Dénonciation des violences gynécologiques, multiplication des représentations du clitoris, politisation du sang menstruel, ateliers dédiés au plaisir féminin : remettant au goût du jour la revendication des années 1970 de disposer librement de leur corps, une nouvelle génération de féministes, marquée par le moment #MeToo, s'empare aujourd'hui du corps et en fait un moyen d'action pour contester la permanence de l'oppression des femmes.
Lucile Quéré a mené une enquête ethnographique pendant 6 ans en France, en Suisse et en Belgique auprès de collectifs féministes de « self-help » qui contestent l'emprise médicale sur le corps et la sexualité des femmes. Elle analyse ainsi les continuités et les transformations du rapport des féministes au corps des femmes.
Les petits coins voient converger une partie des grands problèmes du monde.
C'est ce que montre l'ouvrage de Julien Damon qui, en se penchant sur ces nécessités prosaïques que l'humanité pourrait mieux gérer, rend compte d'enjeux sanitaires, écologiques, d'égalité d'une ampleur insoupçonnée. Il rappelle aussi combien notre rapport à cet espace est culturellement varié.
Documenté et illustré, l'ouvrage invite à la création d'un droit aux toilettes qui rendrait l'espace urbain plus amène. Il est aussi une promenade inattendue au cours de laquelle, lectrice et lecteurs pourront croiser un horloger du XVIIIe siècle, Victor Hugo et Jean-Claude Decaux, Staline et Bill Gates, du sordide et de l'engouement, de l'histoire et des politiques publiques, de la tradition et de l'innovation.
Pour la première fois dans l'histoire de la Terre, les êtres humains sont devenus la principale cause de changement sur la planète, surpassant les forces géophysiques. De nombreux chercheurs estiment que nous sommes ainsi entrés dans une ère géologique nouvelle : l'âge des humains ou anthropocène.
Changements climatiques, érosion de la biodiversité, évolution démographique, urbanisation, pollution atmosphérique, détérioration des sols, catastrophes naturelles, accidents industriels, mais également mobilisations sociales et sommets internationaux : pour la première fois, un atlas réunit l'ensemble des données sur la crise écologique qui caractérise notre époque.
Pour agir et renverser la tendance.
Il faut se rendre à l'évidence : il se passe quelque chose de nouveau sous le soleil. Les majestueux processus physiques et chimiques qui organisent le système Terre, la trajectoire évolutive du vivant, la composition des sols, des eaux, tout cela porte désormais la marque des activités humaines. Des indications scientifiques, collectées par une myriade de dispositifs d'observation et de mesure répartis autour de la Terre, nous permettent d'appréhender l'ampleur du bouleversement en cours.
On entend rarement celles à qui ce livre donne la parole. Collégiennes, lycéennes ou jeunes actives, issues de milieux populaires, elles ont grandi et vivent dans la frange rurale de l'Hexagone. Celles qui travaillent ont le plus souvent un emploi au bas de l'échelle.
Yaëlle Amsellem-Mainguy est allée à la rencontre de cette jeunesse a priori « sans problème » et pourtant largement concernée par les grandes évolutions économiques, sociales et politiques du pays. Les « filles du coin » lui ont raconté leur vie quotidienne, leurs relations familiales, leurs amours, les amitiés qui se font et se défont. Elles lui ont décrit leur parcours scolaire, leurs rêves et leurs aspirations, et la question qui se pose à elles dès l'adolescence : partir ou rester ?
Comment le changement climatique rebat-il les cartes de la puissance ? En s'appuyant sur des comparaisons mondiales et des exemples historiques, Pierre Blanc porte un regard géopolitique sur le climat. Il analyse les réponses des différents régimes politiques à cette crise inédite, évalue les risques de guerre climatique et la montée des insécurités. Il repère les territoires les plus exposés aux modifications du climat, qu'elles soient favorables ou défavorables. Il examine enfin les nouveaux rapports de pouvoir qui se font jour dans un monde en voie de décarbonation et insiste sur la nécessité pour l'Europe de mettre sa puissance normative au service du climat.
Acteurs transnationaux par excellence, les trafiquants et les criminels préfèrent l'opacité. Aucun d'eux n'envoie sa comptabilité à l'administration publique. Leurs activités sont diverses, entremêlées, sans-cesse en recomposition. Comment alors, identifier puis les quantifier ? C'est, à l'échelle internationale, le travail de UNODC.
Benoît Martin a enquêté pendant plusiseurs années auprès des experts de cette organisation de l'ONU pour comprendre comment sont produits les chiffres du crime. Loin d'être neutres, ses statistiques sont devenues des instruments indispensables aux politiques publiques nationales comme à la coopération internationale. Elles font donc l'objet, pour une part significative, d'arrangements et de négociations, quitte à obérer la pertinence du diagnostic.
Avec La fin des paysans, Henri Mendras avait décrit à la fois l'exode rural et la mutation du paysan vers l'agriculteur. Le paysan est mort ? Vive le chef d'exploitation sur une ferme familiale et mécanisée. Tel a été, depuis les années 1960, le projet politique de nos campagnes. Qu'en est-il aujourd'hui ? Pourquoi ce malêtre des agriculteurs ?
Bertrand Hervieu et François Purseigle montrent ce modèle agricole s'est peu à peu effacé. En 2020, le chef d'exploitation ne représente plus qu'1,6% de la population active. La production est assurée de plus en plus par des salariés ou des sous-traitants, encadrés par des firmes. Dans les espaces ruraux, les agriculteurs, devenus minoritaires, ne portent plus leur vision du territoire.
Cet ouvrage se propose de dépasser les postures antagonistes sur les questions policières en faisant la synthèse des savoirs produits par les sciences sociales des dernières années. Car la police - qu'elle soit nationale ou locale, militaire et civile, privée et publique - est aussi un domaine de recherche où se croisent nouvelles données empiriques et renouvellements théoriques (analyse du lien entre police et politique, de la confiance dans la police par le public, etc.). Observer les polices permet, en outre, de comprendre les transformations contemporaines de l'État, marquées par la diffusion des normes du nouveau management public et la dénationalisation de l'autorité, et, plus largement, les formes de régulation des sociétés traversées par des conflictualités profondes.
Si, depuis l'après-guerre, la poésie ne quitte guère les marges de l'industrie culturelle, sa vitalité sociale demeure : des oeuvres s'écrivent, et la poésie porte toujours des poètes au panthéon littéraire. En 2014, Philippe Jaccottet entre vivant dans la Pléiade, Roubaud, Bonnefoy et d'autres sont étudiés à l'université et entrent dans les programmes scolaires ; un tiers des prix Nobel de littérature sont poètes, dont Louise Glück tout récemment. Et la poésie, soutenue par les pouvoirs publics, sort des livres, avec les lectures, les performances, la proximité croissante avec les arts plastiques mais aussi l'usage des réseaux sociaux.
Qu'est-ce qu'être poète aujourd'hui?
Peu avant le 24 février 2022, Poutine a affirmé que les Ukrainiens, au lieu de détruire les statues de Lénine, devraient rendre hommage à celui qui serait « l'auteur et l'architecte » de l'Ukraine. Et dès le mois d'avril, des statues de Lénine ont été érigées dans les zones occupées par l'armée russe. L'édification de ces monuments ne relève pas de l'anecdote. Elle matérialise l'incorporation de ces territoires à l'espace politique russe. Elle montre la façon avec laquelle Poutine entend manipuler l'histoire pour imposer sa vision ethno-nationaliste.
Sous l'effet de la mondialisation, des mutations du capitalisme et du recul de l'État-providence, les relations professionnelles se sont profondément modi?ées en trois décennies. Elles ne relèvent plus uniquement du con?it régulé par l'État. Dotée d'une autonomie contractuelle accrue, l'entreprise est devenue l'acteur clé d'un dialogue social structuré autour de thématiques nationales, voire internationales, telles que l'emploi et la performance économique. Ce dialogue, qui s'est fortement institutionnalisé, en vient à supplanter la négociation collective. Toutes ces évolutions dessinent un nouveau compromis historique entre partenaires sociaux et État, porté par une aspiration à la démocratie sociale et encouragé par divers textes juridiques sur la gouvernance des entreprises.
Le seul véritable gagnant des élections de 2022 est le Rassemblement national :
Marine Le Pen a progressé sensiblement au second tour de la présidentielle et son parti a pu constituer un groupe de 89 députés à l'Assemblée nationale.
Cette progression s'explique par l'accumulation de plusieurs facteurs : droitisation de l'opinion, transformation de l'offre politique du RN, prise en charge du malaise social né du mouvement des Gilets jaunes, une position désormais centrale dans la droite qui attire les classes moyennes, etc. Le RN est parvenu à passer pour le parti qui entend protéger le mode de vie des Français en dépit des effets de la mondialisation et du dérèglement climatique. Dans la tension historique qui l'oppose au macronisme, il est devenu le porte- drapeau de la vulnérabilité
Malgré les nombreuses controverses internes et externes auxquelles il a dû faire face depuis sa création en 1988, le GIEC est parvenu à s'imposer comme un modèle d'expertise internationale. Il a réuni des milliers d'individus, dans une des expériences les plus abouties de coopération entre scientifiques et diplomates au niveau international. Loin de la vision originale de ses fondateurs, qui l'avaient imaginé comme une structure informelle au service des décideurs, le GIEC s'est institutionnalisé et propose une forme inédite de diplomatie scientifique multilatérale. Au risque de voir les scientifiques à se questionner sur les implications de leurs conclusions et dans certains, à les adapter aux attentes de leur public?
Cet ouvrage propose la première histoire du GIEC
Malgré les intentions affichées et les politiques mises en oeuvre, en France, plus de 300 000 personnes, selon la fondation Abbé Pierre, sont en situation de grande précarité et peinent à satisfaire leurs besoins élémentaires. Les iniquités de notre modèle de développement sont connues, leurs causes et leurs effets, mesurés, mais elles demeurent. Pour tenter de comprendre les raisons de cette impuissance, Véronique Le Goaziou est allée en première ligne : dans les squats et les bidonvilles des Bouches-du-Rhône et à la gare Saint-Charles de Marseille, où elle a accompagné pendant deux ans les travailleurs sociaux qui se portent auprès des populations démunies et des sans-abris.
Son ouvrage décrit et analyse leur travail de fourmi, le plus souvent fait de débrouille et de ruse pour contourner les obstacles et forcer les portes sans attendre que les conditions soient réunies pour agir (en réalité, elles ne le sont jamais) ; d'improvisation aussi, lorsqu'une pandémie les contraint à mettre de côté leur mission de prévention et d'aide à l'insertion pour basculer dans l'humanitaire.
Le regard d'une sociologue et romancière sur le monde, à la fois proche et méconnu, laissés-pour-compte de la société et de ceux, parfois tout aussi démunis, qui leur tendent la main.
Sept humains sur dix vivent en ville. Des mégapoles se forment sur tous les continents. Partout le bâti s'étale et se standardise, les mondes ruraux disparaissent, les modes de vie s'uniformisent et, dans le même temps, les inégalités se creusent. La généralisation de l'urbain réchauffe la planète, détruit la biodiversité et nous rend encore plus vulnérables face au changement climatique. Mais les villes sont aussi notre bien commun. Elles sont des lieux de production de richesses, d'innovation, de création culturelle, de solidarité et de résilience. Elles fascinent par leur gigantisme, leurs foules et leurs innombrables activités, laissant dans l'ombre une autre réalité: la myriade de villes petites et intermédiaires qui composent l'essentiel des mondes urbains d'aujourd'hui. Celles des pays dits en développement, en particulier, dont les «basses technologies» sont loin d'affecter autant l'avenir de la planète que les métropoles mondialisées.Pour explorer les mondes urbains, les auteurs de cet atlas ont défriché de multiples champs hétéroclites. Aux sources classiques des organisations internationales et des réseaux de villes, ils ont confronté l'éventail des nouvelles possibilités offertes par le numérique, multiplié les échelles et se sont affranchis des spatialités territoriales usuelles. Voici une cartographie inédite de la planète des citadins.
On aurait tort de considérer le xixe siècle comme lointain ou révolu. Sur bien des points, comme l'intense politisation des sociétés européennes, la diversité des pratiques de mobilisation et de contestation, l'inventivité idéologique et culturelle, la réflexion critique sur la modernité et le progrès, cette période est un laboratoire riche d'expériences et d'enseignements.Restituer les grandes dynamiques et tensions politiques qui la traversent permet non seulement de mieuxcomprendre les formes du changement historique, mais aussi de se repérer dans un présent incertain. En replaçant l'expansion impériale de l'Europe dans le contexte de la mondialisation de l'époque et de ses interactions avec l'Amérique, l'Afrique et l'Asie, Nicolas Delalande et Blaise Truong-Loï proposent une histoire du xixe siècle qui n'est ni homogène, ni autocentrée, mais profondément renouvelée par les apports de la recherche la plus récente en histoire et sciences sociales.
« L'entrée du numérique dans nos sociétés est souvent comparée aux grandes ruptures technologiques provoquées par l'invention de la machine à vapeur ou de l'électricité. En réalité, c'est avec l'invention de l'imprimerie, au XV e siècle, que la comparaison s'impose, car la révolution numérique est d'abord cognitive : elle est venue insérer des connaissances et des informations sur tous les segments de la vie sociale. » Cet ouvrage donne les clés pour comprendre ce que le numérique fait à nos sociétés et ce que nous faisons avec le numérique. Pour nous aider à découvrir la diversité de ses usages et de ses innovations, à ausculter son fonctionnement, à examiner les enjeux qu'il soulève et, surtout, à prendre du recul par rapport aux discours souvent superficiels qui s'accrochent à ce TGV technologique. Les mondes numériques ont une histoire, une géographie, une économie et une politique plus riches que ne le laisse penser le débat public sur les bienfaits et les méfaits du web.
De la naissance d'internet aux enjeux futurs de l'intelligence artificielle, en utilisant des éclairages disciplinaires variés et en s'appuyant sur des exemples concrets (le laboratoire de Doug Engelbart à Stanford, le système de régulation de Wikipédia, les avis des sites marchands, etc.), Dominique Cardon nous invite à nous forger une indispensable culture numérique.
Aux arguments juridiques et éthiques pressant les entreprises de lutter contre les discriminations, les milieux d'affaires ont opposé leur propre stratégie de la diversité. Dans les plus grandes entreprises, sa mise en oeuvre est confiée aux managers de la diversité et repose sur l'idée que la valorisation des différences et le traitement équitable de la main-d'oeuvre permettrait d'attirer les talents, de conquérir de nouveaux marchés, d'améliorer l'image de l'entreprise, de stimuler la créativité, etc. Que nous disent ces politiques de la diversité du capitalisme contemporain ?
À Paris ou à New York, Laure Bereni montre que ces conduites gestionnaires marquées du sceau de la vertu témoignent d'une articulation entre morale et marché propre à l'ère néolibérale.
La science économique a été pensée par des hommes, pour être au service d'une société dirigée par des hommes. Elle est aussi la science sociale la moins féminisée : les femmes représentent à peine un quart des économistes. "Je suis une économiste féministe" , affirme Hélène Périvier. En levant le voile sur l'apparente neutralité des concepts et des analyses de cette discipline, elle met au jour les ressorts d'une organisation sociale issue du modèle patriarcal, centrée sur Monsieur Gagnepain, tandis que Madame Aufoyer est devenue Madame Gagnemiettes.
L'économie féministe, parce qu'elle renouvelle les thèmes et les approches de la discipline, déploie des savoirs et des outils pour atteindre l'égalité des sexes.
Le développement a servi pendant six décennies à légitimer, au Nord comme au Sud, d'innombrables politiques économiques et sociales et a fait croire à l'avènement du bien-être pour tous. La mondialisation a pris le relais, mais au lieu de promettre le développement partout, on se contente désormais de lutter contre la pauvreté en proposant la croissance comme seul recours. Le développement survit néanmoins comme une lueur d'espoir collectif, car cette notion continue d'imprégner fortement un imaginaire occidental dans lequel le besoin de croire l'emporte sur les doutes que l'on peut avoir sur l'objet de la croyance. Remontant le cours de l'histoire, Gilbert Rist fait le point sur les théories et les stratégies qui, depuis la fin des années 1940, ont prétendu transformer le monde. Sa critique du développement et du paradigme économique dominant met en évidence les limites de l'hégémonie occidentale, les contradictions nées des exigences de la croissance et l'urgence à sauvegarder la planète. Et s'il fallait prendre le chemin de la décroissance ?
La réforme des retraites portée par le gouvernement Philippe ne vise pas tant à créer un système universel - tout le monde est déjà couvert par un régime obligatoire depuis 1971 - qu'à en unifier les règles. Mais en quel sens et pour quoi faire ?
Bruno Palier rappelle qu'il existe plusieurs systèmes de retraite, qu'ils ont une histoire et que le choix d'un modèle est aussi politique : il implique des arbitrages importants en matière de redistribution entre les générations, entre les hommes et les femmes, entre les groupes sociaux. Il donne ainsi à entendre les non-dits de ces arbitrages et à comprendre l'importance des choix de la mise en oeuvre effective d'un régime par points.
Ce livre plaide ardemment pour la reconnaissance et l'intégration du savoir-être dans notre système éducatif.
Toutes les études internationales le montrent, les Français se démarquent par un faible niveau de confiance en soi, de sentiment d'efficacité personnelle, de persévérance et de coopération. Aux racines du phénomène, un système éducatif qui se focalise sur les facultés intellectuelles et néglige la relation à soi et aux autres. Résultat, nos élèves sont plus anxieux qu'ailleurs, craignent d'être considérés comme incompétents en cas d'échec, considèrent la réussite scolaire comme innée, et reculent devant l'obstacle et l'inconnu. Leur bien-être à l'école est moindre par rapport à celui des enfants des autres pays de l'OCDE.
Comme l'indiquent les recherches croisées en économie et en psychologie, un tel déficit de compétences sociales et comportementales a un impact élevé sur la réussite et les inégalités scolaires, sur l'insertion et la vie professionnelles et, plus généralement, sur l'innovation et la performance économique.
Ce livre plaide ardemment pour la reconnaissance et l'intégration du savoir-être dans notre système éducatif. Il y va de la résilience de notre société.