Accessible à un large public, joyeux, polyphonique, ce livre répond au besoin féministe de trouver des modèles d'identification positifs, puissants, complexes. L'ouvrage réinvente le genre de l'encyclopédie, renverse l'ordre alphabétique traditionnel pour faire découvrir, des soeurs Zorya à Agrippine, une constellation de 100 figures mythiques diversement évoquées par des contributions en forme de poèmes, de créations artistiques et des notices académiques. « Fais un effort pour te souvenir. Ou, à défaut, invente » : ce conseil de Monique Wittig (Les guérillères) fait de ce beau livre imprimé en noir et bleu un outil de lutte et un recueil d'histoires merveilleuses, inspirantes.
De Jurassic World à la série des Jurassic Park en passant par tous les remakes de Godzilla, le cinéma hollywoodien fait des dinosaures les superstars de ses blockbusters. Souvent terrifiants, toujours fascinants, ces représentants d'une nature fantasmée, resurgie pour réclamer ses droits sur la culture humaine, symbolisent la force sauvage de l'ordre naturel.
À partir de ce schéma, Anne Larue étudie les dinosaures du point de vue du genre : d'un côté les grands mâles carnassiers, de l'autre les inoffensives femelles herbivores, et partout des scénarios qui exaltent la culture du viol. Mais il y a la science-fiction féministe et sa fabrique de métaphores, créées pour convoquer la puissance femelle et préparer la revanche...
Consentement.
En droit, ce mot utilisé pour valider un mariage, un contrat, une opération médicale, sert aussi à juger la qualité des relations intimes : le défaut de consentement est ce qui permet de distinguer un rapport sexuel d'un viol, une caresse d'une agression, les « avances » du harcèlement. Or cette approche renforce l'asymétrie des rapports hommes-femmes en reconnaissant aux premiers un rôle actif de proposition, de demande, voire d'exigence, et aux secondes la seule possibilité de « consentir » ou non. Elle n'interroge qu'à la marge la coercition portée par l'hétéro-normalité, sans voir que l'intériorisation de la domination peut paradoxalement s'exprimer par un « consentement » à la violence.
Recueil de travaux inédits, d'études historiques, et de propositions esthétiques, cette anthologie d'approches théoriques et artistiques féministes en art contemporain affirme la nécessité de penser l'articulation entre art et histoire globale, art et genre, art et corporéités, art et post-colonialité, à partir de références textuelles, visuelles, performatives et conceptuelles.
Avec les contributions de : Marie-Laure Allain Bonilla, Émilie Blanc, Johanna Renard et Elvan Zabunyan.
Pendant les Années Folles, Suzy Solidor osait chanter haut et fort "Ouvre tout ce qu'on peut ouvrir, dans les chauds trésors de ton ventre, j'inonderai sans me tarir l'abîme où j'entre." Belle audace. Selon les époques, l'homosexualité féminine fut frappée d'opprobre, niée, invisibilisée. Mais clandestine ou pas, à mots couverts ou crus, cette réalité vécue a trouvé pour se dire la voie de la chanson.
Rendant à Sappho ce qui est à Sappho, cet ouvrage illustré de dessins de Julie Feydel retrace l'histoire de 50 chansons lesbiennes - de la complicité de leurs paroliers et parolières et de leurs interprètes, aux cabarets et aux clips, de la réception par la critique à l'accueil du public... qui ne sait pas toujours ce qu'il fredonne.
Une analyse de l'Etat moderne, de sa création, de son fonctionnement et des alternatives existantes ou utopiques à sa domination, sous l'angle de l'intersectionnalité. Soulignant le fait que les réformes adoptées en vue d'améliorer la condition des femmes confortent trop souvent les structures sexistes, les auteures questionnent le rapport aux institutions à établir dans le cadre des luttes.
Les quelque 600 slogans ici rassemblés tracent le fil rouge des combats féministes en France entre 1970 et 2010. Paroles vivantes scandées, criées, chantées dans les manifestations, ces « mots de désordre » témoignent de la créativité sans cesse renouvelée des innombrables actrices d'une histoire collective. Ils restituent la spécificité de la culture militante du Mouvement de libération des femmes, l'inventivité et l'impertinent brassage des traditions de lutte qui furent d'emblée sa marque de fabrique. La centaine de photos qui rythme les textes présente les multiples facettes de cette contestation ludique et déterminée, réimaginée de manif en manif par celles qui descendent dans la rue revendiquer leurs droits et clamer leur liberté.
Très académiquement ordonnée en deux genres, masculin/neutre et féminin, la langue française se laisse désormais gagner par un tumulte graphique dont ces Passions polygraphes se font l'écho. Katy Barasc, en philosophe, cherche le signe qui viendrait inscrire dans la langue ce qui ne peut s'y prononcer. Entre passions tristes des vigiles du binarisme et passions joyeuses des iconoclastes, ce qui bruisse dans ces pages est jouissance de l'écriture.
Philosophe et polyglotte, Eleni Varikas explore la dimension politique de la domination - la sujétion des femmes et des esclaves, leur exclusion de la démocratie, la naturalisation des inégalités et des oppressions. Faisant du genre un « concept voyageur », elle travaille sur la modernité avec Locke et Adorno, Virginia Woolf et Hannah Arendt, Donna Haraway et Angela Davis. Ce recueil invite à repenser le concept d'universalisme à la lumière de l'infériorisation des femmes, et celui de la liberté moderne à la lumière de l'esclavage et de la colonialité. Les textes sont tour à tour présentés par Michelle Perrot, Toni Negri, Catherine Achin, Elsa Dorlin, Martine Leibovici, Michaël Löwy, Keith McLelland et Sonya Dayan-Herzbrun.
Un soir d'été, Isabelle Alentour regarde "Syrie, le cri étouffé", un documentaire tourné par Manon Loiseau avec des rescapées des viols de masse perpétrés sur des prisonnières, opposantes au régime ou femmes, filles, soeurs de résistants. Un carnet sur les genoux, un stylo à la main, Isabelle note leurs paroles - ce qu'elle peut en noter. Elle y reviendra, elle complétera ces bribes et composera, par traits successifs, ce texte rare, sorte de poème de rage et d'effroi indigné pour celles, des milliers, dont le cri est à jamais étouffé ou à peine audible.
Isabelle Alentour a publié deux recueils de poésie : Je t'écris fenêtres ouvertes (La Boucherie littéraire) et La Fossette (Éd. La Porte).
Avant, explique Andrée Michel, je me disais pacifiste. Aujourd'hui, je préfère me déclarer antimilitariste pour signifier mon opposition à toutes les opérations menées pour promouvoir la production et la vente d'armements.
Composé en deux parties - "la guerre contre les femmes" et "résistances féministes" - ce recueil rassemble, à côté d'articles de fond publiés dès les années 1980, les textes inédits d'interventions dans des colloques internationaux, notamment en Colombie, à l'invitation d'organisations féministes.
Pionnière des études sur le rôle et la place des femmes dans la famille et dans la société, féministe de la première heure, Andrée Michel est l'une des rares, en France, à travailler sur l'articulation du pouvoir d'État avec le puissant lobby de l'armement. Elle analyse la "culture de guerre" qui en découle en y introduisant les dimensions de la classe et du sexe, ce qui l'amène à qualifier l'industrie de l'armement de "formation sociale aggravée du patriarcat". Un modèle qui a pour conséquences inéluctables une extension des conflits armés et une aggravation des pauvretés qui frappent les hommes comme les femmes mais stigmatisent durablement les secondes. Les viols de guerre et la prostitution au service des armées ne sont que les exemples les plus connus, les plus frappants, des violences exercées à leur encontre.
"Le féminisme n'est pas une idée, c'est une force.".
Cet ouvrage invite à découvrir, ou redécouvrir, l'oeuvre de Françoise Collin (1928-2012), figure majeure du féminisme européen de la deuxième moitié du XXe siècle, fondatrice de la première revue féministe francophone, Les Cahiers du Grif.
Ses livres, ses articles composent une oeuvre éclatée et pourtant très aboutie, inséparable de son cheminement personnel, de son souci constant d'allier le penser et l'agir en un même mouvement. S'y exprime, en toute liberté et responsabilité, la force créatrice de l'écrivaine d'avant-garde comme celle de la philosophe et de l'intellectuelle qui pense, à travers l'étude passionnée d'Hannah Arendt, le féminisme et le politique, et réfléchit avec Blanchot et Levinas à l'art et à l'écriture.
Internationales et pluridisciplinaires, les contributions réunies dans cet ouvrage illustrent des aspects spécifiques de son oeuvre. La juxtaposition des points de vue, des lectures, révèle les différents registres d'une pensée qui, dans un constant va-et-vient entre théorie et pratique, réflexion et engagement, s'est déployée à l'écart des écoles, des courants, des systèmes.
Descriptif argumenté des lois, des droits et des pratiques qui ont cours en Europe à propos de la prostitution, ce livre aborde sous un angle objectif les questions que posent l'achat et la vente de prestations sexuelles. Giulia Garofalo précise le cadre du débat, propose un bref retour historique, détaille les différents modèles législatifs aujourd'hui en vigueur et, chiffres à l'appui, dresse un état des lieux des conditions de vie associées à la prostitution selon qu'elle est occasionnelle ou professionnelle, autorisée ou interdite. On sort de cette lecture avec les idées plus claires et une conscience plus aiguë des enjeux au coeur de ce sujet qui déchire les féministes.