A travers des articles issus de recherches menées dans des pays relevant de contextes justifiant un questionnement d'ensemble (la France, l'Italie et la Suisse sont membres de l'OCDE ; l'Argentine est engagée dans un processus de coopération avec l'OCDE), ce dossier thématique cherche à comprendre les rapports au travail des jeunes non diplômés. Il propose des éléments de réponse à trois questions importantes : en amont du rapport au travail proprement dit, quelle expérience les jeunes non diplômés ont-ils de l'emploi et de leur insertion sur le marché du travail ? Remettent-ils en cause l'éthos du travail ? Quelles sont les dimensions instrumentale et expressive de leur rapport au travail ? Ces interrogations ouvrent elles-mêmes sur des problématiques plus larges autour de l'affaissement de la société salariale ou des expériences de domination que ces jeunes subissent.
Ce dossier appréhende les formes d'engagement et les trajectoires biographiques de jeunes dans la radicalité militante. Depuis les attentats du 11 septembre 2001 et ceux plus récents survenus en Europe au cours de la dernière décennie, la notion de radicalisation s'est imposée dans les discours médiatiques et politiques dans une acception le plus souvent religieuse. Pour autant, nombre d'engagements de jeunes dans des causes radicales se réalisent au nom d'autres idéologies (mouvements indépendantistes, régionalistes, néonazis, royalistes, etc.).
Qui s'engage dans ces causes ? La jeunesse est-elle un âge de la vie plus prompt à s'investir dans les engagements radicaux ? En quoi ce type d'engagement constitue-t-il une offre identitaire ou un espace des possibles dans la trajectoire de ces jeunes ? Ce dossier invite à repenser la dialectique permanente entre histoire individuelle, institution et contexte.
Tout au long du xxe siècle, l'armée s'est imposée comme une institution quasiment incontournable pour les jeunes Français. Aujourd'hui, si le service militaire a disparu de l'horizon des jeunesses masculines, l'armée reste une institution largement présente dans l'espace des possibles professionnels d'un nombre important de jeunes hommes et femmes : avec plus de 20 000 recrutements annuels, l'armée attire et retient des jeunes de profils sociaux et scolaires variés.
Qui sont ces jeunes aujourd'hui volontaires pour rejoindre les rangs de l'institution ? Quelles sont les perspectives professionnelles et le format des "carrières" militaires des soldats et de leurs cadres ? Par ailleurs, l'armée participe aussi aux politiques d'insertion avec le service militaire adapté outremer ou le récent service militaire volontaire. Ce numéro d'Agora dresse un tableau inédit des jeunes engagés aujourd'hui (leur régime de formation, d'emploi et d'encadrement), mais aussi des ambitions tout à la fois professionnelles, morales et symboliques que nourrit l'institution à l'égard de certaines classes de "jeunes" .
L'utilisation de l'espace public comme lieu de vie et non comme simple lieu de passage concerne en particulier les jeunes les plus démunis des classes populaires, qu'ils soient des jeunes « de rue », passant tout leur temps libre dans la rue, ou des jeunes « à la rue », sans domicile. Dans les deux cas, ils ont un rapport contraint et forcé à la rue, et perpétuent un ancien usage populaire (et masculin) de l'espace public, transformant celui-ci en lieu de vie du fait même de l'absence ou de la défaillance de l'espace privé familial. Ce numéro s'intéresse aux rapports contraints à la rue, aux jeunes qui s'y installent non par choix mais par défaut d'autres possibilités. Il étudie la recherche de lieux désaffectés, qui pourraient être squattés, et analyse les stratégies des jeunes pour transformer un choix par défaut, inspirant la pitié et le misérabilisme, en choix de vie réaffirmant leur libre-arbitre.
L'intégration sociale étudiante. Un processus au coeur des parcours universitaires ? Julien Berthaud L'Information jeunesse : une socialisation citoyenne pour tous les jeunes ? Isabelle Danic L'invitation au voyage. La distinction sociale entre élèves ingénieurs à travers les séjours internationaux Adrien Delespierre Sauvé par les sciences humaines Pascale Dietrich-Ragon Devenir un·e élève atteint·e d'un cancer.
Quelles expériences de la scolarité pour des adolescent·e·s suivi·e·s pour un cancer ? Zoé Rollin Jeunes femmes à tout faire et travail sous-traité : les hôtesses d'accueil Gabrielle Schütz Apprendre les drogues en classe. La construction sociale des psychotropes par leurs effets lors des actions de prévention des conduites addictives en milieu scolaire Yohan Selponi Les jeunes femmes arbitres de football et de rugby.
Des êtres d'exception ? Fatia Terfous, Julie Pironom, Géraldine Rix-Lièvre
Ce numéro spécial d'Agora débats/jeunesses marque le vingtcinquième anniversaire de la revue née en 1995, pionnière en France dans l'étude de la jeunesse (des jeunesses), des politiques qui leur sont dédiées et des professionnels qui les accompagnent.Dès l'origine, dans la lignée des travaux de Bourdieu ou Chamboredon et des observations des professionnel·le·s du champ, la revue a marqué un intérêt certain pour interroger, analyser et comprendre les mécanismes corrélés à la classe sociale, au territoire, au sexe et, plus récemment, au genre ou à l'origine ethnoraciale, qui opèrent de profonds clivages entre les jeunes.
Sous l'effet de plusieurs évolutions, la catégorie des «professionnels de jeunesse» s'apparente en France davantage à une constellation d'acteurs hétérogènes qu'à un groupe professionnel homogène. Ce dossier invite à réfléchir sur les dynamiques de recomposition de leur rôle et de leur acti vité. Entre territorialisation de l'action et nouvelle gestion publique, entre «nouveaux» problèmes et risques sociaux et modifi cation des référentiels d'intervention, ces professionnels font en effet face à des demandes sociales et politiques aussi disparates que fluctuantes.Les articles réunis ici analysent ces ajustements davantage contraints que choisis en s'intéressant à des professionnels comme les animateurs socio culturels, les intervenants sociaux ou encore les ludothécaires.
De dispositif en dispositif, d'institution en institution-Quand le collectif remobilise l'insertion professionnelle-Les effets du rapport à la prise en charge par l'aide sociale à l'enfance sur la transition vers l'autonomie-Les enfants placés en rupture scolaire-Jeunesse en migration sous injonctions Lire la suite Parce que la réponse à leurs difficultés ne fait pas l'objet d'une politique coordonnée et d'une organisation fluide de leur prise en charge, les jeunes en situation de vulnérabilité sont le plus souvent perdus dans un millefeuilles de dispositifs. Qu'ils reçoivent des aides financières, qu'ils soient hébergés dans des foyers de jeunes travailleurs, qu'ils aient été placés ou qu'ils rencontrent une situation de vulnérabilité, ils sont dans leur très grande majorité issus des classes populaires les plus précaires. Quels rôles jouent les institutions, les dispositifs qu'elles déploient et les professionnel ·le·s qui les mettent en oeuvre dans la construction des processus d'affiliation de cette jeunesse ? En quoi la multiplication du nombre d'institutions par lesquelles ces jeunes « passent » contribue-t-elle, en retour, à les définir comme des jeunes « vulnérables » ou « en difficulté » ?
Jeunesses ultramarines : d'un enjeu politique à un élan de recherche inédit ?-L'entrée dans la vie adulte dans les départements et régions d'outre-mer : plus tardive aux Antilles qu'à La Réunion-Être jeune à Mayotte, un devenir adulte sous contrainte ?-Grossesses à l'adolescence et scolarité en Guyane.
Les préoccupations sociales concernant la jeunesse dans les Outre-mer ne sont pas nouvelles et portent sur différents aspects interdépendants les uns des autres tels que la scolarité et la formation, l'insertion professionnelle, la précarité ou encore l'émigration. Ce dossier propose de s'intéresser « aux jeunesses » de ces territoires en s'interrogeant sur la manière dont elles se vivent in situ, comment elles s'y déploient et avec quelles perspectives d'avenir. À partir d'approches méthodologiques et disciplinaires variées, les articles rendent compte du passage à l'âge adulte, du rôle et du fonctionnement des institutions, mais aussi de la famille, des aspirations, des projets de mobilités, voire des immobilités. Les données exposées portent sur une grande partie des territoires d'outre-mer et suggèrent qu'ils méritent d'être appréhendés dans leur complexité, sans être réduits ni à leurs points communs ni à leurs « spécificités », réelles ou revendiquées.
Des sports et des jeunes Un dossier coordonné par Jean-Pierre Augustin et Julien Fuchs Ce numéro, consacré aux cultures sportives des jeunes, propose des analyses sur les pratiques en clubs et les pratiques libres (terrains de sport, espaces publics, sports de nature.). Il part de l'hypothèse que les deux types d'activités sont complémentaires et que l'on n'assiste pas au rejet de la culture associative traditionnelle, même si le nombre de licences est en baisse dans quelques disciplines. La majorité des jeunes sportifs pratique en effet en empruntant aux canons traditionnels tout en réinventant ces usages et en s'immisçant dans des interstices de liberté, en faisant donc jouer une certaine logique de l'hybridation sportive.
" Entrées dans la sexualité : expériences, espaces, représentations " est le premier dossier thématique de la revue Agora débats/jeunesses consacré aux questions de sexualité.
À travers six articles reposant sur des matériaux originaux, ce numéro s'intéresse aux expériences juvéniles des premiers temps de la vie sexuelle et rend compte de leur diversité. En décrivant les contextes objectifs et subjectifs des manières d'entrer dans la sexualité, il s'agit aussi de rendre compte des contraintes normatives qui pèsent sur les jeunes filles et garçons.
Comment les jeunes construisent-ils progressivement les étapes de leur insertion dans le monde social adulte ? Comment se différencient leurs parcours, en fonction de leurs ressources mais aussi de leurs expériences successives ? Comment interviennent, au fur et à mesure, les contextes, les politiques publiques, les événements, les entourages dans l'élaboration de leurs orientations et dans les modifications ou bifurcations éventuelles qu'ils connaissent ? Comment les dispositifs institutionnels marquent-ils les trajectoires, les projets et les transitions ? Comment, enfin, les usages qui en sont faits par les acteurs sociaux se distancient-ils de leurs objectifs initiaux ? Ce dossier s'attache à saisir les dynamiques de construction des parcours de jeunes en tentant de penser ensemble les contextes sociétaux, les normes qui s'y développent et les choix individuels, afin d'analyser leurs agencements.
Bien que très investis dans les pratiques et consommations culturelles, nombre d'adolescents disparaissent, dès 12 ans, des structures et dispositifs mis à leur disposition : conservatoires, centres de loisirs et de vacances, médiathèques, etc.
Comprendre cette désaffection partielle, mais aussi, à rebours, la réussite de certains dispositifs, demande d'articuler deux niveaux d'interrogation. Quelle est l'influence des adolescents sur la culture, sur les politiques culturelles, et plus particulièrement sur les dispositifs de médiation ? Que produit la rencontre entre ces dispositifs et les cultures juvéniles et comment réinventer des dispositifs et des politiques en phase avec les mutations de la jeunesse ?
Handicap, passage à l'âge adulte et vulnérabilités.
Un dossier coordonné par Philippe Cordazzo et Serge Ebersold.
La première décohabitation, la fin des études, l'entrée sur le marché du travail, la mise en couple et la maternité sont reconnues comme des étapes à forte valeur symbolique dans le processus de transition vers l'âge adulte. Si les travaux sur le sujet sont nombreux, plus rares sont ceux qui analysent les particularités des jeunes reconnus handicapés à la suite d'une déficience, d'un trouble psychique et/ou d'apprentissage.
L'ambition de ce numéro est d'étudier les conditions de transition vers l'âge adulte des jeunes adultes handicapés et de cerner les dynamiques de vulnérabilisation qui participent au processus de production du handicap, dix ans après la promulgation de la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.
La colonie de vacances est un lieu « comme les autres » où l'on retrouve tous les enjeux de la société et ses tensions. Quel est donc le vécu des jeunes qui les fréquentent, que leur apportent-elles de spécifique et que change-t-elles dans leurs parcours individuels ?
Ce numéro d'Agora débats/jeunesses accorde une place particulière au point de vue des adolescents qui participent à ces séjours, mais aussi à cette caractéristique des colonies de vacances - compte tenu de la structure d'âge des animateur·trice·s - la quasi-absence de différence générationnelle.
A partir de recherches empiriques menées autour des mouvements de démocratisation en Belgique, Espagne, Turquie, au Liban et au Canada, ce numéro analyse les modalités de l'alteractivisme mis en oeuvre par des jeunes militants sur les places, en ligne ou dans leur vie quotidienne.
Si l'on constate un renouveau de l'éducation populaire ( courant de pensée qui cherche à promouvoir en dehors des systèmes éducatifs institutionnels, une éducation visant l'amélioration du système social), aujourd'hui c'est moins par les méthodes et les pratiques étudiées que par la réaffirmation de postures politiques et contestataires venant rappeler que tout geste éducatif comporte une dimension qui témoigne des tensions entre émancipation et participation.
D'une part, en effet, les acteurs qui revendiquent un retour à l'éducation populaire l'investissent d'une forte dimension politique et expérimentale. D'autre part, les chercheurs qui s'y intéressent explorent la question du rapport au politique en lien avec les transformations des manières de faire citoyenneté, de penser les alternatives ou les contre-pouvoirs. Cela produit sans doute une distorsion dans l'appréhension du phénomène de l'éducation populaire en le réduisant à ses dimensions les plus militantes, excluant les acteurs plus institués. Mais cet éclairage permet d'ouvrir un espace de possibles qui structure un réenchantement des pratiques démocratiques appuyées sur les enjeux éducatifs.