(s). Les principes et les modalités d'application de cette herméneutique sont déclinés - de manière informelle - au fil des textes regroupés dans ce recueil. Ces outils permettent de mieux comprendre comment et pourquoi Schoenberg est devenu Schoenberg, en examinant tous les aspects de sa personnalité et de son oeuvre, aussi bien musicale, théorique, picturale que littéraire.
La traduction de ces articles fondamentaux avait été revue par le « père du marxisme italien » lui-même, en 1899. Il fut un des maîtres à penser de Gramsci. Son oeuvre représente une tentative vigoureuse pour arracher « l'immense révolution théorique de Marx » à l'affadissement positiviste à la Engels-Kautsky ou à la Plekhanov, ce pourquoi le jeune Lénine lui rendra hommage.
Depuis plus de deux siècles, les volcans sont l'objet d'études scientifiques détaillées dont les résultats sont aujourd'hui portés à la connaissance de tout le monde, grâce au cinéma et à la télévision. Malgré cela, l'activité volcanique paraît encore mystérieuse, et suscite bien des idées fausses. Pourtant, les mécanismes naturels qui sont à l'origine des éruptions et de la diversité des roches volcaniques sont assez faciles à comprendre, si l'amateur y porte un minimum d'attention ! Essayons ensemble ! Cette proposition s 'adresse à un large public désirant se familiariser avec les processus qui sont à l 'origine des magmas et des volcans. La formulation physico-mathématique est évitée tandis que la rigueur scientifique des illustrations est adoucie par la poésie de l 'aquarelle (cet ouvrage est illustré par 44 aquarelles). Le vocabulaire spécialisé, souvent inévitable, est rassemblé dans un glossaire situé à la fin de l 'ouvrage.
Les TIC et plus globalement le numérique sont le plus souvent saisis dans leur immédiateté. Comme si le numérique était voué à ce que F. Hartog a nommé le « présentisme ». Il semblerait que ces technologies soient toujours nouvelles, comme extraites de la dynamique historique, ce qui participe de L'impensé numérique. Or, elles possèdent également leurs propres dimensions temporelles, au pluriel, pour ne pas sacrifier la complexité de leur rapport au temps. Ce livre en deux tomes voudrait, sur le mode des sciences sociales et non de la philosophie, réinvestir cette question des temporalités numériques. Ce premier tome propose ainsi une histoire problématisée des TIC, comme archéologie du numérique, qui lie histoire et concepts au lieu de les séparer. Parce qu'il faut historiciser les concepts pour mieux en tester la pertinence et voir s'ils tiennent dans le temps. Parce qu'il faut équiper de concepts cette histoire qui ne peut pas être restituée sans que les enjeux politiques des TIC et du numérique ne soient clairement discernés. D'où cette Dynamique des TIC qui présente une véritable grille de lecture pédagogique de l'histoire des TIC et du numérique depuis la fin du XVIIIe siècle. Elle en dégage les grandes lignes de force (la tension entre l'état et le marché, la montée en puissance du grand nombre, la multiplication de l'espace, la densification et l'accélération temporelle, l'omniprésence de la logistique informationnelle) et les trois grandes phases (de lubrification, d'installation et de domination). Histoire mondiale. Histoire politique. Histoire économico-gestionnaire aussi. Histoire, en définitive, du processus que j'ai nommé la « gestionnarisation » de la société. Le livre qu'on va lire a été rédigé pour l'essentiel voilà 25 ans. Victime de l'impensé à l'époque, il n'était pas question de le réécrire, ce qui l'aurait fait disparaître. Une postface revient en détail sur la manière dont son système conceptuel permet d'éclairer encore aujourd'hui, avec efficacité, l'actualité économique et politique du numérique. Et c'est bien tel qu'il est, synthèse historique et témoin d'une histoire tout à la fois, qu'il peut oeuvrer à lutter contre cet impensé en participant à l'installation d'une culture historique des enjeux politiques et économico-gestionnaires
Ce volume réunit des spécialistes d'Asie du Sud, d'Asie du Sud-Est, des Caraïbes, d'Europe Centrale et du Maghreb issus de disciplines diverses (anthropologie, histoire, linguistique, littérature, philosophie, science politique, sociologie) et de continents différents : Amérique, Afrique du nord, Asie, Europe. Son ambition est double : contribuer de manière à la fois analytique et critique à la constitution du champ des études postcoloniales en France et poser la question du rôle théorique, critique et politique que peuvent ou doivent y jouer les questions de genre, de différences, de hiérarchies et d'identités sexuelles.
L'anthropologie de la nature ne concerne plus seulement des groupes sociaux localisés et présumés homogènes. Elle s'intéresse aussi aux réseaux, aux ramifications complexes et aux échanges globalisés que révèle Internet. Pour étudier les représentations que les humains se font de leur environnement et rediscuter la distinction entre nature et culture, il est désormais nécessaire d'articuler expériences de terrain et enquêtes sur le Net. Tout en mobilisant des données collectées au cours de plusieurs séjours en Afrique, les auteurs de cet ouvrage reconsidèrent les techniques d'investigation ethnographique en anthropologie de la nature. Les imaginaires de la sauvagerie dans le rap gabonais (Alice Aterianus) ou dans la pratique du safari (Maxime Michaud) mobilisent des images qui circulent à la fois dans les discours locaux et sur Internet. Les blogs de voyages rendent compte des illusions provoquées par les visites des zoos d'Afrique de l'Ouest (Julien Bondaz). Le classement au patrimoine mondial de l'UNESCO des ruines de Loropéni, au Burkina Faso, témoigne de la variété des représentations de la nature lorsque l'on passe du site classé aux sites en ligne (Bertrand Royer). L'étude de l'exploitation forestière au Gabon (Etienne Bourel) ou de l'exploration minière au Burkina Faso (Quentin Mégret) met en évidence les différents niveaux d'analyse des processus de globalisation, de l'observation des pratiques locales des entreprises à l'analyse des images et des discours qu'elles diffusent sur Internet. En décrivant la variété des relations aux végétaux, aux animaux, aux paysages ou aux matières premières, les contributeurs présentent une Afrique moderne, observable sur le terrain et donnée à voir sur la Toile. Métaphorisée, fantasmée, patrimonialisée, consommée, instrumentalisée ou quantifiée, la nature apparaît comme un objet d'étude particulièrement fécond pour interroger les branchements entre mondes réels et mondes virtuels.
Découvrez L'afrique lusophone postcoloniale - Changements et perspectives, le livre de Joao Carlos Vitorino Pereire. Les guerres civiles, amplifiées par la guerre froide, ainsi que le discours officiel, volontiers manipulateur et mystificateur, du régime unique ont masqué les transformations qui, malgré les apparences souvent trompeuses et une réalité plutôt tragique, véhiculées par des médias nationaux inféodés au régime et des médias internationaux superficiels ou sensationalistes, se sont opérées en Afrique lusophone, laquelle s'ouvre sur le monde et a l'économie de marché mondialisée. Ainsi, une période charnière s'est amorcée avec le retour à la paix civile, l'ouverture démocratique et, plus généralement, l'ouverture sur le monde que l'on observe dans cet espace lusophone. Le moment semble donc propice à un premier bilan, qu'il faudra approfondir, de la situation nouvelle dans les pays africains d'expression portugaise. Les auteurs de cet ouvrage se sont attachés à montrer les changements intervenus dans ces pays, depuis leur indépendance, ainsi que les perspectives nouvelles qui s'offrent à eux.
Clifford Geertz (1926-2006) aura sans douté été l'un des anthropologues nord-américains les plus marquants du XXe siècle. Ethnographe de Java, de Bali et du Maroc, il a laissé une oeuvre d'une grande richesse qui n'est que partiellement connue (parce que inégalement traduite) en France. Sa volonté de situer l'anthropologie dans le champ de l'herméneutique, sa théorie de la culture (d'inspiration sémiotique), son traitement original des enjeux de l'écriture ethnologique, son approche symboliste de la religion comptent parmi ses plus célèbres contributions. Mais Geertz fut aussi l'un des pionniers de l'ethnographie du Maghreb et de l'islam, un théoricien inspiré bien au-delà de l'anthropologie, ne dédaignant pas aborder des thèmes pour lesquels il est moins réputé ( l'économique, le politique, le théâtre,... ). Cet ouvrage vise à mieux faire connaître ses travaux et son approche, en soulignant les principaux aspects d'une pensée qui, pour influente qu'elle fût, n'en est pas moins discutée et critiquée. Ce n'est ainsi pas le bilan d'une oeuvre immense qui est ici dressé, mais un débat qui est ouvert autour de certains aspects de ses travaux. Il réunit des spécialistes d'horizons intellectuels différents, qui réévaluent, à l'aune de terrains et d'objets divers, la pertinence l'anthropologie de Geertz, s'agissant du savoir, de la culture, de la religion, et du monde arabo-musulman.
Les espaces francophones sont caractérisés par des pluralités linguistiques et culturelles fortes, croisées par un usage commun de formes transversales de français. Ces partenariats dynamiques entre spécificités locales et rapports à un ensemble de français véhiculaires parta-gés stimulent des usages symboliques des langues. Dans ces situations de « contacts » l'hybridation ou le « métissage » sont le moteur de ces innovations émergentes, inscrites dans le temps et l'espace. Les journées scientifiques inter-réseaux de Damas (27-29 mai 2009)* ont permis de réunir et de confronter des travaux portant sur trois axes clés de cette problématique et venant de chercheurs reconnus et de jeunes chercheurs des cinq continents : l'émergence de nouvelles formes, normes et identités linguistiques « métissées » ; l'émergence de nouvelles compétences dites « plurilingues et interculturelles » notamment au regard de la didactique des langues, et leur prise en compte en termes d'expression culturelle et de relations interculturelles ; l'émergence d'expressions culturelles centrées sur des « endonormes » innovantes notamment analysées en littérature francophone.
Au delà d'une synthèse d'informations scientifiques, un questionnement théorique transversal est suscité : quels cadres, quels modèles, quels concepts communs aux différentes disciplines et réseaux de chercheurs peuvent rendre compte de ces dynamiques d'émergence et d'innovation, et permettraient de rendre leur exploitation constructive ?
La rencontre de Damas visait également à accompagner le développement de groupes de recherches structurés, notamment dans les universités dites « du Sud ». Dans cette logique de développement, le lecteur trouvera ici bien des idées innovantes sur les questions que soulèvent ces objets émergents.
* Programme « Langue française, diversité culturelle et linguistique » de l'Agence universitaire de la Francophonie.
Avec les sciences sociales, la littérature et sa critique universitaire ont pris une place décisive dans le développement social et culturel des pays de la francophonie.
Au prix des pires difficultés, de jeunes écrivains se font entendre, dans des langues locales ou dans un français qui n'est pas toujours celui de l'Académie française. Si leur notoriété ne franchit guère les frontières de leur pays, ils apportent une vision singulière, novatrice et souvent fort inventive du réel qui les entoure, et du monde qu'ils regardent ou qu'ils imaginent. Leurs langues méritent tous les soins de ceux qui veulent que le français reste une langue riche de sa pluralité multiforme.
Ce livre, issu de la réunion fondatrice d'un collectif de chercheurs sur les Littératures au Sud, n'est pas un panorama d'ensemble sur les littératures francophones, ni même un recueil d'études critiques sur les littératures au Sud, pas davantage un manuel : il n'aurait ni l'exhaustivité, ni la cohésion, ni la cohérence méthodologique nécessaires. C'est en revanche un ouvrage programmatique, à la fois institutionnel et scientifique : il balise la recherche sur les littératures, en francophonie et dans le monde, pour lui ouvrir des perspectives sans limiter son champ d'action.
Les chefs d'État réunis au Sommet de la Francophonie de Québec, en octobre 2008, ont défini les orientations politiques dans lesquelles s'inscrivent les activités scientifiques de la Francophonie. Pour la première fois, ils ont adopté une résolution sur la langue française et proposé de signer, en fonction de leurs besoins et des demandes, un pacte linguistique. Le collectif sur les Littératures au Sud apporte une des réponses scientifiques à ce double défi : valoriser le patrimoine culturel en langue française et participer au développement des pays qui la partagent.
Ce volume contient le texte des communications présentées au cours du colloque international « Politiques linguistiques, apprentissage des langues et francophonie : les défis de la diversité », organisé par l'équipe de recherche « Pluralité des langues et des identités : didactique, acquisition, médiations » (PLIDAM) de l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), à Paris, les 24 et 25 mai 2007, en partenariat avec le ministère des Affaires étrangères et européennes (MAEE), l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF), la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) et la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF).
L'Europe compte un ensemble de langues dont plusieurs ont un statut international reconnu, d'autres sont moins connues et moins enseignées. Or, les élargissements successifs augmentent le nombre des locuteurs de langues de « moindre diffusion », sans lesquelles l'Europe ne peut guère construire son identité. Cette polyphonie constitue un réel défi et pose de plus en plus le problème de l'équilibre entre la nécessité d'une communication efficace au sein de cet espace, et la volonté de sauvegarder l'exceptionnelle richesse culturelle et linguistique du patrimoine européen. Les chantiers linguistiques, éducatifs et politiques sont étroitement liés. Leur interdépendance est réactivée par les bouleversements récents dans l'Est de l'Europe. A l'heure des élargissements, l'apprentissage des langues revêt une acuité particulière.
Dans ce contexte, notre colloque avait pour but de présenter des expériences et des pistes de réflexion portant sur les politiques linguistiques dans les pays d'Europe centrale et orientale, à la lumière des actions en faveur du plurilinguisme européen, mises en oeuvre par la Commission européenne (Direction générale Education et Culture, Unité du multilinguisme) et le Conseil de l'Europe (Division des politiques linguistiques) dont les travaux servent de référence à l'élaboration et à la réorganisation des enseignements de langues dans les Etats européens.
Entre composantes données et composantes acquises de l'identité, le choix d'une langue et d une culture pour en faire son métier n' a rien d'anodin : qu'elle soit étrangère, seconde ou bien, comme on dit, maternelle ou première, la langue, lorsqu'elle est vécue au quotidien pour être partagée, transmise, s'insinue dans l'intime, de la réalité au rêve. Du coup, c'est toutes les branches du métier d'enseignant de français qui s'en trouvent interrogées et vécues autrement, pas seulement de l'extérieur, mais comme une partie de soi-même. Littérature, linguistique, anthropologie culturelle et civilisation, méthodologies et technologies éducatives s'interrogent alors non seulement sur un mode professionnel mais plus encore, sur ce mode impliqué qui rend si fort l'adjectif de l'expression sciences humaines. Ce livre réunit quelques unes des communications données à Québec en 2008 à l'occasion du congrès mondial de la Fédération internationale des professeurs de français.
L'anthropologie filmée des interactions sociales vise à rendre compte des situations de négociation ou de coopération, des lieux de transactions et des périodes de transition, par la mise en récit du travail des relations sociales entre les acteurs.
Une telle pratique résulte de ce qui se joue dans le rapport à la caméra. Filmer l'autre constitue, en soi, une relation sociale. Autrement dit, l'observation filmée des interactions sociales repose sur une compétence de sociabilité entre filmant et filmés. Dans cette perspective, les conditions de l'ethnographie filmée peuvent s'interpréter selon le cadre théorique d'Erving Goffman. Dès lors, on comprend l'opération symbolique par laquelle la caméra se fait oublier, lorsque le cadre de la caméra parvient à traduire le " cadre de l'expérience " qui soutient la situation sociale filmée...
Filmant et filmés sont engagés dans un rapport singulier où tout se passe comme si la caméra n'existait pas. Cette dénégation repose paradoxalement sur la mise en représentation du dispositif technique, attribuant à l'observateur-filmant une place spécifique dans la production des échanges entre filmés. C'est en cela que nous pouvons dire que savoir filmer c'est savoir être là : au sens où filmer c'est se situer dans un " espace potentiel " de perception, selon le terme de Donald W.
Winnicott. Mais, cette disposition ne va pas de soi lorsque la circonstance observée n'est pas vécue pour être représentée. Comment se maintenir dans un rapport de face-à-face avec ceux que l'on filme, sans pour autant transformer leur situation en un lieu de voyeurisme ou de contrôle ?
Les sociétés indo-océanes, coloniales et postcoloniales, plurielles, en mouvement constant, sont propices à l'observation de la diversité et à la multiplicité des figures du droit, explicites ou cachées, qui illustrent l'extrême variété de la condition humaine.
Cette condition humaine, le droit la retrace certainement, mais jamais plus toutefois que sous la forme d'une ombre projetée. De surcroît, l'immensité des champs que la règle de droit est amenée, dans l'espace et le temps, à recouvrir est indiscernable. L'ouvrage met en évidence des productions juridiques indo-océanes, jugées originales et représentatives d'une pratique sociale ou culturelle. Un canevas relie celles-ci sur la base d'une double relation, la relation entre droit et cultures et la relation entre droit et pouvoir.
Cette double interrelation principale prétend présenter un classement des normes juridiques, prises à travers l'exemple des normes indo-océanes et offrir une grille d'analyse, partant du simple pour comprendre le complexe, en abordant par le truchement de la règle juridique certains des thèmes significatifs de la condition humaine. Deux tensions majeures sont décrites. La première concerne l'opposition entre asservissement par le droit et libération par le droit.
Sa résolution appelle une posture politique radicale qui vise à faire émerger un droit des Droits de l'homme. La seconde tension majeure est plus délicate à résoudre. Elle intéresse la pensée moderne et la pensée traditionnelle et illustre leur incapacité à entretenir un dialogue constructif, porteur d'un équilibre dynamique, fondateur d'un droit tiers et concilié. Souvent, leurs rapports aboutissent à des solutions radicales et caricaturales, évidemment conservatrices, négatrices de l'altérité.
Par exception, le cas du droit pluraliste malgache de la famille montre qu'un dialogue entre les sources formelles, la loi et la coutume, est réalisable. Il est le prélude à un dialogue plus délicat à engager dans la perspective d'un droit nouveau, le droit de l'altérité et de soi. Ainsi l'océan Indien ouvre la voie à une anthropologie juridique des droits de l'homme.
Parmi les écrivains associés à ce vaste aréopage qu'on nomme la Modernité, Gertrude Stein est sans doute une de celles, sinon celle, qui résiste encore le plus, aujourd'hui, aux lectures convenues. Marquée par une poétique intransigeante, l'oeuvre de Stein rend parfois perplexe les lecteurs peu habitués à sortir des sentiers battus. Personnage flamboyant, attisant les haines aussi bien qu'elle attirait les fidèles, elle aura eu son premier succès public à soixante ans avec Autobiogaphie d'Alice Toklas, qui provoqua un malentendu en ce qu'il reste encore le plus accessible de cette oeuvre protéiforme. Comment lire, traduire et écrire sur Gertrude Stein, aujourd'hui? Comment expliquer la fascination aussi bien que l'incompréhension qu'elle peut encore provoquer? Ce livre, issu d'un colloque à Montréal en septembre 2008, vise à faire le point sur cette oeuvre grâce à l'apport de spécialistes en provenance de France, des États-Unis, du Québec et du Canada anglais. Les textes abordent l'abstraction et la complexité de ce travail, les difficultés et les enjeux de sa traduction, sa logique poétique et langagière et des sujets encore peu étudiés comme le rapport de Stein à la judaïté ou à la politique.
Les écritures? C'est l'invention la plus noble à laquelle l'homme est parvenu pour représenter sa parole et sa pensée. Considérées comme vecteurs d'idées et de messages classés sous l'étiquette du sens, les écritures ont depuis toujours fait couler beaucoup d'encre. De nombreuses recherches ont été consacrées aux sens, explicite et implicite, portés par ces signes, ainsi qu'aux sous-entendus et non-dits qu'ils recèlent. Cependant, l'objet du présent ouvrage est d'aller encore plus loin pour s'intéresser à la valeur intrinsèque de ces systèmes graphiques, ainsi qu'aux implications didactiques qui en découlent. Car au-delà du sens qu'ils peuvent véhiculer, ils sont porteurs d'autres messages tout aussi importants.
Se distinguant d'une région géographique à l'autre, les écritures dans toutes leurs formes font partie intégrante de l'histoire, de la culture et du patrimoine des peuples qui les ont inventées ou adoptées.
Avec les contributions de S. Ali Bida, J. Bellassen, J.-O. Kim, M. Lin-Zucker, M. Masson, H. Medhat-Lecocq, Y. Neuman, L. Ouvrard, I. Sridi, E. Suzuki et Y. Togashi.
Est-il légitime de parler de pensée (s) francophone (s) ? Les théories scientifiques sont universelles.
Comment éviter la subjectivité voire le provincialisme ou le nombrilisme visant à privilégier un courant défini par sa langue et par sa culture et dont la seule originalité serait, à la limite, d'ignorer les travaux non francophones ? La pensée développementaliste est largement forgée dans les institutions internationales ou les universités où se côtoient des originaires de cultures différentes. Les débats théoriques et doctrinaux se font entre écoles néoclassiques, keynésiennes, institutionnalistes, dépendantistes ou structuralistes, beaucoup plus qu'entre traditions linguistiques.
Cet ouvrage présente l'évolution de l'économie du développement et la situation de la ou (des) pensée (s) francophone (s) et plus spécialement française (s).