La cour est vide. La maison est fermée. Claire sait où est la clef, sous une ardoise, derrière l'érable, mais elle n'entre pas dans la maison. Elle n'y entrera plus. Elle serait venue même sous la pluie, même si l'après-midi avait été battue de vent froid et mouillé comme c'est parfois le cas aux approches de la Toussaint, mais elle a de la chance ; elle pense exactement ça, qu'elle a de la chance avec la lumière d'octobre, la cour de la maison, l'érable, la balançoire, et le feulement de la Santoire qui monte jusqu'à elle dans l'air chaud et bleu.
Années 1960. Isabelle, Claire et Gilles vivent dans la vallée de la Santoire, avec la mère et le père. La ferme est isolée de tous.
Le fils, c'est André. Le père, c'est l'Absent. La mère, c'est Gabrielle. Mais André est élevé par Hélène, la soeur de Gabrielle, et son mari. Il grandit au milieu de ses cousines.
Chaque été, il retrouve sa mère biologique qui vient passer ses vacances en famille.
De Saint-Céré dans le Lot en passant par Chanterelle et Aurillac jusqu'à Paris, Marie-Hélène Lafon nous transporte à nouveau au coeur d'une famille. Elle décrypte aussi bien ses bonheurs ordinaires que le poids du manque le plus profond, celui qui creuse des galeries dans les vies, sous les silences.
André n'a de cesse de mendier le père, de cerner les contours de son absence, d'attendre, de guetter, de laisser le temps s'étirer, de se cogner à l'urgence, de composer un portrait en indices et de comprendre en creux qui il a été : un avare du coeur, plein de lui-même, pétri de morgue, étroit, mesquin, beau et aimé par les femmes.
Avec ce nouveau texte, l'auteure confirme la place si particulière qu'elle occupe aujourd'hui dans le paysage de la littérature française. Toujours aussi puissante, son écriture reste limpide et fluide.
Un événement : quarante ans après l'Affaire Ajar, le dernier témoin et protagoniste de cette légendaire invention littéraire, celui qu'on appelait Émile Ajar, prend la parole. Paul Pavlowitch, cousin de Romain Gary, se souvient de ceux qui ont partagé sa vie, les deux icônes Romain Gary et Jean Seberg. Il raconte le destin magnifique et terrible de ces deux personnalités extraordinaires. En toile de fond de cette vie intime, est dépeinte avec une grande précision documentaire, la seconde moitié du Vingtième siècle depuis la jeunesse de Gary et celle de Seberg, de la Lituanie aux États-Unis, période emplie de conflits armés, de répression puritaine et politique, de racisme mais aussi de liberté.
L'auteur fait revivre ces personnes tant aimées, parcourt sa mémoire et ses carnets de notes de toujours, rassemble les pièces de leurs existences et donne des clefs pour comprendre comment ces deux êtres d'exception ont tant brillé avant de disparaître tragiquement.
Un texte puissant littérairement qui célèbre le souvenir d'une « tribu » telle que la nommait Gary, une extraordinaire famille qui a bousculé l'histoire de la littérature française.
L'histoire commence au Tibet, dans les années 1960, après l'invasion chinoise. Lhamo et sa soeur cadette, Tenkyi, doivent fuir leur village natal. Alors que l'armée chinoise détruit les temples et les statues, leur mère est particulièrement exposée, car elle est un oracle, une personne élue pour communiquer avec les esprits. Elle guidera les habitants du village à travers l'Himalaya lors de la fuite. Peu avant leur arrivée à la frontière népalaise, les parents des deux filles trouvent la mort, laissant Lhamo et Tenkyi tenter de se reconstruire dans un camp de réfugiés qui, tous, désespèrent de revoir un jour leur pays.
Elles se lient d'amitié avec un jeune garçon nommé Samphel, également orphelin, et à qui son oncle a confié la statue d'un saint traditionnel de leur village, dont on dit qu'il disparaît fréquemment avant de réapparaître pour les temps difficiles.
Décidée à quitter le camp, Tenkyi travaille d'arrache-pied et parvient à décrocher une bourse d'études à Dehli. Les deux soeurs seront séparées pour la première fois, sans savoir que leur éloignement durera plus longtemps qu'elles ne l'imaginent.
Des années plus tard, on retrouve Tenkyi au Canada, avec la fille de Lhamo, Dolma. Malgré de brillantes études, Tenkyi gagne sa vie comme femme de ménage, mais Dolma est inscrite à l'université. Elle souhaite ardemment étudier l'art et l'histoire du Tibet, se heurtant à l'interdiction de se rendre dans son pays d'origine et au peu de choses qu'elle sait de son histoire.
Lors d'un événement avec des professeurs de l'université, elle découvre la statuette de Samphel, dont Tenkyi lui a souvent parlé et comprend que les rares artefacts restants de l'histoire tibétaine sont en train d'être dispersés dans le monde. Elle décide alors de partir à la recherche de l'histoire de sa famille, et de celle de son pays.
Dans un mélange subtil entre puissance narrative et poétique, Tsering Yangzom Lama dresse le portrait d'un pays à travers trois générations de femmes. Avec finesse, elle pose la question de ce qui reste d'un pays après la colonisation et l'exil, l'ambivalence de la nostalgie d'un pays qui n'existe plus, et livre une description fascinante de la spiritualité tibétaine avec le personnage d'Ama et son rôle d'oracle.
La collection « Les auteurs de ma vie » invite de grands écrivains d'aujourd'hui à partager leur admiration pour un classique. Elle reprend le principe des « Pages immortelles », publiées dans les années trente et quarante chez Corrêa/Buchet-Chastel : chaque volume se compose ainsi d'une présentation de l'auteur choisi, suivie d'une anthologie personnelle.
Le volume que Zweig consacre à Tolstoï est l'un des plus personnels et emblématiques de la collection.
La présentation de Stefan Zweig s'ouvre sur un Tourgueniev moribond qui, du fond de sa couche, rédige quelques mots à l'attention de Tolstoï pour le supplier de reprendre la plume (« Revenez à la littérature ! C'est votre don véritable. Grand écrivain de la terre russe, entendez ma prière ! »). Avec cette scène inaugurale, Zweig amène aussitôt le lecteur au moment clé de la biographie de Tolstoï : vers sa cinquantième année, l'écrivain russe est victime d'un ébranlement intérieur qui va le pousser à rechercher sans fin, chez les philosophes d'abord, puis dans la religion, le sens caché de la vie. Zweig ne cache pas son admiration pour celui qui s'est alors donné pour mission de se sauver lui-même, et toute l'humanité avec.
« Tout homme d'état, tout sociologue découvrira dans sa critique approfondie de notre époque des vues prophétiques, tout artiste se sentira enflammé par l'exemple de ce poète puissant qui se tortura l'âme parce qu'il voulait penser pour tous et combattre par la force de sa parole l'injustice de la terre. »
Jamais dans sa longue carrière, Nicolas Le Floch n'avait vu pareils crimes. Au printemps 1791, on retrouve successivement deux cadavres dans le quartier du Luxembourg à Paris : le premier a une jambe et un bras coupés, le second le dos labouré de dizaines de coups de fouet ; pour faire bonne mesure, tous deux ont été pendus, ce qui a causé leur mort. Ces deux grands seigneurs assassinés sont propriétaires de plantation à Saint-Domingue.
Avec son ancien adjoint Bourdeau, Nicolas, agent spécial de la monarchie, découvre que ces mutilations sont calquées sur les punitions infligées aux esclaves fugitifs par les planteurs des colonies, selon les stipulations du « code noir » établi par Louis XIV pour réglementer la répression des fautes commises par les esclaves des colonies françaises. S'agit-il d'une vengeance venue des îles ? Ou d'un complot bien plus tortueux commis dans une intention politique ?
Dans le Paris révolutionnaire de 1791, tandis que l'Assemblée constituante tente de stabiliser le royaume et que Louis XVI défend sa couronne, les deux policiers tentent de démêler cet écheveau complexe sur fond d'affrontements entre les factions politiques. Au cours de cette intrigue haletante, il devra comprendre la bataille qui s'ouvre sur l'abolition de l'esclavage, entre la Société des Amis des Noirs qui défend l'égalité des droits et le club Massiac, qui réunit dans une association puissante les intérêts coloniaux. Il devra surtout combattre les criminels redoutables de la « bande de l'Homme Vert » qui a élu domicile dans les carrières souterraines de Paris, tout en surmontant l'imbroglio sentimental qui oppose Laure de Fitz-James et Aimée d'Arranet avec qui il entretient une double liaison qui le mettra en fâcheuse posture.
Le soir d'un dimanche de Pâques, un nouveau-né est déposé dans le jardin de monsieur et madame Ballandra, horticulteurs passionnés qui créent les plus belles roses du monde. Pascal est très beau, le teint brun, les yeux gris vert pareils à la mer qui entoure le pays. Mais d'où vient-il ? N'est-il pas l'enfant d'un dieu ? La rumeur porte cette nouvelle et de nombreux signes vont l'amplifier tout au long de sa vie.
Mais que doit-on faire si l'on est vraiment le fils d'un Dieu ?
Peut-on changer le destin des hommes, les prendre par la main pour adoucir les haines et rendre le monde plus juste ?
De voyages en voyages, de communautés en communautés, Pascal va partir à la quête de ses origines pour comprendre le sens de sa mission. Que révélera cet Évangile du Nouveau Monde sur la nature des hommes et la place des dieux ?
Derrière sa beauté, sa vivacité, son humour, sa puissance, l'oeuvre de Maryse Condé est une oeuvre de combats. Inégalités, racisme, condition des femmes, liberté... chacun de ses romans illustre ses convictions, sa souffrance de voir l'Homme douloureusement englué dans ses éternelles contradictions. Fragilisée par la maladie - elle a dicté puis corrigé son livre à la voix - elle a construit L'Évangile du Nouveau Monde comme son dernier appel à la prise de conscience de notre destinée. Sa lucidité est aussi impitoyable que sa conviction :la fraternité et l'amour restent nos forces les plus extraordinaires et les plus salvatrices.
Ainsi qu'Elizabeth Kolbert l'a montré dans son précédent livre, La Sixième Extinction (prix Pulitzer 2015), l'homme par sa seule présence sur Terre affecte l'environnement, mettant son intelligence au service de la destruction de la vie. Mais cette intelligence lui donne aussi la capacité de réparer les dommages qu'il fait subir à la nature.
Qu'il s'agisse de ces chercheurs australiens mettant au point une espèce de corail susceptible de résister à l'acidification des océans ; de ces ingénieurs qui ont électrifié la rivière Chicago pour préserver la faune des Grands Lacs de la carpe asiatique ou de cette entreprise en Islande qui propose de capturer le carbone émis dans l'atmosphère pour le stocker sous forme de pierres, Elizabeth Kolbert est partie à la rencontre de celles et ceux qui tentent de restaurer notre environnement.
À l'écart de tout militantisme, elle raconte ce moment extraordinaire où le seul moyen de garder une planète vivable est de se substituer à la nature et de prendre les choses en main... pour le meilleur comme pour le pire.
Reportage de premier ordre sur nos efforts extraordinaires pour adapter la planète à l'homme, Des poissons dans le désert nous donne aussi à réfléchir sur l'humanité et le paradoxe d'aujourd'hui : la nature ne pourra survivre qu'en cessant d'être naturelle.
Mo travaille au centre commercial. Il est le dernier fils, le gardien de la mère depuis la mort du père. Jusqu'au jour où il rencontre Maria.
Depuis la guerre de Sécession, jamais l'Amérique n'a été autant divisée.
Républicains vs Démocrates, élites des côtes vs Amérique des oubliés, luttes interraciales, contestation de la Cour suprême et des institutions, multiplication des fusillades de masse, assaut du Capitole en janvier 2021...
Un sondage récent (AEI) révèle que 46 % des Américains pensent qu'une future guerre civile est probable. Le pays est-il au bord de la grande fracture ?
Stephen Marche a imaginé cinq scénarios plausibles susceptibles de déclencher le chaos : un shérif cynique se battant contre les troupes fédérales et les bureaucrates pour sauver un vieux pont, la tentative d'assassinat de la présidente par un jeune désoeuvré, un violent ouragan s'abattant sur New York... cinq événements qui dérapent présentés chacun comme une courte nouvelle et suivis par une analyse minutieuse de leur impact.
Des scénarios élaborés en interviewant des centaines d'experts - militaires, historiens, policiers, politiciens, écologistes, scientifiques... - et ceux qui, au coeur de l'État, sont déjà chargés de préparer les plans de bataille en cas de guerre civile.
Stephen Marche nous offre une enquête vertigineuse qui nous interroge avec une grande lucidité sur l'avenir de la démocratie américaine.
Alors qu'elles rejoignent leur mère pour l'aider à déménager, Nessa et Tanya comprennent que celle-ci est victime des violences de son compagnon. Réveillant des secrets longtemps enfouis, cette découverte rebat aussitôt les cartes des dynamiques familiales et bouleverse les rôles établis.
Alors que Tanya, qui est avocate, pousse sa mère à porter plainte, Nessa est prise dans des sentiments contradictoires, voulant plaire à sa mère, ne pas vexer son beau-père, et apaiser la situation.
Dans une narration habile entre le passé et le présent, ce roman est un portrait magnétique et sans faille du lien entre soeurs, une exploration tranchante de l'héritage de la violence, et de la façon dont le traumatisme se répercute sur les générations.
Gaspar est un artiste reconnu et sollicité. Pourtant, en ce début de printemps, il ne rêve que de quitter Paris, et de s'installer quelques jours place Campo de' Fiori à Rome. Là, à une terrasse de café, devant un jeu d'échecs, il joue contre des badauds de passage et savoure la beauté des jours.
Un matin, une femme s'installe à sa table pour une partie. Elle s'avère être une adversaire redoutable et gagne très vite. Elle s'appelle Marya, vient de Hongrie. L'histoire entre eux naît sur l'échiquier, avant de se déployer ailleurs avec douceur.
Sous l'ombre tutélaire du grand Giordano Bruno dont la statue pèse sur le Campo de'Fiori, Marya et Gaspar vont se révéler - dans le creuset de leurs énigmes, de leurs esprits vifs et volontiers joueurs, de leurs regards singuliers et acérés sur le monde.
L'amour s'impose alors, implacable comme une attaque de mat.
Partie italienne, nouveau roman d'Antoine Choplin, ne revendique rien, ne prend aucun parti, ne défend aucune cause.
Prédominent, au fil des pages, la légèreté de l'existence et la puissance de la mémoire.
Joseph est ouvrier agricole dans une ferme du Cantal. Il a bientôt soixante ans. Il connaît les fermes de son pays, et leurs histoires. Il est doux, silencieux. Il a aimé Sylvie, un été, il avait trente ans. Elle n'était pas d'ici et avait beaucoup souffert, avec et par les hommes. Elle pensait se consoler avec lui, mais Joseph a payé pour tous. Sylvie est partie au milieu de l'hiver avec un autre. Joseph s'est mis à boire, comme on tombe dans un trou.
Joseph a un frère, marié, plus beau et entreprenant, qui est allé faire sa vie ailleurs et qui, à la mort du père, a emmené la mère vivre dans sa maison. Joseph reste seul et finira seul. Il est un témoin, un voyeur de la vie des autres.
Dès le prologue, le héros/narrateur annonce le programme : on l'a appelé Stockholm Sven, Sven le borgne, Sven le baiseur de phoques. On dit de lui qu'il a vécu seul, piégé dans le Grand Nord, qu'il est mort dans un accident, qu'il est un ermite, fou, un original qui abhorre la société. « Tout cela est vrai, et faux en même temps » prévient-il avant de se lancer dans le récit de sa vie.
Nous sommes en 1916 en Suède, et Sven, lassé d'une vie perdue dans un travail sans intérêt, décide de rejoindre le Spitzberg, un archipel de l'Arctique où la nuit règne en maîtresse quatre mois par an, où l'on doit résister aux assauts des éléments comme un coquillage s'agrippe désespérément à son rocher, où l'on peut assister à la splendeur d'une aurore boréale et être dévoré par un ours polaire dans la minute qui suit. À la suite d'un accident presque fatal, Sven se retrouve défiguré et pense immédiatement que c'est un signe du destin : son avenir, c'est la solitude, une vie d'ermite.
C'est ainsi qu'il se met en quête de ce qu'il appellera « son fjord », son silence, sa retraite. En route, il rencontrera de nombreux compagnons, des rêveurs, des marginaux, des exclus ou tout simplement des solitaires. À leurs côtés, il assistera à la naissance d'un glacier, aux jeux des renards polaires dans un jour sans fin, apprendra l'art de la trappe et de la pêche. Seul, il ira au bout de lui-même pour mieux retrouver le reste du monde.
« J'ai l'oeil, je n'oublie à peu près rien, ce que j'ai oublié, je l'invente. J'ai toujours fait ça, comme ça, c'était mon rôle dans la famille, jusqu'à la mort de la grand-mère Lucie, la vraie mort, la seconde. Elle ne voulait personne d'autre pour lui raconter, elle disait qu'avec moi elle voyait mieux qu'avant son attaque. » Le Franprix de la rue du Rendez-vous, à Paris. Ils sont trois : une femme, qui regarde ; Gordana, une caissière ; et l'homme encore jeune qui s'obstine à passer en caisse 4, celle de Gordana, chaque vendredi matin. Cette femme qui regarde, Jeanne Santoire, est celle qui dit « je ». C'est par elle que tout existe. Elle imagine, suppose, une vie, des vies, au présent, au futur et au passé, pour Gordana et pour l'homme.
Elle creuse aussi des galeries dans sa propre vie qu'elle revisite et recompose. On apprendra qu'elle est fille de commerçants de province, a eu une grandmère aveugle, a exercé le métier de comptable, a aimé un homme et que cet homme est parti.
Nos vies, nouvel opus de Marie-Hélène Lafon, raconte les solitudes urbaines. Ce texte a comme point de départ une nouvelle, Gordana, publiée au Chemin de fer (2012). Depuis Le Soir du chien, son premier roman (2001), Marie-Hélène Lafon construit une oeuvre exigeante qui, livre après livre, séduit un large public.
Raoul de Jong est né d'une mère néerlandaise blanche, et d'un père surinamais, qu'il n'a jamais connu. Lorsque celui-ci le contacte par email, Raoul est d'abord méfiant, mais accepte de le rencontrer. Bien qu'il ait du mal à nouer une vraie relation avec cet homme, Raoul est fasciné par ce qu'il lui apprend de son histoire familiale et notamment par la légende qui entoure l'un de ses ancêtres, capable, disait-on, de se transformer en jaguar. Malgré les mises en garde de son père, fervent chrétien, Raoul se met alors en tête d'entreprendre un voyage sur ses terres d'origine pour retracer l'histoire de ce fameux homme-jaguar, et en creux, la sienne.
Avec l'aide d'une prêtresse winti (religion surinamaise proche de la santeria ou du vaudou), Raoul se soumet à un rituel de sept jours qui l'aidera à trouver en lui l'esprit du jaguar. Arrivé à Paramaribo, il découvre un univers qui lui est à la fois proche et très étranger. Ses rencontres avec des journalistes, des historiens, des écrivains, des archéologues, mais aussi des professeurs de danse sacrée, ou simplement des personnes à l'histoire proche de la sienne, ainsi que ses lectures - notamment de nombreuses oeuvres de l'époque coloniale - lui permettent petit à petit de reconstituer son lignage, familial comme intellectuel, à travers l'histoire si peu enseignée du pays.
Raoul ne réussit pas à remonter jusqu'à l'homme-jaguar - et ne se « trouve » pas plus au sortir de cette quête. Néanmoins, elle lui permet de démonter les rouages mortifères et manipulateurs du capitalisme, et de son produit, le colonialisme.
À l'inverse, la figure du jaguar lui permet de plonger dans les croyances religieuses de ses ancêtres, et dans la richesse et la force résiliente de celles-ci - comme de la forêt vierge. Au fond, peu importe si les histoires sont vraies ou pas ; ce qui importe c'est leur impact sur le monde réel - qu'il s'agisse de l'instrumentalisation de la Bible pour asservir, ou du symbole libérateur de l'homme-jaguar.
1989 : la planète entière, fascinée, suit heure après heure la chute du mur de Berlin ; la peur du SIDA se diffuse ; la mondialisation va devenir la norme... Un avenir meilleur serait-il possible ? La guerre du Golfe va très vite confirmer que le nouveau monde ressemble à l 'ancien.
Pendant que les évènements se précipitent, les habitants du groupe scolaire Denis Diderot redéfinissent leur place dans la société. Janick Lorrain et Michèle Goubert découvrent qu'on peut vivre sans hommes. Philippe Goubert, indécis, va être soudain confronté à la révélation d'une vocation. Geneviève Coudrier semble inamovible, mais c'est le secret qu'elle cache jalousement qui va soudain faire bouger les lignes.
Après La Grande Escapade, Un si petit monde joue avec la confusion dess sentiments, l'attirance pour la vie et pour la mort, l'amertume et le plaisir... Le lecteur retrouvera dans ces pages tout ce qui fait le charme délicat des romans de Jean-Philippe Blondel.
Mêlant astucieusement fiction et réalité, héros romanesques et personnages historiques, cet ambitieux roman révèle au grand jour les mécanismes de fonctionnement de l'une des organisations les plus secrètes au monde : la CIA.
Saga qui se déroule sur près d'un demi-siècle, La Compagnie lève le voile sur la réalité de certains épisodes clés de l'histoire contemporaine : - Budapest, 1956 : les opposants au régime sont envoyés à l'abattoir, faute de l'intervention espérée des Etats-Unis au moment décisif. - Baie des Cochons, 1961 : la mission clandestine de la CIA tourne au désastre. - Afghanistan, 1983 : juste après avoir rencontré le commandant Massoud, un jeune agent se fait prendre en otage par des islamistes.
- Russie, 1991 :un espion russe, de retour des Etats-Unis, se remet en question et aide à déjouer le putsch contre Gorbatchev. Fin chroniqueur d'une guerre froide dont il sait restituer toute la complexité, Robert Littell, dans ce roman fascinant, porte un regard approfondi sur la façon dont une nation a exercé le pouvoir, pour le meilleur et pour le pire, dans la seconde moitié du XXe siècle.
La montagne. Un village isolé. Dans les parois rocheuses qui le surplombent, se trouve une grotte appelée 'la grotte aux fées'. On dit que, jadis, les fées y cachaient les bébés qu'elles volaient.
A l'écart des autres habitations, Mariette et son fils ont construit leur vie, il y a des années. Ce fils, étonnante force de la nature, n'a jamais prononcé un seul mot. S'il éprouve une peur viscérale des hommes, il possède un véritable don avec les bêtes.
En marge du village, chacun mène sa vie librement jusqu'au jour où, au cours d'une randonnée dans ce pays perdu, un touriste découvre une petite fille nue. Cette rencontre va bouleverser la vie de tous...
Violaine Bérot, dans ce nouveau roman à l'écriture poétique, décrit une autre vie possible, loin des dérives toujours plus hygiénistes et sécuritaires de notre société. Un retour à la nature qu'elle-même expérimente depuis vingt ans dans la montagne pyrénéenne.
La Maison ZHM est un premier récit auto-fictif écrit dans la période qui s'étend de 2016 à 2021 à partir d'une expérience aujourd'hui très partagée : celle de l'accompagnement d'une personne proche en EHPAD. ZHM étant le code d'accès de l'étage des patients atteints d'alzheimer dans l'EHPAD où se rend régulièrement la narratrice.
Ce texte bref se passe entre un appartement, un bar et un EHPAD, séparés par des rails et des montagnes. Il évoque la démence dégénérative et la mort emmurée de la grand-mère de la narratrice. Mais aussi tout ce qui s'ouvre dans cet espace de l'EHPAD : des visages inédits de la réalité, des questions sans réponse et quelques révélations foudroyantes. C'est un voyage physique et mental, inévitablement initiatique, dans les envers de la vie humaine, résumés dans le personnage d'une grand-mère qui passe peu à peu toutes les frontières. Ce récit s'entrelace avec le contre-point du quotidien urbain de la narratrice. Au fil de ses aller-retours à l'EHPAD, elle semble, elle aussi, franchir une étape.
Dans ces pages ciselées, Marie Fabre a tressé ce qu'elle ne veut pas oublier. Loin du énième sujet de société, La Maison ZHM bouleverse et ébranle le lecteur parce qu'il y est question du Temps, de notre humanité et de notre fin.
Après des années de totale galère, Dan et Jon, deux vieux potes, ont décidé de s'associer. Depuis trois ans, leur camp installé en haute altitude dans les Rocheuses propose aux touristes un lieu exceptionnel et sauvage. Là, trek, randonnée, pêche, safari photos sont au programme.
Un client riche et inconscient a décidé, malgré une tempête de neige qui se prépare, de prendre des photos d'un énorme grizzly qui rôde dans le coin. À reculons, Dan part avec lui à la recherche de l'ours. Le client, malgré les injonctions de Dan, s'approche trop près de l'animal et se fait tuer.
La tempête se déchaîne et Dan se retrouve avec un cadavre sur les bras. Un mécanisme étrange s'enclenche dans son cerveau : il faut absolument se débarrasser du corps pour avoir la paix. Alors que le scénario qu'il échafaude est parfait, Dan, à la dernière minute, ne résiste pas à voler la montre du mort. Un objet de luxe qui le fascine. À partir de là, les emmerdes vont s'accumuler...
Nan Aurousseau a un sens certain du suspense. Ses personnages, complètement frappés, emmènent progressivement le lecteur dans leur délire. C'est noir, drôle et très efficace. Un plaisir de lecture.
Kensington, Philadelphie. Dans ce quartier gangréné par la drogue se croisent deux soeurs autrefois inséparables.
Aujourd'hui, tout les oppose. Mickey, l'aînée, la protectrice, a rejoint la police. Kacey a sombré dans la drogue et se prostitue pour acheter des opioïdes.
Quand Kacey disparaît à nouveau, alors qu'une série de meurtres fait rage dans le quartier, Mickey n'a plus qu'une obsession : retrouver le coupable, et sa soeur, avant qu'il ne soit trop tard.
Éric savait par coeur certaines annonces choisies, Célibataire quarante-quatre ans un mètre soixante-sept soixante-neuf kilos sans enfants chauffeur agriculteur cherche jeune femme aimant campagne voulant fonder un foyer heureux désirant enfants ; ou encore, Cherche compagne cinquante soixante-deux ans féminine (bien bustée) sans attaches pour vie alternée Paris campagne.Paul, quarante-six ans, paysan à Fridières, Cantal, ne veut pas finir seul.Annette, trente-sept ans, vit à Bailleul dans le Nord avec son fils. Elle n'a jamais eu de vrai métier. Elle a aimé Didier, le père d'Éric, mais ça n'a servi à rien. Elle doit s'en aller. Recommencer ailleurs. Elle répond à l'annonce que Paul a passée.L'Annonce de Marie-Hélène Lafon raconte leur rencontre et leur histoire. C'est une histoire d'amour.
Meilleur pâtissier du monde, reconnu et admiré par ses pairs sur toute la planète, invité régulier des grandes émissions de gastronomie (« Top Chef », « Le Meilleur Pâtissier »), Pierre Hermé, créateur de génie, a posé les bases de la haute pâtisserie contemporaine et crée de nouveaux classiques comme le fameux Ispahan, mille fois imité, jamais égalé.
Célébré de Paris à Tokyo, en passant par New York et Marrakech, le chef est aussi un homme profondément curieux et cultivé qui a la chance d'avoir le goût absolu. Comme d'autres ont l'oreille absolue.
Dans cet ouvrage où il se confie comme jamais auparavant, il nous raconte les clés de sa réussite. De sa soif d'apprendre et de découvrir qui le pousse à parcourir la planète pour trouver les meilleurs cafés, chocolats ou vanille, à la rencontre des artisans les plus exceptionnels, à la passion de la transmission, de la gestion de la croissance à l'apprentissage des échecs, de son talent instinctif pour le marketing aux relations de travail, Pierre Hermé nous incite dans chacune des pages à mordre à pleines dents dans le gâteau de la vie et à goûter ses infinies saveurs.