Rudyard Kipling est un jeune et brillant journaliste lorsqu'il écrit en 1888 les Lettres du Japon.
Le pays l'enchante : beauté des paysages, raffinement de l'art, grâce et gaieté des habitants.
Mais la sympathie évidente qu'il ressent pour cette contrée ne retire rien à son humour, qui éclate en un jaillissement ininterrompu d'observations amusées et de plaisantes anecdotes.
Par leur richesse, ces lettres constituent un témoignage précieux sur la vie japonaise au début du siècle, dont Kipling a gardé des impressions inoubliables.
En même temps, c'est l'oeuvre d'un grand écrivain, d'un conteur au talent et à la verve sans égal.
Quiconque s'intéresse au Japon devrait connaître et aimer Lafcadio Hearn (1850-1904). Il en est ainsi pour les Japonais eux-mêmes, qui lui vouent la plus grande admiration et n'ont pas hésité à adapter son livre au cinéma (Masabi Kobayashi, Kwaïdan, 1965). En effet, Lafcadio Hearn a su mettre sa sensibilité riche et complexe au service de ce que l'on appelle communément l'âme japonaise, à travers un ensemble de contes populaires, de légendes et de croyances transmises pendant des siècles par la tradition. De 1890, date de son arrivée à Yokohama, jusqu'à sa mort à Tokyo en 1904, il a pu connaître, notamment grâce à son épouse japonaise, un Japon qui commençait à se moderniser, mais restait proche encore de l'imagination du passé. Les légendes rapportées dans Kwaïdan donnent une idée de toute cette richesse qu'il a voulu sauver. Il y parvient d'autant mieux que, par un admirable mimétisme, il a su se couler dans l'esthétique de son pays d'adoption. Deux points à signaler : - l'édition précédente chez Minerve en 1988 est épuisée depuis plus de 15 ans. Le texte avait été spécialement retraduit de l'anglais, la traduction de Marc Logé au Mercure de France en 1923 étant parsemée de contresens et rédigée dans un français désuet. Pour cette éditions, les traductrices ont encore amélioré leur traduction ; - la présente édition s'enrichit d'un texte supprimé par le Mercure de France et traduit ici pour la première fois. Il s'agit donc d'une édition intégrale.
Fils d'un chirurgien de la marine anglaise et d'une Grecque, vagabond assoiffé de voyages, mais aussi traducteur talentueux de Théophile Gautier, de Flaubert et de Maupassant, Lafcadio Hearn (1850-1904) découvre à quarante ans le Japon et s'y installe pour ne plus en repartir. Il se convertit au bouddhisme, épouse une Japonaise et consacre à son pays d'adoption de nombreux ouvrages. Avec Kokoro, sans doute l'un de ses livres les plus émouvants, il nous fait, à travers récits et légendes, un étonnant portrait de la société japonaise, saisie au plus intime de ses moeurs et de ses croyances. Et l'on est frappé de ce que cette vision en profondeur, donnée par un observateur privilégié en même temps que par un grand écrivain, conserve, presque un siècle après, une extraordinaire vérité, confirmant ainsi que l'âme japonaise a beaucoup moins changé que la réalité matérielle du Japon ne pourrait nous le laisser croire. Denise Brahimi, auteur de la préface, est une spécialiste de littérature comparée qui a enseigné à l'université Paris VII. Elle est l'auteur de nombreux ouvrages sur des écrivains tels que Guy de Maupassant, Isabelle Eberhardt ou Georges Simenon, sur les récits de voyages au Maghreb, ainsi que sur le cinéma et la peinture.
Ce journal ne contient aucune histoire et aucune aventure intéressantes.
Ayant fait, au printemps dernier, une petite croisière sur les côtes de la méditerranée, je me suis amusé à écrire chaque jour ce que j'ai vu et ce que j'ai pensé. en somme, j'ai vu de l'eau, du soleil, des nuages et des roches - je ne puis raconter autre chose - et j'ai pensé simplement, comme on pense quand le flot vous berce, vous engourdit et vous promène. guy de maupassant.
Publié pour la première fois en 2009, cet ouvrage, vite épuisé, reste une référence. De fait, les études sur l'instrumentation et l'orchestration sont rares. Et c'est d'autant plus vrai pour l'époque contemporaine, en raison du foisonnement et de l'hétérogénéité des oeuvres musicales.
Cette édition de cinquante chants de troubadours des XIIe-XIIIe siècles est une nouveauté. Il n'existe rien de pareil : les plus belles et les plus anciennes chansons d'amour de notre culture européenne données avec leur musique et leurs paroles en langue d'oc, une traduction française et, à la fin du livre, un commentaire pour chaque poème et sa mélodie.
Devenu une référence pour étudiants, enseignants, cet ouvrage définit avec clarté les principes qui gouvernent l'harmonie dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il décrit ensuite l'enrichissement graduel du vocabulaire et de la syntaxe durant l'essor du romantisme. Il examine enfin la délicate question de l'affaiblissement de la tonalité à l'approche du XXe siècle. Grâce au relevé des configurations stylistiques les plus éloquentes, cette analyse de cent cinquante années de création musicale met l'accent sur la coexistence de deux logiques souvent contradictoires : celle de la conduite contrapuntique des voix et celle des fonctions harmoniques. Elle trace en outre les lignes de force d'une lente révolution dont les fondements remontent à la constitution même du langage employé. Au bout de vingt ans, cette indispensable synthèse attendait la présente réédition révisée et augmentée à la lumière de nouveaux concepts et de l'approfondissement de la pensée de l'auteur. Elle s'appuie sur plus de cent trente exemples musicaux tirés à la fois d'oeuvres du répertoire (Haydn, Mozar t, Beethoven, Berlioz, Chopin, Rober t Schumann, Liszt, Wagner, Debussy...) et de partitions moins connues, mais tout aussi significatives (Clementi, Dussek, Clara Schumann, Heller...). S'y ajoute désormais un utile index des nombreuses oeuvres musicales citées.
Ce Bêtisier du laïco-sceptique est un manuel de survie laïque en temps de polémique. Les quatre auteurs, trois chercheuses reconnues en philosophie, sociologie et sciences politiques, Renée Fregosi, Nathalie Heinich et Virginie Tournay, ainsi que le président du Comité Laïcité République, Jean-Pierre Sakoun, ont concocté avec ce livre un petit feu d'artifice qui donnera à chaque lecteur l'envie de se dire laïque.
Il aborde, sans fard et dans un esprit positif et respectueux de la liberté, les questions que se posent les Français. En sept chapitres, quarante-trois réponses courtes et teintées d'humour, il remet la laïcité à sa place, au centre de la République, et montre qu'elle est le socle de notre liberté. De l'école à l'islamisme dans toutes ses variantes et ses tentatives d'imposer la loi religieuse, de la rationalité scientifique à la fraternité des peuples, tous les sujets sont traités avec précision.
On sort de ce livre rasséréné et heureux de vivre en France. Les pingouins du célèbre dessinateur de presse Xavier Gorce qui émaillent le livre, délicieux, délirants et féroces, mettent le sourire voire le rire aux lèvres et rappellent que l'un des premiers droits de citoyens libres, c'est celui de rire et de faire rire. Une brève bibliographie sélective et des annexes présentant les textes essentiels qui fondent la laïcité suivent le bêtisier et permettent à qui le désire d'aller plus loin et de renforcer ses connaissances.
Dans le sillage des démarches de John Cage et des membres du mouvement Fluxus, l'« art sonore » connaît aujourd'hui une expansion qui ne cesse de croître. Cette dénomination s'applique à des pratiques touchant à la fois aux arts plastiques et à la musique. Elle suppose une attention toute particulière à ce qui se rapporte globalement à la perception auditive, que ce soit de la part des compositeurs ou des artistes issus du domaine visuel.
La plupar t associent étroitement les composantes plastiques et sonores dans des oeuvres qui peuvent s'apparenter aux domaines de la sculpture, de l'installation ou des des multimédias.
Sont évoquées ici, avec l'apport de témoignages d'artistes parmi les plus représentatifs (Nam June Paik, Takis, Wolf Vostell, Sarkis, Jaume Plensa...), des réalisations qui supposent des interactions effectives entre les domaines visuels et acoustiques. Ce qui est mis dès lors en relief, ce sont aussi bien les objets producteurs de son que les appareils destinés à sa transmission, ou encore les phénomènes et propriétés physiques liés à la propagation du son et à la question du silence, l'espace investi jouant à cet égard un rôle décisif.
Questionner le sonore constitue un véritable catalyseur pour les plasticiens, les orientant dans le sens de démarches de nature tantôt scientifique, tantôt poétique, ou tout simplement hédoniste, voire ludique. Cela représente aussi une manière de tirer parti de façon créative des apports des nouvelles technologies sans faire nécessairement de celles-ci une fin en soi.
« All-over », « dripping », « mail art », « mobile », « performance », « ready-made »... cet ouvrage se présente sous la forme d'un re´pertoire alphabe´tique des termes cle´s se rapportant a` la the´orie et a` la pratique des arts plastiques contemporains.
Des commentaires clairs et rigoureux cernent les notions e´voque´es et introduisent un ensemble de citations d'ar tistes et de critiques choisies pour leur pertinence. Des renvois d'une rubrique à l'autre ainsi qu'un index général des termes et des noms propres facilitent le parcours des conceptions esthe´tiques avance´es par les cre´ateurs depuis le début du XXe siècle jusqu'à aujourd'hui.
Pratique et richement informe´, ce Vocabulaire constitue ainsi a` la fois un instrument de travail commode et une invitation a` explorer, dans leurs multiples facettes, les tendances des ar ts plastiques de notre temps.
Cet ouvrage propose un panorama détaillé des changements et innovations intervenus, depuis les années 1950 jusqu'à aujourd'hui, dans l'utilisation de la flûte traversière et la composition pour cet instrument.
Soixante-quinze ans avant la Révolution française et l'ultime réunion des états généraux en mai 1789, Nicolas Fréret (1688-1749), historien des « temps reculés », rédige un Mémoire sur les états généraux, manuscrit conservé à l'Institut de France et demeuré inédit.
Embastillé durant la dernière année du règne de Louis XIV, ce libre-penseur se veut soucieux d'échapper aux « fables » qui, selon lui, obscurcissent les origines, le développement et la nature même de la monarchie française.
À travers un parcours de la politique des différents rois de France, il s'attache à montrer le caractère essentiel des états généraux. De fait, si ces derniers n'ont pas cessé de ressurgir à l'initiative des peuples, les tentatives d'occultation ont été constantes de la part de souverains jaloux de leur pouvoir personnel et souvent mal conseillés.
Pour Fréret, la mise en sommeil (la dernière réunion des états eut lieu à Paris en 1614) d'une institution indissociable de la monarchie révèle une dérive despotique de l'État et le triomphe d'un « pouvoir arbitraire » qui redoute le frein que pourrait exercer une instance ayant su s'ouvrir depuis la fin du Moyen Âge à des mutations sociales et juridiques riches d'avenir : l'essor des « communes » et la reconnaissance d'un troisième ordre, le tiers état, égal en droits avec les deux premiers ordres (le clergé et la noblesse).
Consacré à la longue histoire de la résistance de la nation française à la fiscalité royale et au despotisme, le Mémoire sur les états généraux de Nicolas Fréret marque une étape décisive dans la pensée politique du siècle des Lumières.
Inséparable de la redécouverte de la musique dite « baroque », l'art de l'ornementation est un domaine complexe, encore mal connu, parfois mal maîtrisé. Fondé sur les techniques de l'art oratoire et sur les règles de la rhétorique, l'ornement n'est pas une adjonction facultative, mais bien un élément fondamental du vocabulaire musical, véhicule des passions et des affects. Force méthodes, dictionnaires, ouvrages théoriques ont été publiés aux XVIIe et XVIIIe siècles. Souvent contradictoires, ils témoignent avant tout de la multiplicité des terminologies, pratiques et notations à travers l'Europe, ainsi que de leur constante évolution en fonction des modes et du « bon goût » de l'époque, ultime arbitre. D'où, pour l'interprète moderne, des risques d'anachronisme ou de maniérisme sans âme, à l'inverse de l'effet recherché. À partir des traités existants ainsi que de nombreuses oeuvres musicales, cet ouvrage propose une synthèse et une clarification nécessaires, afin d'aider artistes, étudiants ou amateurs à mieux comprendre des techniques d'interprétation malheureusement tombées dans l'oubli mais indispensables pour pénétrer cet univers d'une extraordinaire richesse, reflet d'une des périodes les plus fécondes de toute l'histoire de la musique occidentale.
Les échanges entre les musiques traditionnelles des cinq continents et la création sont au coeur des préoccupations de nombreux compositeurs d'aujourd'hui, jouant incontestablement le rôle de catalyseur. À travers ces interactions, deux directions principales se profilent : l'une implique une sorte de repli sur soi, d'interrogation sur l'aspect identitaire d'une culture ; l'autre, de nature expansive, promet un rayonnement aussi ouvert que possible.
À partir d'oeuvres de Messiaen, Stockhausen, Cage, Takemitsu... sont tour à tour explorés des thèmes liés à une nouvelle conception de la pensée modale, à une approche de la temporalité échappant aux normes occidentales, à l'aspiration au dépaysement. Dans les entrecroisements de l'oral et de l'écrit s'est également de plus en plus affirmée la contribution du jazz, du rock et de l'improvisation. Pour les musiciens de toutes origines, ce qui est alors en jeu, c'est une hybridation des cultures. Les moyens électroacoustiques ont été mis eux aussi au service de cette quête de mixité. Dès lors, la musique s'est révélée en mesure de nous donner plus que jamais une leçon de tolérance et d'humanisme en reconnaissant les mérites des différentes civilisations et en suscitant autant de dialogues entre elles.
Plus de trois cents compositeurs de pays très divers sont évoqués, avec l'apport de nombreux témoignages. Un glossaire illustré permet en outre de se repérer dans un entrelacs souvent complexe de références culturelles et ethnomusicologiques.
Pianiste fascinant, chef d'orchestre fougueux, compositeur du Roméo et Juliett e moderne qu'est West Side Story, où il mêle jazz, musique populaire, choral religieux, opéra italien et pop music, Leonard Bernstein sera jusqu'à sa mort (1990) l'un des personnages les plus en vue de la musique américaine.
Sa sensibilité profonde, sa vaste culture et son ouver ture d'esprit, son amour viscéral de la musique et sa personnalité hors du commun ont fait de lui l'un des plus grands chefs du XXe siècle. Mais c'était aussi un grand pédagogue, comme en témoignent les « Conférences Nor ton » qu'il donna à Harvard à l'automne 1973.
Sous le titre générique inspiré par l'oeuvre homonyme de Charles Ives The Unanswered Question (« La Question sans réponse »), il propose six exposés qui envisagent l'état de la musique au XXe siècle. Son but n'est pas de faire un bilan, mais de montrer l'évolution de la création musicale au cours du temps.
S'inspirant de la linguistique moderne représentée par Noam Chomsky, il décompose la musique en trois paramètres essentiels : la mélodie, qu'il compare au nom dans le langage articulé, l'harmonie, qui teinte le nom d'une couleur à la manière d'un adjectif et le déroulement temporel (tempi, rythmes...) qui est l'action (verbe) de la musique. Cette comparaison lui permet de montrer de façon éclairante que, sans être un langage articulé, la musique est néanmoins un moyen d'expression qui comporte ses structures, sa grammaire et son vocabulaire.
Cela lui permet d'évoquer les chefs-d'oeuvre de la musique de Bach à Boulez, en passant par Beethoven, Wagner, Mahler, Schoenberg, Stravinsky, le jazz ou les Beatles. Il émaille ses conférences de fréquentes références à la poésie ou à la peinture, et les illustre en outre de nombreuses exemples musicaux (plus de 600). D'une manière très accessible, c'est ainsi une véritable histoire de la musique qu'il esquisse ici avec originalité et brio.
Alors que l'on célèbre l'anniversaire de sa naissance (25 août 1918), il semblait indispensable de republier ses conférences, parues en France en 1982 et depuis longtemps introuvables.
Atonal, chiffrage, cluster, consonance, degré, langage, modulation, rosalie, soprano, tierce picarde et triton sont quelques-unes des 90 entrées d'un Vocabulaire de l'harmonie qui couvre, bien sûr, le répertoire dit « harmonique » (de Corelli à Debussy), mais qui n'oublie pas de voguer de l'Antiquité à la musique la plus récente.
Peu de vocables sont autant chargés de sens et d'histoire que celui d'harmonie, qui parle d'agencements, de correspondances, de concordances, de proportions et d'ajustements. Il n'est donc pas surprenant qu'il renvoie en musique à des domaines aussi différents que les langages, les styles, les conceptions du temps, les formes, l'expression, la rhétorique, la théorie et la pédagogie.
Son utilisation musicale remonte à la Grèce antique, mais aucun ne s'est plus facilement adapté aux périodes historiques successives. Qu'il s'agisse de relations entre notes dans l'Antiquité, d'harmonie d'intervalles et de conception polyphonique aux époques romane, gothique et renaissante, de basse continue et d'harmonie d'accords à l'époque baroque, d'harmonie tonale classique et romantique, d'harmonie modale et atonale, de timbre, de couleurs ou de textures aux époques moderne et contemporaine, il est toujours question de composer, ce mot qui exprime si bien la nécessaire confrontation de l'inventeur de musique avec la réalité des sons : composer, c'est harmoniser, harmoniser, c'est composer.
Dans ce livre, Aline Girard analyse avec clarté et précision un sujet qui semblait consensuel : l''enseignement du fait religieux à l'école publique. Elle étudie les rapports commandés à ce sujet par l'Éducation nationale, dont le rapport Debray de 2002. L'enseignement du fait religieux est en effet emblématique de la réduction des ambitions de l'école et des pressions confessionnelles nationales et européennes. Il témoigne de la volonté de faire référence au sein de l'école à un autre système de valeurs, étranger à la République, sapant la rationalité au nom de la croyance et de la quête de sens spirituel.
Force est de constater que, vingt ans après son introduction, cet enseignement n'a réglé aucun des problèmes qu'il prétendait résoudre. Il a au contraire accentué la confusion entre connaissance et croyance, ainsi que l'enfermement identitaire et communautaire des élèves.
L'auteur rappelle que la société française est fondamentalement laïque et appelle à réinstituer l'école publique, creuset de la République, pour former des esprits critiques et libres, c'est-à-dire des citoyens. À cet effet, il faut remettre au coeur du dispositif la formation des enseignants et leur capacité à transmettre des savoirs constitutifs d'une culture générale humaniste et universaliste.
Ce livre s'adresse à tous les enseignants du primaire et du secondaire, aux élus, journalistes, sociologues et pédagogues et à tous les citoyens convaincus de l'urgence de reconstruire une société fraternelle et citoyenne.
Aline Girard est conservateur général honoraire des bibliothèques et secrétaire générale adjointe du Comité Laïcité République
Voici plusieurs années que Catherine Kintzler tente d'élaborer une construction philosophique du concept de laïcité. Elle en a proposé en 2007 (Qu'est-ce que la laïcité?, éd. Vrin) une exposition raisonnée de type « académique ». Il s'agit ici pour elle d'exposer et de reprendre cette réflexion de manière plus ample, tout particulièrement en la jugeant à l'aune de l'actualité. En effet, on doit pouvoir attendre d'une théorie qu'elle soit capable d'élucider le plus grand nombre possible de phénomènes entrant dans son champ, et qu'elle soit en mesure soit de prévoir de manière détaillée des phénomènes inédits, soit d'y faire face de manière tout aussi détaillée s'ils se présentent.
Dans cet esprit, plusieurs « questions » et « fausses questions » laïques qui ont jalonné de manière décisive les deux dernières décennies sont abordées comme autant de défis où la pensée est mise en demeure et où la théorie est mise à l'épreuve. Qu'est-ce que l'extrémisme laïque ? Pourquoi ajouter un adjectif au substantif « laïcité » (ouverte, positive, raisonnable, plurielle..) ? Comment se justifie la laïcité scolaire, peut-on l'étendre à l'enseignement supérieur ? L'interdiction du voile intégral est-elle d'inspiration laïque ? La liberté des cultes requiert-elle un soutien public ? Une entreprise peut-elle revendiquer la laïcité, peut-elle l'imposer à son personnel ? La laïcité est-elle contraire à l'existence de communautés particulières ? L'appel à la distinction entre « public » et « privé » est-il pertinent et éclairant ? Y a-t-il une « spiritualité laïque » ? Que veut-on dire lorsqu'on parle de « morale laïque » ? Autant d'interrogations « de terrain » qui non seulement sont susceptibles de tester la construction théorique proposée, qui non seulement permettent de l'élargir et de la rendre plus fine, mais qui engagent, si l'on y pense bien, des questions majeures, par exemple et entre autres : la nature du lien politique, les rapports entre différentes formes et moments du concept de liberté, la notion de communauté, celle d'identité de la personne, les concepts d'adogmatisme et de position critique et avec eux le statut de la culture, celui de la morale et de la perfectibilité humaine. Elles sont soulevées ici à l'occasion de situations concrètes ; l'auteur prétend pas les « traiter » de manière exhaustive ; il s'agit de les faire surgir, de révéler leur pertinence et leur pouvoir de réflexion. En un mot, il s'agit de montrer que la pensée n'est jamais superflue, et qu'elle est toujours urgente.
Chemin faisant, quelques idées couramment admises concernant la laïcité sont examinées et récusées.
- Le noyau philosophique de la différence entre régime de tolérance et régime de laïcité n'est pas la séparation des Églises et de l'État : c'est l'abandon de la modélisation religieuse pour penser le lien politique et l'affirmation de la liberté de conscience à un niveau plus élevé et plus général que celui de la liberté des cultes.
- Ce qu'il y a de plus opposé à la laïcité, ce ne sont pas les religions, c'est la notion de religion civile, c'est conséquemment l'idée que le lien politique est un objet de foi et qu'il est requis d'y adhérer, c'est l'idée que pour être un bon citoyen il faut adopter des « valeurs ».
- En régime laïque, la pensée du lien politique ne repose pas sur la primauté du « vivre-ensemble », mais sur celle de la possibilité du « vivre-séparément » comme condition du vivre-ensemble. La force de ce lien tient à la liberté de chacun de ses atomes qui y consentent. A quoi bon s'associer aux autres si ce n'est pour étendre sa liberté et la rendre plus sûre ?
La laïcité, montre Catherine Kintzler, est une idée à la fois simple et difficile - ce n'est pas incompatible. C'est paradoxalement sa pauvreté (ou son minimalisme) qui en fait la puissance et la richesse en conséquences. Il ne sert à rien de dire qu'elle est abstraite : son efficacité concrète s'apprécie à la quantité de liberté qu'elle rend possible.
Les rapports entre musique et environnement recouvrent des champs d'application disparates, qui pourront même être jugés, dans certains cas, inconciliables. Qu'y a-t-il de commun en effet entre une quelconque musique d'ascenseur et un Polytope de Xenakis, si ce n'est que, pour l'un comme pour l'autre, il s'agit d'investir acoustiquement un espace donné ?
Il ne sera pas question ici de réduire le débat à des prises de position manichéennes, ni d'instaurer des hiérarchies entre les divers mondes musicaux qui se côtoient, de gré ou de force, aujourd'hui. L'opposition entre une musique qui serait « pure » de toute attache politico-culturelle et une autre qui ne serait que fonctionnelle se révèle trop simpliste. À quelque niveau que ce soit, l'art musical exerce des fonctions relativement précises et déterminées par rapport à la société, dont il n'est jamais totalement coupé et dont il dépend même largement. Les contraintes peuvent s'avérer plus ou moins astreignantes, mais il reste au compositeur à trouver les moyens de déjouer les pièges qui risquent de se dresser entre son projet esthétique et artistique personnel et le rôle que les instances officielles veulent à tout prix lui faire jouer. Depuis des siècles il en est ainsi, même si les avancées technologiques ont manifestement changé la donne à partir des premières décennies du XXe siècle, en transformant la musique, art de l'éphémère par excellence, en une marchandise, un produit de consommation tout ce qu'il y a de plus tangible.
Si le « bruit » occupe ici une place importante, c'est bien parce que, de nos jours, le domaine musical inclut nécessairement une réflexion sur un tel phénomène et que le compositeur, même s'il n'est pas tenté de l'inscrire explicitement au sein de son oeuvre, est de plus en plus amené à prendre activement en compte tout à la fois ses apports les plus prometteurs et ses plus néfastes conséquences. Réfléchir sur les rapports entre musique, bruit en environnement implique presque naturellement de viser une approche pluridisciplinaire des arts, des médias et des technologies concernés. En effet, penser l'environnement suppose de dépasser les clivages entre le visuel et le sonore et d'imaginer selon quelles modalités peuvent s'opérer des conjonctions entre les deux, sans qu'un domaine prenne le pouvoir sur l'autre.
C'est pourquoi, tout au long des chapitres, on observera qu'un certain nombre d'artistes pratiquent conjointement plusieurs moyens d'expression, ou encore, pour la plupart, sollicitent des collaborations (avec des architectes, urbanistes, spécialistes des nouvelles technologies...) afin d'être capables de maîtriser des aspects qui ne relèvent pas nécessairement de leur compétence. Il sera tout d'abord question des musiques liées à des événements ou fonctions spécifiques (fêtes, banquets, musiques d'extérieur...).
Un chapitre sera consacré aux relations entre un environnement donné et une oeuvre, par exemple chez John Cage, dans le mouvement Fluxus, ainsi qu'aux apports des moyens électro-acoustiques et d'un médium comme la radio. Le chapitre suivant traitera des dialogues entre musique et architecture, notamment chez Xenakis, Stockhausen, Nono... Pour envisager les interactions entre plusieurs disciplines artistiques seront notamment examinées les pratiques récentes de la sculpture sonore et de l'installation. Sera ensuite abordée la problématique des musiques dites d'environnement, depuis les musiques d'ameublement chères à Erik Satie jusqu'aux « muzaks » qui tendent à envahir l'espace public. Cela nous amènera à répertorier différents types de musique fonctionnelle, à travers le développement de la signalétique sonore et du design musical.
La dernière partie du livre concerne les diverses approches du paysage sonore, démarche impulsée au Canada par Raymond Murray Schafer, et qui connaît un essor de plus en plus manifeste aujourd'hui, croisant une réflexion sur l'écologie et les implications psycho-sociales de l'environnement acoustique. C'est ainsi que, par exemple, les propositions de « promenades sonores » et d'interventions musicales in situ se multiplient dans de nombreux pays depuis une vingtaine d'années, cherchant à favoriser de nouvelles modalités d'écoute au quotidien.
Annexes Cet ouvrage s'accompagne d'une bibliographie et d'un important index qui reflète la grande quantité d'artistes évoqués, ainsi que leurs oeuvres, jusqu'à une date récente.
En outre, sera inséré un cahier d'illustrations hors-texte de 8 pages reproduisant des oeuvres phares sur le thème.
« Acousmatique », « cluster », « hétérophonie », « minimalisme », « poésie sonore », « stockastique »... ce Vocabulaire se présente sous la forme d'un re´pertoire alphabe´tique des termes cle´s se rapportant a` la the´orie et a` la pratique de la musique contemporaine.
Pratique et richement informe´, il constitue a` la fois un instrument de travail commode et une invitation a` explorer, dans leurs multiples facettes, les tendances des oeuvres de musique contemporaine de notre temps.
Un ouvrage de référence pour les étudiants, pédagogues et mélomanes.
Ce livre expose les principales notions qui permettent de comprendre la musique de la fin du xviiie siècle et du début du xixe siècle ; les compositeurs les plus souvent commentés sont haydn, mozart et beethoven, mais aussi gluck, grétry, piccinni ou méhul.
A côté des genres instrumentaux consacrés par l'histoire de la musique (concerto, sonate, symphonie), ce vocabulaire accorde une attention particulière à l'opéra-comique et à d'autres genres dramatiques tout aussi représentatifs de leur temps. les conventions musicales sont considérées comme la base sur laquelle s'édifie une relation harmonieuse entre le compositeur et son public. l'innovation dans le langage et dans les formes est donc inséparable de l'horizon d'attente des auditeurs, ce qui explique la part importante qui est faite à des notions esthétiques comme " imitation ", " rhétorique ", " sensibilité ".
L'explication des termes musicaux se fonde presque exclusivement sur des écrits publiés entre 1760 et 1830. les nombreuses citations valent pour leur clarté pédagogique, mais aussi pour la saveur de leur style souvent teintées d'humour ou de passion polémique, elles nous restituent l'expérience vécue de toute une époque.