On entend rarement celles à qui ce livre donne la parole. Collégiennes, lycéennes ou jeunes actives, issues de milieux populaires, elles ont grandi et vivent dans la frange rurale de l'Hexagone. Celles qui travaillent ont le plus souvent un emploi au bas de l'échelle.
Yaëlle Amsellem-Mainguy est allée à la rencontre de cette jeunesse a priori « sans problème » et pourtant largement concernée par les grandes évolutions économiques, sociales et politiques du pays. Les « filles du coin » lui ont raconté leur vie quotidienne, leurs relations familiales, leurs amours, les amitiés qui se font et se défont. Elles lui ont décrit leur parcours scolaire, leurs rêves et leurs aspirations, et la question qui se pose à elles dès l'adolescence : partir ou rester ?
Si, depuis l'après-guerre, la poésie ne quitte guère les marges de l'industrie culturelle, sa vitalité sociale demeure : des oeuvres s'écrivent, et la poésie porte toujours des poètes au panthéon littéraire. En 2014, Philippe Jaccottet entre vivant dans la Pléiade, Roubaud, Bonnefoy et d'autres sont étudiés à l'université et entrent dans les programmes scolaires ; un tiers des prix Nobel de littérature sont poètes, dont Louise Glück tout récemment. Et la poésie, soutenue par les pouvoirs publics, sort des livres, avec les lectures, les performances, la proximité croissante avec les arts plastiques mais aussi l'usage des réseaux sociaux.
Qu'est-ce qu'être poète aujourd'hui?
Cet ouvrage se propose de dépasser les postures antagonistes sur les questions policières en faisant la synthèse des savoirs produits par les sciences sociales des dernières années. Car la police - qu'elle soit nationale ou locale, militaire et civile, privée et publique - est aussi un domaine de recherche où se croisent nouvelles données empiriques et renouvellements théoriques (analyse du lien entre police et politique, de la confiance dans la police par le public, etc.). Observer les polices permet, en outre, de comprendre les transformations contemporaines de l'État, marquées par la diffusion des normes du nouveau management public et la dénationalisation de l'autorité, et, plus largement, les formes de régulation des sociétés traversées par des conflictualités profondes.
Malgré les nombreuses controverses internes et externes auxquelles il a dû faire face depuis sa création en 1988, le GIEC est parvenu à s'imposer comme un modèle d'expertise internationale. Il a réuni des milliers d'individus, dans une des expériences les plus abouties de coopération entre scientifiques et diplomates au niveau international. Loin de la vision originale de ses fondateurs, qui l'avaient imaginé comme une structure informelle au service des décideurs, le GIEC s'est institutionnalisé et propose une forme inédite de diplomatie scientifique multilatérale. Au risque de voir les scientifiques à se questionner sur les implications de leurs conclusions et dans certains, à les adapter aux attentes de leur public?
Cet ouvrage propose la première histoire du GIEC
Malgré les intentions affichées et les politiques mises en oeuvre, en France, plus de 300 000 personnes, selon la fondation Abbé Pierre, sont en situation de grande précarité et peinent à satisfaire leurs besoins élémentaires. Les iniquités de notre modèle de développement sont connues, leurs causes et leurs effets, mesurés, mais elles demeurent. Pour tenter de comprendre les raisons de cette impuissance, Véronique Le Goaziou est allée en première ligne : dans les squats et les bidonvilles des Bouches-du-Rhône et à la gare Saint-Charles de Marseille, où elle a accompagné pendant deux ans les travailleurs sociaux qui se portent auprès des populations démunies et des sans-abris.
Son ouvrage décrit et analyse leur travail de fourmi, le plus souvent fait de débrouille et de ruse pour contourner les obstacles et forcer les portes sans attendre que les conditions soient réunies pour agir (en réalité, elles ne le sont jamais) ; d'improvisation aussi, lorsqu'une pandémie les contraint à mettre de côté leur mission de prévention et d'aide à l'insertion pour basculer dans l'humanitaire.
Le regard d'une sociologue et romancière sur le monde, à la fois proche et méconnu, laissés-pour-compte de la société et de ceux, parfois tout aussi démunis, qui leur tendent la main.
Aux arguments juridiques et éthiques pressant les entreprises de lutter contre les discriminations, les milieux d'affaires ont opposé leur propre stratégie de la diversité. Dans les plus grandes entreprises, sa mise en oeuvre est confiée aux managers de la diversité et repose sur l'idée que la valorisation des différences et le traitement équitable de la main-d'oeuvre permettrait d'attirer les talents, de conquérir de nouveaux marchés, d'améliorer l'image de l'entreprise, de stimuler la créativité, etc. Que nous disent ces politiques de la diversité du capitalisme contemporain ?
À Paris ou à New York, Laure Bereni montre que ces conduites gestionnaires marquées du sceau de la vertu témoignent d'une articulation entre morale et marché propre à l'ère néolibérale.
La guerre d'indépendance algérienne a constitué le théâtre de l'une des politiques de déplacement forcé de civils parmi les plus massives du XXe siècle. De 1955 à 1961, l'armée et l'administration française ont organisé le « regroupement » de plus de deux millions d'Algériennes et d'Algériens dans quelque deux mille camps. Il s'agissait d'abord de priver le FLN de tout soutien logistique et politique, de placer sous surveillance une population suspecte de soutenir les insurgés. Si certains responsables militaires et civils les ont considérés comme l'outil d'une modernisation à marche forcée du bled, la politique de regroupement accéléra surtout la dépaysannisation et la déstructuration d'une société algérienne déjà profondément bouleversée par un siècle et demi de colonisation française.
Dans notre monde, des algorithmes proposent, selon la règle d'optimalité à l'oeuvre, la paire la mieux ajustée possible, entre des personnes à la recherche de relations amoureuses utilisant des applications de rencontre, ou entre des personnes et des logements HLM, des traitements médicaux, des emplois ou encore des formations via la plateforme Parcoursup. Les enjeux résultant de ces processus d'appariement, de matching sont majeurs : moments de bifurcation qui façonnent les trajectoires individuelles, ils constituent une nouvelle manière d'allouer des ressources et de structurer les inégalités.
Cet ouvrage étudie ces processus sociaux afin d'éclairer leur fonctionnement et de comprendre leurs implications sociales et politiques.
Il n'y a pas - encore - de guerre dont le déclenchement puisse être directement imputable aux conséquences du changement climatique. Mais nous voyons déjà à quel point celui-ci affecte la sécurité personnelle, économique, alimentaire, sanitaire et environnementale.
Les militaires doivent anticiper les impacts du changement climatique sur le paysage stratégique international (migrations, aires géopolitiques les plus impactées). Ils doivent aussi analyser la façon dont leurs grandes missions de défense vont être affectées par la hausse des températures : opérations militaires, sécurité sanitaire, contribution aux politiques publiques d'atténuation, sécurité énergétique, adaptation des équipements et des infrastructures de défense.
Deux visions discordantes de l'assistante sociale coexistent dans l'imaginaire collectif. L'une, idéalisée, fait d'elle l'in carnation de l'aide aux plus démunis, l'autre la conçoit comme une représentante de la "police des familles" qui enlève leurs enfants aux parents et exerce une forme de contrôle social. Lola Zappi remonte à la source d'une profession née durant l'entre-deux-guerres. Elle analyse la rencontre entre les familles des milieux populaires et les jeunes femmes de la bourgeoisie qui se donnent pour mission de leur venir en aide.
Issus d'oeuvres charitables privées, les services sociaux s'imposent en deux décennies comme des instruments incontournables des politiques sociales. Pour comprendre comment les familles populaires ont réagi à ces incursions nouvelles, l'historienne s'immerge dans les dossiers du Service social de l'enfance. Son enquête sur le travail social quotidien montre comment les assistantes sont devenues le visage d'un Etat social de proximité, à la fois plus accessible et plus intrusif.
« Je suis en colère car on a été abandonnés par les profs, abandonnés par l'État » déclare Louisa, 21 ans, étudiante en IUT carrières sociales. Elle se fait l'écho des inégalités sociales que la crise sanitaire a exacerbé chez les jeunes adultes Cet ouvrage rend compte, en s'appuyant sur plusieurs enquêtes des effets de la pandémie sur les trajectoires des jeunes et en replace cette crise dans le temps long. En effet, depuis les années 1970, avec l'extension de la durée de scolarisation et de transition vers l'emploi, la jeunesse s'allonge. Elle devient centrale dans la construction des identités et l'acquisition des statuts. Portrait aux multiples facettes de la jeunesse.
Toutes les femmes sont citoyennes, quelques femmes sont artistes. La citoyenne et l'artiste sont-elles les semblables des hommes ? Oui. Tout autant concernées par la politique et par l'art ? Oui.
Au commencement de l'ère démocratique, initiée par la Révolution française, ces affirmations furent pourtant sources de débats et de polémiques : aux femmes la famille plutôt que la cité, la muse plutôt que le génie, arguaient bien des hommes qui n'étaient pas tous réactionnaires. Deux cents ans après, nous en discutons encore.
L'ouvrage revient sur les conséquences de ce moment fondateur. Il rend compte du travail sans fi n de la démonstration de l'égalité, dans une « démocratie exclusive » où chacun - donc chacune - peut théoriquement se voir individu, sujet, citoyen, créateur, un, une parmi tous et toutes. De Poulain de la Barre, philosophe du XVIIe siècle, à Jacques Rancière, penseur contemporain, avec Virginia Woolf comme avec Simone de Beauvoir, les textes réunis ici montrent à quel point ces questions demeurent essentielles pour la modernité : celle de la jouissance revendiquée, celle de la stratégie subversive, celle de la mesure de l'émancipation des femmes, celle du féminisme comme dérèglement de la tradition occidentale.
Dévastée par la guerre, la France de 1944 doit entièrement se reconstruire. Déchirée par quatre années d'autocratisme, elle aspire à un renouveau démocratique. Un double défi, alors que le pays s'apprête à mener deux nouvelles guerres, en Indochine puis en Algérie, et à connaître deux changements de régime.Ce qu'Herrick Chapman appelle la «longue reconstruction» de la France se prolonge jusqu'à la fin de la décolonisation. Le terme même de reconstruction sert de mot d'ordre aux politiques publiques jusqu'au début des années 1960. Il est utilisé aussi bien à gauche par un Pierre Mendès France désireux de rénover l'économie qu'à droite par un Michel Debré soucieux de mener à terme l'oeuvre amorcée par le général de Gaulle.Durant ces trois décennies, plus tumultueuses que glorieuses, le nouvel État français, fer de lance de la modernisation, s'infiltre dans toutes les aires de la vie économique et sociale. Loin de se résorber, les tensions entre les transformations imposées d'en-haut par l'élite technocratique et la demande de démocratie des citoyens de base s'institutionnalisent. Elles instillent dans la vie politique française un esprit de contestation toujours actuel.Cet ouvrage de l'historien américain Herrick Chapman, spécialiste de la France et professeur à l'Université de New York, est initialement paru en 2018 chez Harvard University Press, sous le titre France's Long Reconstruction. Traduit de l'anglais (américain) par Odile Demange.
Face à la critique du système représentatif, la démocratie délibérative est de plus en plus fréquemment invoquée. Cet ouvrage revient, grâce aux contributions d'une quinzaine de spécialistes français comme internationaux, sur les manières multiples de penser la démocratie délibérative mais aussi ses limites.
A l'origine, le « tournant délibératif » désigne le développement, à partir des années 1980, de théories normatives de la légitimité démocratique qui ont proposé de faire de la délibération publique le pivot d'une nouvelle articulation entre bien commun, justification et légitimité.
Si la démocratie délibérative a d'emblée suscité l'intérêt des philosophes et des théoriciens du politique, elle a progressivement touché d'autres disciplines (sociologie des institutions politiques, sociologie de l'action collective, sciences de l'information et de la communication, sociologie des sciences et des techniques, sciences de l'argumentation, sociologie de l'action publique...) où se sont multipliés les recherches de terrain et les questionnements, souvent critiques, des cadres théoriques initiaux. Elle a donné lieu à un ensemble de débats portant sur la formulation de l'idéal délibératif et confrontant diverses déclinaisons de la démocratie participative, que ce livre explicite et discute.
Depuis vingt ans, le problème climatique s'est hissé au sommet de l'agenda mondial, et un processus multilatéral s'est mis en place pour y répondre. Or, les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, responsables des dérèglements climatiques, ont atteint un niveau record en 2013.
Comment apprécier le bilan de ces négociations ? Revenant sur le traitement politique du changement climatique, du protocole de Kyoto à aujourd'hui, les auteurs proposent une analyse de ces enjeux et d'une gouvernance qui suscite autant d'attentes qu'elle crée de désillusions.
Est-il possible de changer de paradigme, alors que le monde connaît des accélérations majeures et se voit confronté à de multiples crises ? Dans quel cadre repenser le défi climatique pour y faire face et l'inscrire dans le champ des futurs ? Une référence sur le changement climatique et les questions stratégiques qu'il pose : rapports entre science et politique et rôle des experts, évolution de la géopolitique du climat, transition énergétique en Europe, aux États-Unis et dans les grands pays émergents, articulations entre problème climatique et globalisation, entre adaptation et développement.
Les pesticides sont des produits dangereux. Pour cette raison, ils comptent parmi les substances chimiques les plus surveillées et ce, depuis des décennies. Des agences d'évaluation des risques contrôlent leur mise sur le marché et assurent une toxico-vigilance de leurs effets sur la santé.
Comment alors expliquer l'accumulation de données épidémiologiques qui attestent la sur-incidence de pathologies chroniques - maladies neurodégénératives, hémopathies malignes, cancers - parmi les populations humaines les plus exposées, et en particulier les agriculteurs ?
Pourquoi des résultats aussi inquiétants sont-ils si peu de répercussion sur les autorisations de mise en vente ?
Le sociologue Jean-Noël Jouzel a mené l'enquête en France et aux États-Unis pour comprendre ce qui conduit les agences d'évaluation à ignorer volontairement certaines données scientifiques lorsqu'elles n'ont pas été élaborées selon les normes de la toxicologie réglementaire.
Les industriels ont bien compris le profit qu'ils pouvaient tirer de cette routine normative. Ils ont en effet tout intérêt à suivre ce cadre, disposant par ailleurs des ressources matérielles nécessaires pour s'y conformer.
« Chercheur embarqué », Frédéric Mérand a pu faire une immersion au sein du cabinet du commissaire européen Moscovici entre l'été 2015 et l'automne 2019. Passant deux mois par an au Berlaymont , il a suivi l'évolution de chaque dossier (crise du Grexit, surveillance budgétaire, taxe sur les GAFA, etc.) presque en temps réel. De la cantine aux rencontres internationales, il a observé le commissaire et son cabinet. Il a recueilli au quotidien, leurs stratégies et leurs espoirs mais aussi leurs étonnements, leurs craintes et leurs déceptions. L'objectif, scientifique, n'était pas de savoir si la politique menée fut bonne ou mauvaise, mais de comprendre et de raconter comment elle s'est faite dans les pratiques.
Un voyage unique dans les arcanes de la politique européenne.
Les actes violents commis au nom d'une cause ne sont pas quantifiés, contrairement à ceux de la délinquance dont les statistiques se voient diffusées régulièrement. Pourtant, les images des violences politiques s'invitent chaque jour dans nos salons: attentats, dégradations d'équipements publics, séquestrations, etc.Prenant froidement le parti des chiffres, les auteurs ont constitué une base inédite de quelque 6 000 épisodes de violence politique survenus de 1986 à nos jours, en les catégorisant selon la nature de la cause défendue: idéologique, indépendantiste, religieuse, professionnelle ou sociétale.Leur approche à la fois quantitative et narrative, portant sur une trentaine d'années, fait tomber nombre de présupposés du débat politico-médiatique. Sans masquer la tragédie des attaques terroristes ni les manifestations émeutières des années récentes, elle nuance l'idée d'un regain de violence politique en France, où le nombre d'atteintes aux personnes est aujourd'hui très inférieur à celui des atteintes aux biens. Elle confirme un net recul de la violence indépendantiste, mais révèle aussi toute la palette d'expressions d'une colère grandissante contre la démocratie représentative.
Durant l'hiver 2012-2013, des centaines de milliers de personnes manifestent dans les rues de Paris contre l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples homosexuels.
L'ampleur de cette mobilisation ne manque pas de surprendre : alors que le Pacs ne pose plus question, d'où vient une telle résistance aux droits des homosexuels ? Les manifestants ne se contentent pas de dénoncer les méfaits de la loi sur le mariage ; ils soutiennent que sa cause est à trouver dans la « théorie du genre », une idéologie qui viendrait tout droit des États-Unis. Par « théorie du genre », ils entendent pour l'essentiel la « théorie queer », théorie qui critique les normes en matière de genre et d'orientation sexuelle.
Bruno Perreau analyse les multiples réceptions en France de la théorie queer, du travail militant aux séminaires de recherche et aux traductions, en passant par l'émergence de médias queer, ou, plus récemment, de mobilisations comme la marche des Tordu.e.s ou la Queer Week d'étudiants de Sciences Po. En enquêtant sur ses origines, il montre que cette théorie qui, pour certains, menacerait l'identité nationale, s'appuie très largement sur des auteurs français. Il propose ainsi une lecture décalée de sa critique virulente : et si la réaction à un questionnement de la sexualité et de ses normes mettait d'abord au jour un anticommunautarisme à la française ?
Ce livre ne raconte pas l'histoire de Joseph Conrad mais celles des travailleurs et des asservis qu'il a côtoyés tout au long de son singulier périple : les serfs de l'Empire russe, les salariés et les matelots des empires français et britanniques, enfin les marins, les esclaves et les immigrés d'un océan Indien battu par les moussons. Le voyage avec l'écrivain se termine au Congo où les violences extrêmes perpétrées à l'encontre des populations indigènes côtoient la peur, la solitude et la quête effrénée de profit des compagnies.
Prenant appui sur ce périple, Alessandro Stanziani fait oeuvre d'historien, celle de la difficile conquête de la liberté en général, et de la liberté au travail en particulier.
Si la violence conjugale est aujourd'hui reconnue comme une question de société légitime, il n'en a pas toujours été ainsi. C'est grâce aux mobilisations féministes des années 1970, qui définissent alors la violence dans le couple comme une violence faite aux femmes, produit des rapports de domination entre les hommes et les femmes, que ce phénomène sort de la dénégation sociale dans laquelle il était tenu. Comment une cause féministe devient-elle un problème public dont s'emparent les associations, les institutions internationales et l'État ?
En apparence, le problème de la violence conjugale paraît semblable partout : il s'agit de développer des lieux d'accueil pour les victimes de violence, de créer des lois pour rendre la violence illégitime et d'appeler à sanctionner ceux qui transgressent ces nouvelles normes sociales et juridiques. Cependant, les conditions institutionnelles, politiques et idéologiques diffèrent dans chacun des pays et le problème public y est traité selon des modalités distinctes. À travers la question des violences conjugales et en comparant le cas français et américain, Pauline Delage analyse avec acuité quelles sont, de part et d'autre de l'Atlantique, les formes légitimes de l'intervention publique dans le domaine de l'intime et des inégalités sexuées.
Qui sont celles et ceux qui ont fait Mai 68 ? Pourquoi et comment leurs trajectoires individuelles sont-elles entrées dans l'histoire ? En portent-ils encore aujourd'hui les marques ? Quel a été l'impact de leur militantisme sur leurs enfants ?
Pour répondre à ces questions, Julie Pagis, s'appuyant sur une enquête d'ampleur consacrée aux parcours de « soixante-huitards ordinaires », combine analyses statistiques et récits de vie d'ex-soixante-huitards et de leurs enfants.
Prenant ses distances avec le lieu commun d'une « génération 68 » devenue opportuniste, occupant des postes de pouvoir dans les champs politiques, médiatiques ou littéraires et convertie au« libéral-libertarisme », l'auteure explore avec finesse la diversitédes profils des femmes et des hommes qui ont participé à Mai 68, avant de montrer les effets multiples de cet engagement dans les sphères professionnelles, amoureuses, militantes ou familiales.
Des racines de l'engagement à la transmission familiale du militantisme en passant par les diverses reconversions post-soixante huitardes, l'ouvrage vient réhabiliter une histoire plurielle de Mai 68, largement ensevelie au fil des célébrations décennales des événements.
Le développement d'une agriculture hautement capitaliste installée sur les marchés des matières premières, l'apparition de nouvelles formes de propriété du capital agricole et l'arrivée de nouveaux acteurs sont autant d'éléments qui témoignent de l'implantation de formes d'organisations sociales et économiques en rupture avec les structures familiales consacrées par les grandes politiques de la seconde moitié du XXe siècle.
À l'échelle du globe apparaissent des agricultures de « firme » plus abouties, portées par de nouveaux investisseurs (industries agro-alimentaires, fonds privés, États) qui souhaitent disposer d'une maîtrise totale de leur approvisionnement en matières premières agricoles et/ou de sécuriser de nouveaux placements financiers.
Premier ouvrage consacré à un modèle de ferme qui concernerait jusqu'à 10 % des exploitations en France, Mégafermes caractérise ce nouveau capitalisme agricole et analyse les modes d'exercice, d'organisation et de gestion du métier d'agriculteur qui y sont associées.
Nous ne sommes pas dans une crise passagère, nous n'affrontons pas un problème sectoriel, nous nous trouvons dans une situation qui a globalement changé, et le changement est massif, durable et peut-être, à l'échelle humaine du moins, irréversible.
Nous avons changé d'époque. C'est ce qu'indique le mot anthropocène : il nomme notre situation actuelle, qualifiée, dans sa globalité, par la place que les humains occupent sur Terre.
En novembre 2015 s'est tenu au Collège de France un colloque international intitulé « Comment penser l'anthropocène ? » qui entendait mettre en lumière l'engagement intellectuel de la communauté de la recherche face au changement global. Tout l'enjeu de ces recherches réside dans leur capacité à produire des connaissances sur ces dynamiques, que cela soit pour en retracer l'histoire, pour en saisir les effets sociaux et écologiques actuels ou pour penser les moyens juridiques et politiques de s'y adapter et infléchir les tendances lourdes dont elles sont le moteur.
Une quarantaine de chercheurs d'horizons disciplinaires et géographiques variés y ont été invités à débattre de cette notion qui déstabilise les sciences humaines et sociales en ce début de XXI e siècle. Issu de ce colloque, ce livre propose un panorama sans équivalent des pensées actuelles sur l'anthropocène.