S'il est un terreau fertile pour les idées reçues, c'est bien le féminisme et son histoire. Préjugés innocents ou délibérément antiféministes, ces idées reçues ont la vie dure et nourrissent les malentendus et les attaques qui impactent les luttes et les disqualifient.
Des suffragettes à Nous toutes, en passant par l'incontournable MLF, ce livre dévoile des combats passionnés et passionnants, au coeur de controverses essentielles dans le débat public. Les divergences politiques et philosophiques traversant également les mouvements féministes, l'autrice entre dans le vif des querelles pour en expliciter le sens. Qu'il s'agisse de la laïcité, de la parité, de l'écologie, des normes corporelles, de la révolution sexuelle ou encore de l'écriture inclusive, des féminismes pluriels apportent des réponses plurielles, présentées ici avec nuance et pédagogie.
Christine Bard est professeure d'histoire contemporaine à l'université d'Angers, membre du laboratoire TEMOS et membre senior de l'Institut universitaire de France. Elle travaille sur l'histoire politique, sociale et culturelle des femmes et du genre. Elle préside l'association Archives du féminisme et dirige la collection « Archives du féminisme » aux Presses universitaires de Rennes.
Régulièrement présente dans les médias depuis une dizaine d'années, l'Ukraine est au coeur de l'actualité internationale depuis l'invasion russe du 24 février 2022 qui a transformé en guerre chaude un conflit qui semblait gelé à l'est depuis 2014.
Les nombreuses analyses et débats consécutifs à cette invasion furent l'occasion de mesurer combien notre connaissance de ce pays était lacunaire, se limitant souvent aux clichés d'une Ukraine berceau de la Russie, terre des cosaques, grenier à blé de l'URSS et d'une succession de gouvernements entachés par une corruption massive.
Partant de ces idées reçues, auxquelles s'ajoutent désormais celles directement liées à la guerre, Alexandra Goujon dresse un portrait précis et documenté de cette Ukraine qui nous est désormais plus familière.
Le nucléaire, avec ses images choc liées à la bombe, est géopolitique par essence. Mais, jusqu'à récemment, le périmètre se limitait au nucléaire militaire, aux risques de sa prolifération et à son contrôle. Or, on découvre depuis peu la portée géopolitique du nucléaire civil et surtout, son étroite imbrication avec le militaire.
De la sécurisation des ressources à la diplomatie des centrales, chaque étape du système nucléaire a ses jeux d'acteurs propres et s'appuie sur des territoires précis qui sont autant de lieux de pouvoir que l'on cherche à contrôler politiquement, économiquement et militairement.
Dans une approche originale, mêlant civil et militaire, Teva Meyer montre l'importance croissante du nucléaire dans les relations internationales.
Les figures trans sont partout. Dans les clips, la mode, les séries, les faits divers... Pourtant, cette visibilité ne s'accompagne pas toujours d'une plus grande acceptation. Tour à tour caricaturé, psychiatrisé, dans le meilleur des cas ignoré, dans le pire rejeté, le fait transidentitaire pose problème. À l'image de l'homosexualité, les peurs et les tabous demeurent.
C'est sur la base de ce constat que ce livre propose un bilan des savoirs sur « les » questions trans, en insistant sur les différents fronts, de l'espace médical à l'espace social, en passant par les arènes juridiques et scientifiques. Laissant de côté la question du « pourquoi » (« pourquoi est-on trans ? » ou « pourquoi le devient-on ? »), l'auteur s'intéresse à la question du « comment » et des logiques sociales à l'oeuvre dans les controverses transidentitaires.
Le Louvre à Abu Dhabi, Art Basel à Miami et maintenant à Paris, la création d'un prestigieux musée à Berlin sont autant de manifestations de l'art contemporain comme outil d'influence. Marqueur de puissance, l'art mesure le degré d'émancipation d'un pays, son pouvoir d'attraction et sa place dans le monde.
Très largement dominée par les États-Unis et, plus largement, le monde occidental depuis le milieu du XXe siècle, la scène artistique s'ouvre peu à peu à de nouvelles puissances et à de nouvelles revendications sociétales.
Étudiant le rôle des différents acteurs, artistes, collectionneurs et musées, Nathalie Obadia analyse l'évolution des liens entre arts plastiques et géopolitique, en questionnant notamment la domination du soft power américain et occidental.
Le boycott récent de certains films et acteurs russes lors des derniers festivals rappelle combien le cinéma se trouve au coeur d'enjeux géopolitiques, à la fois parce qu'il est utilisé comme arme de soft power, voire de propagande, et peut être censuré, mais aussi parce qu'il représente une activité très lucrative pour certains États.
À la croisée de nombreuses disciplines - économie, sociologie, sciences politiques, histoire, etc. -, et d'échelles géographiques multiples, du local à l'international, la géopolitique du cinéma convoque également une grande variété d'acteurs tant publics que privés.
Et, au-delà des enjeux « historiques » de puissance économique et culturelle, de nouveaux défis se font jour : diversité et inclusion, mais aussi lutte contre le changement climatique que cette industrie au lourd bilan carbone peine à engager. La réponse proposée par Netflix en est l'ironique illustration : Don't look up !
Les questionnements que posent aujourd'hui les « sans domicile fixe » n'ont jamais été aussi saillants, et symbolisent de façon aiguë la fracture sociale. Quel est leur nombre, leur profil socio-économique, leur trajectoire biographique, leur vie quotidienne ? Quels sont les modes d'intervention mis en place pour leur venir en aide ? Autant de points qui donnent lieu à schématisation et idées reçues que cet ouvrage s'attache à déconstruire.
Résultat d'une étude ambitieuse mêlant recherche et terrain, ce livre donne à voir la réalité du monde de la rue. Car c'est en observant ce qui se cache derrière le mot SDF que l'on pourra ajuster l'action sociale aux transformations contemporaines de la pauvreté.
D'Harry Washington, on sait peu de choses. On ignore son vrai nom, on ne connaît ni sa date, ni son lieu de naissance, ni comment il est mort.
Né en Afrique, capturé, il traverse l'Atlantique dans les cales d'un navire négrier. Vendu à un planteur de la Chesapeake Bay, il est ensuite acheté par George Washington. Engagé pendant la guerre d'indépendance aux côtés des Anglais qui avaient promis la liberté aux esclaves qui combattraient dans leurs rangs, réfugié en Nouvelle-Ecosse après la défaite, il se porte ensuite volontaire pour fonder une colonie britannique au Sierra Leone et fait ainsi le voyage retour vers l'Afrique. Il participe à une insurrection contre l'administration britannique, est arrêté, jugé, expulsé de Freetown. La suite nous est inconnue.
C'est à cette figure de l'esclave fugitif et à sa quête de liberté que ce livre rend hommage, à cet homme debout, combattant pour ses droits et sa liberté avec courage et un engagement hors du commun. Au travers de ce destin singulier, c'est aussi à la découverte du « Monde atlantique » que nous invite Thierry Paulais.
Thierry Paulais est économiste et essayiste. Sur le plan professionnel, il s'est spécialisé dans le développement urbain, l'économie de l'environnement et les communs.
À titre personnel, il a travaillé sur l'histoire du Monde atlantique, l'histoire des abolitionnismes, des colonisations, et l'histoire du mouvement Back-to-Africa.
On dit d'eux qu'ils étaient des barbares sanguinaires, sauvages et incultes qui étaient donc ces Vikings qui ont suscité tant d'idées reçues ?
Le travail organise nos existences, influe sur notre santé, trame nos échanges quotidiens et fait l'objet de politiques. S'il ne laisse personne indifférent, c'est que ce mot polysémique charrie de multiples enjeux et valeurs.
Or les idées reçues sur le travail en France sont légion : il se limiterait à l'emploi, il coûterait trop cher, son Code serait trop complexe, les jeunes ne l'aimeraient plus, les robots remplaceraient les humains, on peinerait à recruter, le salariat serait d'un autre temps, tandis qu'on pourrait trouver le bonheur dans les start-up...
37 chercheur·es - sociologues, économistes, historiens, psychologues, ergonomes, linguiste et médecin - auscultent de près ces idées reçues concernant l'emploi, l'activité et son organisation pour démêler le vrai du faux et nous permettre de penser le travail autrement.
Marie-Anne Dujarier est professeure de sociologie à l'Université Paris Cité.
Ont aussi contribué à cet ouvrage : Sarah Abdelnour, Amélie Adam, Laure Bereni, Sophie Bernard, Antonio A. Casilli, Hadrien Clouet, Collectif Rosa Bonheur, Nicolas Da Silva, Mireille Eberhard, Corinne Gaudart, Isabelle Gernet, Baptiste Giraud, Aurélie Gonnet, Golçe Gulkan, Fabienne Hanique, Florence Ihaddadene, Lionel Jacquot, François Jarrige, Nicolas Jounin, Josef Kavka, Franck Lebas, Dominique Lhuilier, Fabienne Muller, Luca Paltrinieri, Émilien Ruiz, Maud Simonet, Annie Thébaud-Mony, Jens Thoemmes, Serge Volkoff, Laurent Willemez et Michaël Zemmour.
Derrière chaque dénomination géographique se cache une intention politique. L'Indo-Pacifique ne déroge pas à la règle... Nouveau leitmotiv des relations internationales, cette construction stratégique vise à contenir la montée en puissance de la Chine et met en exergue la rivalité sinoaméricaine.
Mais elle se traduit aussi par des enjeux régionaux qui ne sont pas toujours en ligne avec la stratégie de certaines métropoles, notamment la France, acteur important grâce à ses collectivités présentes dans la région.
Les problématiques de l'Indo-Pacifique se développent donc à plusieurs échelles, internationales, nationales et locale. Ce sont ces représentations multiscalaires, conduisant à des intérêts géopolitiques parfois concurrents, que Paco Milhiet analyse dans cet ouvrage.
De l'Antiquité à aujourd'hui, les multiples dénominations et descriptions erronées du clitoris portent les traces de sa méconnaissance et de visions essentiellement masculines du corps et de la sexualité.
Conséquence de cela, le clitoris reste nimbé d'un mystère propice à tous les fantasmes et idées reçues. Ainsi n'aurait-il été découvert qu'à la Renaissance et sa partie cachée décrite en 1998 seulement. Verge de la femme, selon certains, il serait, revanche ultime, mieux que le pénis !
Au travers d'une fine analyse historique et anatomique émaillée de nombreux exemples, Sylvie Chaperon et Odile Fillod montrent que, ni plus ni moins admirable que le pénis, le clitoris mérite simplement d'être mieux connu.
Région mouvante, le Moyen-Orient est le terrain de recompositions incessantes.
Des accords Sykes-Picot au conflit israélo-palestinien, en passant par la rivalité entre sunnites et chiites et les guerres du pétrole, Jean-Paul Chagnollaud et Pierre Blanc proposent une analyse critique des représentations du Moyen-Orient. Un ouvrage essentiel pour comprendre les dynamiques en présence, les enjeux et les défis auxquels sont confrontés les acteurs de cette région fracturée en constante mutation.
Atouts indéniables pour le contrôle des routes commerciales et les jeux de pouvoirs qui leur sont corollaires, les outre-mer restent perçus comme des étrangetés périphériques, plus ou moins éloignées et exotiques.
Ce sont pourtant des lieux-clé où des visions du monde se rencontrent, s'affrontent et se confrontent. Ces points à peine visibles sur la carte sont des relais de puissance et d'influence : réservoirs de main-d'oeuvre bon marché, laboratoires d'expériences médicales et militaires, rampes de lancement, lieux d'internement abusif, sites de stockage, faire-valoir touristique ou écologique... les territoires ultramarins forment un empire en pointillé et, paradoxalement, la géopolitique ne leur a guère accordé d'attention.
à l'heure de la mondialisation et de la compétition sino-américaine pour le leadership mondial, Fred Constant analyse comment ce processus de reconfiguration spatiale des puissances confère à certaines de leurs extensions territoriales de nouvelles vertus stratégiques.
À partir du début du XIXe siècle, la France s'engage dans la construction du deuxième empire colonial du monde, après celui de la Grande-Bretagne : un empire possédant des caractéristiques spécifiques tant du fait de sa longévité, puisque celui-ci perdure encore aujourd'hui dans les DOM-TOM, que de la diversité des régimes politiques qui lui ont permis de se perpétuer. Élément central de l'histoire contemporaine, la colonisation a, en effet, très lourdement impacté la France d'hier tout en continuant de jouer un rôle essentiel dans celle d'aujourd'hui.
Ainsi, comprendre l'héritage colonial, c'est bien tenter de saisir en quoi ce dernier continue de travailler, en profondeur, la société française mais aussi celles des anciens pays colonisés.
Longtemps parent pauvre de l'histoire, la colonisation a donné lieu, depuis trois décennies, à de nombreux écrits, provoquant très souvent la polémique. Mais comment pourrait-il en être autrement alors que cette période est encore si proche et qu'elle a marqué et influencé tant d'états, de sociétés, de groupes et d'individus ?
Babylone, les Mille et Une Nuits, Saladin... Histoire et légendes se confondent dans la Mésopotamie antique. Ce berceau de l'humanité a connu une série de ruptures violentes : dictature du Baas, guerre contre l'Iran, débâcle au Koweït en 1990, embargo dévastateur, occupation étrangère aussi meurtrière qu'imprévisible, barbarie de l'État islamique, impunité des milices...
Quiconque se penche sur le cas irakien, des spécialistes les plus chevronnés aux simples observateurs, rencontre la plus grande difficulté à comprendre les dynamiques conflictuelles à l'oeuvre : défaite militaire américaine finale ? démocratie naissant dans une douleur durable ? retour à l'autoritarisme ? chaos jihadiste ? « États dans l'État » ? révolution populaire ?... Quels sont les enjeux parcourant la société irakienne actuelle ?
Myriam Benraad, l'une des meilleurs spécialistes de l'Irak, analyse et éclaire les différentes facettes de ce pays que l'on connaît principalement au travers des clichés qui entourent son histoire et du prisme déformant des raccourcis médiatiques sur l'époque récente.
Après des siècles d'un silence quasi-entier, plusieurs oeuvres ouvertement lesbiennes sont publiées au tout début du XXe siècle. Depuis lors, des années folles à l'après-guerre, de l'histoire militante des années 1970 à la naissance de l'édition spécialisée, jusqu'à l'effervescence du début du XXIe siècle, ce sont des centaines de textes qui disent et théorisent leur existence. Parcourant tous les genres, ils mettent en scène le lesbianisme, nomment et nourrissent une culture partagée, en réactivent la mémoire et les noms.
Né du constat d'une mémoire immense, mais enterrée, éclatée et négligée, Écrire à l'encre violette souhaite rendre compte de l'ampleur de ce dialogue lesbien : il intègre et modifie le cadre de la littérature, ouvre d'autres perspectives en bousculant ses normes.
Schizophrénie : tout le monde a déjà entendu ce terme qui est passé dans le langage courant sans que l'on sache précisément ce qu'il recouvre. Rien d'étonnant d'ailleurs, car la plupart des travaux sur la schizophrénie revêtent d'emblée un caractère spécialisé.
Cet ouvrage se propose de répondre aux questions les plus simples que le public se pose à propos d'une maladie qu'il sait grave et stigmatisante : à quels signes reconnaît-on la schizophrénie ? Quels sont les causes, les traitements ? Que peut faire l'entourage pour aider le patient ? Et pour le patient lui-même, comment vivre avec cette maladie ? Faut-il renommer la maladie ?
Bernard Granger et Jean Naudin mettent en commun leur expérience de praticiens et d'enseignants pour analyser les mécanismes de cette maladie mentale et en détailler les traitements.
Le champ de la santé est depuis longtemps source de tensions scientifiques, diplomatiques et politiques entre les nations. La pandémie de Covid-19 nous a rappelé les rivalités de pouvoir à l'oeuvre : diplomatie du vaccin, fermeture des frontières, rapports de domination inter- et intra-étatiques, influence des fondations philanthropiques, etc.
Comment des questions sanitaires deviennent-elles des enjeux géopolitiques ? Par quels processus les interrelations étatiques influencent-elles en retour la santé des populations ? Depuis plusieurs années, certains débats - obligations vaccinales, interruption volontaire de grossesse, etc. - traduisent des enjeux profonds de société et révèlent la pluralité des questionnements autour de la santé publique.
Les ramifications dans ce domaine sont complexes et montrent combien santé et géopolitique sont étroitement imbriquées.
Si l'intelligence artificielle a bouleversé notre quotidien, elle a également profondément transformé les relations internationales en abolissant les frontières « classiques » au profit de l'espace cyber et en introduisant une nouvelle ressource clé, les données et les usagers qui la produisent. Elle a également introduit de nouveaux acteurs, les GAFAM qui se hissent au rang de quasi-États avec lesquels il faut désormais compter. Elle modifie enfin les possibilités d'affrontement entre États en produisant de nouvelles armes ou en intervenant dans certaines élections.
Au travers de nombreux exemples, les auteurs montrent combien l'intelligence artificielle transforme la géopolitique, ses acteurs et ses territoires, et quels sont les enjeux d'une gouvernance de cette technologie hors-normes.
Mal du siècle aux origines et manifestations multiples, très médiatisée, parfois minimisée comme une simple « déprime », la dépression touche près d'une personne sur cinq. Les difficultés pour décrire cette souffrance souvent muette et cachée donnent lieu à de nombreuses idées reçues : « Les déprimés sont des gens faibles qui manquent de volonté », « La dépression, c'est dans la tête », « Tous les génies sont des dépressifs », « Les antidépresseurs créent un état artificiel, on n'est plus soi-même », « L'entourage ne peut pas comprendre s'il n'est pas passé par là »...
Dans un langage clair et accessible à tous, Bernard Granger donne au lecteur les informations essentielles sur cette maladie aussi universelle que mal connue.
« L'homme le plus compliqué de Paris en ce moment. » (Gaston Gallimard).
Quel meilleur écho à la multitude d'idées reçues qui entourent Marcel Proust et son oeuvre.
Décadent, valétudinaire, Juif sodomite, romancier unique s'agisssant de l'auteur ; roman de la mémoire par excellence, à la croisée de l'autobiographie, de l'autofiction et du roman aux multiples clefs s'agissant de l'oeuvre.
Bernard Brun livre ici un portrait vivant et très documenté de l'une des figures majeures de la littérature du XXe siècle.
L'utopie peut se penser à l'aune du désordre : telle est l'hypothèse de cet ouvrage, bâti sur une interrogation croisée des théories de l'utopie classiques et contemporaines et des mouvements de lutte sociale qui redéfinissent, depuis le XIXe siècle et jusqu'à nos jours, le sens de l'utopie. Les pensées révolutionnaires, anarchistes, féministes, queer, post- ou décoloniales, les philosophies cyniques, surréalistes, les imaginaires de la fête, mais aussi de la terreur, de l'effondrement, de l'apocalypse ou de la prophétie interrogent l'idée d'une utopie où aucun principe d'ordre n'est préétabli.
Il faut pouvoir rendre compte de la dimension utopiste de ces pensées révolutionnaires qui, après la rupture et l'éclatement, ne visent pas le retour à l'ordre ; il faut pouvoir penser ces lieux depuis lesquels on rêve à l'épanouissement du pluriel, de l'instable, du complexe, ces présents et futurs où la poétique de l'harmonie laisse place aux esthétiques du désordre.
Crise(s) aidant, l'économie tient le haut du pavé depuis plusieurs années, au point de nous submerger d'informations, d'analyses et de données dont le sens nous échappe souvent. D'autant que bien des idées économiques tenues pour vraies ne résistent pas à l'épreuve des faits : le libre-échange n'a jamais été la règle dans l'histoire, toutes les flexibilités se sont pas bonnes à prendre pour réduire le chômage, déficit budgétaire et dette publique ne sont pas sans vertu, la mondialisation n'est pas le triomphe du libéralisme sauvage, etc.
Il ne s'agit pas ici de prendre position pour ou contre telle ou telle approche, mais d'apporter un éclairage le plus objectif possible et accessible à tous, afin que chacun puisse se forger sa propre opinion et agir en conséquence. Parce que comprendre l'économie est un enjeu citoyen.