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L'Age D'Homme
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Depuis sa publication discrète en 1983, Le Cheval rouge est devenu en Italie un véritable phénomène littéraire et social.
Car dès sa parution, et au fil des rééditions qui se sont succédé sans discontinuer Le Cheval rouge, bien qu'ignoré en raison de son anticonformisme idéologique par la critique, a captivé un très large public. Dans une enquête publiée en 1986 sur le plus beau roman italien des dix dernières années, Eugenio Corti et Le Cheval rouge distançaient Sciascia, Morselli, Moravia. Comme peu de livres de notre temps, Le Cheval rouge a su créer, entre son auteur et ses lecteurs, un profond courant de sympathie.
Cela tient d'abord au caractère de témoignage que revêt ce roman : non seulement les personnages historiques qui le traversent, mais aussi tous les événements historiques relatés, de la campagne de Russie à la barbarie nazie, de la découverte du goulag communiste aux épisodes de la Résistance en Italie du Nord, à la vie politique des années cinquante et soixante, sont rigoureusement vrais. Ce monde fourmillant de personnages, de drames et d'histoires d'amour, de grandioses scènes collectives, baigne dans l'éclatante lumière de la vérité.
Cette force de la vérité est la charpente qui soutient Le Cheval rouge. Mais Eugenio Corti a écrit aussi un très grand roman. Son souffle épique, la puissance des passions emportent le lecteur dès les premières pages. Livre de la mémoire, livre où sont consignés des événements disparus, des vérités soigneusement occultées ou délibérément altérées, Le Cheval rouge s'apparente à ce livre doux comme le miel, amer à avaler, mais fortifiant, dont parle l'Apocalypse.
Grand roman historique né dans un pays où l'arbre du roman a donné peu de fruits durables, Le Cheval rouge semble pouvoir résister à l'usure du temps. Il n'a rien d'un météore ou d'une étoile filante, d'une concession à des modes passagères. Il deviendra sans doute une étoile fixe de la littérature de notre siècle.
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Un homme se meurt dans un hôpital, blessé par les balles du mari de sa maîtresse. Dans son agonie il se remémore les discussions qu'il a eues avec un ami philosophe à propos de la métempsychose inéluctable dans le but de trouver la paix et l'amour. Au moment d'expirer, son âme s'incarne dans le corps d'un jeune Indou, dans un Moyen Age indéfini... Inspiré par les écrits de son compatriote Mircea Eliade, Rebreanu livre ici son "roman le plus abouti" selon ses dires.
Livre d'espoir et d'amour, suivant l'existence de sept personnages à travers le temps et l'espace, Adam et Eve, le chef-d'oeuvre de Rrebreanu, se nourrit des mythes, de la religion et de l'histoire pour offrir une réflexion philosophique inscrite dans une narration fantastique. La vie et l'oeuvre de Liviu Rebreanu, né en 1885 dans petit village près de Cluj, sont inséparables de la situation géopolitique de la Transylvanie, à l'époque sous domination hongroise.
Comme sa région d'origine, Liviu Rebreanu se trouve au carrefour de multiples influences linguistiques, religieuses, ethniques et le fait que "rebra" signifie "frontière" en roumain n'est alors peutêtre pas une coïncidence.
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Chez nous ; comme dans la plaine de l'Armageddon
Marta Petreu
- L'Age D'Homme
- Au Coeur Du Monde ; Domaine Slave
- 10 Avril 2014
- 9782825142752
Roman autobiographique racontant l'histoire d'une femme de Transylvanie issue d'un milieu modeste, portée par une volonté de fer, Chez nous comme dans la plaine de l'Armageddon est une peinture sociale de cette région aux confins de l'Europe au moment de la chute du communisme. Assistant à l'enterrement de son père, l'héroïne se remémore toute sa vie, faite de luttes, de malheur conjugal (résolu de manière expéditive, l'héroïne possédant le don de faire mourir les gens par la simple pensée ...), de combats incessants pour accéder à la reconnaissance sociale. Un livre d'époque qui permet de comprendre cette autre Europe ignorée de l'Occident.
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Ce roman paraît en Géorgie en 1972. Le succès est immédiat. Le livre est traduit en anglais, espagnol, tchèque, slovaque, bulgare, finnois, suédois, polonais, roumain, danois, hongrois, estonien, arménien, ukrainien, ouzbek, letton, abkhaze. Curieusement, la langue de Victor Hugo fait défaut. Tourné d'après le roman, un film réapparaît de temps en temps dans des salles de cinéma et à la télévision. Fin 2007, Tchaboua Amiredjibi est le premier à représenter la littérature géorgienne dans la réédition des Lettres européennes, ouvrage de référence.
Data Toutachkia est un brigand, se voulant quêteur de la vérité, redresseur des torts et combattant pour la justice. Et c'est " en creux " que le lecteur fait sa connaissance, à travers les témoignages de ceux, amis ou ennemis, qui ont croisé sa route.
L'action se situe en Géorgie à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Période de grosse turbulence en attendant la grande révolution d'octobre 1917. Entre Georges le Brillant qu'on vient d'entrevoir et l'arrivée au pouvoir des bolcheviks, une date historique de plus module le statut du pays. La Géorgie se trouvant constamment menacée par des pays voisins musulmans, le roi Ereklé II décide de sauver l'identité de son royaume en le mettant sous le protectorat de la Russie coreligionnaire. Le traité de Guéorguievsk signé en 1783, quelques années après, la Géorgie se voit annexée et transformée en province de l'Empire russe. Même si le géorgien n'est pas reconnu comme langue officielle et que l'enseignement se fasse en russe, la Géorgie réussit, pendant plus d'un siècle, à garder son identité, voire à épanouir sa littérature, grâce à la contribution d'éminents poètes et prosateurs. En 1921 (drôle de coïncidence?: année de naissance de notre écrivain?!), la onzième Armée rouge envahit le pays et lui impose, dans le cadre du système totalitaire dénommé l'URSS, ses violences quotidiennes dont la famille Amiredjibi pâtit parmi tant d'autres.
Un événement éditorial.
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Zinziver, le roman que Victor Slipentchouk a publié en 2001 aux éditions Vagrius de Moscou, est un livre de transition, un livre qui, en plus de ses mérites propres, offre un intérêt particulier pour l'historien de la culture qui chercherait l'expression littéraire d'une époque déjà fort loin de nous, par l'esprit sinon par le temps, celle des années encore marquées par le climat de la « perestroïka » et encore vierges des stigmates de la décadence qui devait suivre et sévir jusqu'à nos jours.
Si, dans l'euphorie de la « démocratisation », on a pu porter un blâme général sur l'époque soviétique, on doit constater aujourd'hui qu'elle a laissé des traces bénéfiques chez tous ceux qui ont eu la chance d'être élevés dans une société où le mot de « culture » avait encore un sens.
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Fin du XIXe siècle. Dans un château situé au bord d'un magnifique lac alpestre, la jeune et belle marquise Marina di Malombra, orpheline et désargentée, est élevée avec sévérité par son oncle, le comte Cesare d'Ormengo. Elle découvre dans sa chambre un manuscrit ayant appartenu à son ancêtre, la comtesse Cecilia, séquestrée par un mari jaloux. Arrive bientôt au palais, un jeune professeur, Corrado Silla, auteur anonyme d'un roman sur la réincarnation des âmes, qui assure les fonctions de secrétaire auprès du comte. Marina s'éprend de lui, mais Corrado, craignant de tomber amoureux à son tour, s'enfuit précipitamment du château.
La lecture du roman et la présence du manuscrit finissent par hanter la marquise qui croit percevoir en son oncle la réincarnation de l'époux de Cecilia et en Corrado, celle de son amant. Malade, le comte Cesare décède. Au cours de la cérémonie funèbre, Marina di Malombra, en proie au délire, tue Corrado, revenu au palais. Elle s'embarque, ensuite, pour mourir dans le lac, comme l'avait fait la comtesse Cecilia des années auparavant.
Malombra fut adapté au cinéma par Carmine Gallone en 1917, puis par Mario Soldati en 1942. Ce roman a donné son nom à une publication surréaliste roumaine animée par Ghérasim Luca.
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Journal du huitième hiver
Samuel Brussell
- L'Age D'Homme
- Au Coeur Du Monde ; Domaine Slave
- 18 Mai 2012
- 9782825141885
Le Journal du Huitième Hiver est le cinquième livre de Samuel Brussell. Il clôt une trilogie narrative d'inspiration autobiographique dont les deux premiers volumes ont été publiés chez Grasset : Généalogie de l'ère nouvelle (2005) et Musique pour les vivants (sélections Prix Renaudot Essais et Prix du Livre Européen, catégorie Essais, 2007).
Son dernier livre, Divertimento sabbatique (Anatolia, sélection 2011 du Prix du Livre Européen, catégorie Romans), est en grande partie une narration d'un voyage sentimental entre l'Italie, la Suisse et la Flandre occidentale. Il est en cours de traduction en Italie, où il paraîtra prochainement sous le titre Continente Italia.
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« Il s'agit donc une fois de plus de tenter de tenir le journal de la mort-dans-la vie, de saisir, même en l'absence de menaces précises, sa présence, j'oserai dire son existence, et son urgence perpétuelle. Un livre impossible sur la mort toujours prochaine d'un homme, à l'écoute de la mort qui s'approche, même dans la presque absolue immobilité du monde. La mort de tous les hommes à travers l'expérience de cet homme. Cette confrontation-méditation avec ma future absence m'aura obsédé pendant quelque cinquante ans de ma vie. J'ai failli parler de familiarité avec notre grande ennemie, mais je tâcherai de prouver la prétention d'une telle ambition. »
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L'action se déroule dans un pays nommé le Protectorat, la Régence ou le Beylik, sur la frontière avec la Colonie voisine et dans la capitale, pendant une vingtaine d'années, des années d'avant-guerre jusqu'à l'indépendance. C'est une histoire de contrebande d'armes et de vengeance : à la poursuite du responsable du massacre d'un douar frontalier les justiciers se trouvent mêlés, dans la capitale du « Protectorat », aux dangereuses intrigues de la « transition » vers l'indépendance ; plus tard, dans la Colonie voisine, où commence une guerre qui ne dit pas son nom, la poursuite continuera, entre « rebelles » et milices contre-terroristes, jusqu'à ce qu'enfin justice soit faite.
Dans cet ample cycle romanesque, la représentation réfléchie de la réalité coloniale est bien éloignée des complaisants stéréotypes de l'exploitation et de la résistance à l'occupation et à l'oppression administrative ; gens du bled unis par le même amour aride d'une terre avare, par le goût de la chasse, par des amitiés silencieuses qui n'ignorent pas que l'histoire les balaiera inéluctablement, « indigènes » et douaniers et officiers français « arabisés » détestent également les grands colons, les latifundiaires complices de la mise en coupe réglée du pays et de la population, et les « « métropolitains » amateurs d'exotisme : cette société riche de ses contradictions mêmes, qui va bientôt entièrement disparaître est ici, hors des clichés bien-pensants, des manichéismes naïfs, des nostalgies stériles, des sentiments de culpabilité de commande, ressuscitée pour mémoire, et pour l'Histoire.
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Fiodor Dostoïevsky ; une victoire sur les démons
Ludmila Saraskina
- L'Age D'Homme
- Au Coeur Du Monde ; Domaine Slave
- 5 Mars 2008
- 9782825114742
Cette biographie indirecte du grand romancier est un véritable et hallucinant roman de f.
M. dostoïevski. l'auteur a cherché dans les archives et a découvert le véritable modèle de stavroguine, le personnage clef des démons. et le personnage réel, ami de jeunesse du romancier, dépasse même, si l'on ose les comparer, son double littéraire. la plus invraisemblable chevauchée à travers l'europe, les prisons, l'adultère et toutes sortes de malédictions constitue la trame de cette existence qui, tout au long de la vie du romancier, a exercé sur lui la fascination d'une descente aux enfers.
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Pétillant d'autant d'éclats de rire qu'une bouteille de Clicquot qui eût été secouée pour la soulager de toutes les fusées de ses gaz, c'est l'impression qui demeure quand, les yeux fermés sur le livre ouvert, ou levés devant les vastes fenêtres d'une bibliothèque manoriale, on songe et se remémore ces trois romans.
Trio sublime, en effet, que ces textes dotés d'une structure identique. Dans Headlong Hall, un châtelain amoureux des idées claires et des enchaînements logiques, lecteur de Rabelais et d'Aristophane, grand buveur de hock et de Médoc, invite une compagnie d'hôtes dans sa maison de campagne dont les silhouettes se dessinent dans le clair de lune qui la baigne ou dans les ombres que les flammes d'un feu de cheminée projettent sur les murs lambrissés d'une bibliothèque.
Pures fantaisies où Thomas Peacock expose et dénonce avec une verve rare les toquades, manies, engouements sociaux, politiques, philosophiques, économiques de ses contemporains, ces romans de conversation mêlent le sel attique et l'urbanité latine à l'excentricité britannique. Il y a là du conte philosophique à la Voltaire, de la sotie telle qu'Anatole France l'a illustrée et du roman parlé à la Diderot.
Une ressemblance plus intime est celle qui harmonise l'arôme intellectuel de ces comédies avec le théâtre de Congreve, les oeuvres de jeunesse de Meredith et de Huxley, et les romans de Ronald Firbank.
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Le point du jour
Milka Podereguine
- L'Age D'Homme
- Au Coeur Du Monde ; Domaine Slave
- 12 Janvier 1995
- 9782825105559
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Poète, lexicographe, critique et moraliste, le Dr Samuel Johnson trouva en James Boswell un biographe idéal.
Le livre que ce dernier tira de leurs entretiens est un chef-d'oeuvre que Macaulay considérait comme la meilleure biographie jamais écrite, et Carlyle comme un ouvrage " au-delà de tout autre produit du XVIIIe siècle ". Voici donc enfin la traduction française intégrale d'un des monuments de la littérature et de la culture anglaises. " Sa figure a frappé de stupeur ses contemporains. Ses traits ont été fixés par le peintre Reynolds, qui était de ses amis et de ses commensaux, en une image parlante : la carrure large, le cou enfoncé entre les épaules, un front étroit, plissé, des lèvres épaisses, une lourde tête offusquée d'une vaste perruque de guingois, un grand tricorne clabaud toujours sur les yeux, un habit de grosse toile noire, dont il coulait la pièce à fond, et boutonné tout au long, le visage vérolé et mélancolique.
On eût dit, à vingt ans déjà, qu'il entendait tomber ses dernières années comme les gouttes d'une pluie d'hiver sur le pavé. L'irritabilité de son caractère était telle que non content de se ronger les ongles jusqu'au sang, il se raclait en plus les phalanges avec un canif. Il frappait encore par une trépidation perpétuelle et une singulière gesticulation. Voilà pour l'extérieur. A l'intérieur, un volcan.
Pour le monde, un dictateur des lettres. Boswell vint à Londres vers 1760, tiraillé entre la volonté de son père, qui voulait lui faire faire son droit, et sa vocation personnelle, qui était de rencontrer des hommes célèbres et de fréquenter des actrices et des dames de petite vertu. Il concilia ses devoirs filiaux et ses inclinations le jour où, dans l'arrière-boutique d'un libraire de Great Russel Street, il fit la connaissance du fameux docteur Johnson, sans se douter que la biographie minutieuse, luxuriante et diffuse qu'il lui consacrerait, lui assurerait, dans le rayonnement d'un astre, l'immortalité d'un satellite.
" (Gérard Joulié)
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Miroir des paysans (le)
Jeremias Gotthelf
- L'Age D'Homme
- Au Coeur Du Monde
- 11 Janvier 2002
- 9782825115510
Que peut-on dire de mieux de ce livre profond et âpre que ce que Gotthelf en dit à sa parution : " Bonjour, braves gens ! Ne vous fâchez pas ! Je vous offre un présent ; acceptez-le, tel que je vous l'offre, de bonne foi.
C'est un miroir, mais non pas un miroir ordinaire, dans lequel chacun croit voir un beau visage parce qu'il y voit le sien. Mon miroir vous montre les mauvais côtés et non les beaux côtés de votre vie ; il vous montre donc ce que l'on ne voit pas d'ordinaire, ce que l'on ne veut pas voir. Il ne vous montre pas cela pour se moquer de vous, mais pour que vous deveniez plus sages. On a excité votre curiosité, et dans ce que vous pouvez lire, il est question de hauts et simples personnages, de leur façon d'être et d'agir.
Mais sur vous-mêmes, vous ne pouvez lire rien d'autre que des offenses isolées, des discours flatteurs ; personne jusqu'à présent ne vous a affectueusement et fidèlement tendu votre image, et encore beaucoup moins une image qui renferme les ombres troubles de votre vie. C'est fâcheux ; car, si vous ignorez ces ombres, vous ne pouvez pas non plus les effacer ni les détruire. Dès ma jeunesse, j'ai vécu parmi le peuple et je l'ai aimé, c'est aussi pourquoi son image est née, fidèle et vraie, dans mon coeur ; à présent, étant donné l'époque où nous vivons, il m'a semblé qu'il était de mon devoir de tirer cette image de mon coeur pour la placer devant vos yeux, car l'appel du temps, qui veut que nous devenions plus sages et que nous nous améliorions, vous l'avez entendu ; il pénètre dans toutes les cabanes.
Cette fois-ci, je ne vous montre qu'un seul côté de l'image, parce que, si je vous montrais l'image dans sa totalité, elle vous aveuglerait ; en effet, je vous montre le mauvais côté en signe de ma sincère fidélité, et pour que vous n'oubliiez pas, à cause des beaux côtés que je saurais décrire de vos personnes, les aspects fâcheux qui sont là aussi tout de même. " Gotthelf est considéré aujourd'hui comme un des écrivains majeurs de la littérature européenne du XIXe siècle.
Lützeflüh est devenu, par le pouvoir de ses livres, un lieu mythique, le miroir des paysans, le village d'Uli le valet de ferme qui deviendra maître de sa ferme. L'Age d'Homme publie l'oeuvre romanesque de Gotthelf dans la nouvelle traduction de Raymond Lauener.
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Romans t.1 ; semelles de vent ; adieu neri
Jacques d' Arribehaude
- L'Age D'Homme
- Au Coeur Du Monde
- 1 Juin 2002
- 9782825116623
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Cher picaro ; journal des annees 50
Jacques d' Arribehaude
- L'Age D'Homme
- Au Coeur Du Monde
- 25 Septembre 2003
- 9782825118245
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Après les quatre romans de Jeremias Gotthelf parus à L'Age d'Homme (Uli le valet de ferme, L'argent et l'Esprit, Le miroir des paysans et Uli le fermier), ainsi que sa fascinante histoire intitulée L'araignée noire, voici l'autre chef-d'oeuvre romanesque du " Tolstoï suisse " : le portrait de la guérisseuse Anne-Bäbi Jowäger, et, au travers d'elle, de tout un monde campagnard tissé de superstitions, de croyances, de rites, s'accommodant du mal mais tendant toujours vers le bien ; bref, de cette humanité brute que l'ère moderne a fait disparaître. Outre sa valeur romanesque incontestable, Anne-Bäbi Jowäger constitue bien davantage qu'une mine d'informations sur les moeurs paysannes : il s'agit en définitive d'une ample symphonie tellurique, aux mouvements si puissants que nul n'y peut rester indifférent. Paraissant dans une traduction intégrale de Raymond Lauener, ce joyau de la littérature universelle vient marquer, en 2004, les cent cinquante ans de la mort de Gotthelf. Comme l'a écrit Walter Muschg, " Anne-Bäbi n'est pas méchante, mais son despotisme bestial pèse comme un cauchemar sur les siens. Il lui manque toutes les qualités d'un être humain noble : la raison, l'amour, la sérénité de l'âme ; elle n'est pour ainsi dire que la matière première nécessaire à un être humain. D'une authentique primitivité, elle est pieuse aussi, possédée de la foi en l'efficacité de forces surnaturelles et insaisissables. Anne-Bäbi repose d'une manière si inébranlable dans cet aveuglement froid, qu'il n'y a pas moyen de l'en libérer. Quand elle commence à reconnaître les fautes que sa déraison lui a fait commettre, elle n'est pas poussée, en bonne chrétienne, à la pénitence ni à la moralisation. " Le personnage d'Anne-Bäbi n'a aucun équivalent dans la littérature européenne ; la naïveté propre à sa condition, ses connaissances exactes du peuple ou encore la justesse de son jugement sur le caractère humain sont admirables. En somme, la nature primitive que l'on décèle chez cette paysanne n'est autre qu'une dignité humaine érigée par Gotthelf en une valeur universelle.
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écrits politiques (1642-1660)
John Milton
- L'Age D'Homme
- Au Coeur Du Monde
- 15 Avril 2006
- 9782825118436
La vie de Milton (1608-1674) couvre le XVIIe siècle dans son ensemble. Anticonformiste dès son adolescence, à la fois puritain imprégné des enseignements de la Bible dont il ne se départit jamais, sur quoi il fonda ses idées politiques, et d'autre part humaniste profondément lettré, il s'appuya sur ces deux piliers pour accompagner les événements de son temps et les dépasser par sa pensée. Comme ses contemporains, il se révolta contre une monarchie tyrannique qu'il attaqua passionnément : La charge des rois et des magistrats (1649) et, plus encore, L'Iconoclaste (1649), réquisitoire contre Charles Ier, en sont l'expression extrême. Dès avant le protectorat de Cromwell, il souhaita, avec la foi d'un patriote ardent, zélateur de l'État-nation (l'Angleterre devait être le « peuple élu »), l'établissement d'une monarchie constitutionnelle, où les droits des citoyens anglais « nés libres » devaient être respectés. Liberté de pensée, étayée par celle de la presse (Harangue aéropagitique, 1644), liberté de la vie conjugale (Doctrine et discipline du divorce, 1643), fondées sur la liberté religieuse, à l'exclusion du catholicisme et
même de la prélature anglicane (Smectymnuus, 1641, La raison et la discipline du divorce, 1642). Il avait coupé le tissu culturel de son époque, qui se défit dans sa pensée jusqu'à un républicanisme utopique, très loin en avant dans l'histoire et précurseur des Révolutions à venir, « république des saints » de l'Angleterre, plus encore que de la révolution française (Comment établir facilement et sans délai une république libre, 1660). En religion, son puritanisme chrétien où grondait en profondeur la rébellion affective contre toute autorité s'ouvrait sur une indépendance spirituelle totale, en allant du Paradis perdu (1667) au Paradis reconquis (1671).
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La contrée natale
Borisav Stankovic
- L'Age D'Homme
- Au Coeur Du Monde ; Domaine Slave
- 10 Mai 2007
- 9782825137345
A l'aube du XXe siècle, tandis que dans les grandes capitales de l'Europe occidentale, des ouvriers, hier encore paysans, s'éreintent à travailler sous le joug de l'industrie, oeuvrant à la promesse d'une nouvelle civilisation, dans les régions des Balkans, encore sous domination ottomane, des hommes ne cessent de revivre leur tragique soif de liberté.
C'est ainsi que les personnages de Stankovic portent en eux l'avènement d'une aube avortée par l'asservissement à un empire à l'agonie, et vaincue d'avance par un empire en devenir.
L'oeuvre de Stankovic est parcourue d'hommes et de femmes qui attendent - attendent le miracle de la vie - jusqu'à ce que, l'âme étouffée par la réalité devenue impossible à vivre, ils sombrent dans la seule issue qui leur paraît ne pas offenser Dieu : la résignation. Seuls les plus âpres se rebellent contre l'univers, par une énergie du désespoir refont surface, et, au-delà de toute morale humaine, opposent à tous et à tout leur droit à la vie.
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Histoire d'Angelina et autres récits
Eugenio Corti
- L'Age D'Homme
- Au Coeur Du Monde
- 22 Août 2013
- 9782825141748
Avec ce nouveau livre, Eugenio Corti se consacre à la période historique qu'il affectionne le plus, le Moyen Âge, qu'il considère comme un paradigme de la civilisation chrétienne. Et il le fait en racontant l'histoire de la Bienheureuse Angélique (Angelina) de Marsciano (1377-1435), lointaine ancêtre de l'épouse de l'écrivain et compatriote de la célèbre Angèle de Foligno (1208-1309), soulignant ainsi la spécificité et l'importance du Moyen Âge dans l'histoire de l'humanité. Ce magnifique récit est solidement ancré dans les sources historiques, à l'instar de ses autres créations, Le cheval rouge, Caton l'Ancien, La terre des Guaranis ou L'île paradis.
La deuxième partie du livre contient quinze textes courts, écrits sur une période de quarante ans, qui, en plus de ses souvenirs inoubliables de la guerre, retracent les grands défis de 1968 (" De la contestation "), dressent des portraits d'amis (en particulier de Don Carlo Gnocchi, prêtre et bienfaiteur des enfants mutilés de guerre), offrent des récits religieux (" La description du paradis ", " Rapport sur l'Archange saint Michel ") et une inoubliable " Apocalypse de l'an 2000 ".
Ces réctis éclectiques résument le travail et la vie d'Eugenio Corti, le " Tolstoï italien ", et représentent une introduction idéale à son oeuvre immense.